servir

5e édition

SERVIR.

v. act. Conjugaison : Je sers, tu sers, il sert ; nous servons, vous servez, ils servent. Je servois. Je servis. Je servirai, etc.
■  p. 567Être à un maître comme son domestique. Servir un maître. Il y a dix ans qu’il me sert. Il me sert depuis trois ans en qualité de valet de chambre. Personne ne peut servir deux maîtres à la fois ; ou, suivant les anciennes traductions de l’Écriture, Nul ne peut servir deux maîtres.
On dit absolument, Il ne peut plus servir, il est las de servir ; et, Servir à la chambre, servir à la cuisine, pour dire, Être employé au service de la chambre, de la cuisine.
On dit, que Le Diacre, que le Sous-Diacre servent le Prêtre, le Célébrant à l’Autel, pour dire, qu’Ils y font les fonctions de Diacre et de Sous-Diacre ; et, Servir la Messe, pour, Servir le Prêtre qui dit la Messe.
On dit, Servir son maître à table, pour dire, Lui donner à boire, lui donner des assiettes, etc. et simplement, Servir à table.
On dit, Servir sur table, et absolument, Servir, pour dire, Mettre les viandes sur la table. À quelle heure voulez-vous qu’on serve ? On a servi. On dit dans le même sens, Vous êtes servi.
On dit, Servir un dîner, pour dire, Donner un dîner. Il nous servit un fort bon dîner.
On dit figur. d’Un homme malin ou plaisant qui a fait un bon tour à quelqu’un, Il lui a servi un plat de son métier.
On dit figurément et familièrement, Servir quelqu’un à plats couverts, pour dire, Lui rendre en secret de mauvais offices. Et en parlant d’Un homme qui a rendu ouvertement quelque mauvais office à un autre, on dit, Au moins il ne l’a pas servi à plats couverts.
On dit, Servir une table, pour dire, La couvrir de plats, de mets, etc. Dans le temps de cette fête, on servoit six tables à la fois. On servit six tables en même temps.
■ Servir, signifie encore, Donner d’une viande, d’un mets à quelqu’un de ceux avec qui on est à table. On m’a servi un excellent morceau. Servez de la poularde, de la perdrix à Monsieur.
En parlant de l’artillerie, on dit, qu’Elle a été bien servie, pour dire, qu’On a tiré le canon avec beaucoup de diligence et d’adresse. L’artillerie fut bien servie à ce siége ; et au contraire, que L’artillerie a été mal servie, pour, ou que Les choses nécessaires pour la bien servir ont manqué, ou que Les Artilleurs n’ont pas bien fait leur devoir. On dit de même, Servir le canon, servir l’artillerie.
On dit aussi d’Un feu d’artifice, qu’Il a été bien ou mal servi.
■ Servir, signifie aussi, Rendre de bons offices à quelqu’un, l’aider, l’assister. Servir ses amis. Il m’a bien servi dans une telle affaire. Je vous servirai partout. Servir de son crédit, de son épée. Il sert bien quand il veut. Il vous a servi en bon ami.
On dit, Servir Dieu, pour dire, Rendre à Dieu le culte qui lui est dû, et s’acquitter de tous les devoirs de Religion. On dit aussi, Servir l’Église, servir sa Patrie, servir l’État, pour, Faire quelque chose d’avantageux pour l’Église, pour la Patrie, pour l’État.
On dit, Servir les pauvres, pour dire, Leur rendre les mêmes services qu’un domestique rend à son maître.
On dit, Servir le Roi, pour, Être dans quelque Emploi ou de Guerre, ou de Magistrature, ou de Finance, etc. pour le service du Roi. Servir le Roi dans ses Armées. Servir le Roi dans les Ambassades, dans la Marine. En ce sens, on le met aussi absolument ; et alors il se dit seulement Du service militaire. Il y a vingt ans qu’il sert. Il a servi en Allemagne, en Italie. Il a servi sous ce Général. Il a long-temps servi sur mer.
On dit poétiquem. Servir une Dame, pour dire, Rendre des soins assidus à une Dame, faire profession d’être son amant. Il vieillit.
On dit au jeu de la Paume, Servir la balle, ou absolument, Servir, pour dire, Jeter la balle sur le toit à celui contre qui on joue ; et, Servir sur les deux toits, pour dire, Jeter la balle de manière qu’elle aille sur les deux toits avant que de tomber à terre.
Figurément on dit, Servir quelqu’un sur les deux toits, pour dire, Lui fournir l’occasion de faire avec facilité ce qu’il désire, et par extension, Lui rendre avec zèle de grands services.
On dit aussi, Servir, au jeu du ballon, au jeu de la longue paume, et au jeu du volant, pour dire, Jeter le ballon, la balle, et le volant à celui contre qui l’on joue.
À certains jeux de dés, on dit, Servir, pour dire, Mettre les dés dans le cornet de celui qui doit jouer. C’est à vous à servir.
■ Servir de, est neutre, et signifie, Tenir la place, faire l’office de .... Servir d’Écuyer à une Dame. Il m’a servi de père. Cela lui a servi de médecine dans le besoin. Mon manteau me servira de couverture. Servir de prétexte. Cela ne sert de rien.
On dit figurément et familièrement, Servir de couverture, pour dire, Servir de prétexte.
■ Servir à, signifie, Être utile, propre, bon à quelque chose. Cet instrument sert à un tel usage. À quoi sert cette machine ? Cela ne sert à rien. À quoi ce valet peut-il vous servir ? Ce cheval sert à tirer et à porter.
Il signifie encore, Être d’usage. Ces gants, ces souliers vous pourront servir. Cet habit ne me sauroit servir. Ce cheval ne peut plus guère servir.
Il s’emploie aussi avec le pronom personnel, et signifie User de .... Il s’est servi de mon argent. Elle s’est servie avantageusement de son crédit. Se servir de la bourse de son ami. Il se sert de mes meubles, de mes chevaux. Si vous avez affaire de telle chose, servez-vous-en. Se servir de toutes sortes de moyens. Il se sert trop souvent du même mot. Il s’est servi d’un tel expédient. Il se sert bien de la conjoncture des affaires. Il se sert bien de son crédit, de sa faveur.
On dit proverbialement, Cela sert comme un cautère sur une jambe de bois, comme une cinquième roue à un carrosse, etc. Cela est inutile. Cet homme sert de jouet, sert de faquin, de marotte, pour, Est en butte à toutes les railleries.
On dit, Servir de plastron aux importunités, pour, Etre obligé de les endurer, de répondre à tout venant.
■ Servi, ie. participe.
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