champ

3e édition

CHAMP.

s. m.
■  Etendue. Piéce de terre labourable, qui d’ordinaire n’est pas fermée de murailles. Champ fertile. Champ stérile. Champ de tant d’arpens, &c. Labourer, cultiver, fumer, semer, moissonner un champ. Au bout du champ. Le décimateur prend la dixme dans le champ. Au milieu d’un champ.
■ Champ, signifie figur. Occasion, sujet, matiére. On lui a donné, on lui a ouvert un beau champ pour acquérir de la gloire. Il a un beau champ pour paroître. Voilà un beau champ pour étaler son éloquence, son érudition. Cette occasion est un beau champ pour se signaler.
■ Champs, au pluriel, signifient Toutes sortes de terres, tant labourables que prez, bois, bruyéres, &c. pris tout ensemble. Mener les vaches, les brebis aux champs. Il ne fait guére bon aux champs par ce temps-là. A travers champs.
On dit prov. d’Un homme qui est bien fou, qu’Il est fou à courir les champs.
On appelle, Les Champs Elysées, les Champs Elysiens, Des lieux souterrains & agréables, où les Poëtes feignent qu’étoient reçues les ames des Héros & des personnes vertueuses, au sortir de ce monde.
■ Champs, se dit aussi, De tous les lieux qui ne sont point dans les villes ou dans les fauxbourgs. Maison des champs. Il demeure aux champs. Il est allé aux champs.
On dit, d’Un homme qui loge à l’extrémité d’un fauxbourg, ou qui loge dans une maison de la ville où il y a un grand jardin, qu’Il est aux champs & à la ville.
On dit, Battre aux champs, pour dire, Battre le tambour pour se mettre en marche. On battoit aux champs pour aller relever la garde. La garde du Louvre bat aux champs, quand le Roi ou la Reine passent.
On dit aussi, qu’On bat aux champs, pour dire, que l’armée se met en marche.
On dit figur. d’Une personne qui se met en colère, qu’Elle se met aux champs. La moindre chose le met aux champs.
On dit, Avoir la clef des champs, pour dire, qu’On a la liberté d’aller où l’on veut. On dit aussi, Donner la clef des champs.
On dit aussi prov. Avoir un œil aux champs & l’autre à la ville, pour dire, Prendre garde à tout.
■ Champ de Bataille, au singulier, se dit, De la place où se fait le combat de deux armées. Il est demeuré maître du champ de bataille. Le champ de bataille lui est demeuré. Il a couché sur le champ de bataille.
On dit figur. qu’Un homme a bien pris son champ de bataille, pour dire, qu’Il a pris ses avantages pour réussir en quelque chose.
On dit figur. d’Un homme qui est demeuré supérieur dans une dispute, & qui réduit son adversaire à céder ou à ne rien dire, que Le champ de bataille lui est demeuré.
On appeloit Champ-clos, Un lieu enfermé de barriéres, dans lequel deux ou plusieurs personnes vuidoient autrefois leurs différends par les armes, avec la permission du Prince, ou du Magistrat. Se battre en champ-clos. Et on disoit, Prendre du champ, pour dire, Faire un tour, une caracole pour mieux fournir sa carriére.
Il se dit aussi, Des tournois. Le tournois se fit en champ-clos. On dit néanmoins, Le Juge du camp, non pas du champ.
■ Champ, signifie aussi figur. Un fond sur lequel on peint, on grave, on représente quelque chose. Le champ d’une tapisserie, d’un tableau, d’une médaille, d’un écusson. Le champ de cette tapisserie est brun. Le champ de ce tableau est trop clair. Les armes de France sont trois fleurs de lis d’or en champ d’azur.
■ Sur le champ, Façon de parler adverbiale. Sur l’heure même, sans délai. Cela fut vuidé sur le champ. On le châtia, on le paya tout sur le champ. Précher, haranguer sur le champ.
■ A chaque bout de champ. Adverbial. A chaque moment, à tout propos. Il retombe dans la même faute à chaque bout de champ. On diroit à chaque bout de champ, à tout bout de champ qu’il va mourir. Il est du style familier.
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