faux, ausse

5e édition

[II.] FAUX, AUSSE.

adj.
↪ voir aussi : [I.] Faux (n. f.)
■  Qui n’est pas véritable, qui est contraire à la vérité, à la règle. Cela est faux. Il n’y a rien de si faux, de plus faux. Chose fausse. Fausse nouvelle. Faux avis. De faux rapports. Fausse doctrine. Fausse maxime. Faux serment. Fausse histoire. Fausse allégation. Fausse idée. Faux bruit. Faux raisonnement Faux argument. Fausse conséquence. Faux témoin. Faux témoignage. Faux Prophète.
On appelle Faux emploi, L’emploi d’une somme portée en dépense, quoique la dépense n’en ait point été faite.
Il signifie aussi, Qui est supposé, ou altéré, contre la bonne foi. Faux contrat. Fausse promesse. Fausse obligation. Pièce d’écriture fausse. Fausse assignation. Faux acte. Faux titre. Fausse quittance. Faux testament. Faux seing. Fausse date. Faux article. Un faux ordre. Il prétend cela à faux titre. Faux poids. p. 571Fausse mesure. Faux coin. Fausse monnoie. Pièce de monnoie fausse. Pistole fausse.
■ Faux Monnoyeur. Voyez Monnoyeur.
On appelle Faux sel, Du sel qui n’est pas pris dans les greniers du Roi, et qui se débite en fraude.
On dit, A fausses enseignes, pour dire, En se servant de marques supposées.
On dit, Un faux exposé ; et en termes de Pratique, Un faux donné à entendre contre la vérité, pour dire, Une chose exposée contre la vérité, donnée à entendre contre la vérité. Il est pris substantiv. dans ce dernier sens.
■ Faux, signifie aussi, Qui est feint et contrefait. Faux cheveux. Fausse barbe, Fausse dent. Fausse porte. Fausse fenêtre. Pierre fausse. Diamant faux. Faux rubis. Or faux. Faux argent. Fausse vertu. Fausse modestie. Fausse humilité.
On dit, Une fausse honte, pour dire, Une mauvaise honte, une honte qui n’est pas fondée en raison ; Une fausse délicatesse, pour dire, Une délicatesse qui a pour objet des choses qui ne méritent pas qu’on s’y arrête.
■ Faux, se dit aussi Des choses qui ne sont pas telles qu’elles doivent être dans leur genre. Faux brave. Fausse pointe. Fausse éloquence Fausse complaisance. Pensée fausse.
On appelle figurément dans les ouvrages d’esprit, Faux brillant, Des pensées qui ont quelque éclat, et qui n’ont ni justesse ni solidité. Tout cet ouvrage est plein de faux brillans.
■ Faux, signifie aussi, Qui n’est pas tel qu’il doit être, ou qu’il a accoutumé d’être, ou que l’on voudroit qu’il fût. Et c’est dans ce sens qu’on dit : Faux bond. Faux pas. Fausse démarche.
On dit figurément et familièrement, qu’Un homme a fait faux bond, Quand il a manqué à ceux avec qui il avoit quelque engagement. Et on dit de même d’Une femme qui a manqué à son honneur, qu’Elle a fait faux bond à son honneur.
On dit, qu’Un bâtiment est fait à fausse équerre, pour dire, que L’angle que font deux murs n’est pas droit.
■ Faux, se prend aussi pour Infidèle. Faux frère. Faux ami.
On dit figurément et familièrement en ce sens, d’Une personne à qui il ne fant pas se fier, que C’est une fausse lame, une fausse pièce.
On dit d’Un homme qui, dans le dessein de tromper, affecte de bons sentimens, que C’est un homme faux ; et proverbialem. qu’Il est faux comme un jeton ; et d’Un homme qui n’a pas de justesse dans l’esprit, qu’Il a l’esprit faux, que c’est un esprit faux.
■ Faux, s’emploie aussi pour Irrégulier. Ainsi on appelle Armes fausses, Des armoiries faites contre les règles, et qui ont couleur sur couleur, ou métal sur métal ; et, Faux pli, Un pli qui se trouve à un habit ou à une étoffe, et qui n’y doit pas être.
Il se prend aussi pour Discordant. Faux accord. Faux ton. Voix fausse.
On appelle Fausse corde, Une corde qui n’est pas montée au ton juste ; et, Corde fausse, Une corde qui ne peut jamais s’accorder avec une autre.
■ Faux, se dit encore en divers autres sens, selon les divers substantifs avec lesquels il se joint. Ainsi on appelle Faux germe, La matière informe qui provient d’une conception défectueuse ; Fausse couche, Une couche qui n’est pas à terme ; Fausse pleurésie, Une pleurésie qui n’est causée que par l’inflammation des parties voisines de la plèvre ; Faux fourreau, Un fourreau dont on couvre le vrai fourreau d’une épée, d’un pistolet, etc. Fausses manches, Des manches qu’on met par-dessus d’autres ; Faux bourdon, Une sorte de chant où l’on chante en partie, note contre note ; Faux frais, Les frais d’un procès qui n’entrent point en taxe, et généralement toutes les petites dépenses, outre les dépenses principales ; Faux jour, Une lueur, une lumière qui ne tombe sur les objets, que par un endroit qui est ordinairement pratiqué exprès pour cela. On dit, qu’Un tableau est dans un faux jour, Quand il est éclairé du sens contraire à celui que le Peintre a supposé dans son objet.
En Peinture, on appelle Faux, Ce qui n’imite pas exactement la nature. Ainsi l’on dit, Effets faux, coloris faux, dessin faux, etc.
■ Faux, se dit encore en diverses autres significations. Ainsi, Fausse porte outre la signification de porte feinte, se dit dans une maison, d’Une petite porte par laquelle on ne passe pas ordinairement. On appelle aussi Fausse porte, dans une Place de guerre, Une porte destinée pour faire des sorties, ou recevoir du secours en cas de siége ; Fausse braie, Une enveloppe de maçonnerie ou de palissade, au pied des courtines et des bastions d’une Place de guerre, et à hauteur seulement du parapet ; Fausse attaque, Une attaque faite pour dérober à l’ennemi la connoissance de la véritable, et pour l’obliger à diviser ses forces ; et, Fausse alarme, Une alarme donnée pour inquiéter et fatiguer les ennemis.
Fausse alarme, se dit aussi figurément d’Une crainte, d’une frayeur, sans fondement, sans sujet.
On appelle Fausse clef, Une clef qu’on garde furtivement pour en faire un mauvais usage. On l’a trouvé saisi d’une fausse clef.
On dit en termes de Marine, Faire fausse route, pour dire, Tenir pendant quelque temps une route différente de celle du lieu où l’on a dessein d’aller, pour dérober la connoissance de son dessein, sur-tout aux ennemis.
■ Faux feu, se dit en parlant d’Une arme à feu, lorsque l’amorce prend, et que le coup ne part point.
■ Faux-marcher, en Vénerie, se dit De la biche qui biaise en marchant, ou du cerf après qu’il a mis bas.
■ Faux, s’emploie substantivement. Discerner le vrai d’avec le faux.
On dit en termes de Pratique, Arguer une pièce de faux, s’inscrire en faux, pour dire, Soutenir qu’une pièce produite au procès est fausse, et s’obliger à le prouver.
On appelle au Palais, Crime de faux, Le crime de celui qui altère une pièce, qui sciemment en produit une fausse, qui dépose faux, etc. On dit dans le même sens, Faire un faux ; c’est un faux.
Au Quadrille, à l’Hombre, et aux autres jeux où il y a une triomphe, les cartes qui ne sont pas triomphe se nomment Fausses.
■ Faux, s’emploie aussi adverbialement. Raisonner faux. Exposer faux. Jurer faux. Dater faux. Chanter faux, etc.
■ A Faux, expression adverbiale. Injustement. Accusé à faux.
On dit, Aller à faux en quelque endroit, pour dire, Manquer d’y trouver ce qu’on cherche. Si vous y allez à cette heure-là, vous le trouverez, ne craignez point d’y aller à faux. Et on dit, qu’Une poutre, qu’une pierre dans un bâtiment porte à faux, pour dire, qu’Elle ne porte pas à plomb sur ce qui la doit soutenir.
On dit aussi au figuré, qu’Un raisonnement porte à faux, pour dire, qu’Il est fondé sur une chose qu’on suppose vraie, et qui ne l’est pas. Vous croyez que ce raisonnement est solide, mais il porte à faux.
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