pousser
6e édition
POUSSER.
v. a.■
Faire effort contre quelqu’un ou contre quelque chose, pour l’ôter de sa place. Pousser un homme hors de sa place. Ne me poussez pas tant. Vous poussez bien rudement. Pousser quelque chose avec la main, avec le pied. Poussez un peu cela vers moi. Pousser un fauteuil, une chaise, un lit. Pousser quelqu’un dans un précipice. Pousser quelqu’un dehors.
Pousser quelqu’un du coude, du genou, Le toucher doucement avec le coude, avec le genou, pour l’avertir de quelque chose, pour lui faire prendre garde à quelque chose.
Pousser les ennemis, Les faire reculer.
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Pousser, signifie, figurément, Faire avancer quelqu’un dans le monde, le faire monter en grade, lui faciliter les moyens de faire sa fortune. C’est un tel qui l’a poussé. Pour réussir dans cette carrière, il faut être poussé par des gens en crédit.
Il s’emploie quelquefois, en ce sens, avec le pronom personnel. Il s’est poussé dans le monde, dans le service, à la cour, dans les finances.
Fig., Pousser un écolier, un élève, Lui faire faire des progrès. Ce maître ne pousse pas assez ses élèves. Il l’a poussé assez loin dans les mathématiques.
Pousser un cheval, Le faire galoper à toute bride.
Fig. et pop., Pousser son bidet, Marcher rapidement vers la fortune. Il a bien poussé son bidet.
Prov. et fig., Pousser le temps avec l’épaule, Temporiser, tâcher de gagner du temps. Il signifie aussi, Se désennuyer comme on peut, en attendant le moment que l’on désire.
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Pousser, signifie aussi, Imprimer quelque mouvement à un corps, soit en le jetant, soit en le frappant. Il pousse bien une balle. Il pousse du premier coup jusqu’au tournant du mail. Vous avez poussé votre boule trop fort. Pousser un ballon avec le poing, avec le bras, avec le pied. Pousser le dé. Les vents ont poussé le navire dans le port, contre des récifs. Pousser la porte.
Pousser la porte au nez de quelqu’un, Empêcher quelqu’un d’entrer, en fermant la porte brusquement. Il voulait entrer dans la chambre, mais on lui poussa la porte au nez.
Pousser un clou dans une muraille, dans du bois, L’y faire entrer à force, en le frappant avec le marteau.
En termes d’Escrime, Pousser un coup de fleuret, un coup d’épée, une botte à quelqu’un, Lui porter un coup de fleuret, un coup d’épée, une botte.
Fig. et fam., Pousser une botte à quelqu’un, L’attaquer de paroles et le presser vivement.
Fig. et fam., Pousser sa pointe, Continuer ce qu’on a entrepris avec la même chaleur qu’on l’a commencé.
Pousser la voix, la pousser davantage, Parler plus haut. Il vieillit.
Pousser des cris, Crier. Pousser des soupirs, Soupirer.
En termes de Menuiserie et de Maçonnerie, Pousser des moulures, Former des moulures sur le bois, sur le plâtre, dans la pierre, avec les instruments convenables. Pousser une moulure à la main, au rabot.
En termes de Doreur sur cuir et de Relieur, Pousser des filets, des nervures, etc., Former sur le cuir ces sortes d’ornements, en y appliquant de l’or en feuilles par le moyen de roulettes ou de fers à dorer.
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Pousser, signifie aussi, Porter plus loin, reculer. Le morceau de terre qu’il vient d’acheter le force à pousser son mur de clôture plus loin. L’ordonnance sur l’alignement des rues l’oblige à pousser deux pieds plus loin la façade de sa maison. Ce prince a pousse jusqu’à tel fleuve les limites de son royaume.
Il signifie encore, Prolonger, étendre. Ce mur de clôture n’a pas assez d’étendue, il faut le pousser trois mètres plus loin. Il faudrait pousser ce parterre plus loin. Il faut pousser cette allée jusqu’à tel endroit. On a poussé la tranchée, la sape jusqu’à cent pas de la contrescarpe. Ce prince a poussé ses conquêtes bien loin.
Il s’emploie, figurément et au sens moral, dans la signification de Porter, étendre. Pousser la raillerie trop loin. Pousser l’impudence, l’effronterie, la fourberie jusqu’au bout. Pousser bien loin la magnificence, le courage, la constance, la patience. Pousser un raisonnement trop loin. Pousser trop loin ses pensées, son ambition, ses espérances, sa vengeance, sa haine. Il pousse la valeur jusqu’à la témérité, la libéralité jusqu’à la profusion. Il a bien poussé sa fortune. Il a poussé loin sa fortune.
Pousser ses succès, Les augmenter, les continuer.
Pousser son travail, S’en occuper avec ardeur, avec continuité, et de manière à le faire avancer vers sa fin. On dit de même, Pousser des travaux, les pousser avec activité.
Pousser jusqu’au bout l’aventure, Suivre jusqu’à son dénoûment, jusqu’à sa conclusion une aventure dans laquelle on s’est engagé.
Absol. et fam., Poussez, Allez toujours, continuez.
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Pousser, signifie aussi, figurément, Attaquer, offenser, choquer, presser. Vous me poussez trop. Si vous le poussez davantage, il sera obligé de se défendre. Il l’a poussé vivement dans la dispute.
Fig., Pousser quelqu’un à bout, Le mettre en colère, à force d’abuser de sa patience. Vous me poussez à bout. On dit de même, Pousser à bout la patience de quelqu’un.
En parlant D’une discussion, Pousser à bout quelqu’un, Le réduire à ne pouvoir répondre.
Fig., Pousser quelqu’un de questions, de plaisanteries, Le questionner beaucoup, le plaisanter beaucoup.
Fig. et fam., Pousser quelqu’un de nourriture, de bonne chère, Le faire trop manger. Il faut éviter de pousser les enfants de nourriture, de bonne chère. Il est poussé de nourriture, Il a beaucoup mangé. Avec le pronom personnel, Se pousser de nourriture.
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Pousser, signifie aussi, figurément, Engager fortement, induire, inciter. On l’a poussé à se fâcher, à se battre, à déshériter son fils. Je ne voulais pas faire cette acquisition, c’est lui qui m’y a poussé.
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Pousser, se dit en outre Des arbres et des plantes, dont les racines, les branches, les fleurs, etc., croissent, se développent. Les arbres commencent à pousser des boutons, des feuilles. Cet arbre pousse ses racines entre deux terres. Les petites branches que les arbres poussent au printemps sont ordinairement rougeâtres. La vigne pousse beaucoup p. 477de bois. Cet arbre pousse bien du bois, ne pousse que du bois.
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Pousser, est aussi verbe neutre. Il se dit De tout accroissement qui a lieu dans les arbres et dans les plantes. Les arbres commencent à pousser. Ces fleurs poussent déjà. Les blés ont déjà poussé.
Il se dit aussi De la barbe, des cheveux, du poil, des ongles, etc. Sa barbe, ses cheveux, ses ongles, ont beaucoup poussé pendant sa maladie. Le poil des chevaux pousse pendant l’hiver.
Il se dit, en Architecture, Des terres, des voûtes, etc., qui font effort, par leur poids, contre les constructions destinées à les soutenir. Les terres ont poussé contre le mur du quai, de la terrasse. L’arche a poussé contre les culées du pont. La voûte, l’arcade a poussé sur les murs.
Ce mur pousse en dehors, Il se jette en dehors, il fait un ventre, et menace ruine.
Fig. et fam., Pousser à la roue, Aider. Il aurait obtenu cette grâce, si quelqu’un avait poussé à la roue.
Pousser aux ennemis, Aller aux ennemis pour les charger. Il est vieux et ne se disait que De la cavalerie.
Fam., Pousser jusqu’à tel endroit, Continuer sa route, sa marche jusqu’à tel endroit. Nous poussâmes jusqu’à la ville. Poussons jusqu’à ce village, et là nous ferons une halte.
Ce tableau pousse au noir, Ses couleurs noircissent.
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Pousser, neutre, se dit aussi Des chevaux qui battent des flancs, lorsqu’ils ont la respiration difficile. Un cheval qui pousse. Ce cheval pousse beaucoup.
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Poussé, ée. participe.
Vin poussé, Vin gâté par une chaleur qui le fait fermenter hors de saison.
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VOISINAGE ALPHABÉTIQUE
- poussah, n. m.
- pousse [I], n. f.
- pousse [II], n. f. [6e édition]
- pousse-au-crime, n. m. inv.
- pousse-café, n. m. inv.
- pousse-cailloux, n. m. inv.
- pousse-cul, n. m. [6e édition]
- poussée, n. f.
- pousse-pieds, n. m. [7e édition]
- pousse-pousse, n. m. inv.
- pousser, v. tr. et intr.
- poussette, n. f.
- pousseur, -euse, adj. et n.
- poussier, n. m.
- poussière, n. f.
- poussiéreux, -euse, adj.
- poussif, -ive, adj.
- poussin, n. m.
- poussinière, n. f.
- poussoir, n. m.