commun, une

2e édition

COMMUN, UNE.

adj.
■  Dans l’acception la plus generale, il se dit des choses à quoy tout le monde participe, ou a droit de participer, & c’est dans ce sens qu’on dit que, Le Soleil, l’air, les elements sont communs. la lumiere est commune à tous les hommes. Dans une acception moins estenduë, il se dit des choses qui appartiennent à plusieurs sans division. Un puits commun. une court commune. passage, escalier, mur, chemin commun. cela est commun à tout le Bourg, commun aux deux maisons.
■ Commun, Se dit aussi de Ce qui est propre & naturel à divers sujets, & c’est dans ce sens qu’on dit, que Le boire & le manger sont communs à l’homme & aux bestes. la vie vegetative est commune aux animaux & aux plantes. ennemi commun. interest commun. peril commun. perte commune. cette douleur, cette joye m’est commune avec tous les gens de bien. entreprendre une chose à frais communs. j’ay cela de commun avec luy. cette affaire-là n’a rien de commun avec celle dont il s’agit.
On appelle, Lieux communs, en Rhetorique, Les matieres generales, d’où l’on prend les arguments, les preuves pour persuader ou dissuader. Aristote a donné plusieurs lieux communs pour exciter la compassion, l’horreur.
On appelle aussi, Lieux communs, Des matieres triviales & rebattuës. Tout son Livre est rempli de lieux communs. Ce qu’il y a de meilleur dans ses discours n’est qu’un lieu commun sur l’envie. ses sermons ne sont que des lieux communs. employer des lieux communs. un recuëil de lieux communs.
On appelle, Sens commun, La faculté par laquelle le commun des hommes juge raisonnablement des choses. Cela est contre le sens commun. cela repugne au sens commun. c’est un homme qui n’a pas le sens commun.
Faire bourse commune, Se dit des Officiers ayant mesme Charge, des associez qui sont en communauté de profit, des amis qui ont mis leur argent ensemble pour leur despense.
On dit en style de Notaire, Les futurs espoux seront uns & communs en biens, pour dire, qu’Il y aura communauté de biens entre eux.
■ Commun, Signifie aussi, General, universel. Le bruit commun. c’est l’opinion commune. la commune façon de parler. le Pape est le Pere commun des Chrestiens.
On dit, Le droit commun, pour dire, La Loy receuë dans un Estat, l’usage qui y est generalement establi.
On appelle en termes de Jurisprudence, Delit commun, Un delit qui a esté commis par un Ecclesiastique, & qui est de la competence du Juge Ecclesiastique ; & dans cette acception il est opposé à Cas privilegié, dont la connoissance est reservée au Juge seculier.
On dit, Le commun Peuple, pour dire, Le menu peuple, le bas peuple.
■ Commun, Signifie aussi, Ordinaire, qui se pratique ordinairement. L’usage en est fort commun. il n’y a rien de si commun. c’est une chose bien commune. cela est commun parmi les gens de guerre, entre les gens de guerre. commun entre les Bourgeois, parmi les Bourgeois.
En parlant des termes ordinaires de la Langue, on dit, Les mots communs de la Langue, par opposition aux Termes qui ne sont en usage que dans les Arts & dans les sciences.
■ Commun, Signifie aussi, Qui se trouve aisément & en abondance. Les bons melons sont fort communs cette année. les bons muscats sont communs en Languedoc, en Provence. les herbes, les viandes les plus communes.
Expedier en forme commune. Façon de parler p. 298prise du style de la Daterie de Rome, & employée figurément en diverses phrases. Ainsi on dit d’Un homme à qui on a gagné tout son argent en trés peu de temps, qu’On l’a expedié en forme commune. On dit aussi, d’Un homme mort en peu de temps entre les mains de plusieurs mauvais Medecins, qu’ils l’ont expedié en forme commune. Cela n’est que du style familier.
■ Commun, Signifie aussi, Qui est de peu de valeur, & peu estimable dans son espece. Un Marchand qui n’a que des marchandises communes, trés communes, qui n’a rien que de commun.
Il signifie aussi, Qui est mediocre & peu estimable dans son genre. Il a fait un discours trés commun. c’est un Predicateur fort commun. un Autheur, un Poëte trés commun. une invention commune. des pensées communes. idée commune. pensées communes.
On dit, qu’Une terre vaut tant de revenu, année commune, ou communes années, pour dire, Bon an, mal an, en compensant les mauvaises années avec les bonnes.
■ Commun, Est aussi subst. masc. & il se dit d’Une societé entre deux ou plusieurs personnes. Il faut prendre cette despense sur le commun. posseder en commun. ils ont mis leur bien en commun. ils vivent en commun. ils jouissent de la succession en commun, en attendant qu’ils ayent fait leur partage.
On dit, qu’Un homme vit sur le commun, Lorsque n’estant point d’une societé, & n’y ayant rien contribué pour sa part, il ne laisse pas de vivre avec ceux qui en sont. La mesme chose se dit aussi, d’Un homme accoustumé à vivre sur le tiers, & sur le quart. Et l’on dit prov. qu’Il n’y a point d’asne plus mal basté, que l’asne du commun, pour dire, que Les affaires du commun sont ordinairement les plus negligées.
■ Commun, Signifie aussi, Le plus grand nombre, la plus grande partie. Le commun des hommes. le commun des Philosophes.
On dit fig. qu’Une personne ou une chose est du commun, pour dire, qu’Elle n’est pas de grand merite, ni de grand prix. Cela est du commun. cet ouvrage n’est pas du commun. c’est un homme du commun. il est hors du commun. il passe le commun. il est au dessus du commun. sa Charge le tire du commun.
Dans l’Office Ecclesiastique, On appelle, Le Commun des Apostres, des Martyrs, des Confesseurs, des Vierges, l’Office general qui se celebre en l’honneur des Apostres, des Martyrs, &c quand l’Eglise n’a point reglé d’Office particulier pour chacun d’eux.
■ Commun, Se dit aussi, des Domestiques les moins considerables d’une maison. C’est du vin du commun, du vin pour le commun. le disner du commun. la table du commun. la salle du commun.
On appelle, Grand Commun, chez le Roy, Les Offices destinez à la nourriture de la pluspart des Officiers de la Maison du Roy. Et on appelle, Petit Commun, Quelques Offices détachez du Grand Commun pour la nourriture de quelques Officiers privilegiez de la Maison du Roy. Grand Commun, se dit aussi du lieu où ces Officiers travaillent, & qui est destiné pour leur logement. Estre logé au Grand Commun.
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