bon, onne
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Il se dit, tant au sens physique qu’au sens moral, De ce qui a les qualités convenables à sa nature, à sa destination, à l’emploi qu’on en doit faire, au résultat qu’on en veut obtenir, etc. Une bonne terre. Un bon pays. De bonne avoine. De bon blé. De bons aliments. De bon pain. De bonne viande. De bon vin. De bon café. De bons fruits. De bon tabac. Une bonne odeur. Cette viande a un très-bon goût. Il aime les bons morceaux. Un bon dîner. Un bon remède. Une bonne médecine. Un bon régime. Un bon air. Des marchandises de bonne qualité. De bonne toile. De bon drap. Un bon manteau. De bons souliers. Ce mur est encore très-bon. De bon or. De bon argent. Ce louis d’or est fort bon. Il m’a donné de bon papier en payement. Une bonne pendule. Un bon lit. Ce meuble est de bon goût. Un bon tableau. De bonne musique. De bons vers. Un bon poëme. Un bon livre. Il n’y a rien de bon dans cet ouvrage. Une bonne idée. Un bon moyen. De bonnes institutions. De bonnes lois. Un bon gouvernement. Une bonne administration. De bonnes écoles. De bonnes méthodes. C’est un homme qui a très-bonne façon, qui a bon ton, qui a de bonnes manières. Avoir une bonne vue, la vue très-bonne. Avoir une bonne constitution, un bon tempérament. Être en bonne santé. Avoir un bon jugement, un bon esprit, une bonne tête.
Il se dit même Des choses nuisibles, mais qui sont propres à produire l’effet qu’on en attend. De bon arsenic. De bon sublimé corrosif. De bonne ciguë.
Prov. et fig., À bon vin il ne faut point d’enseigne, ou plus ordinairement, À bon vin point d’enseigne, Ce qui est bon n’a pas besoin d’être vanté, prôné.
Prov., Après bon vin, bon cheval, Quand on a un peu bu, on fait aller son cheval meilleur train ; et, plus figurément, Quand on a un peu bu, on est plus hardi.
Elliptiq. et fam., en parlant De vin ou de quelque autre boisson, Tirer du bon, donner du bon ; et proverbialement, Qui bon l’achète, bon le boit. Cette dernière phrase se dit aussi figurément, et signifie alors qu’Il ne faut point plaindre l’argent à de bonne marchandise.
Fam., Faire bonne bouche, se dit De ce qui laisse un bon goût à la bouche. On dit en des sens analogues : Laisser quelqu’un sur la bonne bouche. Rester sur la bonne bouche. Garder quelque chose pour la bonne bouche. Voyez Bouche.
Trouver tout bon, S’accommoder presque également de tout. On dit de même, Tout lui est bon.
Fam., Faire une bonne vie, Se bien nourrir, se bien traiter.
Fam., Il veut la faire courte et bonne, se dit D’un homme qui mène joyeuse vie, qui mange sa fortune et ruine sa santé. On dit de même proverbialement, Vie de cochon, courte et bonne.
Fam., Avoir bon temps, se donner du bon temps, prendre du bon temps, Se divertir, se récréer.
Faire une bonne fin, Mourir chrétiennement, honorablement.
C’est une bonne maison, C’est une maison où règne l’ordre et l’aisance. Avoir une bonne maison, Donner souvent à manger. Faire une bonne maison, Amasser beaucoup de biens, se mettre en état de bien établir sa famille.
Être de bonne maison, Être d’une naissance distinguée. On dit de même, Être de bonne famille ; être de bon lieu ; venir de bon lieu ; et dans un sens analogue, S’allier en bon lieu.
Avoir la main bonne, Être adroit dans les ouvrages de la main. Avoir une bonne main, une bonne plume, Avoir une belle écriture. Avoir une bonne plume, signifie aussi, Écrire d’un style pur, élégant.
Fig., Avoir la main bonne, Réussir ordinairement dans les choses qu’on entreprend. Il signifie aussi, Porter bonheur. On dit quelquefois, dans la seconde acception, Avoir bonne main.
Fig., En bonne main, ou En bonnes mains, se dit en parlant De ce qui est confié aux soins, à la garde, à la direction d’une personne capable, intelligente, sûre, honnête. Cette affaire est en bonne main. L’éducation de ce jeune homme est en bonnes mains. Vous n’avez rien à craindre, votre argent est en bonnes mains.
Un tel est en bonne main, Il est sous l’autorité d’une personne qui lui fera bien faire son devoir. Il n’a qu’à se bien tenir, il est en bonne main.
Cette nouvelle vient de bonne main, Elle vient d’une personne digne de foi. On dit de même, Savoir une chose de bonne part, la tenir de bonne source.
Fam., Avoir bon pied, Marcher bien.
Fig. et fam., Avoir bon pied, bon œil, Être vigoureux, se porter bien. Il ne se dit guère que D’une personne qui commence à n’être plus jeune. Cet homme est un peu âgé, mais il a bon pied, bon œil. Cette phrase signifie aussi, Être vigilant, se tenir sur ses gardes. Il faut avoir bon pied, bon œil avec cet homme-là. On dit quelquefois par ellipse, Bon pied, bon œil, Prenez garde à vous.
Fig. et fam., Aller de bon pied dans une affaire, S’y comporter avec beaucoup de zèle et de franchise.
Ce malade a encore le cœur bon, Il conserve une certaine vigueur, malgré l’affaiblissement causé par la maladie.
Ce calcul est bon, ce compte est bon, etc. Il est exact. Proverbialement, Les bons comptes font les bons amis.
Prov., À tout bon compte revenir, On doit être toujours reçu à recommencer le calcul fait avec le plus de soin, et à s’assurer s’il est exact.
C’est un homme de bon compte, Il est fidèle dans les comptes qu’il rend.
Fig., Soyez de bon compte, Mettez bas toute feinte, toute dissimulation.
Rendre bon compte de sa conduite, Faire connaître qu’on a tenu une conduite à laquelle il n’y a rien à reprendre. Je rendrai bon compte de votre conduite, Je ferai connaître exactement la conduite que vous avez tenue. Fam., Vous me rendrez bon compte d’une telle conduite, Je saurai bien vous en faire repentir.
Fam. et ironiq., Son compte est bon, On lui fera un mauvais parti.
En termes de Finances, Faire les deniers bons, Se rendre garant du payement d’une somme. Cette locution a vieilli.
Elliptiq., au Jeu, Faire bon, Répondre qu’on payera ce que l’on perdra au delà de ce qu’on a au jeu. Faire bon partout. Faire bon de tant.
Jouer bon jeu, bon argent, Jouer sérieusement, et avec obligation de payer sur-le-champ.
Fig. et fam., Y aller bon jeu, bon argent, Agir tout de bon, sérieusement. On le dit surtout De personnes qui se battent, qui plaident, qui disputent. J’ai cru d’abord qu’ils plaisantaient ; mais ils y vont bon jeu, bon argent.
Donner de bonnes enseignes de quelque chose, L’indiquer par des marques faciles à reconnaître. Cette phrase a vieilli.
Adverbialement, À bonnes enseignes, À bon titre, à juste titre, ou Avec des garanties, avec des sûretés. Il ne veut payer qu’à bonnes enseignes. Je n’y veux aller qu’à bonnes enseignes.
À bon escient. Voyez Escient.
Un bon mot, une bonne plaisanterie, Un mot spirituel, une plaisanterie de bon goût. Un bon tour, Un tour malin et plaisant. Etc.
Elliptiq. et fam., La bailler bonne à quelqu’un, Lui faire quelque pièce. La lui garder bonne, Conserver du ressentiment contre lui, avec dessein de se venger dans l’occasion.
Elliptiq. et fam., Il m’en a dit de bonnes, Il m’a dit des choses singulières, extraordinaires, peu vraisemblables.
Fam., Il est bon là, se dit D’un mot, d’un conte qui cause quelque surprise agréable à ceux qui l’entendent. Cela se dit le plus souvent par ironie.
Elliptiq., Bon cela, se dit Pour approuver une chose, après en avoir désapprouvé une autre.
C’est bon, ou elliptiquement, Bon, se dit pour marquer approbation, satisfaction, ou pour mieux exprimer que l’on a compris, entendu. Vous lui avez remis ma lettre ? c’est bon. Vous avez fait telle démarche ? bon. Bon, j’entends. Bon, bon, cela suffit. On s’en sert quelquefois par antiphrase et pour se plaindre. Vous me refusez une chose si simple ? c’est bon, je m’en souviendrai.
p. 201Par exclamation, Bon ! exprime l’étonnement, le doute, l’incrédulité, l’insouciance. Il est parti ? bon ! vous voulez rire. Vous dites qu’il est fâché contre moi ? bon !
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Bon, se dit particulièrement De ce qui est conforme à la raison, à la justice, à la morale, au devoir, à l’honnêteté. Faire un bon usage de sa fortune. La bonne cause. Le bon droit. Une bonne action. De bonnes œuvres. Les bonnes mœurs. Avoir une bonne conduite. Une bonne doctrine. Cet homme a de bonnes qualités. Être animé de bons sentiments. Il l’a fait à bonne intention. Le calme d’une bonne conscience. En récompense de ses bons et loyaux services.
Y aller à la bonne foi, tout à la bonne foi, Agir avec franchise, sans astuce, sans finesse.
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Bon, se dit aussi Des personnes qui excellent en quelque chose, en quelque profession. Bon marcheur. Bon nageur. Bon danseur. Bon convive. Bon citoyen. Bon père. Bonne mère. Bon fils. Bon mari. Bon maître. Bon domestique. Bon soldat. Bon homme de guerre. Bon général. Bon capitaine. Bon chef. Bon juge. Bon administrateur. Bon diplomate. Bon homme de cheval. Bon homme de mer. Bon médecin. Bon philosophe. Bon poëte. Bon écrivain. Bon avocat. Bon prédicateur. Bon orateur. Bon grammairien. Bon peintre. Bon musicien. Bon acteur. Bon architecte. Bon ouvrier. Bon menuisier. On l’applique, dans une acception analogue, À certains animaux. Un bon cheval de carrosse. Un bon chien de chasse. Cette poule est une bonne couveuse.
Bonne société, bonne compagnie, Société composée de personnes distinguées par leur éducation, leur politesse, leur bon ton. Il reçoit chez lui très-bonne société. Voir la bonne société, la bonne compagnie. On dit dans un sens analogue, Un homme de bonne société, de bonne compagnie.
Une bonne caution, un bon garant, etc., Une caution sûre, un garant sur, etc. On dit de même, dans le langage commercial, Ce négociant est bon, cette maison est bonne, Ce négociant, cette maison est en état de faire honneur à ses engagements.
Fam., À bon entendeur salut, Que celui qui entend bien ce que je dis en fasse son profit. À bon entendeur peu de paroles, Peu de paroles suffisent pour se faire comprendre d’un homme intelligent.
Prov. et fig., À bon chat, bon rat, Bien attaqué, bien défendu.
Fig. et fam., C’est un bon Gaulois, se dit D’un homme franc et sincère.
C’est un bon sujet, Il a tout le talent, toute la capacité nécessaire pour tel emploi ; ou Il est d’une conduite sage et réglée.
Par injure ou par plaisanterie, C’est un bon coquin, un bon fripon, un bon débauché, un bon vaurien, une bonne pièce, une bonne langue, un bon bec. On dit de même, par exclamation, La bonne pièce ! la bonne langue ! etc.
Prov. et fig., Faire le bon apôtre, Contrefaire l’homme de bien. Ironiquement, C’est un bon apôtre, Il fait l’homme de bien plus qu’il ne l’est.
Fig., C’est une bonne épée, une bonne lame, une bonne plume, C’est un homme habile dans l’art de l’escrime, dans l’art d’écrire.
En termes de Marine, Bon voilier, Bâtiment qui porte bien la voile, qui navigue bien.
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Bon, signifie aussi, Clément, miséricordieux ; et c’est dans ce sens qu’on dit : Dieu est bon. Dieu est tout bon, est souverainement bon. Aimer le bon Dieu. Prier le bon Dieu. S’il plaît au bon Dieu.
Bon Dieu ! se dit par exclamation pour marquer la surprise où l’on est de quelque chose. Bon Dieu, l’aurait-on jamais pu croire !
Bon génie, bon démon, Génie, démon bienfaisant, favorable. Ces expressions s’emploient figurément, par allusion aux croyances du paganisme ancien. C’est son bon génie qui l’a inspiré, qui l’a conduit.
Bon ange, Ange gardien. Se recommander à son bon ange.
Fig., Vous serez mon bon ange, Vous me préserverez de malheur.
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Bon, signifie également, en parlant Des personnes, Humain, qui aime à faire du bien, ou Indulgent, affectueux, facile à vivre. Il n’est ni bon ni méchant. Une femme bonne et charitable. Elle n’est pas jolie, mais elle est bonne. C’est une bonne personne, une bonne fille, une bonne femme. Elle est belle et bonne, aimable et bonne. Il faut être bien bon pour souffrir, pour permettre cela. Vous êtes trop bon. Ce fut un prince pieux et bon. Il est bon pour tous. Ce sont de bonnes gens. On dit de même : Avoir le cœur bon. Avoir un bon cœur. Avoir un bon caractère. Être d’un bon commerce. Être de bonne composition. Etc.
Bon homme, a deux sens fort différents. Dans l’un, il se dit, par éloge, d’Un homme d’esprit, plein de droiture, de candeur, d’affection. C’est un homme de mérite, et un très-bon homme. C’est un si bon homme ! La première qualité dans la société est d’être un bon homme. Dans l’autre sens, il se dit, par dérision, d’Un homme simple, peu avisé, qui se laisse dominer et tromper ; et alors on réunit ordinairement les deux mots. C’est un bonhomme à qui l’on fait croire tout ce qu’on veut. Un bonhomme de mari. L’expression Bonne femme s’emploie rarement dans une acception analogue à ce dernier sens.
Un faux bonhomme, Celui qui, par finesse et pour son intérêt, affecte la bonté, la simplicité, le désintéressement. Ne vous fiez pas à son air patelin ; ce n’est qu’un faux bonhomme. On dit de même, Faire le bonhomme.
Fam., Un bonhomme, une bonne femme, signifient souvent, Un homme, une femme qui sont déjà dans un âge avancé. Le bonhomme se porte encore bien. La bonne femme n’en peut plus. Un vieux bonhomme. Par familiarité et par hauteur, on dit quelquefois, Bonhomme, bonne femme, en parlant À un homme, à une femme du peuple ou de la campagne, quel que soit leur âge.
Absol., Le bonhomme, se disait autrefois, parmi les gens de guerre, Des paysans en général. Vivre aux dépens du bonhomme.
De bonnes gens, se dit ordinairement de Personnes qui ont de la bonté et de la simplicité. Ces bonnes gens nous ont offert tout ce qu’ils avaient.
Un petit bonhomme, se dit quelquefois d’Un petit garçon. Ce petit bonhomme est bien turbulent.
Fig. et fam., Aller son petit bonhomme de chemin, Vaquer à ses affaires, poursuivre ses entreprises tout doucement et sans éclat.
Fig. et fam., C’est un bon prince, il est bon prince, se dit D’un homme aisé à vivre, d’un homme qui a un caractère et des manières faciles.
Fam., C’est un bon compagnon, un bon vivant, un bon enfant, un bon garçon, un bon diable, C’est un homme de bonne humeur, de bon caractère, et commode à vivre.
Fig. et fam., Il est bon comme le bon pain, comme du bon pain, C’est un homme extrêmement bon et doux. On dit dans le même sens, C’est une bonne pâte d’homme, c’est une bonne âme ; et par mépris, C’est une bonne bête.
Fam., Il est bien bon de croire cela, Il faut qu’il soit bien crédule pour croire cela. Que vous êtes bon d’ajouter foi à ses paroles, de penser qu’il veut vous servir !
Ironiq., Il est bien bon, je le trouve bon de prétendre, de dire, de faire, etc., Il n’a nulle raison, il ne lui sied pas de prétendre, de dire, de faire, etc. Je vous trouve bon de venir me reprocher cette action, vous qui me l’avez conseillée.
Mon bon ami, Ma bonne amie, ou simplement, Ma bonne. Termes d’amitié ou de bienveillance qu’on emploie surtout entre égaux, ou de supérieur à inférieur.
Bon ami et Bonne amie, se disent quelquefois familièrement, pour Amant, maîtresse. Elle a un bon ami. Il va voir sa bonne amie.
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Bon, signifie aussi, Propre à. C’est un homme bon à tout, bon à employer, bon pour le conseil, bon à consulter. Je m’estime heureux de vous être bon à quelque chose. Un cheval bon pour la charrue. Un remède bon au mal de tête, contre le mal de tête. Cela est bon à la fièvre, contre la fièvre, pour la fièvre. Cela est bon pour l’estomac. Une viande bonne à manger. Du vin bon à boire. Ce bois n’est bon qu’à brûler. À quoi cela est-il bon ? Cela n’est bon à rien.
Prov. et fig., N’être bon ni à rôtir, ni à bouillir, N’être propre à rien. Il se dit Des choses et des personnes.
Prov. et fig., Si un autre avait dit, avait fait cela, il ne serait pas bon à jeter aux chiens, se dit Pour faire entendre que ce qui a été bien reçu venant de quelqu’un, aurait été très-mal reçu venant d’un autre.
Prov., Ce qui est bon à prendre est bon à rendre. Manière de s’excuser d’avoir pris une chose sur laquelle on croit avoir des droits, en disant que le pis aller sera de la rendre.
Prov., À quelque chose malheur est bon, Quelquefois une infortune nous procure des avantages que nous n’aurions pas eus sans elle.
Prov., Toutes vérités ne sont pas bonnes à dire.
Par mépris, Cela est bon pour les petites gens, pour les sots, etc., Cela ne peut convenir, ne peut plaire qu’aux petites gens, qu’aux sots, etc.
C’est bon à vous, à lui, etc., C’est à vous, à lui qu’il appartient, qu’il convient de faire, de dire cela. Je n’oserai jamais entreprendre cela : c’est bon à vous. Cette façon p. 202de parler s’emploie quelquefois par mépris. Cela est bon à quelque dupe, à quelque sot.
En Impr., Bon à tirer. Mots que l’on écrit sur une épreuve pour ordonner ou pour permettre de tirer la feuille. On en fait très-souvent une espèce de substantif. L’auteur n’a pas encore donné son bon à tirer. Mettre le bon à tirer.
En termes de Commerce, Bon pour telle somme. Formule qu’on met au bas de certains effets de commerce, pour rappeler la somme mentionnée dans le corps de l’écrit. Bon pour cinq cents francs, pour mille francs. On écrit, dans un sens analogue, sur certains billets d’entrée, Bon pour une personne, pour deux personnes, etc.
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Bon, signifie encore, Avantageux, favorable, utile, convenable. Cela est de bon augure. Cela ne présage rien de bon. De bonnes nouvelles. Il a de bons certificats. Jouir d’une bonne réputation. Voilà un bon temps pour les voyageurs. Le temps est bon pour semer, pour planter. La bonne saison. Voici la bonne heure pour lui parler. L’occasion est bonne. Vous arrivez au bon moment. Avoir bon vent. Prendre la bonne route. C’est un bon métier, un bon commerce. Il a une bonne place, un bon emploi. C’est une bonne affaire pour vous. J’ai eu ce livre à bon marché. Rendre un bon office. Il a connu la bonne et la mauvaise fortune. Être en bonne passe. Si j’agis ainsi, je vous prie de le trouver bon. Trouvez bon que je me retire. Il m’a paru bon de vous en informer. Il est bon que vous le sachiez. À quoi bon le lui dire ? À quoi bon ? Cela est bon à savoir, à connaître.
Il s’applique, dans une acception analogue, À l’humeur, à la disposition d’esprit, aux manières d’une personne. Être en bonne humeur, de bonne humeur. Il faut profiter de ses bonnes dispositions, de ses bonnes intentions pour vous. J’ai bonne opinion de cet homme-là. Il l’a fait de bonne volonté, de bon gré, de son bon gré, de bon cœur. Il s’y est prêté de bonne grâce. Être dans les bonnes grâces, obtenir, posséder les bonnes grâces de quelqu’un. Faire bon visage à quelqu’un ; lui faire bonne mine, bon accueil. On dit de même familièrement, Faire bon visage d’hôte, Bien accueillir, bien recevoir les personnes qui viennent chez nous.
Bon plaisir, signifie quelquefois, Consentement, volonté. Arrêter, régler, terminer une affaire sous le bon plaisir de quelqu’un, Avec son consentement, ou sous la condition qu’il n’y ait rien de fait s’il ne l’approuve pas.
Sauf votre bon plaisir, sous votre bon plaisir, Avec votre permission, si cela vous plaît.
Bon plaisir, se prend aussi en mauvaise part, pour Volonté absolue, capricieuse. C’est un homme impérieux ; il veut que tout aille, que tout se règle selon son bon plaisir. Elle n’agit qu’à sa tête, que selon son bon plaisir.
Le régime du bon plaisir, le gouvernement du bon plaisir, se dit d’Un régime, d’un gouvernement arbitraire.
Prov. et fig., Faire bonne mine à mauvais jeu, Dissimuler adroitement et cacher le mécontentement qu’on éprouve, ou le mauvais état où l’on est.
Fig. et fam., Faire contre mauvaise fortune, contre fortune bon cœur, S’armer de constance dans le malheur. On dit dans un sens analogue, Faire bonne contenance devant l’ennemi.
Faire quelque chose de bonne grâce, avoir bonne grâce à le faire, S’en bien acquitter, y mettre de la grâce. Il danse de fort bonne grâce.
Fig., Il n’a pas bonne grâce d’en user ainsi, Il ne lui sied pas d’en user ainsi ; ce qu’il dit, ce qu’il fait est fort mal à propos, est bien peu convenable.
En termes de Tapissier, Les bonnes grâces d’un lit, Lés d’étoffe qu’on attache vers le chevet et vers les pieds d’un lit, pour accompagner les grands rideaux. Cela ne se dit qu’en parlant Des lits à l’ancienne mode.
Interpréter, expliquer, prendre quelque chose en bonne part, Y donner un sens favorable, lorsqu’on pourrait y en donner un autre ; ne s’en point fâcher.
Ce mot se prend en bonne part, On doit l’entendre dans un sens favorable.
Revenant-bon. Voyez ce mot composé, à son rang alphabétique.
Bonne aventure, Aventure heureuse ou agréable. Il lui est arrivé une très-bonne aventure. Absolument, La bonne aventure, se dit Des vaines prédictions que font certaines gens sur l’inspection de la main, ou en tirant les cartes, etc. Se faire dire sa bonne aventure. Une diseuse de bonne aventure.
Bonne fortune, Chance heureuse, heureux hasard. C’est une bonne fortune pour moi de vous rencontrer. Il lui est arrivé une bonne fortune depuis peu. Il se dit, en termes de galanterie, Des faveurs d’une femme. Il a eu plusieurs bonnes fortunes. C’est un homme à bonnes fortunes. Aller, être en bonne fortune.
Bonne année, Année fertile et abondante. L’année a été bonne. Dans les bonnes années, il récolte tant.
Bon an, mal an, Compensation faite des mauvaises années avec les bonnes. Sa propriété lui rapporte dix mille francs de rente, bon an, mal an.
La journée, la nuit de ce malade a été bonne, Il l’a bien passée.
Donner, souhaiter le bon jour, le bon soir à quelqu’un, Le saluer en lui disant, Bon jour ou Bon soir, en lui souhaitant une heureuse journée, etc. : dans ces phrases, Bon jour et Bon soir s’écrivent plus ordinairement en un seul mot. On dit de même : Souhaiter une bonne nuit, un bon voyage. Souhaiter la bonne année à quelqu’un. Etc. Voyez Bonjour, Bonsoir, Nuit, Voyage, Année, An, etc.
Bon jour, se dit quelquefois d’Un jour où l’Église célèbre quelque fête. C’est aujourd’hui un bon jour. On appelle aussi Bonnes fêtes, Les fêtes solennelles. Il ne met cet habit que les bonnes fêtes.
Pop., Faire son bon jour, Communier, recevoir le sacrement de l’eucharistie.
Prov. et pop., Bon jour, bonne œuvre, se dit en parlant D’une bonne action faite en un jour solennel. Ils se sont réconciliés le jour de Pâques : bon jour, bonne œuvre. On le dit plus ordinairement par ironie. Il a volé le jour de Pâques : bon jour, bonne œuvre.
Prov., Aux bonnes fêtes les bons coups, Les méchants prennent quelquefois l’occasion des bonnes fêtes pour exécuter leurs mauvais desseins.
Adverbial., De bonne heure, Tôt, par opposition à Tard. Il se dit non-seulement Des heures du jour, mais aussi Des époques du temps en général. Se lever de bonne heure. Tâchez de venir de bonne heure. Il est encore de bonne heure. Ces arbres fleurissent de bonne heure. Il s’est de bonne heure habitué à la fatigue. Les arts ont fleuri de bonne heure chez ces peuples. On dit aussi, De bon matin, De grand matin.
Fam., Arriver à la bonne heure, Arriver à propos.
Fam., À la bonne heure, sert quelquefois à exprimer une sorte d’approbation. Vous le voulez : à la bonne heure, je ne m’y oppose point. On l’emploie aussi pour exprimer l’indifférence. Il me menace, dites-vous : à la bonne heure, Passe, je ne m’en inquiète point.
En termes de Manége, Ce cheval galope sur le bon pied, En galopant, il part du pied droit. On dit dans le même sens, Mettre un cheval sur le bon pied.
Fig. et fam., Mettre quelqu’un sur le bon pied, Le réduire à faire ce qu’il doit, à faire ce qu’on exige raisonnablement de lui. Il faisait le rétif, le difficile, mais je l’ai mis sur le bon pied. Cette phrase signifie aussi, Procurer à quelqu’un de grands avantages. Dans ce dernier sens, on dit également, Mettre quelqu’un sur un bon pied.
Être sur un bon pied dans le monde, Y être en estime, en considération. Être sur un bon pied, sur le bon pied, Être dans une situation avantageuse.
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Bon, signifie quelquefois, Grand, considérable dans son genre, et sert à donner plus de valeur et d’énergie aux substantifs avec lesquels il se joint. Il y a une bonne lieue d’ici là. Il y a une bonne journée d’ici. Il gagne de bonnes journées. Il a fait de bons profits. Il a un fort bon revenu. La vente a été bonne. Nous aurons une bonne récolte. Quelle bonne aubaine ! Une bonne partie de la besogne est faite. Il y en a une bonne quantité, un bon nombre. Boire un bon verre de vin. Faire un bon feu. Vous avez une bonne traite à faire. Il y a une bonne heure que je vous attends. Cela nous a été d’un bon secours. Ayez bon espoir, bon courage. Donner un bon soufflet, un bon coup d’épée. Infliger une bonne correction. Avoir une bonne fièvre. Il croyait n’avoir qu’un rhume ; mais le médecin dit que c’est un bel et bon catarrhe, une belle et bonne fluxion de poitrine.
Une bonne pluie, une bonne gelée, Une pluie abondante, une forte gelée, dont l’effet est favorable aux productions de la terre.
Fam., Une bonne fois, Franchement, nettement, de manière à n’y plus revenir. Au lieu de le bouder, dites-lui une bonne fois ce que vous avez contre lui.
Prov., Tout cela est bel et bon, mais l’argent vaut mieux, se dit À un débiteur, lorsqu’on ne se contente pas des excuses, des prétextes qu’il allègue pour retarder le payement. La même chose se dit À ceux qui veulent amuser par de belles promesses, par de vaines espérances.
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p. 203Bon, se prend quelquefois substantivement, et se dit, dans un sens absolu, de Ce qui est bon. Le beau et le bon. Le bon et l’honnête.
Il signifie particulièrement, Bonnes qualités, ce qu’il y a de bon dans la personne ou dans la chose dont il s’agit. C’est un homme qui a du bon et du mauvais. Un fils qui n’a pris de son père que le bon. La pièce dont vous parlez a des défauts, mais il ne laisse pas d’y avoir du bon. Faire l’extrait d’un livre, et en tirer tout le bon, en prendre tout le bon.
Prov., Aux derniers les bons, Ce qui reste de quelque chose après que les autres ont choisi, est souvent le meilleur.
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Bon, pris substantivement, signifie aussi, Ce qu’il y a d’avantageux, d’important, de principal en quelque chose. Le bon de l’affaire est que....
Le bon de l’histoire, le bon du conte, Ce qu’il y a de plaisant dans un conte, dans une histoire. Le bon de l’histoire est qu’il ne s’aperçut de rien.
Avoir du bon dans une affaire, dans un traité, Y trouver du gain, du profit.
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Bon, se dit encore substantivement, surtout au pluriel, Des gens de bien : on l’oppose souvent à Méchants. Récompenser les bons, et punir les méchants.
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Bon, s’emploie aussi adverbialement dans diverses phrases. Sentir bon, Avoir une odeur agréable. Tenir bon, Résister avec fermeté. Coûter bon, Coûter extrêmement cher.
Il fait bon marcher, se promener, courir, etc., Le temps est favorable à la marche, à la promenade, etc. On dit quelquefois absolument, Il fait bon, La température est douce, agréable. Il fait très-bon aujourd’hui.
Prov., Il fait bon dans cet endroit, On y est agréablement et à son aise. Dans le sens contraire, Il n’y fait pas bon, On y est désagréablement, on y est exposé à quelque chose de fâcheux, à quelque danger. Il fait bon sous ce berceau pendant la chaleur du jour. J’étais à cette bataille, il n’y faisait pas bon.
Fam., Il ne fait pas bon avoir affaire à cet homme, Il y a des désagréments, des dangers à craindre pour ceux qui ont affaire à lui. On dit dans un sens analogue, Il ne fait pas bon s’y frotter.
Prov., Il fait bon vivre, on apprend toujours, Les plus habiles, les plus expérimentés ont encore quelque chose à apprendre.
Prov., Il fait bon battre glorieux, il ne s’en vante pas, ou simplement, Il fait bon battre glorieux, On n’a pas à craindre d’être puni, parce qu’il garde le silence sur son aventure ; ou, dans un sens plus général, Un homme vain aime mieux endurer des humiliations secrètes que de s’en plaindre.
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Tout de bon. loc. adv. Sérieusement. Jusqu’ici il ne faisait que plaisanter, mais pour cette fois il s’est fâché tout de bon.
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VOISINAGE ALPHABÉTIQUE
- bombardon, n. m.
- bombasin, n. m. [6e édition]
- bombe [I], n. f.
- bombe [II], n. f.
- bombement, n. m.
- bomber, v. tr. et pron.
- bombeur, n. m. [8e édition]
- bombyx, n. m.
- bôme, n. f.
- bomerie, n. f. [4e édition]
- bon, bonne [I], adj.
- bon [II], n. m.
- bonace, n. f.
- bonapartisme, n. m.
- bonapartiste, n.
- bonasse, adj.
- bonbanc, n. m. [5e édition]
- bonbon, n. m.
- bonbonne, n. f.
- bonbonnière, n. f.