dire

7e édition

DIRE.

v. a. Conjugaison : (Je dis, tu dis, il dit ; nous disons, vous dites, ils disent. Je disais ; nous disions. Je dis. J’ai dit. Je dirai, tu diras, il dira ; nous dirons. Je dirais. Dis, disons, dites. Que je dise. Que je disse. Disant.)
■  Exprimer, énoncer, expliquer, faire entendre par la parole. Dire un mot. Ne dire mot. J’ai quelque chose à vous dire. Dire le nom de quelqu’un. Voici ce qu’il a dit. Qui vous dit le contraire ? Vous dis-je le contraire ? Comme disait Socrate. On a dit de ce prince qu’il était le plus honnête homme de son royaume. Que vous a-t-il dit de moi ? Dire du bien, du mal de quelqu’un. Dire son avis, son sentiment. Dire ses raisons. Il ne dit pas tout ce qu’il pense. Dire la vérité. On ne dit pas les choses si crûment. Je lui ai tout dit. Il dit tout ce qu’il sait. Il ne sait ce qu’il dit. Quoi que vous me disiez, je p. 548ne puis croire que… Je vous l’avais bien dit. Que ne le disiez-vous ? Ce n’est pas là ce que j’ai voulu dire. Je ne sais ce qu’il veut dire. Faites attention à ce que vous dites. Dire beaucoup en peu de mots. Dire un secret. Dire des duretés, des injures, des extravagances, des saletés, des impiétés. Ils se sont dit des injures. C’est le vin qui lui fait dire tout cela. Qui vous a dit de le faire ? Allez lui dire que je l’attends. Partez, vous dis-je. Il a, m’a-t-on dit, l’intention de partir. Oui, dit-il, j’y consens. Dites-moi, quand partez-vous ? Dis, cela ne te plairait-il point ? Je l’aime plus que je ne puis dire. Nous lui fîmes ce reproche, il sortit sans mot dire. On l’emploie quelquefois absolument. Laissez dire, et allez toujours votre train.
Il s’emploie également en parlant De ce qu’on énonce par écrit. Je vous ai dit dans ma dernière lettre, que… Ainsi que nous l’avons dit plus haut. Cet auteur a dit là-dessus d’excellentes choses. On supposa un écrit dans lequel on lui faisait dire que…
Il peut avoir pour sujet le nom de la chose qui renferme les paroles, le passage que l’on cite ou auquel on fait allusion. Que dit la loi ? À ce que dit l’histoire. Comme dit le proverbe, la chanson. L’Évangile nous dit…
Il s’emploie quelquefois avec le pronom personnel, dans le sens passif. Ce sont là de ces choses qui ne doivent point se dire. J’ai un besoin de repos qui ne peut se dire. Il est surtout usité en parlant de la signification ou de l’emploi d’un mot, d’une locution, d’une phrase. Ce mot se dit de telle chose. Ce proverbe se dit en parlant d’une personne qui… Cela ne se dit qu’en mauvaise part. Cela ne se dit plus.
Que veut dire ce mot, cette phrase, etc. ? Quel en est le sens ?
C’est-à-dire, s’emploie Lorsque, après avoir dit, exprimé, désigné quelque chose d’une certaine manière, on va le dire, l’exprimer, le désigner autrement, afin d’être plus exact, plus clair, etc. L’âme, c’est-à-dire, le principe intelligent et immortel. Vous serez parfaitement libre ; c’est-à-dire que vous travaillerez à votre aise, et que nul n’aura le droit de vous contrôler. On emploie quelquefois dans le même sens, la phrase, Je veux dire.
C’est-à-dire, s’emploie aussi quelquefois Pour faire entendre que ce qu’on va dire est la conséquence de ce qu’une autre personne a fait ou dit ou l’explication qu’il faut y donner. Vous refusez mes offres ; c’est-à-dire que tout ce qui vient de moi vous est odieux. C’est donc à dire que vous ne voulez pas obéir.
Ce n’est pas à dire pour cela que… à dire que… Il ne faut pas croire pour cela que…
Pour ainsi dire, s’emploie Lorsqu’on veut affaiblir ce qu’il peut y avoir d’exagéré dans l’expression dont on se sert, ou faire excuser ce qu’elle a d’extraordinaire, d’inusité. Ils sont, pour ainsi dire, morts à toutes les joies d’ici-bas.
Disons-le, s’emploie souvent Lorsqu’on va dire quelque vérité dure et fâcheuse, mais qu’on ne peut se résoudre à taire. Disons-le : ces mesures violentes ne peuvent qu’aigrir les esprits.
Disons mieux, s’emploie comme une sorte de complément ou de correctif. Il est l’avocat des pauvres ; disons mieux, il en est le père. On emploie dans le même sens les locutions, Pour mieux dire, et Que dis-je ? Il ne régnait que par ses favoris, ou, pour mieux dire, il ne régnait plus. Je l’aime ; que dis-je ? je l’adore.
Que voulez-vous dire ? se dit quelquefois Pour exprimer la surprise agréable ou pénible que causent les paroles de quelqu’un, et marque une sorte de doute, d’incrédulité. Il est parti : que voulez-vous dire ? parti sans moi !
Prov., Cela va sans dire, C’est une chose tellement certaine, incontestable, ou tellement claire, naturelle, qu’il est inutile de la dire, de l’expliquer, d’en donner la preuve. On dit, dans le même sens, Il va sans dire que…
On dit, C’est la commune opinion, ou C’est le bruit qui court. On dit que nous allons avoir la guerre. C’est, dit-on, ce qui l’a déterminé à partir. Cette locution s’emploie quelquefois substantivement dans un sens analogue. Ce n’est qu’un on dit. Croire sur un on dit, sur les on dit. Condamner quelqu’un sur un on dit, sur des on dit.
On dit, s’emploie aussi Lorsqu’il s’agit d’une expression ou d’une façon de parler ordinaire. On dit métaphoriquement, Cet homme est un lion, pour dire que c’est un homme plein de courage.
Qui vous dit, qui vous a dit que… Quelle raison avez-vous de croire que… Êtes-vous sûr que… Qui vous dit que j’ai cette intention ? Qui vous a dit que rien ne s’opposerait à vos desseins ?
Dire la bonne aventure, Prédire par la chiromancie, ou de toute autre manière, ce qui doit arriver à quelqu’un. Elles faisaient profession de dire la bonne aventure. Dire à quelqu’un sa bonne aventure. Se faire dire sa bonne aventure.
Dire des douceurs, des fleurettes à une femme, La louer sur sa beauté, sur son mérite, lui parler d’une manière flatteuse.
Fam., Dire à quelqu’un son fait, Lui parler vertement, avec force, lui dire ses vérités.
Fig. et fam., Dire pis que pendre de quelqu’un, en dire le diable, Dire de lui toute sorte de mal.
Se dire quelque chose à soi-même, Faire telle ou telle réflexion, avoir telle ou telle pensée, faire en soi-même tel ou tel raisonnement. Heureux qui peut se dire, je n’ai point d’ennemis. Je me dis que bien d’autres sont plus malheureux que moi. C’est là ce que je me suis dit vingt fois.
Fig., Le cœur me le disait bien, me l’avait bien dit, J’en avais un pressentiment.
Fig. et fam., Si le cœur vous en dit, Si vous êtes d’humeur à faire cela. Nous irons là si le cœur vous en dit. Le cœur vous en dit-il ?
Fam., Se le faire dire, Montrer peu d’empressement à faire une chose. Dans un sens contraire, Ne pas se le faire dire, Montrer beaucoup d’empressement. Vous n’avez qu’à dire, il n’a qu’à dire, Locutions qui signifient qu’on est tout prêt à faire la chose dont il s’agit. Vous n’avez qu’à dire, je partirai immédiatement.
Trouver à dire, S’apercevoir de l’absence d’une personne, du manque de quelque chose. On vous a trouvé à dire dans cette compagnie. On a trouvé à dire à cette somme. Il s’y est trouvé à dire un écu.
Trouver à dire, signifie encore, Trouver à reprendre, à blâmer. Que trouvez-vous à dire à cette action ? Dans ce sens, on dit plus ordinairement, Trouver à redire.
Il y a bien à dire, beaucoup à dire là-dessus, Il y a bien des critiques, des objections, des observations, etc., à faire là-dessus. On dit en des sens analogues ou contraires : Qu’en voulez-vous dire ? Qu’avez-vous encore à dire ? Il n’y a vraiment rien à dire, cela est fort bien. Je n’ai rien à dire. On ne peut certainement rien dire sur sa conduite. Etc.
Fam., Il y a bien à dire, signifie quelquefois, Il s’en faut de beaucoup. Il y a bien à dire que je n’aie mon compte. Il signifie aussi, Il y a grande différence. Il y a bien à dire entre ces deux personnes. On dit dans un sens analogue, Il y a tout à dire.
Fam., Il n’y a pas à dire, Il n’y a pas de refus, de résistance à faire. Il n’y a pas à dire, il faut marcher.
Il a beau dire, Malgré tout ce qu’il peut dire, alléguer, etc. Vous avez beau dire, je n’en crois rien. Il eut beau dire, on le conduisit en prison.
Fam., Cela soit dit en passant, ou elliptiquement, Soit dit en passant, se dit en parlant D’une chose qu’on mentionne seulement à propos d’une autre, et plus ordinairement Lorsqu’on fait quelque légère plainte, quelque léger reproche en peu de mots. Soit dit en passant, vous êtes quelquefois un peu brusque.
Fig. et fam., S’il vient à bout de ce qu’il a entrepris, je l’irai dire à Rome, Je crois qu’il lui sera impossible ou très difficile de réussir.
Fam., S’il ne dit mot, il n’en pense pas moins, se dit D’un homme de sens qui écoute et ne parle point, et quelquefois aussi D’un homme qui cache son mécontentement, son dépit.
Prov., Qui ne dit mot, consent, En certains cas, se taire, c’est consentir.
C’est tout dire, pour tout dire, pour dire en un mot, signifient qu’Il n’y a rien de ce qu’on veut dire qui ne soit renfermé dans la phrase ou dans l’expression dont on se sert.
Fam., Beaucoup parler pour ne rien dire, Dire beaucoup de paroles qui n’ont guère de sens.
À vrai dire, à dire vrai, Pour s’exprimer d’une manière exacte, conforme à la vérité.
Fam., Cela vous plaît à dire, sert à exprimer que L’on ne convient pas de ce qui vient d’être dit, ou à énoncer un refus. Vous prétendez que je suis l’auteur de cet ouvrage, qu’un tel est plus habile que vous ; cela vous plaît à dire. Il veut que je fasse cette démarche ; mais cela lui plaît à dire.
Fig. et fam., Il dit d’or, Il dit ce qu’il y a de mieux à dire dans la circonstance, ou de plus satisfaisant pour celui ou ceux à qui il parle.
Il dit, s’emploie souvent, en poésie, à la fin d’un discours, et signifie, Ce fut ainsi qu’il parla, après qu’il eut ainsi parlé. Il dit, et leur courroux fut apaisé.
J’ai dit, s’emploie quelquefois, dans la conversation, Pour marquer qu’on n’a plus rien à dire.
L’art de bien dire, L’art de bien parler.
Dire, s’emploie souvent, en poésie, dans le sens de Célébrer, chanter, raconter. Je dirai vos exploits.
Il signifie aussi, dans le langage ordinaire, Débiter, réciter. Dire sa leçon. Dire des vers. Dire un rôle. Dire sa harangue par cœur. Dire ses heures, son chapelet, son bréviaire. On l’emploie quelquefois absolument, p. 549en parlant De la manière dont quelqu’un récite un discours, des vers, etc. Cet acteur dit bien.
Dire la messe, Célébrer la messe. Faire dire une messe, des messes pour quelqu’un.
Dire, signifie encore, Offrir, proposer. J’ai trouvé toutes ces étoffes si chères, que je n’en ai rien dit. Nous ne pouvons convenir du prix de ce drap, si vous n’en dites rien. Dites-en un prix raisonnable, si vous voulez que j’achète.
Il se prend aussi quelquefois pour Juger, croire, penser. Les avis sont si partagés sur cette affaire, qu’on ne sait qu’en dire. Je ne sais que dire de cela. Qu’en dites-vous ? cela n’est-il pas ravissant ? On dirait, à l’entendre, qu’il peut tout faire. On eût dit qu’il était mort. Qui dirait que cet homme est un savant ? Qui eût dit, qui l’eût dit qu’elle changerait sitôt ? Que dire d’une telle conduite ? Que va-t-on dire de moi, si je fais cela ?
Qu’est-ce à dire ? Qu’est-ce que cela signifie ? que faut-il penser de cela ? Qu’est-ce à dire ? vous murmurez ? Cette façon de parler marque ordinairement surprise ou mécontentement.
Fam., On dirait d’un fou, d’un homme ivre, etc., À en juger par ses actions, par ses discours, on le croirait ivre, on le prendrait pour un fou. On eût dit d’un démoniaque, quand il récitait ses vers.
Fam., Se moquer du qu’en dira-t-on, être au-dessus du qu’en dira-t-on, braver le qu’en dira-t-on, Mépriser l’opinion, mépriser tout ce que les gens pourront dire. Il se moque du qu’en dira-t-on. On dit dans le sens contraire, Être sensible au qu’en dira-t-on.
Dire, s’emploie figurément en parlant Des actions, des gestes, des regards, etc., qui manifestent la pensée de quelqu’un. Mes yeux, mes regards vous disent que je vous aime. Sa contenance, son trouble, sa confusion, disent assez qu’il est coupable. Leur silence vous en dit assez.
Cette femme a de beaux yeux, mais ils ne disent rien, Elle a de beaux yeux, mais ils sont dépourvus de vivacité, d’expression.
Dire, se prend aussi dans le sens de Dénoter, signifier, indiquer, marquer. Que veut dire ce retard ? Cela veut dire que… Cela dit beaucoup, dit plus qu’on ne pense. Cela ne dit rien. Que veut dire ceci ? je ne retrouve pas mon argent. Ce mot seul dit tout. Je ne sais ce que cela veut dire, mais j’éprouve depuis hier une certaine difficulté de respirer. Vous me regardez bien froidement ; que voulez-vous dire par là ?
Fam., Cela ne dit rien, se dit quelquefois D’une chose qui importe peu, qui ne prouve rien. Cela ne dit rien, vous deviez toujours continuer vos démarches.
Cette chose ne dit rien, Elle ne produit aucun effet à la place qu’elle occupe. Il y a dans ce tableau des ornements qui ne disent absolument rien.
Cela ne dit rien au cœur, à l’âme, Cela ne touche point, n’émeut point.
Dire, avec le pronom personnel, signifie, Prétendre, assurer qu’on a une certaine qualité. Il se dit votre parent, votre ami. Il se dit fort habile en ces matières, et il n’y entend rien. Ils se disaient envoyés par lui. Il se disait malade.
Dire, se prend quelquefois substantivement ; et alors il signifie, Ce qu’une personne dit, rapporte, avance, déclare. Dans cette acception, il est souvent usité en termes de Pratique. Le dire des témoins. Prouver son dire. Au dire de tout le monde, de chacun. Au dire des anciens. Hors du style de Pratique, il est ordinairement familier.
Au dire des experts, Selon l’avis des experts.
À dire d’experts, D’après une décision d’experts, en soumettant la chose à des experts. Le prix en est ordinairement réglé à dire d’experts.
Fig. et fam., Mentir à dire d’experts, Mentir effrontément.
Dire, substantif, se dit particulièrement Des moyens, des réponses ou déclarations d’une partie pour le soutien de sa cause. On a inséré dans le procès-verbal le dire du défendeur. Faire ses dires et réquisitions.
Le bien-dire, L’élégance dans le discours.
Fam., Être sur son bien-dire, sur son beau-dire, Être en train de parler. Cela se dit ordinairement D’une personne qui affecte de bien parler, ou qui parle avec plaisir sur un sujet de prédilection. On dit aussi, Se mettre sur son bien-dire.
Prov., Le bien-faire vaut mieux que le bien-dire, Les bonnes actions valent mieux que les beaux discours.
Un homme bien-disant, se dit D’un homme qui parle bien et avec facilité, ou d’Un homme qui n’est pas médisant. Cette locution est peu usitée.
En termes de Pratique, Soi-disant, s’emploie Quand on ne veut pas reconnaître la qualité que prend quelqu’un. Un tel, soi-disant légataire, soi-disant héritier. Il se dit aussi, dans le langage ordinaire, par mépris ou par raillerie. Un tel, soi-disant docteur, soi-disant gentilhomme. De soi-disant docteurs.
Dit, ite. part. passé.
Fam., Tout est dit, ou Voilà qui est dit, c’est une chose dite, N’en parlons plus, c’est une chose convenue, conclue, décidée.
Fam., C’est bien dit, s’emploie Pour marquer approbation de ce que quelqu’un vient de dire.
Fam., C’est bientôt dit, s’emploie Pour faire entendre que la chose dont parle quelqu’un, ou qu’il conseille, n’est pas si facile, ne s’exécute pas si aisément qu’il paraît le croire. Partez : c’est bientôt dit ; et qui me fournira l’argent nécessaire au voyage ?
Dit, signifie quelquefois, Surnommé. Charles V, dit le Sage.
Il se joint aussi avec les articles et les pronoms, et a la force du relatif pour les choses ou pour les personnes dont on a parlé. Il n’est guère d’usage qu’en style de Pratique, de formule. Ledit tel. Ladite maison. Audit lieu. Mondit seigneur. Sondit procès-verbal. Dans le même sens, il se joint également aux adverbes Sus, dessus, devant, après, etc. Susdit. Ci-dessus dit. Ci-devant dit. Ci-après dit. Etc. Ces dernières locutions, Susdit excepté, ont vieilli.
Vous pouvez cliquer sur n’importe quel mot pour naviguer dans le dictionnaire.