emporter

EMPORTER

conjugaison verbe transitif et pronominal
Étymologie : xe siècle, en porter, « porter d’un lieu à un autre » ; xiiie siècle, « gagner, obtenir, conquérir ». Dérivé de porter avec en, pronom adverbial de lieu, du latin inde, « de là ».

I.

I. Verbe transitif.
A.  Prendre avec soi en quittant le lieu où l’on se trouve.
1.  Porter avec soi. Emporte ce livre, tu le liras en route. Emporter une valise. Emporter des vêtements, des provisions. L’ambulance emporta les blessés. Par analogie. Litt. Adieu, vous emportez tous nos regrets ! Marque de domaine : vènerie. Le vent emporte la voie, il empêche les chiens de sentir les odeurs du gibier.
2.  Déplacer d’un lieu dans un autre. Emporte ce livre dans ta chambre. Il a fait emporter ce fauteuil chez un antiquaire.
3.  Prendre ce qui appartient à autrui. Les cambrioleurs ont emporté l’argenterie. Il est parti en emportant la caisse.
B.  Prendre de force dans un mouvement irrésistible.
1.  Entraîner avec rapidité. Les courants emportèrent le canot vers la mer. Le train les emportait dans le Midi. Le cheval prit le mors aux dents et emporta son cavalier. Litt. La réalité a emporté leurs illusions. Par analogie. Le temps nous emporte irrésistiblement. Par euphémisme. La peste emporta le malheureux en quelques jours. La mort l’a emporté.
▪ Fig. et litt. Entraîner par l’effet de la pensée, du sentiment. Ses rêves l’emportent loin d’ici. Calmez-vous, la passion vous emporte. Il se laisse emporter par son imagination, par la colère, par la haine.
2.  Enlever de vive force ; arracher. La rivière en crue a emporté la passerelle. La tornade a tout emporté sur son passage. L’explosion lui a emporté la main.
3.  Conquérir ; s’emparer d’une position militaire ennemie. Emporter une place forte. Ils ont emporté le bastion d’assaut. Litt. Emporter la victoire. Par analogie. Enlever une récompense. Emporter le prix, le premier lot. Emporter la palme. Elliptiquement. L’emporter, avoir le dessus dans une compétition. L’emporter de haute lutte, l’emporter à la pointe de l’épée, triompher après un combat acharné. Que le meilleur l’emporte ! Après une discussion serrée, nous l’avons emporté. Je suis heureux que votre avis l’ait emporté, qu’il ait prévalu contre les autres. N’ayez crainte, le bon sens l’emportera. L’emporter en poids, être plus lourd.
▪ Marque de domaine : droit. La forme emporte le fond, elle prévaut sur le fond. Le fond emporte la forme.
4.  Entraîner comme conséquence. Ce crime emportait autrefois la peine capitale. La vérité doit emporter la conviction.
C.  Expr. Emporter son secret dans la tombe, mourir sans l’avoir révélé. Il ne l’emportera pas en paradis, il ne profitera pas longtemps de son succès, de son avantage. Vous ne l’emporterez pas avec vous ! à quoi sert d’accumuler tant d’argent, vous ne le conservez pas après la mort. Autant en emporte le vent, tout passe et s’oublie. Il promet monts et merveilles, autant en emporte le vent.
 Titre célèbre : Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell (1936).
▪ Expr. exclamatives marquant l’impatience, l’irritation, le dépit. Que le diable l’emporte ! Le diable vous emporte !
▪ Fig. et fam. Emporter la bouche, avoir une saveur si piquante qu’elle donne une impression de brûlure dans la bouche. Cette moutarde emporte la bouche. Pop. Emporter le morceau, réussir, avoir gain de cause.

II.

II. Verbe pronominal.
1.  Class. Se laisser aller à des actes violents, à des mouvements passionnés. Le conquérant s’emporta jusqu’aux plus folles entreprises.
2.  Perdre son sang-froid, se mettre en colère. Il s’emporte pour peu qu’on le contredise. S’emporter contre quelqu’un.
3.  En parlant d’un cheval, d’un chien de chasse. Ne plus obéir. Les chevaux s’emportèrent et la voiture versa.
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