réserver

4e édition

RÉSERVER.

v. a.
■  Garder, retenir quelque chose du total. Il a vendu la propriété de cette terre, mais il s’en est réservé l’usufruit, la jouissance. Il a vendu les fruits de son jardin, & s’en est réservé tant d’arbres. Il veut donner tout son bien aux pauvres, à ses enfans, & se réserver seulement tant. Il a résigné son bénéfice, mais il s’est réservé une pension. L’Évêque se réserve le pouvoir d’absoudre de certains cas. La Cour a jugé le principal, & a réservé à faire droit sur les intérêts. Il réserve le reste à un autre temps. Le Pape se réserve la provision, la collation, la prévention de certains Bénéfices. Le Roi s’est réservé la connoissance de cette affaire. Dieu s’est réservé la vengeance.
On dit, Se réserver à faire quelque chose, se réserver à parler, pour dire, Attendre, remettre à faire, à parler, quand on le trouvera à propos, en temps & lieu. Je me réserve à faire cela en tel temps. Je me réserve à parler quand j’aurai entendu vos raisons.
On dit, Se réserver la réplique, pour dire, Déclarer qu’on veut répliquer. Et on dit, qu’Un Avocat prie les Juges de lui réserver la réplique, pour dire, qu’Il leur demande la permission, le droit de répliquer quand il en sera temps.
■ Réserver, signifie aussi, Garder une chose pour un autre temps, pour un autre usage, la ménager pour une bonne occasion. Réservez ce discours-là pour une autre fois. Il est bon de réserver de l’argent pour les besoins imprévus. Un homme sage réserve ses amis pour les occasions essentielles. Le Gouverneur de cette Place ne veut point faire de sorties, il réserve ses gens pour soutenir les attaques. Il réserve ce cheval pour un jour de bataille.
■ Réservé, ée. participe.
On appelle Cas réservés, Les péchés dont il n’y a que l’Évêque ou le Pape qui puisse absoudre.
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