bouche

7e édition

BOUCHE.

s. f.
■  Cette partie du visage de l’homme par où sort la voix, et par où se reçoivent les aliments. Ouvrir, fermer la bouche. Le sang lui sortait par le nez et par la bouche. Se rincer la bouche. Avoir du mal dans la bouche. Avoir la bouche saine. Il sent mauvais de la bouche. Il a toujours la pipe à la bouche.
Il se dit, quelquefois, seulement de La partie extérieure de la bouche. Avoir la bouche belle, vermeille, incarnate, relevée, p. 202agréable, petite. Avoir une grande bouche, une jolie bouche. Tourner la bouche. Baiser à la bouche, sur la bouche. Sa bouche me souriait. Les coins de la bouche.
Flux de bouche, Abondance inaccoutumée de salive.
Fig. et fam., Il a le flux de bouche, il a un grand flux de bouche, un flux de bouche continuel, C’est un grand parleur, un bavard. Ces phrases vieillissent. On dit plus ordinairement, Un flux de paroles.
Fam., Faire la bouche en cœur, Donner à sa bouche une forme mignarde, affectée.
Bouche, se dit particulièrement de La bouche considérée comme organe de la voix et de la parole. On recueillait jusqu’aux moindres paroles qui sortaient de sa bouche. Dieu a parlé par la bouche de ses prophètes. La vérité sort de la bouche des enfants. Les plaintes qui s’exhalaient de sa bouche. Je l’ai appris de sa propre bouche. Un mot de votre bouche suffirait pour le décider. Que l’imposture ne souille point votre bouche. Il n’ouvrit pas la bouche de toute la soirée. Il n’ouvre la bouche que pour contredire. Il n’osait ouvrir la bouche devant eux. Sa bouche ne resta pas muette. Rester bouche close. Son cœur n’était point d’accord avec sa bouche. Je laisse à une bouche plus éloquente le soin de rappeler ses grandes actions. Les discours qu’un poète met dans la bouche de son héros.
Le pape ouvre la bouche aux cardinaux nouvellement créés, se dit en parlant De la cérémonie que le pape fait pour autoriser les cardinaux à parler dans les consistoires.
Fig., Fermer la bouche à quelqu’un, Le faire taire d’autorité ou le réduire à ne savoir que répondre. Je ne souffrirai point qu’il s’oublie devant moi, et je lui fermerai la bouche. Cette raison, cet argument lui ferma la bouche. On dit aussi, Le respect me ferme la bouche, Le respect m’interdit de répondre, de parler.
Être, demeurer bouche béante, Être, rester étonné, très attentif, etc. Ils l’écoutaient tous la bouche béante, bouche béante.
Avoir toujours quelque chose à la bouche, Le répéter, l’employer continuellement. C’est un mot qu’il a toujours à la bouche. Avoir sans cesse l’injure à la bouche.
Fig. et fam., Faire la petite bouche de quelque chose, sur quelque chose, Ne vouloir pas s’expliquer tout à fait sur quelque chose ; et absolument, Faire la petite bouche, Faire le difficile, le dégoûté, le dédaigneux sur quelque chose. Ne faire point la petite bouche de quelque chose, S’en expliquer librement et ouvertement.
Dire quelque chose de bouche à quelqu’un, S’en expliquer de vive voix avec lui.
Elliptiq., Bouche close, Locution par laquelle on avertit qu’il faut garder le secret sur l’affaire dont il s’agit. On dit de même, figurément et familièrement, Bouche cousue.
Aller, passer, etc., de bouche en bouche, se dit De ce qui devient public, de ce qui court et se transmet d’une personne à une autre par le moyen de la parole. Cette nouvelle va de bouche en bouche. Son nom volait de bouche en bouche. On dit à peu près de même : Cette nouvelle est dans toutes les bouches. Son nom est dans toutes les bouches. Etc.
Poétiq., La déesse aux cent bouches, La Renommée.
Prov., C’est saint Jean bouche d’or, un saint Jean bouche d’or, C’est un homme qui dit toujours sa pensée avec franchise et sans ménagement.
Prov. et fam., Il dit cela de bouche, mais le cœur n’y touche, Il parle contre sa pensée.
Fig., en termes de Féodalité, Ne devoir à son seigneur que la bouche et les mains, Lui devoir la foi et l’hommage, sans être tenu à aucune redevance.
Bouche, se dit aussi De la bouche considérée particulièrement comme destinée à recevoir et à goûter les aliments. Avoir la bouche pleine. Porter quelque chose à sa bouche. Mettre un morceau de pain, un morceau de viande dans sa bouche. Cela laisse à la bouche un goût fort agréable. Provisions, munitions de bouche.
Fam., Traiter quelqu’un à bouche que veux-tu, Lui faire très bonne chère.
Fam., Manger de la viande de broc en bouche, Aussitôt qu’on l’a tirée de la broche.
Avoir la bouche amère, sèche, mauvaise, pâteuse, etc., Y éprouver une sensation d’amertume, de sécheresse, etc. On dit de même, Cela rend la bouche amère, pâteuse, etc.
Faire bonne bouche, se dit De ce qui laisse un bon goût à la bouche. Cette liqueur fait bonne bouche.
Fam., Laisser quelqu’un sur la bonne bouche, Terminer le repas qu’on lui donne par quelque chose d’exquis, et, figurément, Le laisser avec quelque espérance flatteuse, ou avec quelque pensée agréable.
Fig. et fam., Rester, demeurer sur la bonne bouche, Cesser de manger ou de boire, après qu’on a bu ou mangé quelque chose qui flatte le goût. Il signifie, dans un emploi plus figuré, S’arrêter après quelque chose d’agréable, dans la crainte d’un changement, d’un retour fâcheux. Il a gagné mille francs au jeu, et il s’est retiré, afin de rester sur la bonne bouche.
Fam., Garder quelque chose pour la bonne bouche, Réserver pour la fin quelque chose de très bon, d’agréable. Il se dit au propre et au figuré.
Ironiq., Il la lui gardait pour la bonne bouche, se dit De celui qui, après avoir fait plusieurs mauvais tours à quelqu’un, lui en fait un dernier plus sanglant que les autres.
Prov., L’eau vient à la bouche ; cela fait venir l’eau à la bouche, se dit D’une chose agréable au goût, et dont l’idée excite l’appétit quand on en parle ou qu’on en entend parler. Cela se dit aussi, figurément, De tout ce qui peut exciter les désirs. Ce que vous avez dit sur les avantages de cette entreprise, lui a fait venir l’eau à la bouche.
Fig., Prendre sur sa bouche, Épargner sur la dépense de sa nourriture. Il prend sur sa bouche les charités qu’il fait.
Fig. et fam., S’ôter les morceaux de la bouche, Se priver du nécessaire pour secourir ou obliger quelqu’un.
Fig. et pop., Être sur sa bouche, être sujet à sa bouche, Être gourmand.
La dépense de bouche, La dépense qu’on fait pour la nourriture.
Avoir bouche à cour, ou Avoir bouche en cour, Être nourri dans la maison d’un prince : cela ne se dit proprement que Des officiers de la maison des rois ou des princes, lorsqu’ils ont droit de manger à quelqu’une des tables.
Les officiers de la bouche, ou absolument, La bouche, s’est dit Des officiers qui apprêtaient à manger pour le roi. Les officiers de la bouche sont partis. La bouche est partie. On a dit dans un sens analogue, Le service de la bouche. – Les offices mêmes où l’on apprêtait à manger pour le roi, s’appelaient également La bouche.
Vin de la bouche, Vin destiné à être servi sur la table du prince.
Bouche, se dit quelquefois Des personnes mêmes, par rapport à la nourriture qu’elles consomment. Il a tous les jours dix bouches à nourrir. Les vivres commençant à manquer dans la place, on en fit sortir toutes les bouches inutiles, Toutes les personnes incapables de la défendre.
Bouche, se dit également en parlant Des chevaux, et de quelques autres bêtes de somme et de voiture. La bouche d’un cheval, d’un mulet, d’un âne. Un cheval qui a la bouche fraîche, la bouche échauffée. Un cheval qui a la bouche bonne, fine, tendre, délicate, la bouche mauvaise, égarée, forte.
Ce cheval est fort en bouche, il n’a point de bouche, Il n’obéit point au mors ; et, Il n’a ni bouche, ni éperon, Il est fort en bouche et dur à l’éperon.
Fig. et fam., N’avoir ni bouche, ni éperon, Être stupide et insensible, ne s’émouvoir de rien. Cet homme est fort en bouche, Il parle avec beaucoup de véhémence et de hardiesse. Cette dernière façon de parler est peu usitée.
Bouche, se dit aussi en parlant De certains poissons, des grenouilles, etc. Bouche de saumon, de carpe. La bouche d’une grenouille.
Bouche, se dit, par extension et par analogie, de Plusieurs sortes d’ouvertures. La bouche d’un four, d’un tuyau, d’un puits, d’un égout, d’un volcan, etc. La bouche d’un canon, d’un mortier. Les artilleurs disent aussi, L’embouchure d’un canon, d’un mortier, etc.
Bouche de chaleur, Ouverture pratiquée sur les côtés d’une cheminée ou d’un poêle, au moyen de laquelle la chaleur se communique dans l’appartement.
Exposer une troupe à la bouche du canon, La conduire, la placer fort près de l’artillerie de l’ennemi.
Bouche à feu, est le terme générique par lequel on désigne Les canons, mortiers, obusiers, pierriers, etc. Il y avait tant de bouches à feu.
Bouche, se dit encore, surtout au pluriel, Des embouchures par où de grands fleuves se déchargent dans la mer. Les bouches du Nil. Les bouches du Danube. Les bouches du Gange. Le département des Bouches-du-Rhône.
Les bouches du Cattaro, Passes étroites par lesquelles le golfe de Cattaro communique avec la mer.
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