tuer

6e édition

TUER.

v. a.
■  Ôter la vie d’une manière violente. Tuer d’un coup d’épée, à coups d’épée, d’un coup de pistolet, à coups de pistolet. Tuer à coups de bâton. Tuer un homme de sang-froid ; le tuer en traître. Tuer quelqu’un à son corps défendant. Tuer son homme. Tuer son ennemi de bonne guerre ; le tuer roide. Il a été tué à la guerre. Il a été tué d’un coup de canon. Il fut tué beaucoup de gens dans la dernière bataille. Avec le pronom personnel : Il s’est tué d’un coup de pistolet. Les deux adversaires ont tiré en même temps, et se sont tués l’un l’autre. On ne se sert point du verbe Tuer en parlant Des morts violentes par exécution de justice, ni en parlant De ceux qui ont été noyés, étouffés ou empoisonnés.
Il se dit aussi De toutes les morts violentes qui arrivent par accident, et de toutes les morts naturelles causées par des maladies. Une tuile lui tomba sur la tête et le tua. Il a été tué d’un coup de tonnerre. C’est un coup de fusil qui l’a tué. Une médecine prise à contre-temps l’a tué. Un coup de sang l’a tué. L’apoplexie l’a tué. Avec le pronom personnel, Un couvreur tomba du haut du toit, et se tua.
Il se dit pareillement De tout ce qui cause la mort. Ne vous fiez pas à ce charlatan, il vous tuera. La tristesse l’a tué. Ses débauches le tueront, s’il n’y prend garde. L’excès du travail tue un homme tôt ou tard.
Il se dit quelquefois, par exagération, Des choses qui fatiguent excessivement le corps, ou qui peuvent altérer la santé. Il porte de trop grands fardeaux, cela le tue. Le chagrin le tue. Vous tuez votre cheval de le mener toujours au grand galop. Avec le pronom personnel : Vous vous tuez à mener une pareille vie. Il se tue à force de boire. Il se tue à force de travailler, à force de travail. Elliptiq., Il se tue de travail.
Il se dit encore, par exagération, De tout ce qui incommode, de tout ce qui importune extrêmement. Il me tue avec ses compliments, avec ses discours ennuyeux. Ce récit est d’une longueur qui tue. Le grand bruit me tue.
Fam. et par exagérat., Se tuer le corps et l’âme, et absolument, Se tuer, Se donner beaucoup de peine. Il s’est tué le corps et l’âme pour amasser de l’argent. On se tue de lui remontrer son devoir. Il se tue à étudier les langues. Il se tue à rimer.
Fam., Se tuer à plaisir, Faire sans nécessité des choses évidemment nuisibles à sa santé.
Fam. et par exagérat., On s’y tue, se dit en parlant D’une grande affluence de monde en quelque endroit. La pièce nouvelle a un succès fou, on s’y tue.
Fig., Tuer un auteur ; tuer son original, son modèle, Le surpasser au point de le faire oublier.
Fig., en termes de l’Écriture, Le péché tue l’âme, Il la dégrade, la souille, et lui fait perdre le bonheur éternel.
Fig., La lettre tue, et l’esprit vivifie, Pour bien comprendre une loi, un précepte, etc., souvent, au lieu de s’attacher servilement au sens de telle expression, il faut chercher à saisir la pensée, l’intention de l’auteur. Cela se dit aussi en parlant Des traducteurs serviles.
Tuer, se dit aussi en parlant Des animaux que les bouchers égorgent ou assomment. Tuer des bœufs. Tuer des moutons. On dit, dans le langage familier : Ce boucher tue de meilleure viande que tel autre. En été, les bouchers tuent leur viande pendant la nuit. Dans le même sens, Tuer se dit quelquefois absolument. Ce boucher ne tue qu’une fois la semaine.
Il se dit, dans un sens analogue, en parlant D’autres animaux. Tuer des poulets, des pigeons. Tuer des lapins, des perdrix, etc. Nous avons chassé toute la journée, et nous n’avons rien tué.
Il signifie également, Faire périr, détruire, en parlant Des arbres, des plantes, des insectes, etc. Le grand froid a tué la plupart des oliviers, a tué les vers à soie.
Fig. et fam., Cela tue l’effet du spectacle ; cela tue tout le plaisir de la partie, Cela le contrarie, le détruit, le réduit à rien.
Fig. et fam., Tuer le temps, S’amuser à des riens, afin de passer le temps sans ennui.
À tue-tête. loc. adv. On ne l’emploie guère que dans ces phrases familières, Crier à tue-tête, disputer à tue-tête, Crier, disputer de toute sa force.
Tué, ée. participe.
Fam. et en parlant De dispute, Être tué, Être réfuté complétement, n’avoir plus rien à répliquer. Si vous dites cela, vous êtes tué. Êtes-vous assez tué ? Je ne me tiens pas pour tué encore. Dans ce sens, on emploie plus ordinairement le mot Battu.
Vous pouvez cliquer sur n’importe quel mot pour naviguer dans le dictionnaire.