queue

5e édition

QUEUE.

s. f.
■  Ce mot se dit d’Une des extrémités du corps dans toutes sortes de bêtes, comme animaux a quatre pieds, oiseaux, reptiles et poissons.
En parlant des animaux à quatre pieds, il signifie, Cette partie qui est au bout de l’épine du dos, comme une continuation des vertèbres, et qui est ordinairement couverte de poil. Le bout de la queue. Le tronc de la queue. Un p. 399nœud de la queue. La queue d’un cheval, d’un taureau, d’un mouton, d’un renard. Grosse queue. Courte queue. Queue épaisse. Chevaux à longue queue, à courte queue. Les chevaux s’émouchent avec leur queue, de leur queue. Ce chien flatte de la queue. Couper la queue à un cheval, à un chien. Un lion qui se bat les flancs de sa queue. Couper un nœud de la queue à un cheval.
On dit d’Un cheval qui a peu de crins à la queue, qu’Il a une queue de rat ; et d’Un cheval qui porte sa queue recourbée en haut, qu’Il porte sa queue en trompe.
En parlant Des marques de dignité que les Pachas font porter devant eux, on appelle Visir à trois queues, Le Pacha qui a droit de faire porter devant lui trois queues de cheval ; et quand l’Empereur des Turcs veut porter la guerre en quelque endroit, Il fait exposer des queues de cheval.
On appelle Queue de mouton, Une pièce de viande qui est prise du quartier de derrière d’un mouton, et où ordinairement la queue tient. Servir une queue de mouton. Quand on dit, Un ragoût de queues de mouton, On n’entend parler que des queues seules.
En parlant De fourrure, on appelle Queue de martre, La peau et le poil de la queue d’une martre, passée et accommodée. Une robe garnie de queues de martre.
On dit proverbialement et figurément, Brider son cheval par la queue, pour dire, Commencer une affaire par où l’on devroit la finir.
On dit aussi prov. et figurém. d’Un homme qui a de la peine à avoir de quoi vivre, qu’Il tire le diable par la queue.
On dit proverbialement et populairement, d’Un homme qui a paru confus de ce qu’une affaire ne lui a pas réussi, qu’Il s’en est retourné honteusement la queue entre les jambes.
On dit proverbialement, d’Un homme qui arrive dans une compagnie dans le temps qu’on parle de lui, Quand on parle du loup, on en voit la queue.
■ Queue, en parlant des oiseaux, se dit Des plumes qui leur sortent du croupion, et qui leur servent ordinairement comme de gouvernail pour se conduire dans l’air. La queue des hirondelles est fourchée. Cela est fait en queue d’hirondelle. Une queue de paon. Un paon qui se mire dans sa queue. Un coq qui a une belle queue.
■ Queue, en parlant des poissons, des serpens, et de quelques insectes, est La partie qui s’étend du ventre jusqu’à l’extrémité opposée à la tête. Queue de morue. Queue de saumon. Le scorpion pique de la queue. Une baleine peut renverser une barque d’un coup de queue. Un serpent qui se mord la queue, étoit chez les Égyptiens le symbole de l’année.
On dit proverbialement et figurément, À la queue gît le venin, le venin est à la queue, pour dire, qu’Il est à craindre que la fin d’une affaire ne soit fâcheuse, quoique le commencement ne le soit pas.
On dit proverbialement et figurément, Écorcher l’anguille par la queue, pour dire, Commencer par l’endroit le plus difficile, et par où l’on devroit finir. Et l’on dit, qu’Il n’y a rien de plus difficile à écorcher que la queue, pour dire, qu’Ordinairement il n’y a rien de plus difficile dans une affaire, que de l’achever. La queue en sera difficile à écorcher.
■ Queue, se dit aussi en parlant Des fleurs, des feuilles, des fruits, et signifie, Cette partie par laquelle ils tiennent aux arbres, aux plantes. La queue des violettes, des roses, etc. des melons, des poires, etc. Il ne faut pas couper la queue des fruits qu’on veut garder.
On appelle Queue-de-renard, Une petite plante qui ressemble à peu près à une queue de renard, et qui vient ordinairement dans des terres humides.
En parlant De certaines fleurs, comme tulipes, lis, narcisses, on appelle Queue, quand elles sont cueillies, ce qu’on appelle Tige dans ces mêmes fleurs, lorsqu’elles sont encore sur pied.
On dit proverbialement et populairement, Il n’en est pas resté la queue d’un, d’une, pour dire, Il n’en est resté aucun, aucune. Tous les lapins de cette garenne ont été détruits, il n’en reste pas la queue d’un. Ils ont dérobé toutes mes pêches, toutes mes poires, il n’en est pas demeuré la queue d’une.
On dit figurément et familièrement, qu’On a pris une affaire par la tête et par la queue, pour dire, qu’On l’a tournée et examinée de toutes les manières. Dans le même sens, on dit proverbialement et figurément, Prendre le Roman par la queue. Et cela se dit principalement d’Une fille qui devant épouser un homme, commence par vivre avec lui comme s’il étoit déjà son mari.
On dit figurément, La queue d’une affaire, pour signifier Les soins qu’elle exige avant d’être terminée. Cette affaire aura une longue queue.
Ne point laisser, ne point faire de queue dans un paiement, Payer tout ce qu’on doit.
■ Queue, se dit encore De plusieurs autres choses qui ressemblent en quelque façon à une queue. Par exemple, dans les Lettres de Chancellerie, on appelle Lettres scellées sur simple queue, Celles dont le sceau est sur cette partie du parchemin qu’on coupe en forme de queue pour y attacher le sceau ; et, Lettres scellées sur double queue, Celles dont le sceau est sur une bande de parchemin qui passe au travers des Lettres.
En certaines lettres de l’alphabet, comme au g, au p, etc. on appelle Queue, Ce qui excède par en bas le corps de la lettre.
On appelle La queue d’une comète, Une longue traînée de lumière qui suit le corps de la comète. Une comète à longue queue. Cette comète avoit la queue tournée vers l’Orient.
On appelle La queue de la poêle, La longue pièce de fer qui sert à tenir la poêle. Et on dit proverbialement et figurément, Il n’y en a point de si empêché que celui qui tient la queue de la poêle, pour dire, que Celui qui a la principale conduite d’une affaire, est le plus embarrassé.
On appelle La queue du moulin, Cette grande pièce de bois qui sert à faire tourner un moulin à vent sur son pivot.
On appelle Queue, au jeu de Billard, Un des instrumens dont on se sert le plus communément à ce jeu. Il ne joue que de queue.
■ Queue d’aronde. Terme de Menuiserie, qni se dit d’Un certain tenon, d’une certaine pièce de liaison taillée en queue d’hirondelle.
■ Queue. Le bout, la fin de quelque chose. La queue d’un étang. À la queue du bois, de la forêt. La queue de l’hiver a été rude. Le proverbe dit, Mi-Mai, queue d’hiver.
■ Queue, se dit encore De l’extrémité d’un manteau, et d’une robe d’homme ou de femme, lorsqu’elle traîne par-derrière. Robe à queue traînante. Les Prélats, les Magistrats, les Dames, etc. se font porter la queue. La queue d’un manteau. La queue d’une chape de Cardinal.
■ Queue, signifie aussi, La dernière partie, les derniers rangs de quelque Corps, de quelque Compagnie, comme : La queue d’une Procession ; la queue du Parlement, d’un Régiment, d’une Armée. C’est le dernier reçu, il est à la queue, tout à la queue. Se mettre à la queue. Prendre la queue. Charger une Armée, un Régiment, etc. en queue. Donner en queue. Donner sur la queue d’une Armée. Prendre en flanc et en queue.
On dit figurément, Aller à la queue, faire la queue, se tenir à la queue, pour, Se disposer et se tenir en file. Il y avoit une queue à toutes les portes de Boulangers. On attendoit des nuits entières à la queue.
On dit aussi, À la queue, en queue, pour dire, À l’extrémité, à la suite, immédiatement après. Il étoit à la queue de la tranchée, à la queue des travailleurs. Le bagage suivoit en queue, étoit à la queue. Ce Régiment étoit à la queue des chariots. Il suit en queue. C’est un bon chasseur, il est toujours à la queue des chiens.
On dit encore, À la queue, en queue, pour dire, À la poursuite de quelqu’un, aux trousses de quelqu’un. Avoir les ennemis en queue. Il a fait un mauvais coup, les Prevôts sont à sa queue. Il a le Prevôt en queue. Laissez-moi faire, je lui mettrai un homme en queue qui le fera bien aller. Les trois dernières phrases sont du style familier.
■ Queue à queue. phr. adv. À la file, immédiatement l’un après l’autre. Ces loups se suivoient queue à queue. Attacher des chevaux queue à queue. Ces bateaux étoient queue à queue. Il y a un jeu d’enfans, qu’on appelle À la queue leu leu, parce qu’ils marchent à la suite les uns des autres, comme marchent les loups, qu’on appeloit autrefois Leux. Et l’on dit familièrement, Ils sont venus à la queue leu leu, pour dire, Ils sont venus à la suite les uns des autres.
■ p. 400 Queue, en termes de Jeu, est Une somme convenue que l’on paye à celui qui gagne le plus.
■ QUEUE. s. fém. Sorte de futaille contenant environ un muid et demi. Mettre du vin dans des queues. C’est un vin qui se vend cent écus la queue. Défoncer une queue de vin. Les soldats lui burent deux ou trois queues de vin en un jour.
■ Demi-queue. s. f. Futaille contenant la moitié de ce que contient une queue. Il a mis son vin dans des demi-queues.
■ Queue-de-cheval. Voy. Prêle.
■ Queue-de-lion, s. f. ou Léonurus, s. m. Plante à fleurs labiées, qui croît en Afrique et en Amérique.
■ Queue-de-pourceau. subst. fém. Plante dont la racine fournit un suc incisif et résolutif, pour l’asthme, la toux, etc.
■ Queue-de-souris. s. f. Plante qui croît dans les champs, les prés et les jardins. Elle est astringente et dessiccative.
■ Queue, se dit encore d’Une sorte de pierre à aiguiser. Il faut repasser ce rasoir sur la queue. Queue à faux. Queue à l’huile.
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