mort

I. MORT

nom féminin
Étymologie : ixe siècle. Issu du latin mors, de même sens.
↪ voir aussi : II. Mort, morte (adj. et n.)

I.

I. Arrêt de la vie.
1.  Pris comme le terme fixé à l’existence de toute créature humaine ou animale. À l’heure de la mort. Lutter jusqu’à la mort, jusqu’à ce que mort s’ensuive. Mettre à mort, mise à mort. Braver, mépriser la mort. Se préparer à la mort. Il s’est donné la mort. Semer, répandre la mort. Être en danger de mort. Menaces de mort. La peine de mort ou, elliptiquement, la mort, la peine capitale. Condamner un homme à mort, à la peine de mort. Sentence, arrêt de mort. La peine de mort a été abolie en France en 1981. Par analogie. Mort civile, peine abolie en 1854, entraînant la perte des droits civils, et produisant les mêmes effets juridiques qu’un décès.
▪  Spécialement. Marque de domaine : médecine. Mort apparente, état d’immobilité et d’insensibilité absolues, causé par un arrêt temporaire ou un ralentissement important des fonctions respiratoire et cardiaque. Les signes cliniques de la mort, la mort clinique, voir Clinique. Mort cérébrale, état d’inconscience totale caractérisé par la perte irréversible des fonctions cérébrales, et attesté en particulier par un électro-encéphalogramme plat. – Marque de domaine : biologie. Arrêt complet des fonctions d’un organisme ou d’une entité vivante, entraînant sa destruction définitive. Mort d’une cellule, d’un tissu.
2.  Rapporté à un individu particulier, au moment, aux circonstances dans lesquels il perd la vie. La mort de Socrate. La mort du Christ. Annoncer, apprendre la mort d’un proche. Depuis sa mort, depuis le jour de sa mort. C’est l’anniversaire, le centenaire de sa mort. Souhaiter, venger la mort de quelqu’un.
▪  Mort subite, prématurée. Mort naturelle, due à des causes internes, à la maladie, à la vieillesse. Mort violente. Mort accidentelle.
▪  Expr. Mourir de sa belle mort, mourir de vieillesse, sans maladie déclarée. La liberté ou la mort, formule ayant servi de devise à certains insurgents et qui fut reprise par divers mouvements politiques pour exprimer leur détermination à conquérir ou à défendre leur liberté.
▪  Mort glorieuse. Mort honteuse, ignominieuse. Mort sainte, édifiante. Une bonne mort (vieilli), celle d’une personne qui meurt dans des sentiments religieux, en s’étant acquittée de tous les devoirs de la religion.
▪  Interj. Mort à… ! À mort… ! pour exprimer un souhait homicide. Mort au tyran ! À mort les traîtres !
  Titres célèbres : La Mort de Pompée, de Corneille (1642) ; La Mort de Sénèque, de Tristan L’Hermite (1646) ; Mort à crédit, de Louis-Ferdinand Céline (1936).
3.  Dans le style soutenu, par un procédé de personnification. Il a vu la mort de près. La mort l’a frappé, l’a enlevé à la fleur de l’âge. La mort plane, rôde, s’abat sur cette contrée. Froid, triste, pâle comme la mort. Avec une majuscule. La Mort, représentation allégorique, sous l’aspect d’un squelette armé d’une faux (on dit aussi la Faucheuse, la grande Faucheuse). Le triomphe de la Mort est un sujet fréquent chez les artistes de la Renaissance.
  Titre célèbre : La Mort et le Bûcheron, fable de La Fontaine (1668).
4.  Marque de domaine : théologie chrétienne. La mort éternelle, la seconde mort, la mort de l’âme, la privation éternelle de la vision de Dieu, à laquelle est condamné le pécheur.
▪  Expression empruntée de l’Écriture. Dieu ne veut pas la mort du pécheur, il faut être indulgent pour la faiblesse humaine.
▪  Dans le langage de la piété. Mort au monde, mort à soi-même, renoncement au monde, à ses plaisirs, aux satisfactions de l’amour-propre, en tant qu’ils détournent et distraient de Dieu.
5.  Loc. et expr. Être entre la vie et la mort, en grand danger de mourir. Être à la mort, être très malade et près de mourir. Être à l’article de la mort, au dernier moment de la vie. À son lit de mort, sur son lit de mort, juste avant de mourir, au moment de mourir. Les volontés qu’il a exprimées à ou sur son lit de mort.
▪  Fig. Une question, une affaire de vie ou de mort, très importante. Vous voulez ma mort ! se dit, souvent plaisamment, pour marquer à quelqu’un l’étonnement, l’indignation que suscite ce qu’il fait, propose, suggère. Avoir la mort, porter la mort sur son visage, avoir la figure d’un mourant ; être près de mourir. Hurler à la mort, voir Hurler. Silence de mort, très profond.
▪  Fam. Petite mort, syn. fam. d’Orgasme. Attraper la mort, prendre un refroidissement, tomber malade. Pop. Ce n’est pas la mort, ce n’est pas une situation désespérée, une tâche d’une difficulté insurmontable.
▪  Marque de domaine : droit. À cause de mort, se dit de procédures ou de situations juridiques qui sont la conséquence d’un décès. Mort d’homme, accident, circonstance où quelqu’un est tué. Y a-t-il eu mort d’homme ? Fig. et fam. Il n’y a pas mort d’homme, ce n’est pas d’une gravité extrême.
▪  Spécialement. Les camps de la mort, les camps d’extermination. Les trains de la mort, qui acheminaient les déportés vers les camps de concentration ou d’extermination.
6.  Loc. adv. et adj. À mort, de manière qu’on en meure. Blesser à mort. Il fut frappé à mort. Combat, duel à mort.
▪  Fig. et fam. En vouloir à mort à quelqu’un, avoir pour quelqu’un une haine, une rancune implacable. Par extension, pop. S’ennuyer à mort, extrêmement. S’enivrer à mort.
▪  À la vie et à la mort, pour toujours, indissociablement. Je suis votre ami à la vie et à la mort. Elliptiquement. Entre nous, c’est à la vie, à la mort, notre amitié, notre alliance ne peut être détruite que par la mort.
▪  La mort dans l’âme, à contrecœur et avec regret, avec chagrin. Il s’y est résigné la mort dans l’âme.

II.

II. Fig.
1.  Grande douleur, grand chagrin ; tourment. Souffrir mort et passion. Il a souffert mille morts.
2.  Ruine, destruction, extinction. Le monopole est la mort de l’industrie. La mort lente d’une région, d’une industrie, d’un métier. Ce fut la mort de leurs illusions.
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