charger

3e édition

CHARGER.

v. a.
■  Mettre une charge sur.... Charger un crocheteur. Charger un cheval, un mulet, un bateau. L’Architecte a trop chargé ce mur. Il n’y a point de danger de charger une voûte. Charger un bateau pour un tel endroit. Ce bateau est chargé de vin, de sel.
On dit aussi, Charger, pour, Peser sur… Cette poutre charge trop cette muraille. Cela chargera trop cet homme. Cela chargeroit trop le carrosse.
On dit, Charger une pièce de théatre d’incidens, un discours de figures, de citations, pour dire, Y en mettre trop.
On dit, Charger une arme à feu, pour dire, Y mettre ce qu’il faut de poudre, de plomb, &c. pour tirer un coup. Charger un mousquet, un fusil. Vous chargez trop ce canon, il crèvera. Charger à balle. Charger à cartouche.
On dit, qu’Une viande charge l’estomach, pour dire, qu’Elle pèse trop sur l’estomach, parce qu’elle est difficile à digérer : & on dit dans le même sens, qu’Un homme se charge l’estomach de trop de viandes.
On dit aussi, Charger sa mémoire de quelque chose, pour dire, Mettre quelque chose dans sa mémoire, s’appliquer sérieusement à la retenir. Charger sa mémoire de bonnes choses, la charger de bagatelles.
On dit aussi, qu’Il ne faut pas trop charger la mémoire des enfans, pour dire, qu’Il ne faut point les obliger à retenir trop de choses.
On dit, Charger sa conscience de quelque chose, pour dire, Prendre quelque chose sur sa conscience, & s’en rendre responsable devant Dieu.
■ Charger, signifie aussi, Imposer quelque charge, quelque condition onéreuse. Ainsi on dit, Charger les peuples, les charger de tailles, les charger d’impôts, pour dire, Mettre de trop grandes impositions sur les peuples.
On dit aussi dans le même sens, Charger une Généralité, charger une Election. Et on dit, Charger une terre d’une redevance, un Bénéfice d’une pension, pour dire, Etablir, imposer une redevance sur une terre, mettre une pension sur un Bénéfice.
On dit, Charger un homme de coups, pour dire, Le battre avec excès : & Le charger d’injures, d’opprobres, de malédictions, pour dire, Lui dire beaucoup d’injures, l’accabler d’opprobres, de malédictions.
■ Charger, signifie aussi, Attaquer les ennemis en campagne. Charger sans reconnoître. Fort ou foible, il charge toujours l’ennemi. Nous les chargeâmes si vigoureusement, que nous les fîmes plier.
Il se dit aussi, d’Un particulier qui en frappe un autre. S’il me tient de ces discours-là, je le chargerai.
■ Charger, signifie aussi, Donner commission, donner ordre pour l’exécution de quelque chose, pour la conduite de quelque affaire. On l’a chargé de porter la parole. C’est à vous à prendre garde à cela, je vous en charge.
Il se met aussi avec le pronom personnel, & signifie, Prendre le soin, la conduite de quelque chose. Je ne veux pas me charger de cette affaire. Il a refusé de se charger des papiers, de se charger de la garde de ce thrésor. Vous vous étes chargé de lui parler. Il s’est chargé de la distribution des deniers. On l’a chargé d’un tel recouvrement. Il a été chargé par un Arrêt de l’administration de ces biens-là. Charger un Procureur, un Avocat d’une cause.
On dit que Les témoins, les informations chargent un accuse, pour dire, que Les témoins & les informations sont contre lui.
On dit, Charger un Registre de telle & telle chose, pour dire, La marquer sur le Registre.
On dit dans le même sens, Charger un compte d’une dépense, d’une recette.
■ Charger quelqu’un, signifie aussi, Déposer contre lui, & dire des choses qui vont à le faire condamner. Les témoins, les dépositions le chargent furieusement. Il est fort chargé par le testament de mort d’un tel.
On dit, Charger un portrait, pour dire, Grossir les traits, qui rendent le visage d’un homme difforme & ridicule, quoiqu’il soit reconnoissable. Ce portrait est trop chargé.
Il se dit en ce sens figur. pour dire, qu’On exagére avec malignité les défauts de quelqu’un. Le caractére qu’un tel Auteur fait de cet homme est trop chargé.
■ Chargé, ée. part.
On dit, qu’Un cheval est chargé de ganache, chargé d’encolure, pour dire, qu’Il a trop de ganache, qu’Il a l’encolûre trop grosse.
On dit d’Un homme, qu’Il est chargé de ganache, pour dire, qu’Il a de grosses machoires ; p. 258& figur. d’Un homme, qui étant épais de corps, a aussi l’esprit grossier & matériel.
On dit aussi, d’Un homme fort gras, qu’Il est chargé de cuisine. Il est bas.
On dit, que Le temps est chargé, quand le temps est couvert de nuages, & disposé à la pluie.
On dit, qu’Un homme a les yeux chargez, pour dire, qu’Ils sont enflez, remplis d’humeurs.
On appelle, Couleur chargée, Une couleur qui est trop forte.
En termes de Peinture, Un portrait chargé, C’est un portrait qui ressemble en quelque façon, mais dont les traits sont trop marquez, & plus grands ou plus petits qu’ils ne sont dans la personne représentée, ce que l’on fait ordinairement pour la rendre ridicule.
Il se dit aussi généralement de tout ce qui se représente par la peinture ou par le discours, quand l’exagération est trop forte. Les passions sont trop chargées dans ce tableau. Cette description, cette narration est trop chargée. Cet ouvrage est trop chargé de citations. Cette Tragédie est trop chargée d’incidens.
On appelle, Pistole chargée, Une pièce d’or légére, à laquelle on a ajoûté de l’or, pour la rendre de poids.
On appelle, Des dez chargez, De faux dez, des dez pipez, dont se servent ceux qui veulent tromper au jeu.
■ Chargé, ée, en termes de Blason, se dit Des pièces sur lesquelles il y en a d’autres. Bande d’or chargée de six croisettes de sable.
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