couper

7e édition

COUPER.

v. a.
■  Trancher, séparer, diviser un corps continu, avec quelque chose de tranchant. Couper en deux. Couper en morceaux. Couper par pièces. Couper du pain. Couper de la viande. Couper du papier. Couper avec un couteau, avec des ciseaux, avec un canif, avec un sabre, avec une hache, etc. Couper un câble. On lui a coupé un bras, une jambe. Couper le cou, couper la tête à quelqu’un. Couper le nez, les oreilles. Couper le poing. Se couper la gorge avec un rasoir. Couper de l’herbe. Couper les blés. Couper du bois. Couper les bois. On coupe ce bois de neuf ans en neuf ans. Se faire couper les cheveux. p. 423Couper les ailes à un oiseau. Ce morceau d’étoffe a été coupé à la pièce.
À couper au couteau, se dit De choses plus épaisses, plus consistantes qu’elles ne devraient l’être. C’est un brouillard à couper au couteau. Ce vin est à couper au couteau.
Il signifie quelquefois, Tailler suivant les règles de l’art. Il s’entend bien à couper les pierres. Couper un habit, un manteau. Couver une robe.
Il est aussi neutre en parlant Des instruments qui servent à couper certaines choses. Ce couteau, ce rasoir coupe bien, ne coupe pas.
Couper un rocher, une maison, etc., En enlever, en démolir une partie. On a coupé la montagne en cet endroit, pour que le chemin y passât. Il faudrait couper cette maison pour qu’elle fût sur l’alignement. Couper en talus le bord d’un chemin, d’un fossé.
Couper un cheval, un chien, un chat, etc., Le châtrer.
Fam., Couper la bourse à quelqu’un, Lui voler adroitement sa bourse ou d’autres choses qu’il avait sur lui.
Fig. et fam., Couper la bourse à quelqu’un, Tirer de l’argent d’une personne qui n’a pas envie d’en donner. Il s’est laissé couper la bourse pour avoir la paix, pour se délivrer des importunités de cette personne.
Prov. et fig., Couper l’herbe sous le pied à quelqu’un, Le supplanter dans quelque affaire.
Fig., Couper le mal à sa racine, L’extirper. On dit quelquefois dans le même sens, Couper pied, couper racine. Il faut couper pied à cet abus.
Fam., Je lui couperai bras et jambes, je lui couperai les oreilles, se dit par exagération et par menace.
Fig. et fam., Couper bras et jambes à quelqu’un. Voyez Bras.
Couper la gorge à quelqu’un, L’égorger, le tuer. Les voleurs lui coupèrent la gorge. On dit populairement dans le même sens, Couper le sifflet à quelqu’un. (Voyez à Gorge les autres emplois de la locution Couper la gorge.)
Fig. et fam., Couper le sifflet à quelqu’un, Le rendre muet, le mettre hors d’état de répondre.
Couper, signifie quelquefois seulement, Entamer la chair, y faire une incision. Vous m’avez coupé au petit doigt.
Il s’emploie dans ce sens avec le pronom personnel. Elle s’est coupée à la main. Il s’est coupé jusqu’à l’os, jusqu’au vif.
Il se dit particulièrement Des personnes grasses, et surtout des enfants, lorsque leur chair se fend dans les plis qu’elle forme. Cet enfant se coupe.
Ce drap, ce velours, etc., se coupe, Ce drap, etc., s’use promptement aux endroits où il s’est formé des plis.
Ce cheval se coupe, Il s’entre-taille des pieds de devant ou des pieds de derrière.
Couper dans le vif, se dit Des chirurgiens qui, en faisant leurs opérations, coupent jusque dans la chair vive. Il faut couper dans le vif.
Fig., Couper dans le vif, Rompre tout à coup des relations nuisibles, ou Prendre des mesures énergiques dans une affaire, etc. Si l’on veut extirper cet abus, il faut couper dans le vif. Il signifie aussi, Se priver tout d’un coup et absolument d’une chose qui fait beaucoup de plaisir, et à laquelle on est très sensible.
Couper, se dit quelquefois, dans un sens particulier, Du froid, lorsqu’il fait gercer les lèvres. Le froid m’a coupé les lèvres. Avoir les lèvres coupées du froid, toutes coupées du froid.
Fig., Ce vent coupe le visage, se dit D’un vent froid qui fouette dans le visage.
Couper, signifie aussi, Traverser, diviser, partager. Leurs vaisseaux ne purent couper la ligne ennemie. Une chaîne de montagnes coupe toute cette province. Ce pays est coupé par de nombreux canaux, est coupé de grandes routes dans tous les sens. Je couperai cette pièce en deux par une cloison, en y faisant établir une cloison.
Couper l’eau, Fendre l’eau en nageant. Couper le courant, Le traverser à la nage ou en bateau.
En termes de Marine, Couper la lame, se dit D’un bâtiment dont l’avant court sur la lame et la traverse. Couper l’équateur, Passer d’un hémisphère dans l’autre en traversant l’équateur.
Fig., Couper à quelqu’un sa journée, sa semaine, etc., Déranger le plan d’occupation qu’il s’était fait pour la journée, pour la semaine, etc. Les visites que je suis obligé de recevoir coupent mes journées, me coupent tout mon temps.
Couper, signifie aussi Barrer, intercepter, rendre impraticable. Couper le cours d’une rivière, d’un ruisseau. Couper une route, un passage. Il coupa les ponts pour empêcher l’ennemi de passer.
Couper chemin, couper le chemin à quelqu’un, Se mettre au-devant de lui sur son chemin, pour l’empêcher de passer.
Fig., Couper chemin à quelque chose, En arrêter, en empêcher le cours, le progrès. Il fallut abattre une maison pour couper chemin à l’embrasement. On a voulu couper chemin aux chicanes par la nouvelle loi. Couper chemin à une maladie, à la fièvre, à la gangrène. On dit aussi simplement : Couper la fièvre, couper le feu, couper un incendie.
Fig., Couper quelqu’un, Le traverser, le passer, le devancer. Nous marchions et son carrosse nous coupa.
Couper les eaux à une place assiégée, Couper les canaux, les conduits des fontaines qui portent de l’eau à la ville.
Couper les vivres à une ville assiégée, à une armée, etc., Fermer les avenues, pour empêcher qu’on ne lui porte des vivres.
Fig. et fam., Couper les vivres à quelqu’un, Lui retrancher l’argent, les moyens de subsister, etc.
En termes de Guerre, Couper les ennemis, Se mettre entre une partie de leur armée et une autre partie, ou entre leur armée et la place qu’ils couvraient. Les assiégés, ayant fait une sortie, furent coupés par les nôtres. Leur avant-garde ayant passé la rivière, passé tel défilé, nos gens la coupèrent. On dit aussi dans le même sens, Couper la communication d’une ville, d’un quartier, etc., Se poster de manière qu’on ne puisse y envoyer du secours.
Couper par le plus court chemin, par le plus court, par un sentier, Aller par le chemin le plus court, etc. On dit aussi, Couper à travers champs.
Fig. et fam., Couper court, Abréger son discours. Monsieur, point tant de paroles, coupez court.
Fig. et fam., Couper court à quelqu’un, Le quitter brusquement, en lui faisant une réponse brève et décisive. Il voulait entrer en discussion, je lui coupai court.
Fig. et fam., Couper court à une chose, En finir avec une chose, l’empêcher de se continuer. Pour couper court à toutes ces insinuations, il résolut d’en venir à une explication nette. On dit dans le même sens, Couper cours : Voyez Cours.
Couper la parole à quelqu’un, L’interrompre en prenant la parole, ou Lui imposer silence.
Les sanglots, les soupirs, etc., lui coupent la parole, la voix, L’empêchent de parler, de s’exprimer d’une manière suivie.
En termes de Musique, Couper les sons, Marquer un silence entre chaque son, dans les expressions de douleur, d’abattement ou d’admiration.
À la Paume, Couper le coup, Pousser la balle de manière qu’elle ne fasse point de bond.
En termes d’Escrime, Couper la mesure, La dégager.
Couper, se dit particulièrement D’une chose qui se croise avec une autre. Cette route coupe celle d’Orléans. La ligne droite qui coupe deux autres lignes droites parallèles se nomme Sécante. Un plan qui en coupe un autre. On dit dans un sens analogue, qu’Un solide est coupé par un plan, etc.
Il s’emploie dans les mêmes sens comme verbe réciproque. Ces deux chemins, ces deux lignes, ces deux plans se coupent.
Il s’emploie aussi figurément, comme verbe réfléchi, dans le sens de Se contredire, se démentir soi-même dans ses discours. Il s’est coupé dans son interrogatoire, dans ses réponses. On se coupe aisément quand on ne dit pas la vérité.
Couper, en termes de Chasse, se dit Des chiens qui abandonnent la voie pour devancer la bête ; ce qui est un défaut.
Couper, en termes de Danse, Faire le pas qu’on nomme Coupé. Coupez, coulez, etc.
Couper, signifie aussi, Mêler un liquide avec un autre de force moindre. Couper du vin blanc avec du vin rouge. Couper son vin avec de la tisane.
Absol., Couper son vin, couper du lait, Y mêler de l’eau.
Couper, aux Jeux de cartes, Séparer un jeu de cartes en deux, avant que celui qui a la main donne. J’ai mêlé les cartes, coupez, coupez net.
Couper, au jeu du Lansquenet, Prendre carte et se mettre au nombre des joueurs. Il coupait. Il ne coupait pas.
Coupé, ée. part. passé. Cheval coupé. Boire du lait coupé.
Pan coupé, Surface qui remplace l’angle à la rencontre de deux pans de mur. Faire un pan coupé à l’angle d’une rue. Un salon à pans coupés.
Pays coupé, Pays traversé de fossés, de canaux et de rivières.
Style coupé, Style dont les phrases sont courtes et peu liées.
Cette strophe, cette stance est bien, est mal coupée, Les repos y sont bien, y sont mal observés. On dit de même, Cette phrase est bien, est mal coupée.
En termes de Blason, Coupé, parti, tranché, etc.
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