fourrer

8e édition

FOURRER.

v. tr.
■  Introduire, faire entrer, placer en quelque endroit, mettre parmi d’autres choses. Fourrer la main dans sa poche. Fourrer son bras dans un trou. Cette étoffe, cette tapisserie est toute perdue, il y a des trous à y fourrer la main. Il s’est fourré une écharde, une épine dans le doigt. Il aura fourré cela dans un coin. Où s’est-il donc fourré ? Se fourrer sous un lit. Il est familier.
Fig. et fam., Où me suis-je fourré ? Dans quel embarras me suis-je mis ? Dans quel piège suis-je tombé ? On dit aussi Se fourrer jusqu’au cou dans une mauvaise affaire.
Fig. et fam., Fourrer son nez où l’on n’a que faire, Se mêler indiscrètement de quelque chose. On dit dans un sens analogue Fourrer son nez partout.
Fig. et fam., Chercher quelque trou à se fourrer, où se fourrer, se dit de Celui qui cherche quelque emploi, quelque condition, et qui a peine à en trouver.
Fig. et fam., Ne savoir où se fourrer, Ne savoir où se cacher, ne savoir comment se dérober à la confusion qu’on éprouve. Il est si honteux de ce qu’il vient de dire, qu’il ne sait où se fourrer.
Fig. et fam., Fourrer quelque chose dans l’esprit, dans la tête de quelqu’un, Parvenir à lui faire comprendre quelque chose. Il est si sot, qu’on ne saurait lui rien fourrer dans la tête, dans l’esprit. On eut bien de la peine à lui fourrer dans la tête qu’il fallait… Cela signifie aussi Faire croire une chose à quelqu’un, la lui persuader. Qui a pu lui fourrer cette absurde idée dans l’esprit ? Vous vous fourrez dans la tête mille chimères, mille choses qui ne sont pas. Une idée, une erreur, etc., qui s’est fourrée dans l’esprit, dans la tête de quelqu’un.
Il signifie, par extension, Donner avec excès et sans réflexion. Elle gâte cet enfant, elle lui fourre des sucreries à le rendre malade.
Fig. et fam., S’en fourrer jusque-là, se dit de Quelqu’un qui prend, avec avidité et excès, de la nourriture, du plaisir, etc.
Il signifie aussi figurément et familièrement Insérer hors de propos. Fourrer un tas de digressions dans un récit. Il a fait un livre où il a fourré tout ce qu’il savait.
Il signifie en outre Garnir, doubler de peau avec le poil. Fourrer une robe de martre. Fourrer d’hermine. Fourrer de petit-gris. Gants fourrés. Manteau fourré.
Chat fourré se dit par plaisanterie des Magistrats revêtus de leur hermine.
Le participe passé s’emploie comme adjectif dans les locutions suivantes :
Langues fourrées, Langues de bœuf, de porc, de mouton, recouvertes d’une autre peau que la leur, et avec laquelle on les fait cuire.
Pain fourré, bonbon fourré, Pain, bonbon garni intérieurement de quelque autre comestible.
Médaille, pièce de monnaie fourrée, Médaille, pièce de monnaie dont le dessus est d’or ou d’argent, et le dedans d’un métal inférieur. Cette pièce d’or, d’argent est fourrée.
Botte de paille, botte de foin fourrée, Botte dans laquelle, parmi de bonne paille ou de bon foin, on a mêlé de la paille ou du foin de moindre qualité.
En termes d’Escrime, Coup fourré. Voyez Coup.
Fig. et fam., Paix fourrée, Fausse paix, faite de mauvaise foi par les deux parties, chacune ayant intention de la rompre, lorsqu’elle le croira utile à ses intérêts.
Pays fourré, Pays rempli de bois, de haies, etc. L’armée se trouvait dans un pays fourré.
Bois fourré, Bois qui est fort garni de broussailles et d’épines. Voyez Fourré, nom.
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