morceau

5e édition

MORCEAU.

s. m.
■  Partie séparée d’un corps solide et continu. Un morceau d’étoffe, un morceau de bois, de pain, etc. Couper par morceaux. Mettre en morceaux. Cela n’est fait que de pièces et de morceaux.
Il désigne particulièrement une portion séparée d’une chose solide et bonne à manger. Gros morceau. Petit morceau. Bon morceau. Morceau délicat, friand. Morceau de pain. Morceau de viande. Manger, mâcher, avaler un morceau. Couper un morceau. Couper un aloyau par morceaux. Vous faites les morceaux trop gros. Faire de l’exercice après le repas pour abattre les morceaux, c’est-à-dire, Pour mieux faire la digestion. Il est du style familier.
On dit, qu’Un homme aime les bons morceaux, pour dire, qu’Il aime la bonne chère.
On dit, Doubler les morceaux, doubler ses morceaux, mettre les morceaux en double, pour dire, Se hâter de manger.
On appelle Le morceau honteux, Le morceau qui reste le dernier au plat. Il est familier.
On dit proverbialement, que Les premiers morceaux nuisent aux derniers, pour dire, que L’on ne peut plus manger à la fin du repas, quand on a bien mangé au commencement.
On dit, que Quelqu’un s’endort le morceau dans le bec, le morceau à la bouche, pour dire, qu’Il s’endort, qu’il va se coucher aussitôt après le repas. Il est familier.
On dit figurément et familièrement, S’ôter le morceau, les morceaux de la bouche, pour dire, Se priver du nécessaire pour secourir ou obliger quelqu’un.
On dit, Manger un morceau, pour dire, Faire un repas fort léger. J’ai mangé un morceau avant que de partir.
On dit figurément, Tailler les morceaux à quelqu’un, pour dire, Régler, prescrire la dépense qu’il doit faire. Il est du style familier.
On dit, Rogner les morceaux à quelqu’un, pour dire, Diminuer ses profits, ses revenus ; et Compter les morceaux à quelqu’un, pour dire, Ne lui donner que le juste nécessaire.
On dit aussi, Tailler les morceaux bien courts à quelqu’un, pour dire, Lui faire sa part bien petite. Il est du style familier.
On dit d’Un homme qui vit de son revenu, et qui n’en a précisément qu’autant qu’il lui en faut, qu’Il a ses morceaux taillés, que ses morceaux sont taillés. Il n’est que de la conversation.
On dit aussi figurément, qu’Un homme a ses morceaux taillés, pour dire, qu’On lui a prescrit précisément ce qu’il avoit à faire, et qu’il ne peut rien faire de plus. Vous voulez qu’il vous accorde telle chose, il ne le peut pas, il a ses morceaux taillés. Il est familier.
On dit proverbialement, Morceau avalé n’a plus de goût, pour dire, qu’Un service est bientôt oublié.
On appelle Le morceau d’Adam, Cette petite éminence qui paroît au gosier des hommes. Il est populaire.
Morceau, signifie aussi, Portion, partie non séparée d’un corps solide et continu. Morceau de terre. Voilà un bon morceau d’héritage. Tout son bien est en petits morceaux.
En parlant d’Une succession, l’on dit, qu’Un homme en a attrapé un bon morceau, pour dire, qu’Il en a eu bonne partie.
Il se dit aussi Des parties d’un ouvrage d’esprit. Il y a de beaux morceaux dans ce Panégyrique, dans ce Poëme.
Morceau, se prend quelquefois pour une pièce entière qui ne fait point partie d’un tout ; et alors il ne se dit que des ouvrages de la main ou des productions de l’esprit. Le Panthéon est un beau morceau d’Architecture. La colonnade du Louvre est un beau morceau. Voilà un beau morceau de Sculpture, de Peinture, d’Orfévrerie, etc. Ce sermon, cette harangue est un morceau achevé. Cette élégie, cette églogue, sont de beaux morceaux de Poésie. Ce motet est un beau morceau de Musique.
On dit familièrement, Cette acquisition est un morceau trop cher, ou, C’est un morceau de Prince. Vous ne tâterez pas de ce morceau-là.
On dit figurément et familièrement d’Une chose qu’on ne regrette pas. Ce n’étoit pas un morceau bien friand ; et d’une jolie personne, C’est un friand morceau, un morceau de Roi.
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