puits

1re édition

PUITS.

s. m.
■  Trou profond, creusé de main p. 343d’homme, & ordinairement revêtu de pierre, pour avoir de l’eau. Un puits fort profond, fort creux. puits commun. puits mitoyen. le puits d’une basse court, d’un jardin. la mardelle, ou la margelle d’un puits. une corde à puits. la corde du puits. le bord d’un puits. le rebord d’un puits. de l’eau de puits. curer un puits. cureur de puits. le seau est tombé dans le puits, est demeuré dans le puits. puits à roüe. puits à poulie. puits à bras.
On dit aussi prov. & fig. qu’Il faut puiser tandis que la corde est au puits, pour dire, qu’Il faut travailler à faire sa fortune, pendant qu’on en a l’occasion.
On dit prov. & fig. que La verité est au fond du puits, pour dire, qu’En toutes choses on a beaucoup de peine à descouvrir la verité.
On dit aussi prov. & fig. d’Un homme fort secret, que Ce qu’on luy dit tombe dans un puits.
On appelle, Puits, en termes de Guerre, des Trous creusez au devant d’une circonvallation ou d’un autre retranchement, pour empescher la Cavalerie d’en approcher. Les Espagnols avoient fait des puits tout autour des lignes d’Arras.

puisard

■ Puisard. s. m. Espece de puits pratiqué pour faire écouler les eaux. On a fait des puisards au devant de ce bastiment. pratiquer des puisards dans l’épaisseur d’un gros mur. le puisard d’une glaciere. le puisard d’une cisterne.

puiser

■ Puiser. v. a. Prendre de l’eau avec un vase qu’on plonge dans une riviere, dans une fontaine, &c. Puiser de l’eau à la riviere.
Il s’employe d’ordinaire absolument & sans regime. Puiser à la riviere. puiser au bassin de la fontaine, au courant de l’eau. puiser à la source.
On dit prov. & fig. qu’Il ne faut point puiser aux ruisseaux quand on peut puiser à la source. Et qu’Il n’est rien tel que de puiser à la source, pour donner à entendre que Tant qu’on peut il faut essayer de remonter jusqu’à l’origine des choses, pour en estre bien instruit.
On dit fig. qu’Un homme a puisé dans la source, dans les sources, pour dire, qu’Il a lû les Autheurs originaux sur les matieres dont il traite.
■ Puisé, ée. part.

espuiser

■ Espuiser. v. a. Tarir, mettre à sec. Epuiser une fontaine à force d’en tirer de l’eau. l’armée estoit si nombreuse que par tout où elle campoit, elle épuisoit les fontaines & les ruisseaux.
Il se dit aussi, en parlant du sang, de l’humide radical, des esprits vitaux, & de tout ce qui contribuë à l’entretien des forces naturelles. On l’a tant saigné qu’on l’a épuisé de sang. dans l’âge où il est, & sec comme il est, il ne faut qu’une petite fiévre pour épuiser le peu d’humide radical qui luy reste. une trop grande application épuise les esprits. ses débauches ont espuisé ses forces. il s’est espuisé par ses débauches.
On dit fig. Espuiser la bourse de ses amis, pour dire, Emprunter de l’argent de ses amis jusqu’a les incommoder. Et on dit, Espuiser le thresor public, espuiser les finances, pour dire, Tirer tout l’argent du thresor public. Cette guerre espuisa les finances, espuisa le thresor public.
On dit aussi fig. qu’On a espuisé une Province, un Estat d’hommes & d’argent, pour dire, qu’On en a tiré tant d’hommes & d’argent, qu’elle en est demeurée incommodée, affoiblie. Et on dit dans le mesme sens, Espuiser un homme d’argent.
On dit aussi fig. qu’Un Autheur a espuisé sa matiere, pour dire, qu’Il n’a rien oublié de tout ce qui se pouvoit dire sur le sujet qu’il a traité. Et on dit, d’Un homme qui a un grand fond de sçavoir, & qui parle bien & facilement sur toute sorte de matiere, que C’est un homme qu’on ne sçauroit espuiser.
■ Espuisé, ée. part.

espuisement

■ Espuisement. s. m. v. Consomption, dissipation de forces & d’esprits. On l’a tant saigné qu’il est tombé dans un espuisement dont il a peine à revenir. les jeusnes & les veilles l’ont jetté dans l’espuisement. ses estudes & ses meditations continuelles luy ont causé un grand espuisement. l’espuisement où il est tombé ne vient que de ses débauches.
Il se dit aussi, des Finances, lors qu’elles ont esté espuisées par des dépenses excessives. L’espuisement des finances fut cause qu’il fallut recourir à des voyes extraordinaires pour avoir de l’argent.

inespuisable

■ Inespuisable. adj. Qui ne se peut espuiser, tarir, mettre à sec. Cette source est inépuisable.
On dit fig. que La misericorde de Dieu est inespuisable. un fonds inespuisable de bonnes choses, d’impertinences, &c.
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