servir
6e édition
SERVIR.
v. a. Conjugaison : (Je sers, tu sers, il sert, nous servons, vous servez, ils servent. Je servais. Je servis. Je servirai. Etc.)■
Être à un maître comme domestique. Servir un maître. Il y a dix ans qu’il me sert. Il me sert depuis trois ans en qualité de valet de chambre. L’Écriture dit, Nul ne peut servir deux maîtres. Il aime à se faire servir. Il ne sait pas se faire servir. On l’emploie quelquefois absolument. Ce domestique est trop vieux, il ne peut plus servir. Il est las de servir. Être réduit à servir.
Il signifie, par extension, Rendre à quelqu’un les mêmes services qu’un domestique rend à son maître. Elle servait son amie malade, sa vieille mère infirme. Elle se dévoue à servir les pauvres.
Servir à la chambre, à la cuisine, etc., p. 738Être employé au service de la chambre, de la cuisine, etc.
Servir son maître à table, Lui donner à boire, lui donner des assiettes, etc.
Avec le pron. pers., Se servir soi-même, Faire soi-même pour son service ce que d’autres font faire par un domestique.
Dans le Culte cathol., Servir le prêtre, le célébrant à l’autel, Être auprès de lui pour répondre la messe, pour lui présenter l’eau et le vin, etc. ; ce qui, aux grand’messes, est la fonction des diacres et des sous-diacres. Servir la messe, Servir le prêtre qui dit la messe.
Servir Dieu, Rendre à Dieu le culte qui lui est dû, et s’acquitter de tous les devoirs de religion.
Servir une dame, Lui rendre des soins assidus, faire profession d’être son amant. Il est vieux.
Servir le roi, servir l’État, Être dans quelque emploi, ou de guerre, ou de magistrature, ou de finance, etc., pour le service du roi, de l’État. Servir le roi dans ses armées. Servir le roi dans les ambassades, dans ses conseils. Servir l’État dans la marine, dans la magistrature, dans l’administration. Le verbe Servir s’emploie aussi absolument en ce sens ; et alors il se dit seulement Du service militaire. Il y a vingt ans qu’il sert. Il a servi en Allemagne, en Italie. Il a servi sous ce général. Il a longtemps servi sur mer, servi dans l’infanterie, dans l’artillerie, etc. Il n’a jamais servi.
En termes de Guerre, Servir une batterie, servir l’artillerie, servir une pièce de canon, un mortier, etc., Faire les manœuvres nécessaires pour tirer le canon, etc. À ce siége, l’artillerie a été bien servie, mal servie. On dit dans un sens analogue, Ce feu d’artifice a été bien servi, mal servi.
Servir une pompe, La faire jouer. Il faut trois hommes pour servir cette pompe.
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Servir, se dit aussi en parlant Des mets qu’on place sur la table. Servir les viandes sur table. Servir le dîner, le souper. Servir le potage. Servir un gigot, un plat de légumes. On a servi à ce dîner un fort beau poisson. Il est temps de servir l’entremets. Servir le dessert. C’est un mets qui se sert sur les meilleures tables. À quelle heure voulez-vous qu’on serve ? Servez à six heures. Servez chaud. On a servi. Le dîner est servi. On dit dans le même sens, Vous êtes servi.
Servir à déjeuner, à dîner, à souper, Servir à une ou plusieurs personnes de quoi déjeuner, etc. On nous servit à dîner.
Servir un dîner, signifie quelquefois, Donner un dîner. Il nous servit un fort beau dîner.
Servir une table, La couvrir de plats, de mets, etc. Dans le temps de cette fête, on servait six tables à la fois. On servit six tables en même temps.
Servir à quelqu’un d’une viande, d’un mets, Donner d’une viande, d’un mets à quelqu’un avec qui on est à table. On m’a servi un excellent morceau. Servez de la poularde, de la perdrix à monsieur. On dit aussi, Servir à boire à quelqu’un.
Absol., Servir quelqu’un, Lui donner de ce qui est sur la table. Vous ai-je servi ? Je vous ai bien mal servi. C’était la maîtresse de la maison qui servait, Qui distribuait les mets aux convives. On dit, dans un sens analogue, Se servir. Il s’est servi le dernier.
Prov. et fig., Servir un plat de son métier, Dire ou faire quelque chose qui tienne du caractère qu’on a, ou de la profession qu’on exerce. Ce menteur, ce fripon nous a servi un plat de son métier.
Fig. et fam., Servir quelqu’un à plats couverts, Lui rendre en secret de mauvais offices. Au moins, il ne l’a pas servi à plats couverts, se dit D’un homme qui a rendu ouvertement quelque mauvais office à un autre.
En termes de Finances, Servir une rente, Payer le revenu, l’intérêt d’une somme constituée en rente.
En termes de Jurispr., Servir une redevance, Acquitter la redevance convenue.
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Servir, à certains Jeux de dés, Mettre les dés dans le cornet de celui qui doit jouer. C’est à vous à servir.
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Servir, au Jeu du ballon, au Jeu de la longue paume, et au Jeu du volant, Jeter le ballon, la balle, le volant à celui contre qui l’on joue.
Au Jeu de la paume, Servir la balle, ou absolument, Servir, Jeter la balle sur le toit à celui contre qui on joue ; et, Servir sur les deux toits, Jeter la balle de manière qu’elle aille sur les deux toits avant de tomber à terre.
Fig. et fam., Servir quelqu’un sur les deux toits, Lui fournir l’occasion de faire avec facilité ce qu’il désire ; et, par extension, Lui rendre avec zèle de grands services.
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Servir, se dit en outre D’un marchand, d’un ouvrier, relativement aux personnes qu’il fournit, pour qui il travaille. Il y a dix ans que le même épicier sert notre maison. Ce cordonnier ne me sert plus aussi bien qu’autrefois. Le boucher vous a mal servi aujourd’hui.
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Servir, signifie aussi, Rendre de bons offices à quelqu’un, l’aider, le seconder, l’assister. Servir ses amis. Il m’a bien servi dans telle affaire. Je vous servirai partout. Servir de son crédit, de son épée. Il sert bien quand il veut. Il vous a servi en véritable ami.
Il a quelquefois pour sujet un nom de chose. Les circonstances, les événements l’ont bien servi.
Servir les passions de quelqu’un, Lui fournir les moyens de satisfaire ses passions. Son bras a mal servi sa valeur, Il n’a pas eu autant de force que de courage. Sa mémoire l’a mal servi en cette occasion, Il a manqué de mémoire. Si ma mémoire me sert bien, vous étiez à cette fête avec nous, Si j’ai bonne mémoire, etc.
Servir la religion, servir sa patrie, etc., Faire quelque chose d’avantageux pour la religion, pour la patrie, etc.
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Servir, avec la préposition de, est neutre, et signifie, Tenir lieu de, tenir la place de, faire l’office de. Servir de mentor à un jeune homme. Il m’a servi de père. Il lui a servi de modèle. Que cela vous serve d’exemple. Il m’a servi d’interprète. L’air de la campagne lui servit de remède. Mon manteau me servira de couverture. Servir de prétexte. Cela vous servira d’excuse, de preuve.
Fig., Servir de jouet, de marotte, de plastron, Être en butte à toutes les railleries d’une ou de plusieurs personnes. Servir de plastron, signifie aussi, Être exposé aux attaques, aux importunités de quelqu’un.
Fig. et fam., Servir de couverture, Servir de prétexte.
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Servir, avec la préposition à, est également neutre, et signifie, Être destiné à tel usage ; ou Être utile, propre, bon à quelque chose. Ce bateau sert à passer la rivière. À quoi sert cette machine ? Cet instrument sert à tel usage. Les troupes qui servent à la défense des frontières. Ce cheval sert à tirer et à porter. À quoi ce valet peut-il vous servir ? Faire servir ses amis à son avancement. Faire servir une chose à ses desseins. Cela ne servirait qu’à l’indisposer contre vous. Cela ne sert à rien. Il ne sert à rien de s’emporter. À quoi sert-il, ou Que sert-il, que sert de s’emporter ? On dit souvent dans le même sens, avec la préposition de, Cela ne sert de rien ; de quoi cela sert-il ? surtout quand on veut exprimer l’inutilité absolue.
Il signifie encore simplement, Être d’usage. Ces gants, ces souliers pourront vous servir. Cet habit ne saurait me servir. Ce cheval ne peut plus guère servir.
Prov., Cela sert comme un cautère, comme un emplâtre sur une jambe de bois, comme une cinquième roue à un carrosse, etc., Cela est tout à fait inutile.
Prov., Il n’y a qu’un mot qui serve, signifie tantôt, Décidez-vous, dites-moi votre mot ; tantôt, Ce que je vous dis est mon dernier mot.
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Servir, joint à la préposition de, s’emploie aussi avec le pronom personnel, et signifie, Faire usage de. Il s’est servi de mon argent. Elle s’est servie avantageusement de son crédit. Se servir de la bourse de son ami. Il se sert de mes meubles, de mes chevaux. Si vous avez affaire de telle chose, servez-vous-en. Se servir de toutes sortes de moyens. Il se sert trop souvent du même mot. Il s’est servi de tel expédient. Il se sert bien de la conjoncture des affaires, ou mieux des conjonctures. Il se sert bien de son crédit, de sa faveur. Il ne se sert jamais de voiture. Se servir de la règle et du compas. Le papier dont je me sers pour vous écrire.
Il se dit, quelquefois, en parlant Des personnes. Il se sert depuis longtemps de ce tailleur, de ce cordonnier.
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Servi, ie. participe.
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VOISINAGE ALPHABÉTIQUE
- servante, n. f.
- serventois, n. m.
- serveur, -euse, n.
- serviabilité, n. f.
- serviable, adj.
- service, n. m.
- serviette, n. f.
- servile, adj.
- servilement, adv.
- servilité, n. f.
- servir, v. tr., intr. et pron.
- serviteur, n. m.
- servitude, n. f.
- servo-, préf.
- servocommande, n. f.
- servodirection, n. f.
- servofrein, n. m.
- servomécanisme, n. m.
- servomoteur, n. m.
- servovalve, n. f.