illusion

ILLUSION

nom féminin
Étymologie : xiie siècle. Emprunté du latin illusio, « ironie ; illusion, tromperie », dérivé du supin de illudere, « jouer, se jouer de ».
■  Fausse apparence matérielle ou morale qui, en nous faisant voir les choses autrement qu’elles ne sont, semble se jouer de nos sens ou de notre esprit ; erreur des sens ou de l’esprit produite par ces fausses apparences.
1.  Erreur de la perception ; apparence provoquant cette erreur. Une illusion des sens. Illusion auditive. Illusion optique ou d’optique. C’est par illusion qu’un bâton à demi plongé dans l’eau nous semble rompu. L’illusion de profondeur produite par une colonnade, une perspective en trompe-l’œil. Être la victime, le jouet d’une illusion. Le prestidigitateur donne l’illusion de sortir les cartes de sa paume. Par métonymie. Une illusion, un tour exécuté par un illusionniste.
▪ Spécialement. Illusion de déjà vu ou de fausse reconnaissance, impression intense d’avoir déjà vécu ou éprouvé la situation présente. Illusion des amputés, sensation de chaleur, de froid ou de douleur qu’ils croient ressentir dans le membre retranché.
▪ Class. Songe, fantôme qui flatte ou qui trouble l’imagination. Une illusion diabolique. Le jour vint dissiper les illusions qui avaient enchanté mon sommeil.
▪ En apposition. Marque de domaine : textile. Tulle illusion, tulle très fin et presque transparent. – Marque de domaine : joaillerie. Montage illusion, montage destiné à faire paraître plus grandes des pierres de petite dimension.
2.  Le fait de prêter une certaine réalité, un certain crédit, à ce que l’on sait imaginaire ou fictif ; la représentation imaginaire ou fictive que l’on accepte pour vraie ou réelle. L’illusion de vie donnée par un automate. L’illusion théâtrale, par laquelle les acteurs, les décors donnent à éprouver une situation, une intrigue, comme si elle était véritable. Illusion scénique. L’illusion romanesque, par laquelle le lecteur se représente les personnages et les évènements racontés comme s’ils avaient une existence en dehors du récit.
 Titre célèbre : L’Illusion comique, de Pierre Corneille (1636).
3.  Jugement erroné, croyance fallacieuse qui abuse l’esprit en exerçant sur lui une séduction particulière ; objet de ce jugement, de cette croyance. Les vaines illusions de l’amour-propre, de la jeunesse. On caressait l’illusion que la paix serait bientôt conclue. Entretenir, nourrir, dissiper une illusion. Vivre dans l’illusion. On l’a entretenu dans l’illusion qu’il allait guérir. Illusion collective. Expr. Illusion que tout cela !
▪ Au pluriel. Ensemble d’idées, de représentations qui déforment la réalité, généralement en l’embellissant. C’est un homme plein d’illusions, qui se berce d’illusions. Perdre ses dernières illusions. Être sans illusions. Expr. Se faire des illusions au sujet de quelqu’un, de quelque chose, le surestimer, lui prêter plus de mérite, de qualités qu’il n’en a. Je me suis fait des illusions sur son compte. Elle se fait des illusions sur ce qui l’attend. Fam. Ils se font des illusions, ils se bercent d’espérances chimériques. Ne vous faites pas d’illusions, n’y comptez pas.
▪ Loc. verb. Faire illusion à quelqu’un, lui apparaître autre qu’on n’est réellement. Se faire illusion à soi-même, se surestimer. Absolument. Faire illusion, être l’objet d’une appréciation favorable, qui se fonde sur des mérites, un crédit qu’on ne possède pas réellement. Ce beau parleur sait faire illusion.
 Titres célèbres : Illusions perdues, d’Honoré de Balzac (publié en trois parties, 1837, 1839 et 1843) ; La Grande Illusion, film de Jean Renoir (1937).
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