devoir

7e édition

[I.] DEVOIR.

v. a. Conjugaison : (Je dois, tu dois, il doit ; nous devons, vous devez, ils doivent. Je devais. Je dus. J’ai dû. Je devrai. Je devrais. Que je doive. Que je dusse. Devant.)
↪ voir aussi : [II.] Devoir (n. m.)
■  Être obligé à payer une somme d’argent, à rendre ou à donner quelque chose que ce soit. On l’emploie souvent absolument. Devoir une somme d’argent. Devoir mille écus de rente. Devoir par obligation. Devoir par contrat de constitution. Devoir plus qu’on n’a vaillant. C’est un homme qui doit beaucoup. Devoir tant de boisseaux de blé. Devoir tant de journées de travail. Doit monsieur un tel à un tel, pour fournitures… Devoir du retour.
Prov., Devoir plus d’argent qu’on n’est gros ; devoir à Dieu et à diable, à Dieu et au monde ; devoir au tiers et au quart ; devoir de tous côtés, Devoir beaucoup, avoir beaucoup de dettes.
Prov., Qui doit a tort, La loi est toujours contre le débiteur. Qui a terme ne doit rien, On ne peut être obligé de payer avant que le terme soit échu.
Prov., Quand on doit, il faut payer ou agréer, Il faut donner à son créancier de l’argent, ou du moins de bonnes paroles.
Prov. et fig., Qui nous doit nous demande, se dit Lorsqu’on a sujet de se plaindre de la personne même qui se plaint.
Prov. et fig., Il croit toujours qu’on lui en doit de reste, Il n’est jamais content de ce qu’on fait pour lui.
Fig. et fam., Il m’en doit, ou Je lui en dois, Il m’a offensé, il m’a joué un tour, je m’en vengerai.
Prov. et fig., Ils ne s’en doivent guère, se dit De deux personnes qui ont d’aussi mauvaises qualités l’une que l’autre, ou qui ont eu également des torts à l’égard l’une de l’autre. On dit de même, En fait d’injures, de mauvais procédés, ces deux hommes ne s’en doivent guère.
N’en devoir guère, n’en devoir rien, signifie aussi, Ne pas céder à un autre en bonnes qualités, en beauté, etc. Les bords de la Seine n’en doivent rien à ceux de la Loire.
Doit, s’emploie dans les livres de compte, par opposition au mot Avoir, et désigne La partie d’un compte où l’on porte ce qu’une personne doit, ce qu’elle a reçu. On appelle aussi, dans un autre sens, Doit et avoir, Le passif et l’actif.
Devoir, signifie encore, Être obligé à quelque chose par la morale, par la loi, par sa condition, par la bienséance, etc. Un fils doit respect à son père. Il ne doit compte de ses actions à personne. On doit obéissance aux lois. Devoir une visite à quelqu’un. Vous lui devez des égards, des ménagements. Un homme d’honneur doit tenir sa parole. Vous devriez vous conduire autrement. Il ne devrait pas abandonner ses parents. On le dit quelquefois Des choses. La loi doit une égale protection à tous les citoyens.
Prov. : Va où tu peux, mourir où tu dois. Fais ce que dois, advienne que pourra.
Avec le pron. person., Cela se doit, se dit De ce qui doit être, de ce qu’on est obligé de faire.
Devoir, signifie en outre, Être redevable à, tenir de. Le code que nous devons à ce prince. Il vous doit son bonheur, son salut, sa fortune. Racine doit beaucoup à Euripide. Corneille doit à Sénèque la belle scène d’Auguste et de Cinna. L’auteur a dû le succès de sa pièce au talent des acteurs. Cette colline doit son nom à un événement qu’on nous raconta. On le dit quelquefois en parlant De choses fâcheuses, funestes. Je lui dois tous mes maux.
Devoir, se dit aussi Pour marquer qu’il y a une espèce de justice, de raison, de nécessité, etc., qu’une chose soit. Un bon ouvrier doit être plus employé qu’un autre. Il me semble que cela devrait les réconcilier. Il devrait y avoir une garnison dans cette ville.
Il se dit également De ce qui paraît vraisemblable, probable, plus ou moins certain. La campagne doit être belle maintenant. Il a dû partir ce matin. Le législateur doit avoir prévu ce cas. Il doit être bien agréable de… Il doit y avoir entre eux beaucoup de différence. À la vie que mène cet homme, il doit être bien riche. On doit avoir bien froid avec un habit aussi léger.
Il se dit encore Pour marquer qu’une chose arrivera infailliblement. Tous les hommes doivent mourir. Le terme de son ban doit expirer dans deux jours.
Il se dit pareillement De ce qu’on croit, ou qu’on présume, ou qu’on suppose qui arrivera. Le courrier doit être ici dans peu de jours. Je dois recevoir cette somme après-demain. Le bonheur que doivent goûter les élus. Quand même je devrais y périr. En supposant que je dusse y périr. Il doit y avoir demain une assemblée générale.
À l’imparfait du subjonctif, et en tête de la phrase, il s’emploie dans le sens de Quand même. Dussé-je y périr ; dût ma fortune être anéantie, Quand je devrais y périr, etc.
Il se dit aussi Pour marquer l’intention qu’on a de faire quelque chose. Je dois aller demain à la campagne.
Devoir, s’emploie avec le pronom personnel régime indirect, dans le sens d’Être obligé. On se doit à soi-même de respecter les bienséances. Je me devais de faire cette démarche. Un honnête homme sait ce qu’il se doit.
Il s’emploie également avec le pronom personnel régime direct ; et alors il signifie, Être tenu de se dévouer, de se sacrifier. On se doit à sa famille, à sa patrie, à ses amis. Vous vous devez à vos enfants.
Dû, ue. part. passé. Les sommes dues par un tel. La pitié due au malheur. Il s’emploie aussi substantivement. Voyez Du à sa place alphabétique.
En termes de Pratique, Jusqu’à due concurrence, Jusqu’à concurrence de la somme, de la quantité dont il s’agit. Un acte en due forme, Acte rédigé conformément à la loi.
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