mauvais, -aise

MAUVAIS, MAUVAISE

adjectif
Étymologie : xie siècle. Issu du latin populaire malifatius, proprement « qui est affecté d’un mauvais sort ».
■  L’adjectif Mauvais entre dans la formation de nombreuses expressions qui sont définies au mot principal, telles que mauvais aloi, mauvais augure, mauvaise foi, mauvais génie, etc. Pour le comparatif et le superlatif, voir Pire.
Dans la plupart de ses emplois, Mauvais, lorsqu’il n’est pas en position d’attribut, se place avant le nom.

I.

I. Funeste, néfaste.
1.  Qui fait craindre quelque mal, quelque malheur ; défavorable, fâcheux. Mauvais signe. Mauvais présage. Tout cela est mauvais pour nous. Expr. Avoir le mauvais œil, voir Œil. Faire contre mauvaise fortune bon cœur. Filer un mauvais coton. Être dans de mauvais draps. Se faire du mauvais sang. Être dans un mauvais jour. C’est un mauvais point pour lui, un élément défavorable.
2.  Qui peut nuire ; qui constitue un danger, un désagrément. La mer est mauvaise aujourd’hui. Faire une mauvaise rencontre. C’est un mauvais moment à passer. Se tirer d’un mauvais pas. Subir de mauvais traitements. Faire de mauvaises affaires, une mauvaise affaire. Une mauvaise grippe. Une mauvaise chute. Mauvaise herbe, herbe parasite nuisible. L’année a été mauvaise pour les récoltes, en affaires, a été d’un rendement médiocre. Expr. Prendre, interpréter quelque chose en mauvaise part, dans un sens défavorable.
▪  Adverbialement. Il fait mauvais (suivi d’un verbe à l’infinitif), il est dangereux de. Il fait mauvais s’attarder dans ces parages.
▪  Subst. Il y a du bon et du mauvais dans cet homme, dans cette affaire.

II.

II. Qui cause une impression désagréable, pénible.
1.  Qui déplaît aux sens, au goût. Un mauvais vin, un vin mauvais. Ce pain est mauvais. Une mauvaise odeur. Par extension. Cette table est fort mauvaise, on y mange mal.
▪  Adverbialement. Sentir mauvais, exhaler une odeur désagréable. Expr. fig. et fam. Cela sent mauvais, l’affaire tourne mal.
2.  Qui cause du mécontentement, du déplaisir. Mauvaise surprise. J’en ai gardé un mauvais souvenir. C’est une mauvaise plaisanterie. Faire un mauvais rêve. Il fait mauvais temps ou, adverbialement, il fait mauvais. La mauvaise saison, l’hiver. Loc. Trouver mauvais que, juger inopportun, déplaisant que.

III.

III. Qui présente quelque vice, quelque défaut essentiel.
1.  Dont la qualité est imparfaite ; dont l’état n’est pas conforme à ce qu’il devrait être. Une mauvaise terre. Les routes sont mauvaises dans cette région. Avoir une mauvaise vue. Avoir mauvaise mine. C’est une mauvaise excuse. Sous un mauvais prétexte. Des marchandises de mauvaise qualité. Un bâtiment en mauvais état.
2.  Qui est contraire à ce qui convient, erroné. Partir dans la mauvaise direction. Faire un mauvais choix. Marque de domaine : tennis. La balle est mauvaise, elle est tombée hors des limites du jeu.
▪  Expr. fig. Faire un mauvais calcul, faire des supputations erronées qui mènent à l’échec. Fam. Miser sur le mauvais cheval. Frapper à la mauvaise porte. Tirer le mauvais numéro.
3.  Qui n’est pas conforme à certaines règles, à certains modèles, à certaines valeurs. Parler un mauvais français. Cette expression est de mauvaise langue. Un mauvais roman, un mauvais tableau. Avoir une mauvaise éducation, de mauvaises manières. Avoir mauvais goût, manquer de jugement en matière d’esthétique, de mode.
▪  En parlant du comportement, de l’attitude vis-à-vis d’autrui. Avoir mauvais caractère, montrer un caractère peu égal ou peu amène. Être de mauvaise humeur, d’humeur chagrine, peu conciliante. Montrer de la mauvaise volonté. De mauvais gré, de mauvaise grâce, à contrecœur ou sans amabilité. Être dans de mauvaises dispositions à l’égard de quelqu’un, lui être hostile. Expr. Faire mauvais visage à quelqu’un, se montrer hostile ou froid à son égard. Faire sa mauvaise tête (fam.), manifester de l’humeur, du mécontentement. Avoir mauvais esprit, dénigrer, contester systématiquement. Faire du mauvais esprit, plaisanter mal à propos.
▪  Spécialement. Qui est ou qu’on juge contraire aux exigences du bien, de la morale. Une mauvaise action. Une parole mauvaise. Avoir de mauvaises pensées. Des instincts mauvais. Une femme de mauvaise vie. Un mauvais lieu. Par extension. Avoir mauvaise réputation. J’ai une très mauvaise opinion de lui.

IV.

IV. En parlant de personnes.
1.  Qui est enclin à faire du mal, que sa nature pousse à faire le mal, à s’y complaire. C’est un mauvais homme, un homme mauvais. Il est mauvais. Mauvais sujet. Par extension. Un sourire, un air mauvais, qui exprime la malveillance. Par métonymie. Une mauvaise langue, une personne médisante.
▪  Subst. C’est un mauvais, une mauvaise. Expr. Faire le mauvais, se montrer agressif, prêt à causer du désordre.
▪  Avec une majuscule. Le Mauvais, le démon, Satan.
▪  Par affaiblissement. S’emploie parfois pour Malicieux, railleur. Que vous êtes mauvais ! que votre ironie est acerbe !
2.  Qui n’a pas les qualités qu’il doit avoir ; qui n’accomplit pas sa tâche, son devoir. De mauvais parents. Un mauvais orateur. Un mauvais citoyen.
▪  Fig. Par antiphrase, s’ajoute à certains substantifs pour former une sorte d’éloge. C’est un mauvais courtisan, un mauvais menteur, il a trop de fierté, de droiture pour être courtisan, menteur.
▪  Par affaiblissement. Dans un certain nombre d’expressions, Mauvais signifie simplement Qui est peu accommodant, mal disposé, qui ne se conduit pas comme il le faut. Un mauvais joueur, un mauvais perdant. Mauvais coucheur, personne d’humeur difficile, querelleuse, chicanière. Une mauvaise tête, une personne obstinée, querelleuse. Un mauvais esprit, une personne portée à l’indiscipline, à la contestation systématique.

V.

V. Par litote. Avec la négation, dans le sens de « bon », ou même « très bon ».
Ce n’est pas un mauvais écrivain. Ce n’est pas un mauvais homme ou, fam., un mauvais bougre, c’est un brave homme, ou un homme bon. Cette bière n’est pas mauvaise. Ce qui vient de se passer n’est pas mauvais pour vous. Loc. verb. Il ne serait pas mauvais que (suivi du subjonctif), il conviendrait que. Il ne serait pas mauvais que vous lisiez cet ouvrage. Il ne serait pas mauvais de (suivi de l’infinitif), il serait souhaitable de. Il ne serait pas mauvais de le mettre au courant.
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