couper
COUPER
conjugaison verbe transitif et intransitifÉtymologie : xie siècle. Dérivé de coup. Au sens propre « diviser d’un coup », d’où « couper ».
I.
I. Verbe transitif.
1.
Entailler, blesser.
Un silex l’a coupé au genou.
La lame m’a coupé légèrement le doigt.
Pron.
Se couper la joue, le menton en se rasant.
Se couper jusqu’à l’os, jusqu’au vif.
Spécialement. En parlant d’un cheval.
S’entretailler, se heurter les jambes en marchant et se blesser avec les fers.
Cette jument se coupe.
En parlant d’un tissu.
Se fendiller.
Ce drap, ce velours se coupe, s’use aux endroits où se forment les plis.
Fig. et fam. En parlant d’une personne.
Se trahir dans ses propos, se démentir soi-même.
Le témoin s’est coupé dans ses réponses.
▪ Par analogie.
Le froid me coupe les lèvres, y provoque des gerçures.
La bise lui coupait le visage, lui cinglait durement le visage.
2.
Trancher, sectionner.
Un éclat d’obus lui a coupé l’aorte.
On lui a coupé la tête, le cou, la gorge.
Marque de domaine : chirurgie.
Couper une jambe, un bras, l’amputer.
Couper le cordon ombilical.
Couper dans le vif, inciser avec un bistouri les chairs mortifiées et tailler jusqu’à la chair saine pour vider un abcès ou extirper une tumeur et, fig., recourir à des mesures radicales pour assainir une situation.
Si l’on veut en finir avec cet abus, il faut couper dans le vif.
Couper le mal à sa racine, à sa naissance, à sa source même.
– Marque de domaine : médecine vétérinaire.
Couper la queue, les oreilles d’un chien, les griffes d’un chat.
Par métonymie.
Couper un chien, un cheval, le châtrer.
Un chat coupé.
– Marque de domaine : technique.
Couper un boulon, un panneau de métal avec des cisailles.
Couper du papier avec un massicot.
▪ Par analogie. Marque de domaine : tennis. Marque de domaine : tennis de table.
Couper une balle, lui donner de l’effet.
▪ Expr. fig. et fam.
Couper les ailes à quelqu’un, l’arrêter dans son essor, le décourager.
Cet échec imprévu lui a coupé les ailes.
Couper les ailes à un canard, démentir une fausse nouvelle.
Couper les jambes à quelqu’un, l’épuiser.
Couper bras et jambes à quelqu’un, briser son énergie, le laisser sans ressort.
Cette maladie m’a coupé bras et jambes.
Couper les griffes à quelqu’un, le rendre inoffensif.
Je vais vous couper les oreilles, si vous continuez, je me vengerai.
J’en donnerais, j’en mettrais ma tête, ma main à couper, j’en suis absolument certain.
Couper ses effets à quelqu’un, l’empêcher de se faire valoir.
Cette actrice coupe souvent leurs effets à ses partenaires.
Pop.
Couper le sifflet à quelqu’un, le réduire au silence, le mettre hors d’état de répliquer.
3.
Ôter, retrancher une partie d’un ensemble ; séparer.
Couper un pan de montagne pour construire une route.
Il faudrait couper une aile de cette maison pour la mettre à l’alignement.
Couper un virage pour améliorer le tracé d’une route.
Couper les angles, les arrondir et, fig., trouver des compromis.
C’est un excellent diplomate, il excelle à couper les angles.
Couper un passage dans un livre, une scène dans un film, les supprimer.
Couper quelqu’un de, l’éloigner, l’isoler de.
La guerre l’avait durant quatre ans coupé de sa famille.
Transplanté à la ville, il souffrait d’être coupé de ses racines campagnardes.
Couper l’ennemi de ses bases de ravitaillement.
Pron.
Se couper de quelqu’un, le perdre de vue, cesser toute relation avec lui.
Se couper de quelque chose, perdre le contact avec elle.
La division s’est coupée de ses arrières.
4.
Rompre, interrompre.
L’orage a coupé les lignes téléphoniques.
Un éboulis, une chute de neige, une coulée de boue vient de couper la route du col, de la rendre impraticable.
Couper la route à quelqu’un, se mettre en travers de son chemin, lui barrer le passage.
Les gendarmes ont établi un barrage pour couper la route.
L’état-major a décidé de couper les ponts pour retarder l’avance ennemie.
Expr. fig.
Couper les ponts avec quelqu’un, rompre toute relation avec lui.
Marque de domaine : sports.
En athlétisme, cyclisme, hippisme, etc.
Couper la ligne d’un adversaire, se rabattre brusquement devant lui pour l’arrêter ou le freiner dans sa course.
– Marque de domaine : militaire.
Couper les vivres à une armée, à une ville assiégée, interrompre son ravitaillement en barrant ses accès et, fig., couper les vivres à quelqu’un, cesser de subvenir à ses dépenses, à son entretien.
Couper la retraite à l’ennemi, lui interdire tout mouvement de repli.
▪ Spécialement.
Interrompre une communication, une opération, un circuit, un service, etc.
Marque de domaine : télécommunications.
Couper une conversation téléphonique, l’interrompre inopinément.
Notre conversation a été coupée et, par métonymie et fam., nous avons été coupés.
Absolument.
Ne coupez pas, je vous prie !
– Marque de domaine : mécanique.
Couper l’allumage, le contact, interrompre le circuit électrique du moteur.
Couper les gaz d’un moteur à explosion.
– Marque de domaine : administration.
Couper l’eau, le gaz, l’électricité, lorsque les factures n’ont pas été acquittées ou pour une réparation.
Couper le téléphone, retirer à un abonné l’usage de sa ligne téléphonique.
▪ Par analogie.
Couper la parole à quelqu’un, l’interrompre dans son discours.
Ne me coupez pas sans cesse la parole.
Couper la fièvre, la faire tomber brusquement.
Couper l’appétit, ôter sur-le-champ toute envie de manger.
Couper la soif, la faim.
Cela m’a coupé toute envie de continuer.
Couper le souffle à quelqu’un, le mettre hors d’haleine et, fig., le laisser interdit de surprise, d’admiration.
Les quatre étages m’ont coupé le souffle.
Une histoire, un spectacle à vous couper le souffle !
5.
Traverser, croiser.
Une chaîne de montagnes coupe toute cette région.
Leurs vaisseaux ne purent couper la ligne ennemie.
Ce pays est coupé par de nombreux canaux.
Cette route coupe celle d’Orléans.
Un carrefour dangereux où plusieurs voies se coupent.
Marque de domaine : géométrie.
Les trois hauteurs d’un triangle se coupent en un même point.
Ces deux plans se coupent.
– Marque de domaine : vènerie.
Couper la voie, en parlant des chiens, ne pas suivre la voie, mais la traverser pour rejoindre plus tôt l’animal de chasse qui fait des détours.
Il faut empêcher les chiens de couper la voie.
En parlant des chasseurs, passer trop tôt sur la voie.
▪ Spécialement.
Couper l’eau, s’y ouvrir un passage à la nage ou en bateau.
Couper le courant, traverser un cours d’eau dans sa largeur.
Couper la lame, en parlant d’un navire, courir sur la lame et la traverser.
Couper l’équateur, passer d’un hémisphère dans l’autre en franchissant la ligne de l’équateur.
▪ Par analogie.
Couper un liquide, le mélanger avec un autre.
Couper le lait, l’étendre d’eau, le mouiller.
Couper son vin avec de l’eau.
Marque de domaine : œnologie.
Couper un vin, le mélanger avec d’autres vins ou alcools pour en modifier la force et le goût.
6.
Découper en morceaux.
a. Partager.
Couper un gâteau en parts égales.
Couper du pain, un melon, de la viande en tranches.
Couper du saucisson en rondelles, des champignons en lamelles.
Fig.
Un brouillard à couper au couteau, très dense.
Iron.
Il n’a pas inventé le fil à couper le beurre, il n’est pas très malin.
Expr. fam.
Pour vous, il se ferait couper en morceaux, il est prêt à tous les sacrifices.
Se couper en quatre, ne pas ménager ses efforts.
Couper les cheveux en quatre, se perdre en distinctions inutilement subtiles.
Couper la poire en deux, recourir à un compromis.
b. Diviser.
L’autoroute en projet couperait en deux ma propriété.
La Seine coupe Paris en deux.
Couper une pièce par une cloison, une pelouse par une allée.
Durant la Seconde Guerre mondiale, de 1940 à 1942, la France fut coupée en deux par la ligne de démarcation.
Fig.
Dans cette affaire, l’opinion est coupée en deux.
▪ Marque de domaine : jeux de cartes.
Couper les cartes, diviser le paquet en deux et placer au-dessus les cartes qui étaient au-dessous.
c. Interrompre, ponctuer.
Couper l’action d’une comédie, d’un vaudeville par des danses, des chansons.
Couper une conversation de longs silences.
Son récit était coupé de soupirs, de sanglots.
Marque de domaine : prosodie.
Couper un vers par une césure à l’hémistiche, par des césures secondaires, pour en marquer le rythme, la cadence.
Par extension. Marque de domaine : jeux de cartes.
Couper une carte, s’en rendre maître en jouant un atout.
Avec mon sept de trèfle, j’ai coupé son as de carreau.
Absolument.
Couper à pique, à cœur.
Je coupe !
7.
Abattre, élaguer, faucher, moissonner.
Couper un arbre, une branche, une haie, un taillis avec une hache, un sécateur, une cisaille, une serpe.
Couper les foins, les chaumes, l’avoine, le blé.
« Nous n’irons plus au bois, les lauriers sont coupés… », paroles d’une vieille chanson française.
Couper une fleur, la cueillir.
Couper de l’herbe pour les lapins.
Expr. fig.
Couper l’herbe sous le pied de quelqu’un, lui couper l’herbe sous le pied, le devancer et l’empêcher de réussir dans une entreprise, le supplanter.
Couper l’arbre pour en avoir les fruits, sacrifier l’avenir au profit immédiat.
8.
Tailler selon les règles de l’art.
Marque de domaine : couture.
Couper un vêtement, tailler les morceaux de tissu avant de les assembler.
Couper un costume, un pardessus, une robe.
Un pantalon, un veston, un gilet bien coupé.
Absolument.
Couper d’après un patron.
Couper sur mesures.
Couper dans le droit fil.
Couper dans le biais, en plein biais.
– Marque de domaine : coiffure.
Couper les cheveux, les raccourcir en leur donnant un certain agencement, une certaine forme.
Se faire couper les cheveux en brosse, selon la dernière mode.
Se faire couper la barbe, la moustache, les faire tailler.
– Marque de domaine : technique.
Couper la pierre, le marbre, le verre.
Couper une vitre, une glace avec un diamant.
– Marque de domaine : architecture.
Pan coupé, surface plane qui remplace l’angle à la rencontre de deux pans de mur.
– Marque de domaine : travaux publics.
Couper en talus les bords d’un chemin, d’un fossé.
II.
II. Verbe intransitif.
1.
Avoir du tranchant.
Ce couteau, cette lame, ces ciseaux ne coupent plus.
2.
Prendre un raccourci.
Pour gagner le bord de la rivière nous avons coupé à travers champs.
Couper par un sentier, par le plus court chemin ou, elliptiquement, par le plus court, au plus court.
Expr. fig.
Couper court à quelqu’un (vieilli), le quitter brusquement en lui faisant une réponse brève et décisive.
Couper court à quelque chose, l’empêcher de se prolonger.
Il vaut mieux couper court à cet entretien, à ce marchandage, y mettre un terme.
Absolument.
Juger bon de couper court, d’abréger un récit, des explications, un exposé.
3.
Loc. fam.
Couper à, échapper à quelque chose de déplaisant, l’éviter.
Il a l’art de couper à toutes les corvées.
Vous ne couperez pas à une punition.
Expr. pop.
Ne pas y couper de.
Vous n’y couperez pas d’une amende, d’une contravention.
Couper dans, se laisser prendre, se laisser tromper par quelque chose, y croire naïvement.
Il coupe dans tous les boniments.
4.
Marque de domaine : escrime.
Changer de ligne en levant rapidement l’épée au-dessus de celle de l’adversaire.
Voir aussi
- [Terminologie (FranceTerme)] :
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VOISINAGE ALPHABÉTIQUE
- coupe-feu, n. m. inv.
- coupe-file, n. m. inv.
- coupe-gorge, n. m. inv.
- coupe-jarret, n. m.
- coupe-légumes, n. m. inv.
- coupellation, n. f.
- coupelle, n. f.
- coupeller, v. tr.
- coupe-ongles, n. m. inv.
- coupe-papier, n. m. inv.
- couper, v. tr. et intr.
- coupe-racines, n. m. inv.
- couperet, n. m.
- couperose, n. f.
- couperosé, -ée, adj.
- coupe-tête, n. m. [7e édition]
- coupeur, -euse, n.
- coupe-vent, n. m. inv.
- couplage, n. m.
- couple, n.
CONJUGAISON
je | coupe |
tu | coupes |
il, elle | coupe |
nous | coupons |
vous | coupez |
ils, elles | coupent |