livre

3e édition

LIVRE.

s. m.
■  Volume, plusieurs feuilles de papier, de velin, de parchemin, ou d’autre chose semblable, écrites à la main ou imprimées, & reliées ensemble avec une couverture de parchemin, de veau, de maroquin, &c. Livre manuscrit. Livre écrit à la main. Livre imprimé. Grand livre. Petit livre. Livre bien relié, bien battu. Un livre doré, marbré sur tranche. Un livre bien conditionné, mal conditionné. Acheter, vendre des livres. Un balot de livres. Catalogue de livres. L’index, la table d’un livre. La couverture d’un livre. La tranchefile d’un livre. La marge d’un livre. Les feuillets, les pages, la couverture, le dos d’un livre.
On appelle, Livre in folio, Un livre dont les feuilles sont pliées seulement en deux. In quarto, Celui dont elles sont pliées en quatre. In octavo, Quand elles le sont en huit ; Et pareillement, In douze, in seize, &c. Quand elles sont pliées en douze ou en seize.
On appelle, Livre en blanc, Les feuilles imprimées d’un livre qui n’est pas encore relié. Acheter un livre en blanc, pour le faire relier à sa fantaisie.
On dit, Collationner un livre, pour dire, Voir si un livre est parfait, & s’il n’y manque point quelque feuille.
■ Livre, Se prend aussi pour Regître, papier journal. Livre de Marchand. Livre de compte. Livre de raison. Livre de dépense. Livre de mise & de recette. Etre sur le livre d’un Marchand, C’est y être marqué pour marchandise achetée. Il est sur le livre de ce Marchand pour dix mille francs. Ecrivez, mettez cela sur votre livre. Le livre d’un Marchand fait foi en Justice.
On dit, qu’Un Marchand sait bien tenir les livres, pour dire, qu’Il tient un bon état de ce qu’il achette & de ce qu’il vend. Un bon teneur de livres. Livre Journal.
On appelle, Livre blanc, Un livre qui est tout de papier blanc, & dans lequel on n’a encore rien écrit.
On dit prov. qu’Un homme est sur le livre rouge, qu’il est écrit sur le livre rouge, pour dire, qu’Il est marqué, noté pour quelques fautes qu’il a déjà commises, dont le Prince, ou le Magistrat se souviendront en temps & lieu.
On appelle, le Livre d’or, Le Regître où sont inscrits les noms des Nobles Vénitiens.
On dit dans le langage de l’Ecriture, que Les Elûs sont écrits dans le livre de vie, pour dire, que Dieu les a prédestinez pour leur faire part de sa gloire. Heureux ceux que Dieu a écrits dans le livre de vie !
■ Livre, Se prend aussi pour un ouvrage d’esprit, soit en Prose, soit en Vers, d’assez grande étendue, pour remplir un volume. Un excellent livre. Un livre plein d’érudition. Livre pernicieux. Livre dangereux. Livre approuvé. Livre censuré. Livre défendu. Livre revû, corrigé & augmenté par l’Auteur. Livre de Théologie. Livre de Médecine. Livre d’Architecture, &c. Faire un livre. Composer un livre. Mettre un livre au jour. Dédier un livre à quelqu’un. Lire, feuilleter, parcourir un livre anonyme.
On appelle, Livres Sacrez, Livres Canoniques, Les livres de l’Ecriture-Sainte, qui sont reçûs de toute l’Eglise. Et, Livres apocryphes, Ceux que l’Eglise ne reçoit pas.
On appelle, Livres d’Eglise, Les livres qui servent à l’usage ordinaire de l’Eglise, comme les Missels, les livres qu’on met sur le Lutrin pour le chant, &c.
p. 41On dit prov. qu’Un homme n’a jamais mis le nez dans un livre, pour dire, qu’Il n’a jamais lû. Et, Dévorer un livre, dévorer des livres, pour dire, Les lire avec une extrême application & une extrême promptitude.
On dit, d’Un homme qui parle avec facilité, mais en termes trop recherchez & trop arrangez pour la conversation, qu’Il parle comme un livre.
On le dit aussi quelquefois en bonne part, en parlant d’un homme qui s’exprime heureusement sur toutes sortes de sujets.
On dit prov. d’Un homme qui veut faire tous ses efforts pour. venir à bout d’une affaire, qu’Il y réussira, ou qu’il y brûlera ses livres.
On dit fig. que La nature est un livre ouvert à tous ceux qui veulent contempler les ouvrages de Dieu. Les cieux sont un livre ouvert à tout le monde.
On appelle aussi fig. Le livre du monde, La fréquentation, le commerce, la pratique du monde, par où l’on apprend l’art de vivre dans la société civile. Le livre du monde est un excellent livre. Il n’est rien tel que d’étudier dans le livre du monde.
■ Livre, Se prend aussi quelquefois pour Une des principales parties en quoi un volume, un ouvrage est divisé. Cet auteur a distribué, divisé son ouvrage en douze livres. Le premier, le second livre des Rois. Le premier, le second livre de l’Iliade.
■ Livre. s. f. Poids contenant un certain nombre d’onces, plus ou moins, selon le différent usage des lieux & des pays. A Paris & dans la plus grande partie du Royaume, la livre est de seize onces. La livre à Lyon est de quatorze onces. A Rome, la livre est de douze onces. Vendre, acheter à la livre. Une livre de fer. Une livre de plomb. Une livre de viande. Des bougies des six à la livre. Cela pèse tant de livres. Il porteroit cent livres pésant. En ces exemples & autres semblables, on dit ordinairement, Cent pésant, deux cents pésant, &c.
■ Livre. s. f. Est aussi une monnoie de compte valant vingt sous. La livre tournois est de vingt sous. La livre parisis de vingt-cinq sous. Ce Marchand vend à un sou, à deux sous pour livre, de profit. Cet Officier a deux deniers, six deniers pour livre, de taxation dans l’exercice de sa charge.
Il faut remarquer qu’encore qu’en chiffrant, ou en comptant au jeton, on puisse dire, Une livre, deux livres, trois livres, quatre livres, & ainsi du reste ; cependant dans le discours ordinaire on dit plustôt, vingt sous, quarante sous, un écu, quatre francs, cent sous, six francs, sept francs, &c. en se servant du mot de Franc dans tous les autres nombres, si ce n’est en quelques nombres rompus ; comme par exemple, on dit plustôt, Quarante-trois livres, que quarante-trois francs, deux mille cinquante-cinq livres que deux mille cinquante-cinq francs. Et on dit, Quatre livres dix sous, six livres dix sous ; & non, quatre francs dix sous, &c.
Il faut aussi remarquer qu’en comptant, & dans le discours ordinaire, on dit, Trois livres cinq sous, trois livres dix sous, en se servant du mot de Livres : Et qu’on se sert aussi du mot de Livres, toutes les fois qu’on parle d’un revenu annuel. Comme, Avoir dix mille livres de rente, avoir vingt mille livres de rente.
On dit en termes de Pratique, Venir au sou la livre, pour dire, Venir au partage, ou à la contribution d’une somme, suivant la proportion de ce qu’on auroit à recevoir ou à payer sur le pied d’un sou pour chaque livre. Les créanciers ont été payez au sou la livre.
On dit proverbialement, d’Un homme qui gâte ses affaires à force de mauvais marchez, qu’Il fait de cent sous quatre livres, & de quatre livres rien.
■ Livre sterlin. Voyez STERLING.
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