juger

4e édition

JUGER.

v. a.
■  Rendre la justice. Dieu viendra juger les vivans & les morts.
Il signifie plus communément, Décider une affaire, un différent en Justice. Juger un procès. Quand jugerez-vous cette affaire ? Bien juger. Mal juger. Juger définitivement. Juger précipitamment. Juger sur les pièces. Juger avec connoissance de cause. Juger contre droit & raison. Juger en dernier ressort. Juger les causes d’appel. Juger une requête civile. L’affaire est prête à juger, est en état de juger.
On dit proverbialement & figurément, qu’Il ne faut pas juger sur l’étiquette du sac, ou simplement, sur l’étiquette, pour dire, que Sur quelque chose que ce soit, il ne faut pas juger légèrement & sur la première apparence.
On dit, Juger une personne, pour dire, Juger son procès. je serai jugé demain. Je vous jugerai quand j’aurai vu les pièces. Il a été jugé, on l’a jugé à mort. On l’a jugé, il est absous. Il n’y a que Dieu qui juge les Rois.
Il signifie aussi, Décider comme arbitre, & comme étant choisi par ceux qui sont en différent. C’est notre arbitre, il nous jugera. Jugez-nous, je vous prie. Jugez ce coup-là. Je m’en rapporte à ce qu’il en jugera. Regardez-nous jouer, vous jugerez des coups. Un coup difficile à juger.
Il signifie aussi, Décider du défaut ou de la perfection de quelque chose ; & alors on dit toujours, Juger de .... Il juge bien de la Poësie. Il juge bien de la Peinture. Il juge mal de ces sortes de choses, il ne s’y connoît point. Il en juge comme un aveugle des couleurs. Juger sainement des choses.
Il signifie aussi, Décider en bien ou en mal du mérite d’autrui, de ses pensées, de ses sentimens, du motif de ses actions. En ce sens il se construit encore avec la préposition De, ou un équivalent. Bien juger, mal juger de quelqu’un, ou de ses actions. Juger mal de son prochain. Il faut toujours bien juger de tout le monde. Vous en jugez bien témérairement, bien légèrement. Jugez favorablement de lui. Jugez équitablement. Ne jugez point, si vous ne voulez être jugé.
On dit, Juger d’autrui par soi-même, pour dire, Comprendre par ses propres sentimens quels doivent être ceux d’autrui sur la chose dont il s’agit. Jugez d’autrui par vous-même, & voyez si vous seriez bien aise qu’on se moquât de vous.
Il signifie aussi, Faire usage de son jugement, pour dire ou pour affirmer quelque chose. C’est l’entendement qui juge. Les préventions nous empêchent de juger sainement.
Il se dit aussi Des sens. L’œil juge des couleurs. L’oreille juge des sons.
Il signifie aussi Conjecturer. Il n’est pas difficile de juger ce qui en arrivera. Je jugeai bien que telle chose arriveroit. Que jugez-vous de cela ? Je ne saurois qu’en juger. Le Médecin a vu ce malade, il en juge mal.
On dit, Juger la balle, pour dire, Prévoir où la balle doit tomber. Et on dit figurément & familièrement, Juger la balle, pour dire, Prévoir quel tour une affaire prendra.
Il signifie aussi, Croire, estimer que, être de sentiment, d’opinion que, &c. Que jugez-vous que je doive faire ? Il n’a pas jugé à propos de s’y trouver. Jugez-vous cela bien nécessaire ? On a jugé nécessaire d’y pourvoir de bonne heure.
Il signifie aussi, Comprendre dans son esprit, se figurer, s’imaginer. Vous jugez bien, vous pouvez bien juger qu’il n’en fut pas fort content. Jugez si je fus ravi de le voir. Jugez quelle fut ma joie. Il est aisé de juger d’où cela part.
Jugé, ée. participe. L’autorité des choses jugées.
Bien jugé, mal appelé ; mal jugé, bien appelé ; Ce sont formules d’Arrêts, quand un Juge supérieur confirme ou casse la Sentence d’un Juge subalterne.
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