lever

5e édition

[I.] LEVER.

v. a.
↪ voir aussi : [II.] Lever (n. m.)
■  Hausser, faire qu’une chose soit plus haut qu’elle n’étoit. Levez cela plus haut. Cela est si pesant, qu’on ne sauroit le lever de terre. Ces machines lèvent plus de dix quintaux pesant. L’aimant lève le fer. L’ambre lève la paille. Levez le pied de ce cheval. Lever la visière d’un casque. Une femme qui lève ses coiffes. Une religieuse qui lève son voile. A la Messe, le Prêtre après la consécration lève l’Hostie, lève le Corps de Notre-Seigneur. Lever les mains au ciel. Lever la tête. Lever les épaules.
On dit, Lever les yeux au ciel, pour dire, Tourner les yeux vers le ciel. Lever les yeux sur quelqu’un, pour dire, Le regarder.
Quand on fait serment devant un Juge, il fait lever la main. Levez la main, et dites la vérité. En ce sens on dit, J’en leverois la main, pour dire, J’en ferois serment. Et on dit famil. d’un homme qui a disparu pour mauvaise affaire, qu’Il a levé le pied.
On dit Lever la main, lever le bâton sur quelqu’un, pour dire, Se mettre en état de le frapper. Et on dit d’Un homme impétueux, Il a toujours la main levée sur ses valets, pour dire, Il est toujours prêt à les frapper.
On dit au jeu de cartes, Lever une main, et cela se dit quand celui qui a fait une main ramasse les cartes qui p. 22ont été jouées, et les met devant lui en les retournant. Il avoit fait une main, mais il ne l’avoit pas encore levée.
On dit figurément, Lever l’étendard, pour dire, Faire une espèce de profession, une déclaration publique de quelque chose. Lever l’étendard de la révolte. Et, Lever l’étendard contre quelqu’un, pour dire, Se déclarer ouvertement contre lui.
■ Lever, signifie aussi, Dresser une chose qui étoit couchée ou penchée. Lever un tonneau quand il est à la barre, le lever à demi, le lever tout-à-fait. Lever le pont-levis d’un château. Lever la bascule. Les portes sont fermées, le pont est levé.
On dit absolument, Se lever, pour dire, Se mettre debout sur ses pieds. Se lever de dessus un siége. Levez-vous de là, ce n’est pas là votre place. Quand il entre, tout le monde se lève pour lui faire honneur. On dit, Se lever de table, pour dire, Sortir de table. Ils ne sont pas encore levés de table.
On disoit au Palais, La Cour se lève, la Cour est levée, l’Audience est levée, pour dire, Que les Juges avoient quitté leurs siéges, et que l’Audience étoit finie.
On dit aussi, Se lever, pour dire, Sortir du lit. Il se lève de bon matin. Il se lève bien tard. Il n’est pas encore levé. Il est levé et habillé. Il se porte mieux, mais il ne se lève pas encore.
On dit aussi d’Un valet de chambre ou d’un laquais, qu’Il lève son maître, qu’Il est allé lever son maître, pour dire, qu’Il est allé l’habiller au sortir du lit.
On dit figurément et familièrement, Lever la crète, pour dire, Se montrer, paroître avec plus de hardiesse. On dit dans le même sens, Lever la tête.
On dit, Lever le siége de devant une Place, lever le siége d’une Place, pour dire, Retirer les troupes qui la tenoient assiégée. Il assiégeoit cette Ville, il y est entré du secours, il a levé le siége. On lui a fait lever le siége. Et l’on dit, qu’Une armée a levé le camp, pour dire, qu’Elle a décampé. Et que Des troupes ont levé le piquet, pour dire, qu’Elles se sont retirées avec quelque précipitation.
On dit, Lever la garde, lever la sentinelle, pour dire, Retirer des soldats qui sont de garde, retirer un soldat qui est en faction.
On dit, Lever des soldats, lever une compagnie, lever un régiment, lever des troupes, lever une armée, pour dire, Enrôler des soldats, mettre des troupes sur pied, mettre une armée sur pied.
On dit du Soleil et des autres Astres, qu’Ils se lèvent, pour dire, qu’Ils commencent à paroître sur l’horizon. Le Soleil en tel mois se lève à telle heure. Le Soleil est levé ; il se lève en tel endroit, de tel côté. Voilà Jupiter qui se lève. La poussinière se levera bientôt.
On dit, Que le vent se lève, pour dire, qu’Il commence.
On dit, Faire lever un lièvre, faire lever des perdrix, pour dire, Faire partir un lièvre, faire partir des perdrix.
On dit figurément et familièrement, Lever le lièvre, pour dire, Proposer le premier une chose délicate, ou proposer une chose dont les autres n’avoient point parlé.
■ Lever, signifie encore, Ôter une chose de dessus une autre. Le Chirurgien a levé le premier appareil. Lever le scellé. Lever une serrure. Lorsqu’il arriva pour dîner, le premier service étoit levé. Lever un plat. Lever la nappe. Il faut lever deux pieds de cette terre, avant que de trouver le plâtre.
On dit, qu’Un homme a levé le masque, pour dire, qu’Il agit ouvertement et sans se contraindre, après avoir tenu quelque temps une autre conduite. Et cela ne se dit guère qu’en mauvaise part.
On dit en termes de Marine, Lever l’ancre, pour dire, Retirer les ancres qu’on avoit jetées à la mer. Toute la flotte leva l’ancre, et mit à la voile.
On dit aussi dans le même sens, Lever une cuisse, une aîle de poulet, de chapon et de perdrix.
On dit, Lever une difficulté, un empêchement, un obstacle ; lever des doutes, lever un scrupule, pour dire, Ôter une difficulté, un empêchement, un obstacle, etc. les faire cesser.
On dit aussi dans le même sens, Lever les défenses. Lever l’interdit. Lever l’excommunication. On dit aussi dans le même sens, Lever une lettre de cachet.
On dit, Lever le plan d’une place, de quelque lieu, pour dire, Le tracer, en prendre les mesures.
■ Lever, signifie aussi, Prendre et couper une partie sur un tout. Lever quatre aunes d’étoffe, cinq aunes d’étoffe pour faire un habit. Lever sur la largeur de la toile de quoi faire les poignets des chemises. Et on dit aussi généralement, Lever des étoffes, lever des habits, pour dire, Acheter des étoffes.
On dit, Lever un aloyau. Lever une épaule, un gigot de mouton.
■ Lever, signifie aussi, Recueillir, amasser. Lever les fruits d’une terre. Lever les rentes seigneuriales. Lever la dixme, lever la gerbe. Lever les impôts, des impôts. Lever la taille.
On dit encore, Lever un Arrêt, une Sentence du Greffe, lever un Contrat chez un Notaire, pour dire, Faire expédier un Arrêt, un Contrat, etc. Et, Lever un Office aux Parties Casuelles, pour dire, Acquérir un Charge vacante aux Parties Casuelles.
On dit, Lever un corps, pour dire, Emporter un corps mort hors du lieu où il est. Et cela ne se dit que lorsqu’on l’emporte par autorité publique, soit Ecclésiastique, soit Séculière. C’est au Curé de la Paroisse du mort à lever le corps. On trouva un homme tué dans les rues, et la Justice envoya lever le corps.
On dit aussi, Lever un corps saint, pour dire, Le tirer du tombeau avec cérémonie, pour l’exposer à la vénération des Fidèles.
On dit aussi, Lever un enfant, Lorsqu’on parle d’un enfant exposé que la justice fait emporter à l’Hôpital.
On dit, Lever boutique, lever ménage, pour dire, Commencer à tenir boutique, à tenir ménage, etc.
En termes de Manége, on dit, Lever un cheval à cabrioles, à pesades, à courbettes, pour dire, Manier un cheval à cabrioles, etc.
■ Lever, au trictrac, se dit quand le Joueur a passé toutes ses dames dans le jan de retour, et qu’il les lève ensuite sur la bande, laquelle alors est regardée comme case.
■ Lever, est aussi neutre, et se dit Des plantes, des graines qui commencent à pousser et à sortir de terre. Il avoit semé là du gland, voilà des chênes qui commencent à lever. Les orges lèvent plus vîte que les fromens. Les blés commencent à lever.
Il signifie aussi Fermenter. Faire lever la pâte. La pâte commence à lever.
■ Levé, ée. participe.
On dit, Aller par-tout tête levée, la tête levée, pour dire, Aller par-tout sans rien craindre, sans appréhender aucun reproche.
On dit familièr. Prendre quelqu’un au pied levé, pour dire, Prendre quelqu’un au moment de son départ. Il signifie aussi figurément et familièrement, Prendre quelqu’un au mot, sans lui donner le temps de faire réflexion ; tirer avantage contre lui de ce qu’il lui est échappé de dire.
Levé, en termes de Blason, se dit d’Un ours levé sur ses pieds de derrière.
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