aller

7e édition

ALLER.

v. n. Conjugaison : (Je vais, tu vas, il va ; nous allons, vous allez, ils vont. J’allais. J’allai. Je suis allé. J’irai. J’irais. Va. Que j’aille, que tu ailles, qu’il aille ; que nous allions, que vous alliez, qu’ils aillent. Que j’allasse. Allant. Allé. L’expression Je vas, pour Je vais, ne s’emploie que rarement, et dans le langage familier. On dit quelquefois, Je fus, j’ai été, j’avais été, j’aurais été, pour J’allai, je suis allé, je serais allé : voyez le verbe Être.)
■  Se mouvoir, se transporter ; être mû, transporté d’un lieu à un autre. Il s’applique aux personnes et aux choses, et s’emploie de diverses manières, selon les divers rapports sous lesquels on considère l’action qu’il exprime. Ainsi on dit :
1° Sous le seul rapport du mouvement : Ne faire qu’aller et venir. Marchez, allez donc. Ce pauvre homme ne peut plus aller, tant il est fatigué. Les planètes vont continuellement.
2° Relativement au terme, au but où tend le mouvement : Aller à Rome, en Italie, au Japon, aux Indes. Aller à la ville, à la campagne. Aller au marché, à la fontaine, à l’église. Aller d’un lieu à un autre. Aller de ville en ville, de porte en porte. Y va-t-il ? Vas-y. Les fleuves vont à la mer.
Ce chien va à l’eau, Il s’y jette volontiers, quand on le lui commande.
3° Relativement à l’espace que l’on parcourt : Aller près. Aller loin. Aller à trois lieues. Je vais à deux pas.
4° Relativement à la nature du mouvement, à sa rapidité ou à sa lenteur : Aller vite. Aller doucement. Aller clopin-clopant. Aller comme le vent. Aller en courant. Aller à grands pas, à petits pas. Ce cheval va au trot, au galop ; il va le pas, l’amble, le grand galop ; il va bon train. Aller terre à terre. Le vaisseau allait à pleines voiles.
5° Relativement à la direction du mouvement : Aller en avant, en arrière, à reculons, de côté, tout droit. Aller de travers. Aller à tâtons. Aller devant soi, droit devant soi. Les nuages vont ce matin du levant au couchant. Aller contre le courant de l’eau. Aller contre vent et marée.
6° Relativement à l’endroit où se fait le mouvement : Aller sur la terre, sur le pavé, sur la chaussée. Aller sur l’eau, dans l’eau. Aller sur une planche. Aller par monts et par vaux.
7° Relativement à la voie, au chemin qui mène vers un but : Aller par terre, par eau, par mer. Aller par le chemin le plus court, par un chemin de traverse. Aller par la grande route, par un sentier. Aller à travers les bois, à travers champs.
Au figuré : Aller bien, Être dans le bon chemin. N’aller pas bien, N’être pas dans le bon chemin. Ce jeune homme va bien. Cet écolier ne va pas bien.
8° Relativement au moyen de transport : Aller à pied, à cheval, en voiture, en bateau, p. 53par la diligence. Aller en poste. Aller sur un pied, ou à cloche-pied.
9° Relativement à la cause qui fait mouvoir : Ces bâtiments vont à voile et à rame. Les girouettes vont selon le vent. Aller par force. Aller de bon cœur.
10° Relativement à l’ordre qu’ont ou que doivent avoir entre elles les personnes ou les choses : Aller ensemble. J’irai à Paris avec vous. Vous irez à Rome après moi. Aller à la file les uns des autres. Aller les uns après les autres. Aller de compagnie. Aller en troupe. Aller par troupes.
Aller de pair, Être égal, être pareil. Il va de pair, pour la dépense, avec les gens les plus riches. Cicéron va de pair avec Démosthène. Ces deux avocats vont de pair.
Aller, est souvent suivi d’une préposition et de son complément qui indique Le motif ou la fin de l’action. Aller à la messe, au sermon, à confesse. Aller à la promenade, au bal, au spectacle. Aller à la guerre, à l’armée, à un siège. Aller à la chasse, à la pêche, en vendange. Aller en ambassade, en pèlerinage. Aller au-devant de quelqu’un, à la rencontre de quelqu’un. Aller aux nouvelles. Aller à la découverte. Aller à sa perte, au supplice, à la mort. Aller du mal au bien.
Aller au combat, S’avancer pour combattre. Aller à l’ennemi, aux ennemis, S’avancer vers les ennemis pour les combattre, pour les charger : cela ne se dit proprement que quand les armées sont à la portée l’une de l’autre, ou en présence. Aller au feu, S’exposer au feu des ennemis, s’exposer à essuyer leur feu. Ce soldat va au feu gaiement et sans crainte.
Aller au bois, à l’eau, etc., Aller en quelque endroit pour s’y pourvoir de bois, d’eau, etc. On dit de même, Aller à la provision.
Ce vase va au feu, Il résiste à l’action du feu, on y peut faire cuire ou chauffer quelque chose sans craindre qu’il se casse, qu’il éclate. On dit dans un sens analogue, Cette étoffe va à la lessive, etc.
Aller au roi, au ministre, à l’évêque, etc., S’adresser au roi, au ministre, à l’évêque, etc. Pour cela il vous faut aller au ministre. On a dit aussi, Aller au devin, Aller le consulter.
Cette affaire s’en va au diable, à tous les diables, se dit D’une affaire qui tourne mal, qu’on regarde comme manquée, comme perdue. Allez au diable, à tous les diables, est une expression d’impatience, de colère, une sorte d’imprécation.
Aller aux opinions, aux voix, Recueillir les opinions, les voix. On dit de même, Aller aux avis.
Aller aux informations, aux renseignements sur quelqu’un, S’adresser à ceux qui peuvent donner des renseignements sur quelqu’un.
Aller au plus pressé, S’occuper d’abord de l’affaire qui souffrirait le plus d’un retardement.
En terme d’Escrime, Aller à la parade, Parer un coup.
Aller, est quelquefois suivi d’un infinitif exprimant aussi Le motif ou la fin de l’action. Aller se promener. Aller travailler. Aller étudier. Aller savoir des nouvelles de quelqu’un. Aller le trouver. J’irai lui parler. Va t’en informer. Vas en savoir des nouvelles. Allez me chercher cela.
Allez vous promener, qu’il aille se promener, se dit Lorsqu’on s’impatiente contre un importun, lorsqu’on se met en colère contre quelqu’un.
Aller, suivi d’un infinitif, sert aussi à marquer qu’Une chose est sur le point d’être faite, d’avoir lieu. Nous allons voir ce qu’il dira. Ils vont partir. Je vais y aller. Elle va chanter, danser. Allez-vous recommencer vos doléances ? Le jour va finir. Un homme qui va mourir. Le sermon va commencer. On va se mettre à table. J’allais me coucher quand il est venu. La contestation allait finir lorsque vous êtes parti. Il jugea que l’affaire allait se terminer heureusement.
Aller, se joint quelquefois au participe présent, pour exprimer, avec l’idée d’un mouvement, celle d’une prolongation, d’une certaine durée de l’action que le participe indique. Un ruisseau qui va serpentant. Il allait criant par la ville.
Fig., Le mal, l’inquiétude, etc., va croissant, va toujours croissant, Croît de plus en plus. On dit aussi, Aller en augmentant, en diminuant, en déclinant, etc.
Aller, se dit aussi en parlant Du mouvement particulier de certaines choses qui appartiennent aux arts. Une montre qui va trente heures. Cette horloge va bien, va mal. Ce ressort, cette machine ne va plus. Faire aller un moulin. Il y a quelque chose qui empêche la roue d’aller. On dit dans un sens analogue, Son pouls va bien, Le mouvement de son pouls est bien réglé.
Il se dit pour marquer L’écoulement du temps, et la durée du temps qui a été employé à quelque chose. Le temps s’en va. Son discours n’ira qu’à une demi-heure. Ces ouvriers vont bien lentement. Ce bâtiment-là est allé fort vite. Ce cheval va sur quatre ans, Il aura bientôt quatre ans.
Il se dit aussi pour marquer L’étendue de certaines choses. La forêt va depuis le village jusqu’à la rivière. Cette montagne va jusqu’aux nues. Ses cheveux lui vont jusqu’à la ceinture. Son manteau va jusqu’à terre.
Il sert également à marquer Où mène un chemin, où il aboutit. Ce sentier va à la fontaine. Ce chemin va droit à la ville.
Il sert de même à indiquer La manière dont une chose est située ou figurée. Cette allée va en pente, va en montant, va serpentant. Cette pièce de terre va en pointe. Cela va en rond. Cette étoffe va de biais, Elle est taillée de biais.
Il se dit quelquefois pour indiquer À quoi se montent des nombres, des sommes, des supputations. Ce calcul va bien haut. Les nouvelles levées vont à trente mille hommes. La dépense ira plus loin qu’on ne croit.
Aller, sert aussi à marquer, tant au propre qu’au figuré, Le progrès, en bien ou en mal, des personnes ou des choses. Cela va. Cela ira. Vous n’allez pas. Cet écolier a bien de la peine à aller. Il n’y a point d’homme dont l’esprit aille jusque-là. Son imagination va si loin qu’elle se perd. Le raisonnement des plus habiles ne va pas bien avant. Cette vengeance est allée trop loin. Son amour va jusqu’à la folie. C’est un homme qui ira bien loin dans les arts, dans les sciences. Cette affaire ira plus loin qu’on ne pense. Cela va de mal en pis. Sa santé va de mieux en mieux. Ce malade va plus mal. Une maison qui va en décadence.
Cette chose va de suite, elle doit aller de suite, Elle est la conséquence naturelle, nécessaire de telle autre chose.
Aller, sert particulièrement à désigner La fin, le résultat de quelque chose. Tous ses vœux vont à la paix, vont au bien de l’État. Toute son entreprise est allée en fumée, est allée à rien. Cette affaire va là. Cette affaire peut aller à vous perdre. Cela va à vous déshonorer.
Cela va trop loin, cela pourrait aller trop loin, se dit Lorsque les personnes qui discutent ensemble commencent à s’échauffer un peu trop. On dit aussi, C’est aller trop loin que de…, C’est faire ou dire trop, c’est passer les bornes raisonnables, que de…
Aller, se dit également en parlant De l’état bon ou mauvais de certaines choses. Comment va votre santé ? Comment allez-vous ? Il va bien. Comment vous en va ? Tout va bien. Le commerce ne va pas, ne va plus. Ses affaires vont bien, vont mal, ne vont pas trop bien. Sa digestion va bien, va mal. Le feu va, Il brûle convenablement.
Il ne peut plus aller, ou Il va encore, se dit D’un homme âgé ou infirme.
Aller, se dit encore pour signifier La manière dont on agit, dont on se comporte en de certaines choses ; et, dans cette acception, on l’emploie souvent avec la particule y. Aller vite en besogne. Il ne faut pas reprendre avec aigreur, il faut y aller doucement. Il n’y faut pas aller si rudement. La chose est bonne en elle-même, mais il faut y aller avec de grandes précautions. Il y va de bonne foi. Il y va à la bonne foi, tout à la bonne foi. Aller contre la volonté, contre les intentions, les ordres de quelqu’un. Aller à la fortune par des voies honorables, par de mauvaises voies. Aller aux grands emplois par la faveur. Aller d’abord aux grands desseins. C’est un homme qui va droit en tout. Il va au fait. Aller droit au fait.
C’est un homme fait pour aller à tout, C’est un homme qui, par son mérite, par ses talents, est fait pour arriver aux plus hauts emplois ou aux plus grands honneurs.
Aller, sert en outre à marquer La manière dont une chose est faite, est mise, est disposée, la manière dont elle sied à quelqu’un ; et alors il se dit surtout De ce qui regarde l’habillement. Un chapeau qui va mal. Cet habit ne va pas bien. La couleur feuille-morte ne va pas bien aux brunes. Sa perruque lui va mal.
Ces choses vont bien ensemble, vont bien l’une avec l’autre, Elles conviennent bien ensemble. Le bleu et le rose vont bien ensemble. Ces deux couleurs vont bien l’une avec l’autre. Cette couleur va bien avec telle autre. Ces deux chevaux vont bien ensemble.
Cette chose va bien à telle autre, sur telle autre, Mise, appliquée sur telle autre, elle y produit un effet agréable. Cette garniture va bien à cette robe. Ce ruban va bien à votre chapeau. Cette broderie va très bien sur ce fond-là.
Cette chose va à telle autre, signifie aussi, Elle s’y adapte, elle s’y ajuste bien. Cette clef va, ne va pas à cette serrure. On dit de même : Ces bottes me vont, ne me vont pas. Ce chapeau est trop grand, trop petit, il ne peut m’aller. Etc.
Ces choses vont ensemble, se dit De certaines choses qui sont appariées, et qui ne se vendent point, qui ne s’emploient pas séparément. Ces deux gants-là vont ensemble. Ces deux bas vont l’un avec l’autre. Ces quatre estampes vont ensemble.
Cela va par-dessus le marché, se dit D’une chose donnée gratuitement, en considération d’un marché conclu, d’une vente faite.
Aller, mis à l’impératif, sert également à faire des souhaits, des exhortations ou des menaces, et à marquer de l’indignation. Allez en paix. Allons, enfants, courage. Va, malheureux. Va, misérable. Allez, n’avez-vous p. 54point de honte ? Allez, vous me faites horreur ! Allez, je vous retrouverai.
Il sert quelquefois à affirmer avec plus de force. Ainsi on dit : Allez, nous en viendrons à bout. Il fera votre affaire, allez. N’allez pas vous imaginer, n’allez pas croire, Ne vous imaginez pas, ne croyez pas.
Aller, se dit, à quelques Jeux de cartes, comme le brelan et les autres jeux de renvi, en parlant De ce que l’on hasarde au jeu. De combien allez-vous ? J’y vais de cinq francs. Il y va de son reste. Va mon reste. Va tout.
Aller, joint à la particule y, et employé comme verbe impersonnel, sert à marquer De quoi il s’agit, de quelle importance est la chose dont on parle. Quand il devrait y aller de tout mon bien. Songez qu’il y va de votre fortune. C’est une affaire où il y va de l’intérêt public. Dans cette affaire il n’y allait pas moins que de son honneur et de sa vie. Souvenez-vous qu’il y va du salut éternel. Lorsque, dans cette signification, l’on se sert du temps Irait, on supprime, pour l’euphonie, la particule y. Quand il irait de tout mon bien, quand il irait de ma vie ; et, en général, dans tous les sens du verbe Aller, la particule y se supprime devant les temps Irais et Irai. Avez-vous été à Paris ? J’irai. Ira-t-il à Rome ? Il ira.
Aller, s’emploie aussi comme impersonnel, étant précédé de la particule en. Ainsi on dit : Il en va de cette affaire-là comme de l’autre, Il en est de cette affaire-là comme de l’autre. Il n’en ira pas de cela comme vous pensez, Il n’en sera pas de cela comme vous pensez.
Aller, signifie quelquefois, Faire ses nécessités naturelles. Le remède qu’il a pris l’a fait aller cinq ou six fois.
Aller par haut, Vomir. Un remède qui fait aller par haut et par bas.
Aller, précédé du verbe Laisser, forme une locution qui signifie, Ne pas empêcher d’aller, ou simplement, Ne plus retenir, lâcher. Je le laisse aller où il veut. On a laissé aller le prisonnier. Je vais crier, si vous ne me laissez aller. Laissez-la donc aller. On les a toutes laissées aller. Laissez aller cette corde.
Laisser tout aller sous soi, Ne pouvoir retenir ses excréments. Ce malade, cet enfant laisse tout aller sous lui.
Fig. et fam., Laisser tout aller, Négliger entièrement ses affaires, ou la gestion, l’administration dont on est chargé.
Se laisser aller, Ne pas faire la résistance qu’on pourrait ou qu’on devrait faire, s’abandonner. Se laisser aller à l’entraînement de la coutume. Se laisser aller au torrent. Se laisser aller à la tentation. Se laisser aller aux mauvais exemples. Se laisser aller à la douleur, à la tristesse, au désespoir. Je me suis laissé aller à ses prières, à ses sollicitations. Se laisser aller à la faveur, aux présents. Elle s’est laissée aller à sa passion.
Absol., Cet homme se laisse aller, C’est un homme facile, et on fait de lui tout ce qu’on veut. Cela se dit aussi D’un homme qui se néglige, qui ne prend aucun soin de sa personne.
Aller, précédé du verbe Faire, forme une locution qui signifie, Obtenir de quelqu’un des services qu’il ne doit pas, et par extension Donner à quelqu’un des espérances imaginaires, le leurrer par des promesses illusoires ; en un mot, abuser de la faiblesse de quelqu’un, se moquer de lui. Il s’entend à faire aller son monde. Il m’a bien fait aller. Comme elle le fait aller ! Il est familier.
Aller, joint avec le pronom personnel et la particule en, signifie, Partir, sortir d’un lieu. Il s’en va. Ils s’en iront bientôt. Il s’en est allé. Elles s’en sont allées. Il faut que tout le monde s’en aille. Allez-vous-en. Allons-nous-en d’ici. Va-t’en. Va-t’en porter ma lettre.
Il s’emploie aussi en parlant Des choses et signifie, S’écouler, se dissiper, s’évaporer. Ce tonneau de vin s’en va, Le vin qui est dans ce tonneau s’écoule, s’enfuit. Tout le vin s’en ira par là, si on n’y prend garde. La fumée s’en va par la chambre. Si l’on ne bouche bien cette fiole, tout l’esprit-de-vin s’en ira.
Il se dit pareillement De tout ce qui cesse d’être dans un sujet, ou qui commence à se passer, à s’effacer. On ne croit pas que sa fièvre s’en aille sitôt. Son mal s’en va peu à peu. Son rhumatisme s’en est allé par les sueurs. Sa beauté s’en va. L’éclat de son teint commence à s’en aller.
Il se dit également De tout ce qui se dissipe, se consume, s’use en quelque manière que ce soit. Tout son argent s’en va en procès. Tout son temps s’en est allé à cette affaire. Voilà un habit qui s’en va.
Il se dit de même en parlant Du déclin de la vie, des approches de la mort. Les jeunes gens viennent, et les vieillards s’en vont. Cet homme est bien mal, il s’en va, il s’en ira avec les feuilles. Ce malade s’en va. On dit dans le même sens, Cet homme s’en va mourir, s’en va mourant.
Fam., Faire en aller (avec ellipse du pronom personnel), Faire que quelqu’un ou quelque chose s’en aille. Faire en aller les punaises, les rousseurs, la fièvre. Une pierre pour faire en aller les taches.
Fam., Cette chose s’en va faite, Elle est sur le point d’être achevée. La messe s’en va dite. Le carême s’en va fini.
Il s’en va onze heures, il s’en va midi, etc., Il est bien près de onze heures, de midi, etc.
Il s’en va temps, Il est temps. Il s’en va temps, il s’en va grand temps qu’il parte.
Aux Jeux de cartes, S’en aller d’une carte, Se défaire d’une carte, la jouer. Allez-vous-en de votre carreau. Je m’en suis allé de mon roi de pique. S’en aller des plus hautes cartes.
Au Jeu de trictrac, S’en aller, Annoncer que le coup est fini, et qu’on va en commencer un autre.
Aller, s’emploie dans diverses phrases proverbiales et familières.
C’est un las d’aller, se dit D’un homme mou, paresseux et lâche.
Fig., Aller son chemin, Poursuivre son entreprise, ne se pas détourner de la conduite qu’on a commencé à tenir. Aller son petit bonhomme de chemin, Vaquer à ses affaires, poursuivre ses entreprises tout doucement et sans éclat. Aller son grand chemin, N’entendre point de finesse à ce qu’on fait, à ce qu’on dit. Aller le droit chemin, Procéder avec sincérité, sans nulle tromperie.
Fig., Il ne faut pas aller par quatre chemins, Il faut s’expliquer franchement, il ne faut pas chercher tant de détours.
Aller vite en besogne, Agir avec précipitation. N’allez pas si vite en besogne.
Fig., Aller aux nues, Avoir un succès éclatant. Cette tragédie, cette comédie est allée aux nues.
A force de mal aller, tout ira bien, Il faut espérer qu’après beaucoup de malheurs et de disgrâces, il arrivera quelque changement heureux.
Fig., On va bien loin depuis qu’on est las, Il ne faut pas se rebuter, se décourager dans les affaires.
Fig. et prov., Tant va la cruche à l’eau qu’enfin elle se casse, Une action hasardeuse, souvent répétée, finit par devenir funeste.
Tous chemins vont à Rome, Divers chemins mènent au même endroit ; et, figurément, Divers moyens conduisent à la même fin.
Fig., Les premiers vont devant, Les plus diligents ont toujours de l’avantage.
Fig., Il va comme on le mène, Il n’est pas capable de prendre une résolution de lui-même.
Fig., Il s’en est allé comme il était venu, Il n’a rien fait de ce qu’il voulait ou devait faire.
Cela va tout seul, La chose est aisée, elle n’offre point, elle ne souffre point de difficulté. Cela va comme il plaît à Dieu, C’est une affaire négligée, mal menée, dont on ne prend aucun soin. Tout va à la débandade, Tout va en désordre.
Cela va sans dire, Cela va de soi, C’est une chose tellement certaine, incontestable, ou tellement claire, naturelle, qu’il est inutile d’en parler, de la dire, de l’expliquer. On dit, dans le même sens, Il va sans dire que…
Fig., Tout s’en est allé en fumée, On n’a pas réussi.
Fig., Tout y va, la paille et le blé, On n’y a rien épargné.
N’y pas aller de main morte, Frapper rudement ; et, au figuré, Mettre de la rudesse, de la violence dans une discussion verbale ou par écrit.
Y aller rondement, y aller de franc jeu, y aller bon jeu, bon argent, Parler, agir sans détour, franchement, loyalement.
Aller, se prend substantivement dans quelques locutions. Au long aller petit fardeau pèse, Il n’y a point de charge si légère qui ne devienne pénible à la longue. L’aller et le retour. Un billet d’aller et de retour.
Le pis aller, Le pis qu’il puisse arriver, le moindre avantage qu’on puisse avoir. S’il ne réussit pas dans sa nouvelle carrière, son pis aller sera de rentrer dans celle qu’il a quittée. Si vous ne trouvez mieux, je serai votre pis aller.
Au pis aller, se dit adverbialement Du plus grand mal ou du moindre avantage qui puisse résulter de quelque chose. Au pis aller, il en sera quitte pour une amende.
Allé, ée. part. passé.
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