faire
6e édition
FAIRE.
v. a. Conjugaison : (Je fais, tu fais, il fait ; nous faisons, vous faites, ils font. Je faisais. Je fis. J’ai fait. Je ferai. Je ferais. Fais. Que je fasse. Que je fisse. Faisant.)■
Créer, former, produire, engendrer. Dieu a fait le ciel et la terre. Les merveilles que Dieu a faites. Dieu a fait toutes choses de rien. Il n’y a que Dieu qui puisse faire quelque chose de rien. La nature est admirable dans tout ce qu’elle fait. Une femme qui fait de beaux enfants. Une jument qui a fait un poulain. Quand une bête a fait ses petits.
Prov., Qui a fait l’une, a fait l’autre, se dit en parlant De deux personnes, de deux choses qui se ressemblent entièrement.
Fam., Faire un enfant à une femme, La rendre enceinte.
Cet enfant fait ses dents, Les dents lui viennent.
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Faire, signifie aussi, Fabriquer, composer, produire, en parlant De toute œuvre matérielle de l’art, de l’industrie humaine, ou de l’instinct des animaux. Faire un bâtiment. Faire une machine. Faire des outils. Faire une bague, un collier. Faire du pain. Faire de la pâte. Faire du vin, de l’huile. Faire du feu pour se chauffer. Faire de la glace par des procédés chimiques. Faire du sucre. Faire des bas, des chapeaux. Faire un habit. Faire du drap, de la toile, de la tapisserie. Un oiseau qui fait son nid. Une araignée qui fait sa toile. Des castors qui font une digue.
Il se dit, dans le même sens, en parlant Des œuvres de l’intelligence et de l’imagination. Faire un traité sur une matière. Faire un livre. Faire une histoire. Faire l’histoire d’un pays, d’un événement. Faire un récit, une description. Faire une requête, un mémoire. Faire une apologie. Faire un manifeste. Faire un poëme, une tragédie, une comédie. Faire des vers, de la prose. Faire un discours. Faire un article de journal. Un écolier qui fait son thème. Faire un acte, un exploit, un procès-verbal. Faire une ordonnance, une loi. Faire un morceau de musique, une ouverture, une valse, des variations, etc.
Fam., C’est une nouvelle, une histoire, un conte fait à plaisir, C’est une nouvelle, une histoire fausse, controuvée, un conte où il n’y a rien de vrai. Ce que vous nous dites là est un conte fait à plaisir.
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Faire, se dit, dans un sens beaucoup plus général, en parlant De tout ce qu’un sujet opère, effectue, exécute, accomplit, etc., soit dans l’ordre physique, soit dans l’ordre moral. Le ciel fit un miracle en sa faveur. Faire une opération de chirurgie. Faire une cure. Faire une expérience. Faire une blessure. Faire du mal à quelqu’un. Faire un mouvement, un saut, un salut, un signal. Faire place. Faire attention. Faire silence. Faire du bruit. Faire un bon repas. Faire une fête, des réjouissances. Faire de la musique. Faire une entreprise. Faire des affaires. Faire bien ses p. 723affaires. Faire banqueroute. Faire naufrage. Faire la guerre. Faire des prisonniers, une prise, des conquêtes. Faire la paix, une trêve. Faire alliance. Faire un traité, un marché. Faire une promesse, un serment. Faire un mariage. Faire un achat. Faire achat. Faire un envoi. Faire une perte. Faire des dettes. Faire la moisson, la vendange, les foins. Faire la quête. Faire une prière, sa prière. Faire des vœux. Faire mention de quelqu’un, de quelque chose. Faire usage d’une chose. Faire la lecture d’un discours. Faire la lecture à quelqu’un. Faire une bonne, une mauvaise action. Faire une bonne œuvre, une œuvre de charité. Faire le bien. Faire le mal. Faire la charité, l’aumône. Faire un acte de courage. Faire des bassesses. Faire une faute, un crime. Faire une injustice. Faire injustice. Faire justice. Faire une faute de langue. Faire un barbarisme, un solécisme. Faire pièce. Faire une niche. Il l’a fait par mégarde. Il l’a fait exprès. Faire une incartade, une folie, un coup de tête. Faire la débauche. Faire l’amour. Faire cas de quelqu’un. Faire pour quelqu’un une chose qui lui soit agréable. Faites-moi ce plaisir. Que vous ai-je donc fait ? Faire des civilités, des excuses. Faire des difficultés, des façons. Faire des caresses, des amitiés. Faire accueil. Faire honneur. Faire grâce. Faire quartier. Faire don, donation. Faire défense. Faire commandement. Faire des plaintes, des remontrances. Faire résistance. Faire bonne contenance. Faire semblant de dormir. Ne faire semblant de rien. Faire mine de vouloir s’en aller. Etc. On le dit également Des choses. Le bruit que fait le tonnerre. La mine fit explosion. Un volcan qui fait éruption. Un corps qui fait impression sur un autre. La grêle a fait du dégât. Cet ouvrage fait autorité. Cet événement fera époque dans notre histoire.
Cette muraille fait le coude, Elle forme un coude, un angle. Sa maison fait face à la mienne, Elle est en face de la mienne. Ce tableau fait pendant à tel autre, Il sert ou peut servir de pendant à tel autre. Etc.
Aux Jeux de cartes, Faire les cartes, faire une levée, faire la main, faire sa main. Au Billard, Faire une bille au même, faire un carambolage. Au Trictrac, Faire une case, un jan. À divers jeux, Faire tant de points, Gagner tant de points. Faire le jeu, Mettre les enjeux. Etc.
Prov., fig. et pop., Faire ses orges, faire bien ses orges, Faire son profit, faire bien ses affaires. Il se dit ordinairement en mauvaise part.
Fam., Faire des siennes, Faire des folies, des fredaines, des tours, soit de jeunesse, soit de friponnerie. Ce jeune homme a bien fait des siennes. Vous avez fait des vôtres. Ils ont fait des leurs.
Faire quelque chose pour quelqu’un, Lui accorder ou lui faire obtenir quelque chose. Maintenant qu’il est en place, il fera sans doute quelque chose pour sa famille. Il n’a rien voulu faire pour moi, quoique cela lui eût été facile. On dit de même, La nature a tout fait pour lui, en parlant De celui qui a de très-heureuses dispositions.
Fam., N’en rien faire, Se garder de faire la chose dont il s’agit, ne pas la faire. On voudrait qu’il partît, il est bien déterminé à n’en rien faire. Vous avez beau dire, je n’en ferai rien.
Elliptiq. et fam., Se laisser faire, se dit D’une personne qui ne se défend pas, qui n’oppose point de résistance. On se jeta sur lui pour le battre, et il se laissa faire. Son tuteur l’a marié, il s’est laissé faire.
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Faire, se dit particulièrement De certaines fonctions de guerre. Faire sentinelle. Faire faction. Faire la garde. Faire guet et garde. Faire le guet. Faire la ronde. Faire la revue d’une armée. On dit dans un sens analogue, en termes de Marine, Faire le quart, faire bon quart.
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Faire, se dit aussi particulièrement, en parlant Des choses qui marquent Espace et étendue, et qui s’exécutent et s’accomplissent par le mouvement d’un lieu à un autre. Faire des pas. Faire un tour d’allée, un tour de promenade, le tour de la ville. Faire une lieue à pied. Faire route. Faire voile pour un endroit, vers un endroit. Faire des allées et venues. Faire une course, un voyage, un long trajet, un grand circuit. Cette planète fait sa révolution en tant de jours. Un homme qui fait deux lieues par heure, qui fait tant par heure, qui fait plus de chemin en une heure qu’un autre en deux. Notre bâtiment faisait tant de nœuds à l’heure.
Fig. et fam., Faire son chemin, Parvenir, obtenir de l’avancement, s’enrichir, etc. Il a su faire son chemin. Il a bien fait son chemin. On dit de même, Il a bien fait du chemin en peu de temps. On dit aussi, Faire des progrès, Avancer, s’étendre, se développer, etc. Faire beaucoup de progrès dans ses études. Le mal fait des progrès.
En termes de Marine, Faire le nord, faire le sud, Naviguer au nord, au sud. On dit aussi, Faire côte : voyez Côte.
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Faire, signifie aussi, Disposer, arranger, mettre dans l’état convenable. Faire une chambre. Faire un lit. Faire la couverture. Faire la barbe. Faire les cheveux. Faire ses ongles, ou Se faire les ongles. Faire le poil. Faire le crin à des chevaux. Faire un jardin. Faire des terres. Faire les vignes.
Prov. et fig., Faire le bec à quelqu’un, L’instruire de tout ce qu’il doit dire et répondre.
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Faire, en parlant D’argent ou des autres choses dont on a besoin de se pourvoir, signifie, Amasser, assembler, mettre ensemble. Il tâche de vous faire quelque argent. Voilà tout l’argent qu’il a pu faire, tout ce qu’il a pu faire d’argent. Faire une somme. Faire des provisions. Faire ses provisions. On dit dans un sens analogue, en termes de Marine, Faire les vivres, faire du bois, faire de l’eau, faire aiguade. La phrase, Faire eau, sans l’article, se dit, dans un sens très-différent, D’un bâtiment qui a une ou plusieurs voies d’eau. Le navire faisait eau de toutes parts.
Il signifie également, Gagner, acquérir. Faire une bonne recette. Ce directeur fait à peine ses frais. Faire une grande fortune. Se faire des rentes, des revenus. Se faire un petit bien-être. On dit dans un sens analogue, Faire une bonne maison.
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Faire, en parlant De troupes, signifie, Lever, mettre sur pied. Faire des hommes. Faire un regiment. Faire une compagnie. Faire des cavaliers. Faire de beaux hommes. Ces premières phrases vieillissent ; mais la suivante est encore usitée : Faire des recrues. On dit aussi, Faire la maison d’un prince, d’un grand seigneur. Ce prince n’a pas encore fait sa maison.
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Faire, signifie encore, Employer ses forces, ses talents, l’activité de son esprit à quelque chose ; s’en occuper, y passer son temps. Faire un travail. Faire sa besogne. Il fait plus de besogne en une heure qu’un autre en deux. Il n’a rien fait de toute la journée. Il est toute la journée à ne rien faire. Il ne peut plus rien faire. Faire tout ce qu’on peut. Faire tous ses efforts. C’est un homme qui ne trouve rien de difficile à faire. Tout ce qu’il fait, il le fait bien. Il est tout entier à ce qu’il fait. Il travaille bien, mais il est lent à ce qu’il fait. Il me reste peu de chose à faire. Avez-vous bientôt fait ? Dès que j’aurai fait, je suis à vous. Que ferez-vous tantôt ? Que faites-vous aujourd’hui ? Je n’ai rien à faire. Que fait-i maintenant à la campagne ? Je suis en peine de ce qu’il peut faire tout le long du jour. (Voyez, vers la fin de l’article, l’emploi analogue de Faire, neutre.)
C’est un homme à tout faire, C’est un homme capable de tout. Il se prend ordinairement en mauvaise part.
Fam., Ne faire œuvre de ses dix doigts, Ne rien faire du tout, ne point travailler.
Prov., On ne peut faire qu’en faisant, Il y a des choses qui demandent un certain temps pour être bien faites.
Fam., C’est un faire le faut, C’est une chose qu’il faut absolument faire.
Je ne puis, je ne sais que faire à cela, C’est une chose où je ne puis rien. Je n’y saurais que faire. Que voulez-vous que j’y fasse ? Je n’y puis apporter de remède, cela ne dépend pas de moi.
Ne faire que… Ne travailler, ne s’occuper qu’à une certaine chose, n’en pouvoir faire d’autre, ou ne vouloir pas, ne pas chercher à en faire d’autre. Il ne fait que ce qu’on lui dit. Cet ouvrier ne fait jamais que cela. Je ne fais ici qu’obéir. Je ne fais qu’exécuter les ordres que j’ai reçus. Il signifie également, Être toujours ou presque toujours à faire une certaine chose. Il ne fait que jouer, qu’étudier, que dormir, qu’aller et venir, etc.
Fam., Ne faire que croître et embellir, se dit D’une jeune personne qui devient tous les jours plus grande et plus belle. Cette jeune fille ne fait que croître et embellir. On le dit, par plaisanterie, De certaines choses qui augmentent, soit en bien, soit en mal. Il se débauche tous les jours de plus en plus, cela ne fait que croître et embellir.
Ne faire que… se dit quelquefois en parlant D’une action instantanée qui est immédiatement suivie de son résultat ou d’une autre action, d’un fait quelconque. Je ne fis que le toucher, et il tomba. Il n’a fait que paraître dans l’assemblée, et s’est retiré aussitôt. Il n’a fait que paraître et disparaître. Il ne fit qu’entrer et sortir. Attendez-moi, je ne fais qu’aller et revenir.
Ne faire que de sortir, que d’arriver, que de s’éveiller, etc., N’être sorti, arrivé, éveillé, etc., que depuis très-peu de temps.
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Faire, signifie aussi, Observer, mettre en pratique ; et, dans ce sens, il se dit en parlant Des choses qui sont d’obligation et de précepte. Faire ce que Dieu ordonne. Faire la volonté de Dieu. Faire ce qui est de p. 724son devoir. Faire son devoir. Il n’a fait que son devoir. Faire la pénitence qui est imposée. Faire ses Pâques. Faire gras. Faire maigre. Faire diète.
Faire une fête, La célébrer. Faire les Rois, la Saint-Jean. Faire la Cène.
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Faire, dans le même sens, se dit aussi De l’exécution et de la pratique de certaines choses qu’on est obligé ou comme obligé d’accomplir, d’achever, de terminer en un certain temps. Faire la quarantaine. Faire quarantaine. Un écolier qui fait son cours de philosophie. sa philosophie. Un ouvrier qui fait son apprentissage. Un apprenti qui a fait son temps. Faire un noviciat. Faire une neuvaine.
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Faire, se dit également en parlant Des différentes professions qu’on embrasse, et des différents emplois, des différents métiers qu’on exerce. Faire profession des armes. Faire la profession d’avocat. Faire profession de la médecine. Faire la médecine. Faire sa charge avec dignité. Faire les fonctions de maître des cérémonies. Faire un métier. Il ne sait pas faire son métier. Faire le commerce, la banque, la commission. Faire la cuisine, l’office.
Faire profession, et Faire métier, se disent encore dans d’autres sens propres et figurés qu’on indiquera aux mots Métier et Profession.
Dans l’Église catholique, Faire le diacre, faire le sous-diacre, Faire les fonctions de diacre, de sous-diacre.
En termes de Peinture, Faire l’histoire, faire le portrait, faire les animaux, etc., Peindre l’histoire, le portrait, etc. Ce peintre ne fait que le paysage.
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Faire, signifie en outre, Représenter ; et il se dit en parlant Des différents personnages que les comédiens représentent sur le théâtre. Faire un personnage dans une comédie. C’est un bon acteur, il fait bien son personnage. Faire les rois, les amoureux. Cet acteur fait le roi, fait l’amoureux dans telle pièce. Dans cette représentation, il a fait Cinna. Elle a fait Hermione. Ce sens vieillit ; on dit plus ordinairement et mieux, Jouer.
Faire tel ou tel personnage, signifie quelquefois, par extension, Se donner pour avoir telle ou telle qualité. L’un devait faire le maître et l’autre le valet. Il fit très-bien son personnage. On dit aussi figurément, Faire un sot personnage, un plat personnage, etc., Figurer d’une manière désagréable ou peu honorable parmi d’autres personnes, ou dans une affaire, être d’une grande nullité, etc.
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Faire, se dit encore, par extension du sens précédent, De quiconque cherche à paraître ou feint d’être ce qu’il n’est pas ; et, dans cette acception, il se construit toujours avec un substantif, ou avec un adjectif pris substantivement. Faire le grand seigneur. Faire l’homme de bien. Faire le dévot. Faire l’homme d’importance. Faire l’habile. Faire le capable. Faire l’entendu. Faire le fin. Faire l’affligé. Faire le malade. Faire le mort. Faire le sourd. Faire le fou.
Il signifie également, Mettre de l’affectation à se montrer avec telle ou telle qualité. Faire le généreux, le magnifique. Faire l’aimable, le galant auprès des dames. Faire l’empressé. Faire le gentil. Faire le beau.
Il signifie souvent, Se donner certains airs, prendre certaines manières. Il veut faire le maître ici. Il fait l’impertinent. Il fait le fanfaron. Il fait le diable à quatre. Un petit garçon qui fait le mutin, l’entêté. Faire la sotte. Faire l’enfant. Faire le difficile. Faire l’exigeant. Faire le dégoûté.
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Faire, signifie aussi, Donner à une personne ou à une chose une qualité quelconque, la mettre dans un certain état. Sa dot la fait belle aux yeux de bien des gens. On les a faits tous pareils. Ce peintre fait en général les visages trop pâles. Vous avez fait cela bien gros, bien long, bien mince, bien court, etc. Cela le fera bien aise. Cela l’a fait beaucoup plus malade qu’il n’était. C’est à peu près dans le même sens qu’on dit : Faire les yeux doux, les doux yeux. Faire bonne mine, bon visage à quelqu’un. Faire mauvaise mine, grise mine. Faire contre fortune bon cœur. Faire patte de velours. Etc. (Voyez, vers la fin de l’article, un emploi analogue de Faire, joint au pronom personnel.)
Fig. et fam., Faire maison nette, Chasser tous ses domestiques.
Faire quelqu’un dupe, Le tromper. Il m’a fait dupe. Il m’a fait sa dupe.
En termes de Finances, Faire les deniers bons, Se rendre garant du payement d’une somme. Cette locution a vieilli. Au Jeu, Faire bon, Répondre qu’on payera ce qu’on perdra au delà de ce qu’on a au jeu. Faire bon partout. Faire bon de tout.
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Faire, dans le sens qui précède, se dit plus particulièrement, lorsqu’on parle Des personnes, par rapport Aux professions, aux titres, aux dignités, etc. ; et alors il est suivi d’un substantif. Il a fait son fils avocat, médecin. Sa mère l’a faite couturière. Le roi l’a fait chevalier de la Légion d’honneur. Il a été fait conseiller d’État, maréchal, pair, duc, etc. On l’emploie aussi, dans cette acception, avec le pronom personnel. Se faire prêtre, avocat, etc. Se faire catholique. Se faire mahométan. Se faire chef de parti.
Prov. et fig., L’occasion fait le larron, Souvent l’occasion fait faire des choses répréhensibles, auxquelles on n’aurait pas songé.
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Faire, se construit fort souvent avec la préposition de ou avec un équivalent, soit dans l’acception qui précède, soit dans le sens plus général de Changer, transformer en. Que ferez-vous de votre fils ? On veut faire d’elle une institutrice. De simple soldat qu’il était on le fit sergent. Celui dont il avait fait son ami, son confident, son ministre. Ce précepteur instruit mal son élève, il n’en fera qu’un pédant. Les mauvaises compagnies ont fait de ce jeune homme un fort mauvais sujet. On a fait de cet ancien théâtre une salle de bal. Ils font du plus noble des arts une profession mercenaire.
Prov. et fig., Faire d’une mouche un éléphant, Exagérer extrêmement une petite chose.
Prov. et fig., On ne saurait faire d’une buse un épervier, On ne peut faire d’un sot un habile homme.
Prov. et fig., Faire de cent sous quatre livres, et de quatre livres rien, Dissiper son bien en mauvais marchés.
Faire ses délices d’une chose, Y trouver beaucoup de plaisir, de charme, etc. Il fait toutes ses délices de l’étude.
Faire de quelque chose une obligation, un devoir, etc., L’imposer comme une obligation, etc. Pourquoi lui faire une obligation de ce qui doit être volontaire ? Je me fais un devoir de vous en prévenir. On dit à peu près de même, Se faire scrupule, se faire conscience de…
Faire gloire, faire vanité, se faire honneur de quelque chose, En tirer vanité, s’en tenir honoré. On dit dans un sens analogue, Faire un mérite de quelque chose à quelqu’un. Ne me faites pas un mérite d’une action si naturelle.
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Faire, suivi de la préposition de, signifie quelquefois particulièrement, Employer quelqu’un ou quelque chose, en disposer, en tirer parti de façon ou d’autre. Que voulez-vous que je fasse de cet homme-là ? il ne sait rien. Vous ne faites rien de ce meuble-là, vous n’en faites rien. Faites de cela ce que vous jugerez à propos. Il ne sait que faire de son temps. Je ne sais trop qu’en faire. Que faites-vous là de ces deux bras pendants ? Il ne savait que faire de sa contenance. Dans cette acception, il est souvent familier.
Prov. et fig., Faites-en des choux, des raves, Faites-en ce que vous voudrez.
Fig. et fam., Faire ce qu’on veut d’une personne, se dit en parlant D’une personne faible, facile, qui se prête volontiers aux désirs, aux vues d’une autre. C’est un homme dont on fait tout ce qu’on veut. C’est une femme difficile à gouverner, on n’en fait pas ce qu’on veut.
N’avoir que faire de quelqu’un ou de quelque chose, N’en avoir aucun besoin. Si vous n’avez que faire de ce livre, prêtez-le-moi. Ce sont des bagatelles dont je n’ai que faire. Il n’a plus que faire de maître. Il n’a plus que faire d’étudier, il en sait assez. Je n’ai que faire de vous présentement, allez où vous voudrez. On le dit aussi Pour marquer qu’on ne fait nul cas d’une personne ou d’une chose. Je n’ai que faire de lui ni de ses visites. On se sert encore de la même manière de parler Pour faire connaître qu’on désapprouve quelque chose, qu’on le trouve mauvais. Je n’ai que faire de vos discours. Je n’ai que faire d’en avoir la tête rompue. Je n’ai que faire qu’il m’aille mettre dans ses caquets, dans ses discours.
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Faire, signifie aussi, Dire, prétendre, publier qu’une chose est, en donner une certaine opinion. On le faisait mort, mais il se porte bien. On le fait riche, mais il ne l’est pas. On lui fait dire des choses auxquelles il n’a jamais pensé. On fait monter la perte des ennemis à tant. Il y a quelques relations qui font la perte moindre. Ils faisaient consister la vertu dans l’impassibilité. Avec le pronom personnel : Il se fait beaucoup plus malade qu’il ne l’est. Se faire plus riche, plus pauvre, plus jeune qu’on ne l’est réellement. Se faire fort de réussir : voyez Fort.
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Faire, en parlant De marchandises ou d’autres choses que l’on veut vendre, s’emploie Pour marquer le prix qu’on en demande. Combien faites-vous cette étoffe-là ? Vous la faites trop cher. C’est une maison p. 725qu’on fait cinquante mille écus. Il a un joli cheval qu’il fait mille francs.
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Faire, signifie aussi, Accoutumer, habituer. Les voyages l’ont fait à la fatigue. Il est fait au chaud et au froid. Nous sommes faits à vos plaisanteries, à votre badinage. Mon estomac n’est pas fait à ce genre d’aliments. Avec le pronom personnel : Il s’est fait à la fatigue dans ses voyages. Se faire au bruit. Se faire à tout. Se faire aux manières de quelqu’un.
Il signifie également, Former, façonner, perfectionner quelqu’un. Ce général a fait de bons officiers. Ce professeur a fait de bons écoliers. Les affaires font les hommes. Avec le pronom personnel : C’est un jeune homme qui se fera peu à peu. Ces jeunes magistrats se feront par la pratique des affaires.
Prov. et fig., Le bon oiseau se fait de lui-même, Un naturel heureux n’attend pas l’éducation pour se porter au bien.
Prov., Maison faite, et femme à faire, Il faut acheter une maison toute bâtie, et épouser une jeune femme qu’on puisse accoutumer à sa manière de vivre.
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Faire, se dit encore De deux ou de plusieurs choses qui, par leur union, leur assemblage, servent à former, à composer, à constituer un tout, une seule chose. Deux et deux font quatre. Toutes ces sommes ensemble font tant. Faire société. Deux lignes qui se coupent font un angle. Ces forêts, ces ruisseaux, ces montagnes, tout cela ensemble fait un beau pays. Les qualités qui font le grand homme.
Il se dit également De ce qui est l’essence d’une chose, de ce en quoi elle consiste. Ce qui fait la qualité du vin. Le spectacle faisait le beau de la fête. La clarté fait le principal mérite de son style. Voilà ce qui fait l’objet de mes recherches. Ce fils fait toute la joie de sa mère.
Prov. et fig., L’habit ne fait pas le moine, On ne doit pas juger des personnes par les apparences, par les dehors.
Prov. et fig., La belle plume fait le bel oiseau, La parure, les beaux habits relèvent la bonne mine.
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Faire, signifie aussi, Causer, attirer, exciter ; être l’occasion de quelque chose. Ce remède m’a fait beaucoup de bien. Cela lui a fait de grands maux, de grandes douleurs. Cela lui a fait une affaire dans le monde, lui a fait un procès, une querelle, lui a fait beaucoup d’ennemis. Sa langue lui a fait de méchantes affaires. Ces propos lui ont fait tort. Il s’est fait tort, il s’est fait préjudice à lui-même. Une femme qui a fait de grandes passions. Se faire des amis. Faire secte. Cela fait mal à voir. Faire peur. Faire honte. Faire peine. Faire pitié. Faire envie. Faire plaisir. Faire déplaisir. Faire du chagrin. Il ne faut faire de peine, de la peine à personne. Cette affaire-là fait grand bruit. Cette nouvelle a fait sensation dans le public. Cela fit une révolution. On dit à peu près dans le même sens : Faire des jaloux, des mécontents. Faire des heureux. Etc.
Prov. et fig., Faire la pluie et le beau temps, Disposer de tout, régler tout par son crédit, par son influence. Il est le maître dans cette maison, il y fait la pluie et le beau temps. Ce favori faisait la pluie et le beau temps.
Fig. et fam., Cela ne lui fait ni froid ni chaud, se dit D’un homme qui reste indifférent sur une affaire. Cela ne fait ni chaud ni froid, se dit De ce qui ne sert ni ne nuit à une affaire.
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Faire, se construit, dans un sens à peu près pareil, avec un infinitif ou avec un subjonctif, et se dit De tout ce qui est la cause prochaine ou éloignée de quelque chose, de tout ce qui donne lieu, de tout ce qui donne occasion à une chose, à une action. Un remède qui fait suer. L’opium fait dormir. Cela l’a fait durer un peu plus longtemps. C’est ce qui le fait vivre. Les remèdes l’ont fait mourir. On lui a fait souffrir de grands maux. Faire agir des personnes puissantes. Faire dire, faire savoir quelque chose à quelqu’un. C’est moi qui le lui ai fait connaître. Je les ai fait chercher partout. Faire bâtir. Faire faire un meuble. Se faire faire un habit ; etc. Faire imprimer un livre. Faire paraître un écrit. Cette femme s’est fait peindre. Sa partie l’a fait condamner aux dépens. Son insolence l’a fait disgracier. Faire entrer, faire sortir quelqu’un. Je l’ai fait entrer. La lettre qu’il m’a fait tenir, qu’il m’a fait passer, qu’il m’a fait parvenir. Cette tragédie a fait courir tout Paris. Faire marcher des troupes. Il ne put parvenir à se faire entendre. On n’a jamais pu lui faire entendre raison. Se faire aimer. Se faire haïr. Se faire dire une chose deux fois. C’est ce qui fait que je suis venu tard. C’est ce qui fait que les choses vont si mal. Cela ne fera que l’irriter davantage. Faites, je vous prie, que cela soit bientôt terminé. C’est à vous à faire que rien ne manque. Nous ferons en sorte qu’ils n’aient pas lieu de se plaindre. Pouvais-je faire que cela n’arrivât point ? Fasse le ciel que…
Faire à savoir, Faire savoir : il ne s’emploie que dans les proclamations, les publications, les affiches, etc. On fait à savoir que tels et tels héritages sont à vendre.
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Faire, se dit quelquefois pour Importer, concerner, être de quelque considération. Qu’est-ce que cela fait à la chose ? Cela ne fait rien à l’affaire. Cela ne fait rien, absolument rien. Qu’est-ce que cela lui fait ? Que me font ses propos ? Que peut vous faire l’opinion de ces gens-là ? Cela fait beaucoup, fait plus qu’on ne pense.
Fam., Qu’est-ce que cela fait là ? À quoi cela sert-il dans ce lieu-là ?
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Faire, s’emploie souvent d’une manière relative, avec la plupart des autres verbes ; et alors il tient la place et prend la signification du verbe auquel il se rapporte. Ainsi on dit : Cet homme n’aime pas tant le jeu qu’il faisait, Il ne l’aime plus tant qu’il l’aimait. Il danse mieux qu’il n’a jamais fait, Il danse mieux qu’il n’a jamais dansé. Il se soucie moins d’honneurs, de richesses, etc., qu’il n’aurait fait dans un autre temps, Il s’en soucie moins qu’il ne s’en serait soucié dans un autre temps. Il répondit comme les autres avaient fait, Il répondit comme les autres avaient répondu. Nous nous entretînmes de cette nouvelle comme nous aurions fait de toute autre chose, Comme nous nous serions entretenus de toute autre chose. Etc. – On ne doit pas confondre cet emploi avec un tour usité dans certains cas où Faire, conservant la signification qui lui est propre, celle d’Exécuter, d’opérer, d’effectuer, etc., régit le pronom le, qui se rapporte à un verbe précédent. Il voudrait partir, mais il ne peut le faire (faire cela, l’action de partir) sans autorisation. Quoiqu’il ait tous les moyens de vous obliger, il ne le fera pas.
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Faire, se dit absolument en parlant Des jeux de cartes où chacun donne les cartes à son tour, et De certains autres jeux où chacun tour à tour est obligé de faire quelque chose. À qui est-ce à faire ? C’est à vous à faire. Je viens de faire.
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Faire, s’emploie comme neutre dans le sens de Travailler, d’opérer, d’exécuter, d’agir. Faire bien. Faire mal. Il a fait en cela comme vous auriez fait. Il a fait de son mieux, tout de son mieux. Vous n’auriez pas fait mieux. Il ferait mieux, je crois, de rester. Comment faire ? Comment ferons-nous ? Il fait de cela (à l’égard de cela) comme de tout le reste. C’est ainsi qu’il fait de tout. Laissez-le donc faire, il saura bien se tirer d’embarras. Que ne le laisse-t-on faire ? Il n’en veut faire qu’à sa tête. Faire à qui mieux mieux. Il a tant fait, il a si bien fait, qu’il en est venu à bout. Il a si bien fait par ses sottises, qu’on a fini par le renvoyer. Si on le laisse faire, il sera bientôt maître de tout.
Prov., Comme il te fait, fais-lui, se dit Pour faire entendre qu’on peut rendre la pareille.
Avoir du savoir-faire. Voyez Savoir-faire, à son rang alphabétique.
Avoir fort à faire, Avoir beaucoup à travailler pour venir à bout de quelque chose. Vous aurez fort à faire, si vous entreprenez de le corriger. Il y a fort à faire dans cette entreprise.
C’est à faire à perdre deux cents francs, c’est à faire à être mouillé, etc., Tout ce que je risque, c’est de perdre deux cents francs, c’est d’être mouillé, etc. Ces phrases ont vieilli.
Fam., Il a fait à moi, il a fait avec moi, se dit De quelqu’un avec qui on a rompu, et avec qui on ne veut plus avoir de commerce. Cette phrase a vieilli.
Fam., C’est à faire à lui, se dit en parlant D’un homme qu’on reconnaît très-capable de faire une chose. C’est à faire à lui d’ordonner une fête.
Faire des armes, S’exercer à l’escrime.
Fam., Faire d’une chose comme des choux de son jardin, En disposer comme si on en était le maître, le possesseur.
Faire pour quelqu’un, Le suppléer, tenir sa place ; ou, dans un autre sens, Être son commissionnaire, son agent, sa caution. C’est un tel qui fait pour moi, lorsque je suis absent.
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Faire, neutre, signifie aussi, Avoir une influence, un effet quelconque. L’argent fait plus auprès de lui qu’aucune recommandation.
Il se dit particulièrement Des preuves, des raisons qui fortifient, qui confirment, ou qui affaiblissent, qui détruisent une assertion, une prétention, etc. Ce que vous dites là fait pour moi. Ce qui fait encore pour lui, c’est que… Voilà qui fait contre vous. Vous dites une chose qui ferait contre vous. Cela fait à ma cause. Ce sens a vieilli.
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Faire, neutre, se dit encore pour Être p. 726convenable, produire un effet agréable. Ces deux choses font fort bien ensemble. L’or fait bien avec le vert. Le bleu et le jaune font bien l’un avec l’autre. Ce tableau ne fait pas bien où il est ; il ferait mieux ailleurs.
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Faire, en termes de Grammaire, se dit Des mots, et signifie, Prendre telle ou telle forme, telle ou telle terminaison. Cheval fait au pluriel chevaux. Aimer fait au futur j’aimerai.
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Faire, a quelquefois le sens du verbe Dire. Je le croyais, fit-elle. J’irai avec vous, lui fis-je. Cette manière de parler a vieilli, et ne s’emploie que dans le langage familier.
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Faire, signifie en outre, familièrement, Se décharger le ventre. Cet enfant a fait dans sa chemise.
Activem., Ce malade fait tout sous lui, Il laisse aller ses excréments. Faire de l’eau, Uriner. Faire du sang, des glaires, etc., Rendre du sang, des glaires, etc., par les selles. Faire du sable, faire une pierre, Rendre du sable, une pierre avec l’urine.
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Faire, s’emploie impersonnellement, pour indiquer L’état de l’atmosphère, du temps, ou quelque phénomène, quelque révolution atmosphérique, etc. Il fait nuit. Il fait jour. Il fait chaud. Il fait froid. Il ne fait pas encore jour. Il fait beau. Il va faire beau. Il fera beau demain. Il fait beau temps. Il fait du vent. Il a fait tantôt un grand coup de vent, un grand coup de tonnerre. Il fait de la pluie, de l’orage. Il fait bon. Il fait frais. Il fait doux. Il fait sec. Sortirez-vous par le temps qu’il fait ?
Il s’emploie de même impersonnellement pour marquer La nature, l’état, la disposition, les qualités de certaines choses. Il fait cher vivre dans ce pays. Il y fait bon vivre. Il y fait bon. Il n’y fait pas sûr. Il vous fait beau voir être vêtu de la sorte à votre âge. Il ne fait pas bon se frotter à cet homme-là.
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Faire, s’emploie souvent avec le pronom personnel, et signifie, Être praticable, être produit, formé, executé, arriver, venir à être. Si c’est une chose qui se puisse faire, je vous en aurai obligation. Si cela se peut faire, je serai ravi. Ces choses-là ne se font pas aisément. Cela ne se fait qu’avec de grandes dépenses. Ce traité s’est fait secrètement. On croit que le mariage se fera bientôt. Si la paix se fait.
Prov., Paris ne s’est pas fait en un jour, se dit Pour exprimer qu’il y a des choses qu’on ne peut faire qu’avec beaucoup de temps.
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Faire, avec le pronom personnel, signifie aussi, familièrement, Devenir. Des arbres qui commencent à se faire beaux. Un enfant qui se fait grand. Nous nous faisons vieux sans nous en apercevoir. Se faire riche aux dépens d’autrui.
Fig., Se faire de fête, S’entremettre de quelque affaire, et vouloir s’y rendre nécessaire, sans y avoir été appelé. Je n’aime pas à me faire de fête.
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Faire, avec le pronom personnel, signifie absolument, S’améliorer, se perfectionner, se bonifier avec le temps. Ce jeune homme s’est fait depuis que je ne l’ai vu. Ce vin, ce fromage se fera.
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Faire, s’emploie aussi impersonnellement avec le pronom se ; et alors il se résout par les verbes Être, arriver. Il s’est fait beaucoup de fentes dans cette muraille. Il se fit un tremblement de terre. Il se fit un moment de silence. Il se fait bien des choses dont on ne peut pas se rendre raison. Se peut-il faire que vous n’en sachiez rien ? Il se pourrait faire que je ne vinsse point. On dit de même, Il se fait tard, il se fait nuit, Le jour commence à manquer, à baisser ; la nuit commence à venir.
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Faire, se prend quelquefois substantivement, comme dans cette phrase, Il y a loin du vouloir au faire.
Il se dit plus ordinairement, en termes de Peinture, de Gravure et de Sculpture, de La manière de peindre, de sculpter, de graver. Ce tableau est d’un beau faire, est d’un faire large et vigoureux.
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Fait, aite. participe. Ce tailleur vend des habits tout faits. Cet auteur a trouvé sa besogne toute faite dans tel ouvrage. Cela est fait et parfait. Un ouvrage fait à la main. Un dessin fait à la plume. Cela est fait de main d’homme. Fig., C’est un grand pas de fait.
Prov., Aussitôt dit, aussitôt fait, se dit Pour exprimer une grande promptitude dans l’exécution de quelque chose.
Prov., Cela vaut fait, Regardez la chose comme faite, soyez sûr qu’elle se fera. On dit dans le même sens : Tenez cela pour fait. Je tiens cela pour fait.
Est-ce fait ? se dit communément Pour demander si une besogne, si une affaire est achevée. C’est fait, se dit Pour avertir que la chose est faite. On dit aussi, C’est une affaire faite, surtout Lorsqu’on veut faire entendre qu’il n’y a plus à revenir sur la chose dont il s’agit.
C’est fait de moi, de lui, de nous, etc., Je suis perdu, il est perdu, nous sommes perdus. On dit aussi, C’en est fait, en parlant D’une affaire qui vient d’être conclue, d’être terminée, ou en parlant D’une personne qui vient de mourir. Il a conclu son marché, c’en est fait. Il a gagné son procès, c’en est fait. Il vient d’expirer, c’en est fait.
Fam. et par dépit, Cela est fait pour moi, semble fait pour moi, n’est fait que pour moi, Ce n’est qu’à moi que de tels malheurs, que de tels désagréments arrivent. On dit quelquefois de même, C’est un fait exprès, c’est comme un fait exprès.
Prov., Ce qui est fait n’est pas à faire, Quand on peut faire une chose, il ne faut pas différer à un autre temps.
Prov., Ce qui est fait est fait, se dit Pour engager à ne plus parler d’un malheur, d’une faute qu’il est impossible de réparer.
Être fait pour, Être propre à, être capable de. Cela se dit Des personnes et des choses, et tant en bonne qu’en mauvaise part. Cet homme n’est pas fait pour un pareil emploi. Il semble fait pour réussir en toutes choses. Me croit-il donc fait pour le servir ? Apprenez que je ne suis pas fait pour tromper. Cette nouvelle était faite, était bien faite pour l’affliger.
Comme le voilà fait ! se dit De quelqu’un qui est plus mal vêtu, plus négligé qu’à l’ordinaire, ou qui n’a pas si bon visage qu’il a accoutumé d’avoir. On dit quelquefois, figurément et familièrement, dans le premier sens, Être fait comme un voleur.
Prov., Être fait comme il plaît à Dieu, se dit D’une personne mal vêtue et de mauvais air.
Être bien fait, fait à plaisir, à ravir, fait à peindre ; et figurément, Être fait au tour, Être beau, de belle taille et de bonne mine. Dans le sens contraire, Être mal fait, Être laid, mal formé. Un homme bien fait et de bonne mine. Une femme bien faite. Cette jeune fille est faite au tour. Un grand homme mal fait. Un petit homme mal fait et malbâti. On dit de même, Être bien fait de sa personne. On dit encore, dans un sens analogue, Avoir la taille bien faite, mal faite ; la jambe mal faite, la jambe bien faite, faite au tour, etc.
Fig., Avoir la tête mal faite, l’esprit mal fait, Être bizarre, déraisonnable, sans jugement.
Prov. et par ironie, Cela lui rend la jambe bien faite, se dit en parlant D’une chose dont quelqu’un tire vanité, et qui ne lui est d’aucun avantage.
Un homme fait, Un homme qui est dans un âge mûr. On dit, C’est déjà un homme fait, en parlant D’un jeune garçon qui commence à devenir grand, à devenir sage.
Ce fromage est fait, n’est pas fait, Il est temps, il n’est pas temps de le manger.
Phrase faite, Façon de parler particulière qui est consacrée par l’usage, et à laquelle il n’est pas permis de rien changer. Avoir à cœur, est une phrase faite.
Ce mot est fait, n’est pas fait, Il est autorisé, il n’est pas autorisé par l’usage.
En termes de Marine, Vent fait, Vent qui ne varie plus, et qui paraît devoir durer. On dit de même, Temps fait.
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VOISINAGE ALPHABÉTIQUE
- faillible, adj.
- faillir, v. intr.
- faillite, n. f.
- failloise, n. f. [4e édition]
- faim, n. f.
- faim-valle, n. f. [7e édition]
- faine, n. f.
- fainéant, -ante, n. et adj.
- fainéanter, v. intr.
- fainéantise, n. f.
- faire, v. tr., intr., impers. et pron.
- faire-part, n. m. inv.
- faire-valoir, n. m. inv.
- fair-play, n. m. inv.
- fairway, n. m.
- faisabilité, n. f.
- faisable, adj.
- faisan, -ane, n.
- faisances, n. f. pl.
- faisandage, n. m.