le, la

I. LE, LA

article défini (pluriel Les ; le e ou le a s’élide devant une voyelle ou un h muet, sauf devant les adjectifs numéraux un, onze, onzième et quelques noms comme ululement, yacht, etc., où il est fait mention de cette particularité).
Étymologie : ixe siècle. Issu de l’accusatif du pronom démonstratif latin ille, illa.
↪ voir aussi : II. Le, la (pr. pers.)
■  S’associe avec les prépositions À et De pour former les articles contractés Au, Aux, Du, Des. Avec la préposition De, forme également les articles partitifs De l’, De la, Du, Des. Entre dans la formation de pronoms comme L’un, l’autre, de pronoms possessifs comme Le mien, le nôtre, le leur.

I.

I. L’article défini introduit un nom commun qui désigne une personne ou une chose bien déterminée, clairement identifiable.
1.  Ce nom désigne une personne ou une chose que le contexte permet d’identifier. Le roi est mort, vive le roi. L’affaire est grave. Dans de nombreuses locutions, comme Sur l’heure, De la sorte, Pour le coup, et dans certaines exclamations : La vilaine bête ! Les belles fleurs ! Le sot !
2.  Ce nom est déterminé par un autre nom, un adjectif, une proposition relative, etc. Le vin de Bourgogne. La noblesse de robe. L’Empire romain. Les livres que vous m’aviez prêtés.
3.  Ce nom désigne une entité unique. Le Soleil, la Terre. Le Président. L’Assemblée et le Sénat.
4.  Ce nom est employé comme terme générique ou désigne une idée générale. L’homme, la femme. La vertu. Aimer les livres, la lecture.
▪ Par extension, dans des tournures marquant la répétition, l’habitude. Il vient le mardi. Il reçoit le matin.
5.  L’article sert à former un nom propre désignant une personne. Un palais de Le Vau. Une toile de Le Nain.

II.

II. L’article défini introduit un nom propre.
1.  Un nom de personne :
– Le nom est déterminé par un adjectif antéposé. Le bouillant Achille. Le Grand Condé. La petite Fadette.
(Dans d’autres cas, l’article suit le nom propre pour introduire un adjectif substantivé. Alexandre le Grand. Charles le Téméraire.)
– Le nom, mis au pluriel, désigne une dynastie : Les Bourbons, les Stuarts, ou bien une famille : Aller chez les Martin (dans ce cas, le nom propre ne prend pas la marque du pluriel).
– Le nom est déterminé par un autre nom, une proposition relative, etc. La Phèdre de Racine. Le Hugo des « Contemplations ». Le Louis XIV que nous décrit Voltaire.
– L’article s’emploie, à l’imitation de l’italien, devant certains noms d’artistes illustres, peintres, poètes, actrices, cantatrices, etc. L’Arioste, le Tasse. Le Caravage, le Tintoret. La Champmeslé, la Malibran, la Callas.
– Dans l’ancienne langue populaire. La Louise. Le Jules.
– Au pluriel, quand le nom de la personne est employé comme exemple à valeur générale ou pour désigner un type, un modèle. Quel grand siècle que celui qui a engendré les Corneille, les Racine, les Molière.
– Quand le nom de la personne est employé par métonymie pour désigner ses œuvres. Les Raphaël et les Poussin qui se trouvent dans ce musée.
2.  Un nom géographique. La France, l’Italie. Le Massif central, le Caucase. La Seine, le Mississippi. Le Berry. La Haute-Saône. Le Lot-et-Garonne. Au pluriel. Les Amériques. Les Pyrénées. Les Cévennes. Les Antilles. Spécialement. Dans des noms de ville, de localité. La Rochelle, Le Puy, Le Havre (au masculin, avec À et De, l’article défini se contracte selon la règle générale ; on dira : la municipalité du Touquet et non de Le Touquet, aller au Mans et non à Le Mans).
3.  Un nom de navire, d’aéronef, etc. Le « Nautilus ». Le « Pourquoi-Pas ? ». La « Jeanne-d’Arc ». Le « Concorde ».

III.

III. Emplois particuliers.
1.  L’article défini sert à former le superlatif. Le meilleur des hommes. Dans les locutions Le plus, le mieux, le moins. C’est là qu’elle fut le plus heureuse. C’est dans sa chambre qu’il travaille le plus commodément. La femme la plus charmante qui soit. Les soldats les moins aguerris. (En règle générale, Le reste invariable lorsqu’on ne compare pas des êtres ou des objets différents, mais les degrés d’une qualité, en comparant un objet ou un être à lui-même.)
2.  S’emploie à la place de l’adjectif possessif devant un nom désignant une partie du corps ou une faculté de l’esprit, lorsque ce nom est complément d’objet direct. Tirer la langue. Je me lave les mains. Il perd la raison. Il a retrouvé la mémoire. Je lui ai pris le pouls. Par extension. Elle a mal à la tête. Je l’ai retenu par la manche.
3.  Fam. L’article défini est précédé d’une préposition marquant l’approximation et introduit un nom de nombre. Nous sortirons vers les huit heures. Elle doit avoir dans les cinquante ans.
4.  S’emploie devant un nom désignant une mesure, une longueur, une durée, pour indiquer le rapport avec une autre grandeur. Un tissu à trente francs le mètre. Demander cent francs l’heure ou cent francs de l’heure.
5.  Pour substantiver des adjectifs, des verbes, etc. Le Beau, le Vrai, le Bien. Le boire et le manger. Le pourquoi et le comment. Le qu’en-dira-t-on.
6.  S’ajoute parfois au pronom indéfini On. Si l’on veut. Cet emploi, facultatif, est recommandable dans certains cas pour des raisons d’euphonie ; il est à éviter au début d’une phrase.
7.  L’article féminin précédé de la préposition À sert à former diverses locutions adverbiales. À la dérobée. Parler à la légère. Coiffure à la Ninon. Filer à l’anglaise. À la va-vite. S’habiller à l’ancienne. Des gnocchis à la romaine.

IV.

IV. Omission de l’article.
1.  Dans certains proverbes anciens. Noblesse oblige. Contentement passe richesse. Souvent femme varie.
2.  Il ne figure, au singulier ou au pluriel, que devant le premier terme d’une énumération, soit quand celle-ci forme une expression figée, soit quand les divers noms désignent des réalités étroitement associées ou une même réalité, ou encore s’ils sont des synonymes coordonnés par Ou. Les Arts et Métiers. Connaître les tenants et aboutissants. Les frères et sœurs, les parents et amis du marié. L’oncle et parrain de cet enfant. Le seigneur et maître. Le puma, ou couguar, est un grand félin d’Amérique.
3.  L’article s’omet également :
– Devant des noms compléments d’objet, dans des locutions figées. Rendre justice. Perdre pied. Tenir parole. Demander pardon.
– Devant des noms introduits par une préposition. Lutter de vitesse. Aller à pied. Boîte à lait.
– Devant deux noms unis par Et, formant une locution. Remuer ciel et terre. Travailler nuit et jour. Suer sang et eau.
– Dans les énumérations. Femmes, enfants, vieillards, tous étaient réunis.
– Devant les noms de jours, pour désigner une date ponctuelle. Il viendra dimanche, lundi, le dimanche, le lundi qui suit le moment où l’on parle.
– Parfois devant les mots mis en apostrophe. Amis, il faut partir.
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