tirer
7e édition
TIRER.
v. a.■
Mouvoir vers soi, amener vers soi, ou après soi. Tirer avec force. Tirer sans peine. Tirer en haut. Tirer en bas. Tirer la porte après soi, la tirer sur soi. Tirer quelque chose à soi. Des chevaux qui tirent une voiture. Des bœufs qui tirent la charrue. Tirer un bateau à bord. Des chevaux qui tirent un bateau. Ces chevaux tirent bien, ils tirent mal. Tirer quelqu’un par le bras, par l’habit. Tirer un cheval par la bride. Tirer quelqu’un à part, le tirer à l’écart pour lui parler. Tirer les oreilles, les cheveux à quelqu’un.
Tirer le verrou, Fermer une porte au verrou.
Tirer le pied, la jambe, Les porter en arrière pour faire une révérence.
Fig. et fam., Se faire tirer l’oreille, Avoir de la peine à consentir à quelque chose. Il s’est fait tirer l’oreille pour consentir à donner cette somme.
Fig. et fam., Cette comparaison, cette interprétation, ce raisonnement, cette pensée est tirée par les cheveux, Elle est amenée, elle est présentée d’une manière peu naturelle et forcée.
Fig. et fam., Tirer la couverture à soi, de son côté, Prendre plus que sa part, chercher dans une affaire à s’emparer de profits, d’avantages qu’on doit partager avec d’autres. On dit dans le même sens, Cet homme tire tout à lui.
Fig. et fam., Tirer les yeux, Faire mal aux yeux, leur causer de la fatigue. Cette impression est trop fine, elle tire les yeux.
Prov., fig. et pop., Tirer ses chausses, tirer ses grègues, S’en aller, s’enfuir.
En termes de Manège, Tirer à la main, se dit D’un cheval qui résiste à l’action de la bride.
Fig. et fam., On aura bien à tirer dans cette affaire, On aura bien de la peine à la faire réussir. Il a encore bien à tirer pour en venir là, se dit D’un homme qui a encore beaucoup à travailler, beaucoup de choses à faire avant que de parvenir à son but.
Prov. et fig., Tirer le diable par la queue, Avoir beaucoup de peine à subsister.
Tirer un criminel à quatre chevaux, L’attacher par les pieds et par les mains à quatre chevaux, qui le tirent chacun d’un côté, et le démembrent.
Fig. et fam., Tirer quelqu’un à quatre, Lui faire les plus grandes instances pour le décider à quelque chose. Il a fallu le tirer à quatre pour l’amener.
Fam., Être tiré à quatre épingles, Être ajusté avec un extrême soin, et de manière à paraître craindre de déranger sa parure.
Prov. et fig., Après lui il faut tirer l’échelle, se dit D’un homme qui a si bien fait en quelque chose, que personne ne peut faire mieux.
Ce cuir tire l’eau comme une éponge, Il s’imbibe, il s’abreuve de beaucoup d’eau.
En termes de Marine, Ce navire tire tant d’eau, tant de pieds d’eau, Il enfonce dans l’eau de tant de pieds.
■
Tirer, signifie aussi, Ôter, faire sortir une chose d’une autre, d’un lieu. Tirer de l’or de la mine, du marbre de la carrière. Tirer de l’argent de son coffre, de sa bourse, de sa poche. Tirer sa bourse de sa poche. Tirer une écharde du doigt. Tirer une épine du pied. Tirer un œil de la tête. Tirer une bague de son doigt. Tirer l’épée du fourreau. Tirer de l’eau d’un puits, du vin d’un tonneau ; et absolument, Tirer de l’eau, tirer du vin.
Tirer du vin au clair, Le mettre en bouteilles quand il a été bien reposé ; et, figurément, Tirer au clair un fait, une difficulté, L’éclaircir, la débrouiller.
Prov. et fig., Le vin est tiré, il faut le boire, L’affaire est engagée, et il n’y a plus à reculer.
Tirer du sang, Saigner.
Tirer une vache, La traire.
Tirer la langue, Avancer la langue hors de la bouche.
Prov., fig. et pop., Faire tirer la langue à quelqu’un d’un pied de long, Le faire languir dans l’attente de quelque assistance dont il a grand besoin. On dit aussi en parlant D’une personne dont on n’a aucune compassion, Je lui verrais tirer la langue d’un pied de long, que je ne lui donnerais pas un verre d’eau.
Tirer l’épée contre quelqu’un, Se battre contre lui. Faire tirer l’épée à quelqu’un, L’obliger à se battre. Fig., Tirer l’épée contre son prince, Se révolter contre son prince.
Tirer des sons d’un instrument, Lui faire rendre des sons.
Tirer du feu d’un caillou, En faire jaillir du feu en le frappant.
Tirer des larmes des yeux de quelqu’un, Le faire pleurer. Ce discours lui a tiré les larmes des yeux.
Tirer les bas, les bottes à quelqu’un, Les lui ôter des jambes.
Tirer son chapeau, L’ôter pour saluer. Je ne lui tirerai point mon chapeau s’il ne me salue le premier.
Prov. et fig., Tirer son épingle du jeu, Se dégager adroitement d’une mauvaise affaire, d’une partie périlleuse. Il signifie particulièrement, Retirer à temps, pour ne pas perdre, des avances qu’on a faites dans une affaire qui devient mauvaise.
Prov. et fig., Tirer les marrons du feu avec la patte du chat, Faire faire par un autre quelque chose de dangereux, pour en tirer soi-même le profit. On dit aussi, Tirer les marrons du feu, Faire au profit d’un autre et sans avantage pour soi-même quelque chose de difficile, de dangereux.
Prov. et fig., Tirer à quelqu’un les vers du nez, Lui faire dire ce qu’on veut savoir, en le questionnant adroitement.
Fig. et fam., Se tirer une épine du pied, Surmonter un obstacle, se délivrer d’un grand embarras. On dit dans le même sens, Tirer à quelqu’un une épine du pied.
Fig. et fam., Tirer pied ou aile d’une chose, En tirer quelque profit de manière ou d’autre. Tirer une plume de l’aile à quelqu’un, Attraper quelque chose à quelqu’un.
Prov. et fig., Tirer d’un sac deux moutures, Prendre double profit dans une même affaire.
■
Tirer, signifie aussi, Prendre au sort, faire sortir au hasard de la boîte qui les contient, des billets, des noms, des numéros. Le président de la cour a tiré au sort les noms de ceux qui doivent former le jury. Le plus jeune soldat tira le billet noir, et fut passé par les armes. Tirer les billets, les numéros d’une loterie.
Tirer une loterie, Tirer les billets, les numéros d’une loterie, pour savoir à qui le sort fera échoir les lots.
Tirer le gâteau des Rois, ou simplement, Tirer les Rois, Distribuer les parts du gâteau pour voir à qui la fève écherra.
■
Tirer, signifie aussi, Faire venir certains produits d’un pays plus ou moins éloigné. Les blés que Rome tirait de l’Égypte, de la Sicile. Ce marchand tire ses étoffes de Lyon, de Rouen. On tire beaucoup de tabac de l’Amérique.
■
Tirer, signifie encore, Ôter, faire sortir une personne de quelque endroit, l’éloigner de quelque chose. On ne l’a tiré de cette prison que pour le conduire dans une autre. On ne l’a tiré qu’à grand’peine du bourbier où il s’était jeté. On ne saurait le tirer de son cabinet, de ses livres. On l’a tiré de la charrue pour le mettre dans cette place.
Fig., On ne peut le tirer de là, se dit en parlant D’un homme qui se tient attaché à une idée, et qui répond toujours la même chose.
Fig., Tirer quelqu’un d’un mauvais pas, Le dégager d’une affaire difficile, embarrassante, fâcheuse.
Fig., Tirer quelqu’un de la boue, de la poussière, Le faire sortir d’un état misérable et bas. On dit aussi, Tirer quelqu’un de son obscurité.
■
Tirer, s’emploie dans le même sens avec le pronom personnel. Vous ne vous tirerez jamais de ce mauvais chemin.
Prov., Il se tirerait d’un puits, se dit D’un homme qui vient de sortir heureusement d’un danger, d’un embarras très grand ; et, en général, D’un homme qui est ordinairement très heureux ou très habile.
■
Tirer, signifie particulièrement, Délivrer, dégager quelqu’un. Tirer quelqu’un de prison, de captivité. Tirer son ami d’un danger, d’un péril. Qui le tirera de cet embarras ? On l’a tiré de la misère. Il m’a tiré de peine. Tirez-moi de souci, d’inquiétude. Je l’ai tiré d’erreur.
Il s’emploie également, dans cette acception, avec le pronom personnel. Il s’est tiré de prison avec beaucoup de peine. Se tirer d’affaire. Se tirer d’intrigue. Se tirer d’embarras. Il s’est heureusement tiré de ce sujet difficile, de ce rôle ingrat.
Absol., S’en tirer, s’en bien tirer, Sortir heureusement d’une maladie, d’une difficulté, d’un procès, d’une affaire fâcheuse, etc. Il s’en est tiré. Il s’en est bien tiré. Vous ne vous en tirerez jamais. On dit de même : Il s’est fort bien tiré de là. Vous aurez quelque peine à vous tirer de là. Etc.
Se tirer du pair, se tirer de pair, S’élever au-dessus de ses égaux.
■
Tirer, signifie encore, Étendre, allonger. Tirer du linge sur la platine. Tirer une courroie.
Tirer l’or, tirer l’argent, etc., Les étendre, les allonger en fils déliés, afin de s’en servir ensuite à divers usages. Tirer une corde, la tirer ferme, La bander le plus qu’on peut ; et neutralement, Cette corde tire, Elle est bandée extrêmement ferme.
Tirer à poil une étoffe de laine, de soie, de coton, En faire sortir, en faire paraître p. 852le poil, en le tirant avec une espèce de carde.
Tirer bien ses bas, Les étendre bien sur la jambe, de manière qu’ils ne fassent point de plis.
Tirer les rideaux, Ouvrir ou fermer les rideaux. Fig., Tirer le rideau sur quelque chose, et absolument, Tirer le rideau, Ne plus parler, ne plus s’occuper l’esprit de quelque chose de fâcheux, de désagréable.
Prov. et fig., Tirer la courroie, et absolument, Tirer, Employer beaucoup d’économie pour soutenir une dépense jusqu’à une certaine époque. Il faut qu’il tire bien la courroie pour aller jusqu’au bout de l’an. Il a bien à tirer pour attraper le bout de l’année.
Pop., Tirer sa révérence à quelqu’un, Le saluer. Quand il passa, je lui tirai ma révérence. Cette manière de parler s’emploie quelquefois dans le langage familier, et signifie, Saluer en s’en allant, s’en aller. Je lui dis nettement ma façon de penser, et je lui tirai ma révérence. Elle s’emploie aussi figurément, Pour exprimer un refus. Ce que vous me proposez ne me convient pas ; je vous tire ma révérence.
Fig., Tirer une affaire en longueur, En éloigner la conclusion. Il tire l’affaire en longueur pour la rompre. On dit neutralement, dans un sens analogue, Cette affaire, cette maladie tire en longueur.
■
Tirer, signifie de plus, Lancer des armes de trait, faire partir une arme à feu. Tirer des flèches. Tirer des bombes. Tirer le canon. Il a tiré son fusil, son pistolet en l’air. S’exercer à tirer le pistolet. Tirer un coup de fusil, de pistolet, de canon. Tirer des salves d’artillerie. On dit dans un sens analogue : Tirer un feu d’artifice. Tirer des pétards, des fusées, etc.
Prov. et fig., Tirer sa poudre aux moineaux, Employer pour des bagatelles son crédit, ses amis, son argent, dont on aurait pu se servir plus utilement.
■
Tirer, signifie en outre, Diriger son arme à feu sur un oiseau, sur un lièvre, etc. Tirer un oiseau, tirer un lièvre. Il s’amusait à tirer des grives.
■
Tirer, signifie au figuré, Recueillir, percevoir, obtenir, recevoir. Tirer du profit. Quel avantage tirez-vous de là ? Il tire dix mille francs de rente de sa terre. Il tirait beaucoup de la cour. Il a tiré de cette affaire tout ce qu’on en pouvait tirer. On a tiré beaucoup d’argent du nouvel impôt. C’est un homme qui a bien tiré de l’argent de son emploi. Il a tiré de grands services de cet homme. L’instruction, les leçons qu’on peut tirer de l’histoire. Le mérite que cet écrit tirait de la circonstance. Cet argument, ce raisonnement tire sa principale force de la manière dont il est présenté.
Tirer de l’argent de quelqu’un, Se faire donner de l’argent par quelqu’un, à force de sollicitations, de poursuites, etc. C’est un fort mauvais débiteur, on n’en peut tirer aucun argent.
Tirer quelque grâce de quelqu’un, En obtenir quelque grâce par adresse ou par instance. Il a tiré une donation de lui.
Tirer promesse, tirer parole de quelqu’un, Faire en sorte qu’il donne sa promesse, qu’il engage sa parole.
Tirer un éclaircissement de quelqu’un, Faire en sorte qu’il donne l’éclaircissement qu’on souhaite de lui.
On ne saurait tirer un mot de lui, on ne peut rien tirer de lui, se dit en parlant D’un homme qui ne veut point répondre sur quelque chose. On ne peut parvenir à tirer la vérité de sa bouche, se dit en parlant D’un accusé qui ne veut rien avouer.
On ne saurait tirer raison de cet homme, On ne peut obtenir de lui qu’il fasse ce qu’il doit.
Tirer raison, tirer satisfaction d’une injure, d’une offense, Faire réparer l’injure, l’offense. Tirer vengeance, Se venger.
Tirer parti de quelqu’un, tirer parti de quelque chose, En tirer des services, de l’avantage. Il tire parti de tout. Il a su tirer un grand parti de cet homme, de cette affaire. Il a tiré un grand parti de son rôle. Tirer parti des circonstances.
Tirer vanité d’une chose, En faire vanité ; et, Tirer avantage d’une chose, La tourner, l’interpréter à son avantage. Il tire vanité d’une action dont il devrait avoir honte. Il tire avantage de votre modération, de votre retenue, et s’imagine que vous le craignez.
Tirer son origine, tirer sa source de, Descendre, être issu, tenir son origine de. Il tire son origine de telle famille. Cette rivière tire sa source de telle montagne. On dit aussi, Les généalogistes tirent l’origine de cet homme de telle maison, Ils prétendent que cet homme descend de telle maison.
■
Tirer, signifie encore, Extraire par voie de distillation ou autrement. Tirer de l’eau de fleur d’orange par le moyen du feu. Tirer de l’huile sans feu. Tirer le suc des herbes, le suc des viandes.
Prov. et fig., Il tire la quintessence de tout, se dit D’un homme habile, adroit, qui fait d’une chose tout ce qu’on en peut faire, qui en tire tout l’avantage qu’elle peut procurer, qui pénètre jusqu’au fond d’une affaire.
Prov. et par exagérat., Il tirerait de l’huile d’un mur, se dit D’un homme qui sait tirer profit de tout. On tirerait plutôt de l’huile d’un mur, que de tirer de l’argent de lui, se dit D’un homme avare et tenace.
En Arithm., Tirer la racine carrée, cubique d’un nombre, Trouver, par le calcul, la racine carrée, cubique de ce nombre.
■
Tirer, signifie aussi figurément, Extraire, puiser, emprunter. Il a tiré une infinité de belles sentences des anciens. Tout ce qu’il a dit de ce pays-là, il l’a tiré des nouvelles relations qui en ont été données. C’est de tel auteur qu’il a tiré tout ce qu’il sait sur ce sujet. C’est de tel Père qu’il a tiré ce passage. Cette décision est tirée d’un auteur suspect. Il a tiré sa comédie d’une anecdote connue. Les mots que nous avons tirés du latin.
C’est de là que cette ville, que cette rivière tire son nom, C’est à telle circonstance que cette ville, que cette rivière doit le nom qu’elle porte.
■
Tirer, signifie aussi, Inférer, conclure. De cela je tire une conséquence. On tire de là un grand argument contre lui. La conclusion que vous voulez tirer de là n’est pas juste. Je tire de là telle induction. On dit de même : Tirer une conjecture de… Tirer un bon, un mauvais augure, un fâcheux, un heureux présage de quelque chose. Tirer des présages.
Neutral., Cette chose tire à conséquence, On pourrait s’en autoriser, s’en prévaloir à l’avenir pour quelque chose de pareil. C’est une grâce que vous pouvez lui accorder d’autant plus facilement, qu’elle ne peut tirer à conséquence. Je lui accorderai sa demande, sans que cela doive, sans que cela puisse tirer à conséquence, ou elliptiquement, sans tirer à conséquence.
Tirer l’horoscope d’une personne, Faire l’horoscope d’une personne suivant les règles et les principes de la fausse science appelée Astrologie judiciaire ; et, figurément, Deviner par quelques circonstances ce que cette personne sera un jour, ce qu’elle fera dans telle ou telle occasion. Tirer les cartes à quelqu’un, Lui prédire sa destinée d’après l’arrangement fortuit des cartes que l’on consulte.
■
Tirer, signifie aussi, Tracer. Tirer une ligne sur du papier. Tirer une raie sur ce qu’on a écrit. Tirer une allée au cordeau. Tirer un plan sur du papier. Tirer le plan d’une forteresse, d’une maison.
Tirer en ligne de compte, Employer, comprendre dans un compte. On dit plus ordinairement, Mettre en ligne de compte.
■
Tirer, signifie dans quelques phrases, Faire le portrait de quelqu’un, soit en peinture, soit en sculpture. Tirer un homme au naturel. Il s’est fait tirer par un excellent peintre. On l’a tiré en cire. Il s’est fait tirer en plâtre. Ce sens est vieux.
■
Tirer, signifie en outre, Imprimer. Tirer des feuilles. Tirer des estampes. On n’a tiré que cent exemplaires de son livre. Cet ouvrage fut tiré à cinq cents exemplaires. Il n’y a encore que deux feuilles de tirées. La feuille est composée et corrigée, il n’y a plus qu’à la tirer. Bon à tirer. La feuille n’est encore tirée qu’à moitié.
Tirer une copie, tirer la copie, tirer copie d’un acte, d’une lettre, d’un dessin, etc., Les copier.
■
Tirer, se dit en termes de Commerce, dans les expressions suivantes : Tirer une lettre de change, Signer une sorte d’effet de commerce, une sorte de lettre par laquelle on charge un correspondant de payer la somme énoncée, à celui qui présentera cette lettre. Tirer une lettre de change payable à deux mois de vue, payable à vue. On dit aussi, Tirer une lettre de change sur quelqu’un, ou simplement, Tirer sur quelqu’un.
Tirer par seconde de change, la première ne l’étant, Faire la copie d’une première lettre de change qui a été envoyée à l’acceptation, et qui reste entre les mains d’un tiers à la disposition du porteur de la seconde.
■
Tirer, est aussi un terme d’Escrime. Tirer des armes, ou simplement, Tirer, Faire des armes. Dans ce sens, Tirer est neutre. Tirer de tierce, de quarte. Tirer en tierce. Tirer à la muraille, au mur. Il tire bien.
Tirer une estocade, un coup d’estocade, Porter, pousser une estocade à celui contre qui on fait des armes, ou contre qui on se bat véritablement. Dans cette phrase, qui a vieilli, Tirer est actif.
Prov. et fig., Tirer l’estocade, une estocade à quelqu’un, Lui demander de l’argent à emprunter, quoiqu’on manque du pouvoir ou qu’on n’ait pas l’intention de le lui rendre. Cette acception figurée a vieilli comme le sens propre.
Tirer sur le temps, Tirer au moment où l’adversaire se prépare à tirer lui-même ; et, figurément, Saisir prestement l’occasion de dire ou de faire quelque chose.
■
Tirer, signifie encore, neutralement, Faire usage d’une arme de trait ou d’une arme à feu, la faire partir. Tirer de l’arc. Tirer de l’arbalète. Tirer de l’arquebuse. Tirer aux perdrix. Tirer en l’air. Tirer au p. 853blanc, à la cible. Tirer juste. Tirer à boulets rouges, à coups perdus, à ricochets. Tirer contre quelqu’un. Tirer à poudre. Tirer à plomb. Tirer à balle. Tirer à coup posé, à coup sûr, etc. Poudre à tirer.
Tirer au vol ou en volant, Tirer sur un oiseau lorsqu’il vole.
Tiré au jugé, Tirer sans voir le gibier dans la direction où l’on suppose qu’il se trouve.
Fig. et fam., Pour lui parler, il faut le tirer au vol, le tirer en volant, se dit D’un homme à qui il est difficile de parler, parce qu’il passe toujours avec précipitation.
Tirer à l’oiseau, Chercher à abattre un oiseau de bois placé au haut d’une perche.
Fig. et fam., Tirer sur quelqu’un, Dire des choses offensantes de quelqu’un ; Tirer à cartouche, à boulets rouges sur quelqu’un, En dire les choses les plus offensantes ; et, Tirer sur quelqu’un à bout portant, Lui dire en face les choses les plus dures. Ces phrases se prennent quelquefois dans un sens moins sérieux, en parlant D’épigrammes, de plaisanteries.
Prov. et fig., Vous tirez sur vos troupes, sur vos gens, Vous attaquez ceux qui sont dans vos intérêts.
■
Tirer, neutre, se dit quelquefois Des armes à feu, lorsqu’elles détonent, lorsqu’elles partent et font explosion. Dès que le canon eut commencé à tirer, les ennemis capitulèrent. Son fusil vint malheureusement à tirer. Un fusil qui tire juste, Qui ne fait point dévier la balle ou le plomb de la direction dans laquelle on a voulu les lancer.
■
Tirer, se dit souvent Des choses qu’on remet à la décision du sort ; et alors il est neutre. On les fit tirer au sort. Ils tirèrent tous deux à la courte paille. On les fit tirer au doigt mouillé. Faire tirer des soldats au billet.
Fig. et fam., Tirer au bâton, tirer au court bâton avec quelqu’un, Contester avec lui d’égal à égal. Il ne vous appartient pas de tirer au bâton avec lui. Cela ne se dit que D’un homme qui est inférieur à celui avec lequel il conteste dans la chose dont il s’agit. Ces manières de parler ont vieilli.
Au Jeu, Tirer à qui fera, À qui commencera, à qui donnera les cartes.
■
Tirer, neutre, signifie aussi, Aller, s’acheminer. Tirons de ce côté. De quel côté voulez-vous tirer ? Ils tirèrent vers la ville prochaine. Ce sens est familier.
Tirer de long, S’esquiver, s’enfuir. Il signifie aussi, Apporter des délais dans une affaire.
Tirer au large, S’enfuir.
Tirez, tirez. Terme dont on se servait autrefois pour chasser un chien.
Tirer à sa fin, Être bien près de finir, d’être terminé. Cet ouvrage, cette affaire tire à sa fin. Cette maladie tire à sa fin. Ce tonneau de bière tire à sa fin.
Ce malade tire à sa fin, à la fin, Il approche de la mort.
Tirer en longueur, Se prolonger, ne pas se terminer. Cette affaire tire en longueur.
Fam., Tirer au volume, se dit D’un auteur qui allonge à dessein un ouvrage. On dit de même, Tirer à la ligne, Allonger un écrit pour qu’il contienne plus de lignes et soit plus payé.
■
Tirer, s’emploie aussi comme neutre avec la préposition sur ; et alors il signifie, Avoir quelque rapport, quelque ressemblance. On le dit principalement Du rapport que les couleurs ont ensemble. Cette pierre tire sur le vert. Le plumage de cet oiseau tire sur le violet.
Il signifie aussi quelquefois, avec la préposition sur, Exercer une traction. Tirer fortement sur une corde pour amener un fardeau. Tirer sur une amarre.
■
Tiré, ée. part. passé.
Un visage tiré, Un visage abattu, maigri.
Prov., Ils en sont aux couteaux tirés, à couteaux tirés, Ils sont ennemis déclarés.
■
Tiré, se prend substantivement pour Une chasse au fusil. Le roi fit hier un beau tiré. On dit dans le même sens, Chasse au tiré.
Vous pouvez cliquer sur n’importe quel mot pour naviguer dans le dictionnaire.
VOISINAGE ALPHABÉTIQUE
- tire-laisse, n. m. [7e édition]
- tire-lait, n. m. inv.
- tire-larigot (à), loc. adv.
- tire-ligne, n. m.
- tirelire, n. f.
- tire-moelle, n. m. [7e édition]
- tire-nerf, n. m.
- tire-pied, n. m.
- tire-point, n. m. [8e édition]
- tire-pointe, n. m. [8e édition]
- tirer, v. tr. et intr.
- tiret, n. m.
- tiretaine, n. f.
- tire-tête, n. m. [7e édition]
- tirette, n. f.
- tireur, -euse, n.
- tire-veille, n. m.
- tiroir, n. m.
- tiroir-caisse, n. m.
- tironien, -ienne, adj.