maître

6e édition

MAÎTRE.

s. m.
↪ voir aussi : Maîtresse (n. f.)
■  Celui qui a des sujets, des domestiques, des esclaves. Bon maître. Mauvais maître. Rude maître. Maître fâcheux. Chercher maître. Servir son maître. Ce laquais a changé de maître. Il a perdu son maître. Cet esclave s’est sauvé de chez son maître.
Fam., Avoir bon maître, Être au service ou dans la dépendance d’un homme puissant par qui l’on peut être protégé.
Fig. et fam., Chercher maître, Ne pas savoir encore de quel parti on se rangera, quelle opinion on adoptera, soit en politique, soit en religion, etc. Ses sentiments ne sont pas encore arrêtés, il cherche maître.
Prov., par une façon de parler empruntée de l’Écriture, Nul ne peut servir deux maîtres, Il est difficile de vaquer à deux emplois à la fois, de mener de front deux affaires, etc.
Prov., Tel maître, tel valet, Les valets prennent les habitudes de leurs maîtres.
Prov. et fig., Qui a compagnon, a maître, On est souvent obligé de céder aux volontés de ses associés, des personnes avec qui l’on vit.
Mon maître, le roi mon maître, l’empereur mon maître, etc. Expressions qu’emploient ordinairement les ambassadeurs ou autres agents d’un souverain, en pays étranger, lorsqu’ils parlent de lui.
Maître, signifie aussi, Celui qui commande, qui domine, soit de droit, soit de fait. Dieu est le maître de l’univers. César se rendit maître de la république. Ayant battu les ennemis, il fut le maître de la campagne, il resta maître du champ de bataille. Agir, parler en maître. Chacun est maître, le maître chez soi. Maître de maison. Le maître de la maison.
Heurter, frapper en maître, Frapper à la porte d’une maison plusieurs coups de suite, ou seulement un coup très-fort. On dit de même, Sonner en maître.
Se rendre maître d’une place, d’une province, d’un poste, S’en emparer par la force, par la conquête.
Se rendre maître des esprits, des cœurs, Prendre de l’empire sur les esprits, gagner les cœurs.
Se rendre maître de la conversation, Y jouer le principal rôle, la diriger sur le sujet qu’on préfère.
Se rendre maître du feu, Arrêter les progrès d’un incendie. Être maître du feu, S’être assuré que le feu ne fera plus de progrès.
Être maître de ses passions, Les dompter, les vaincre. Être maître de soi, Se posséder. Il a été bien maître de lui dans cette occasion.
Cet écrivain, cet orateur, ce poëte est maître de son sujet, est maître de sa matière, Il la possède, et il est en état de la bien traiter.
Ce chanteur est maître de sa voix, Il la dirige avec facilité.
Être le maître, être maître de faire quelque chose, Avoir la liberté, le pouvoir de faire quelque chose. Vous êtes maître de choisir. Vous êtes le maître de venir chez moi quand il vous plaira. Vous êtes le maître d’y aller ou de n’y pas aller. On dit absolument, Vous êtes bien le maître ; et par civilité, Nous irons où il vous plaira, où vous voudrez, vous êtes le maître.
Prov., Trouver son maître, Avoir affaire à quelqu’un de plus fort, de plus habile que soi. C’était un querelleur, mais il a trouvé son maître. Il passait pour le plus habile joueur d’échecs de cette ville, mais il a trouvé son maître.
Vous êtes mon maître, se dit À celui par qui l’on a été vaincu, à un jeu, dans quelque exercice. On dit, à peu près dans le même sens : En musique, les Italiens sont nos maîtres. Les anciens sont nos maîtres en beaucoup de choses. Etc.
Maître, signifie encore, Propriétaire. Il est maître de cette terre, de ce château. Qui est le maître de ce cheval ? J’ai trouvé un cheval qui n’avait point de maître. Ce chien a tout de suite reconnu la voix de son maître.
Prov., L’œil du maître, La surveillance, la sollicitude du propriétaire. Il n’y a rien de tel que l’œil du maître. L’œil du maître serait nécessaire.
Fam., Il trouvera maître, se dit D’un cheval égaré, d’un bijou perdu, etc., et signifie, Il y aura quelqu’un qui le réclamera, ou qui se l’appropriera.
Prov., L’argent n’a point de maître, Rien ne fait connaître à qui appartient une pièce de monnaie perdue.
Maître, signifie en outre, Celui qui enseigne quelque art ou quelque science. Maître de langue, de langue française. Maître de français, de latin. Maître à danser. Maître de danse, de musique, de harpe, de violon, etc. Maître d’escrime, ou Maître d’armes. Maître de dessin. Il a appris d’un bon maître, sous un bon maître. Il n’a plus besoin de maître. C’est ce maître qui m’a montré les mathématiques. Le maître qui lui apprend à écrire.
Maître ès arts, Celui qui avait reçu, dans une université, les degrés qui donnaient pouvoir d’enseigner les humanités et la philosophie.
Maître de pension, Celui qui prend des enfants en pension pour les instruire.
Maître d’école, Celui dont l’école est destinée à donner aux enfants les connaissances les plus élémentaires. On dit aujourd’hui, Instituteur primaire.
Maître d’étude, Celui qui, dans un collége, surveille les élèves pendant les heures de travail et de récréation.
Fig., Le temps est un grand maître, Avec le temps on apprend beaucoup de choses qu’on ignore, qu’on ne peut prévoir.
Prov., Jurer sur la parole du maître, Adopter aveuglément et soutenir les opinions d’un homme à qui l’on a pour ainsi dire soumis sa raison.
Maître, s’est dit aussi de Celui qui, après avoir été apprenti, était reçu avec les formes ordinaires dans quelque corps de métier. Maître cordonnier, tailleur, maçon, charron. Il n’est pas maître. Il est passé maître. Il est fils de maître.
Il se dit encore aujourd’hui Des artisans qui emploient ou dirigent plusieurs ouvriers, qui ont des ateliers, qui font des entreprises, etc. Le devis du maître maçon. Chez quel maître travaille-t-il ?
Fig. et fam., Il est passé maître en fourberie, C’est un grand fripon, un grand fourbe.
Maître valet, maître garçon, maître clerc, Celui qui est le premier entre ses compagnons, dans une maison, dans une boutique, dans une étude.
En termes de Marine, Maître d’équipage, ou simplement Maître, Le premier sous-officier de manœuvre, qui a autorité sur toutes les personnes de l’équipage. On dit aussi, dans des sens analogues, Maître canonnier ; maître charpentier ; maître calfat ; etc. Le maître d’équipage a le pas sur les autres maîtres.
Maître des hautes œuvres, L’exécuteur de la haute justice, le bourreau. Maître des basses œuvres, Cureur de retraits, vidangeur.
Maître, se joint quelquefois, par exagération et familièrement, à certains termes d’injure. Maître fou. Maître sot. Maître coquin. Maître fripon.
Fam., Un maître homme, un maître sire, Un homme entendu, habile, qui sait se faire obéir, se faire servir.
Maître, signifie aussi, Savant, expert en quelque art. Il est grand maître, il est maître en éloquence, en poésie. Je m’en rapporte aux maîtres de l’art. Il écrit en maître. Coup de maître. Main de maître.
Il se dit, particulièrement, Des grands peintres. Les maîtres de l’école française, de l’école vénitienne. Les maîtres italiens et les maîtres flamands se ressemblent peu. Il a beaucoup étudié tel maître. Ce tableau est d’un grand maître. Ce maître est élève de Raphaël.
p. 151Les petits maîtres, Certain nombre graveurs qui sont ainsi désignés dans les catalogues d’estampes.
Maître, en termes de Palais et de Pratique, est aussi Un titre qu’on donne aux avocats, aux avoués et aux notaires. Maître N., n’avez-vous rien de plus à dire pour la défense de l’accusé ? Par-devant maître un tel et son confrère, notaires à Paris.
Prov. et fig., Compter de clerc à maître (on prononce le C final), Rendre compte des recettes et des dépenses qu’on a faites, sans autre responsabilité que celle de l’exactitude.
Prov. et en mauvaise part, Maître gonin, Homme rusé, fin et adroit. Ce sont des tours de maître gonin.
Pop., Maître aliboron, Homme ignorant, stupide, ridicule, qui ne se connaît en rien. C’est un maître aliboron.
Fig. et fam., Maître Jacques, Homme qui réunit plusieurs emplois dans une maison. Il est à la fois cuisinier, valet de chambre, cocher ; c’est un maître Jacques.
Fam., Petit-maître, Jeune homme qui se fait remarquer par une élégance recherchée dans sa parure, par des manières libres et un ton avantageux avec les femmes. C’est un petit-maître. Il fait le petit-maître.
Maître, est aussi Le titre des personnes revêtues de certaines charges. Maître des requêtes. Maître des comptes. Maître des cérémonies. Maître de la garde-robe. Maître d’hôtel du roi. On dit aussi : Grand maître des cérémonies. Grand maître de la garde-robe. Grand maître des eaux et forêts. Voyez Grand.
Maître du sacré palais. Titre d’un religieux dominicain, qui demeure dans le palais du pape, et qui a la principale autorité pour examiner les livres, et pour donner la permission d’imprimer. Ce livre porte l’approbation du maître du sacré palais.
Maître de chapelle, Celui qui est chargé de diriger le chant dans une église, et de former les enfants de chœur. Il se dit quelquefois pour Maître de musique, mais seulement en parlant Des orchestres d’Italie.
Maître, est encore Un titre qu’on donne aux chefs des ordres militaires, des ordres de chevalerie. Grand maître de l’ordre de Malte.
Grand maître de l’université de France. Titre donné, à diverses époques, au chef de l’université de France.
Maître, se prend quelquefois pour Premier ou principal, en parlant Des choses inanimées qui sont de même nature. Le maître autel. Le maître brin d’une plante.
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