charger

5e édition

CHARGER.

v. a.
■  Mettre une charge sur … Charger un crocheteur. Charger un cheval, un mulet, un bateau. L’Architecte a trop chargé ce mur. Il n’y a point de danger de charger cette voûte. Charger un bateau pour un tel endroit. Ce bateau est chargé de vin, de sel.
On dit aussi, Charger, pour, Peser sur … Cette poutre charge trop cette muraille. Cela chargera trop cet homme. Cela chargeroit trop ce carrosse.
On dit, Charger une voûte, pour dire, Y joindre le poids des matériaux nécessaires pour en contenir l’effort.
On dit, Charger une arme à feu, pour dire, Y mettre ce qu’il faut de poudre, de plomb, etc. pour tirer un coup. Charger un mousquet, un fusil. Vous chargez trop ce canon, il crevera. Charger à balle. Charger à cartouche.
On dit, qu’Une viande charge l’estomac, pour dire, qu’Elle pèse trop sur l’estomac, parce qu’elle est difficile à digérer : et on dit dans le même sens, qu’Un homme se charge l’estomac de trop de viandes.
On dit figurément, Charger une pièce de théâtre d’incidens, un discours de figures, de citations, pour dire, Y en mettre trop ; et Charger un récit, une histoire, pour dire, Y ajouter beaucoup de choses, en exagérer les circonstances.
On dit figurément, Charger sa mémoire de quelque chose, pour dire, Mettre une chose dans sa mémoire, s’appliquer sérieusement à la retenir. Charger sa mémoire de bonnes choses, la charger de bagatelles. Il ne faut pas trop charger la mémoire des enfans, c’est-à-dire, Il ne faut pas les obliger à retenir trop de choses.
On dit, Charger sa conscience de quelque chose, pour dire, Prendre quelque chose sur sa conscience, et s’en rendre responsable devant Dieu.
Charger, signifie aussi, Imposer quelque charge, quelque condition onéreuse. Ainsi on dit, Charger les peuples, les charger de tailles, les charger d’impôts, pour dire, Mettre de trop fortes impositions sur les peuples.
On dit aussi dans le même sens, Charger une Généralité, charger une Élection. Et on dit, Charger une Terre d’une redevance, un Bénéfice d’une pension, pour dire, Établir, imposer une redevance sur une Terre, mettre une pension sur un Bénéfice.
On dit figurément, Charger un homme de coups, pour dire, Le battre avec excès ; et Le charger d’injures, d’opprobres, de malédictions, pour, Lui dire beaucoup d’injures, l’accabler d’opprobres, de malédiction.
Charger, signifie aussi, Attaquer les ennemis en campagne. Charger sans reconnoître. Fort ou foible, il charge toujours l’ennemi. Nous le chargeâmes si vigoureusement, que nous le fîmes plier.
Il se dit aussi d’Un particulier qui en frappe un autre. S’il me tient de ces discours-là, je le chargerai.
Charger, signifie aussi, Donner commission, donner ordre pour l’exécution de quelque chose, pour la conduite de quelque affaire. On l’a chargé de porter la parole. C’est à vous de prendre garde à cela, je vous en charge. Charger un Avocat d’une cause.
Il se met aussi avec le pronom personnel, et signifie, Prendre le soin, la conduite de quelque chose. Je ne veux pas me charger de cette affaire. Il a refusé de se charger des papiers, de se charger de la garde de ce trésor. Vous vous êtes chargé de lui parler. Il s’est chargé de la distribution des deniers.
On dit, Charger un registre de telle et telle chose, pour dire, La marquer sur le registre.
On dit dans le même sens, Charger un compte d’une dépense, d’une recette.
On dit aussi, Charger sur un registre, sur un livre de compte. Je ne chargerai point cet article sur mon livre.
Charger quelqu’un, signifie aussi, Déposer contre lui, et dire des choses qui vont à le faire condamner. Les témoins, les dépositions le chargent furieusement. Il est fort chargé par le testament de mort d’un tel.
Charger, en Peinture, signifie, Représenter avec exagération les traits ou la figure d’une personne, pour la rendre ridicule, sans qu’elle cesse d’être reconnoissable. Charger un portrait.
Il se dit en ce sens figurément, pour dire, qu’On exagère avec malignité les défauts de quelqu’un. Le portrait qu’un tel Auteur fait de cet homme est trop chargé.
Chargé, ée. participe.
On dit figurément et populairement, Chargé comme un baudet, en parlant d’Un homme surchargé de devoirs et de peines.
On dit qu’Un cheval est chargé de ganache, chargé d’encolure, pour dire, qu’Il a trop de ganache, qu’il a l’encolure trop grasse.
On dit d’Un homme, qu’Il est chargé de ganache, pour dire, qu’Il a de grosses mâchoires ; et on le dit figurément d’Un homme, qui étant épais de corps, a aussi l’esprit lourd et grossier.
On dit aussi d’Un homme fort gras, qu’Il est chargé de cuisine. Il est populaire.
On dit, que Le temps est chargé, Quand le temps est couvert de nuages, et disposé à la pluie.
On dit, qu’Un homme a les yeux chargés, pour dire, qu’Ils sont enflés, remplis d’humeur.
On appelle Couleur chargée, Une couleur qui est trop forte ; et on dit, Charger un mot, pour, Écrire un mot sur un autre, sans effacer celui-ci.
En termes de Peinture, Un portrait chargé, C’est un portrait peint en charge.
Il se dit aussi généralement De tout ce qui se représente par la peinture ou par le discours, quand l’exagération est trop forte. Les passions sont trop chargées dans ce tableau. Cette description, cette narration est trop chargée. Cet ouvrage est trop chargé de citations. Cette Tragédie est trop chargée d’incidens.
On appelle Des dés chargés, De faux dés, des dés pipés, dont se servent ceux qui veulent tromper au jeu.
Chargé, en termes de Blason, se dit Des pièces sur lesquelles il y en a d’autres. Bande d’or chargée de six croisettes de sable.
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