ou

OU

conjonction de coordination
Étymologie : xe siècle, u. Issu du latin aut, de même sens.
■  Ou peut coordonner deux noms : le bien ou le mal, Pierre ou Paul ; deux pronoms : lui ou moi, le tien ou le mien ; deux adjectifs : blanc ou noir ; deux déterminants : le ou les coupables, son ou sa propriétaire ; deux verbes : C’est à prendre ou à laisser ; deux adverbes : plus ou moins ; deux propositions indépendantes : Il n’a pris encore aucune décision ou il ne veut pas nous en faire part ; deux propositions subordonnées : Je crois qu’il a oublié cet incident, ou qu’il ne vous en tient pas rigueur. Il peut aussi coordonner deux éléments de nature différente ayant la même fonction : Est-ce pour moi ou pour mon père ? Qu’il le veuille ou non, il devra en passer par là. Aujourd’hui ou dans plusieurs mois.
1.  Ou sert à unir dans une même phrase les deux termes d’une alternative, deux éléments du discours ayant même fonction, et dont l’un exclut l’autre (dans cet emploi, ou est dit exclusif). Il faut répondre par oui ou par non. Des différences plus ou moins grandes. Un nombre supérieur ou égal à dix. Selon que vous serez puissant ou misérable… Qu’il ait tort ou qu’il ait raison, il vous doit des excuses. La force ou la ruse lui permettra de l’emporter. Lequel, de César ou d’Alexandre, fut le plus grand capitaine ?
▪  Dans un certain nombre de locutions et d’expressions. Mort ou vif. Tout ou rien. À tort ou à raison. De près ou de loin. Pair ou impair. Quitte ou double. Pile ou face. Ici ou là. Tôt ou tard. Peu ou prou. De gré ou de force. Une question de vie ou de mort. C’est le moment ou jamais. Être ou ne pas être. Fam. Ou je ne m’y connais pas, pour appuyer un jugement, une opinion. Voilà un excellent bordeaux, ou je ne m’y connais pas. Prov. Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée.
▪  Dans diverses sentences, devises ou formules historiques. La liberté ou la mort. Se soumettre ou se démettre. Vaincre ou périr.
▪  Si l’alternative comprend plusieurs termes, ou se place généralement avant le dernier : Quand arrivera-t-il ? Lundi, mardi ou mercredi ? Ou peut être redoublé devant chacun des termes coordonnés : Je viendrai ou demain ou après-demain. De deux choses l’une : ou il est innocent, ou il est coupable. Ou c’est lui ou c’est moi. Ou il obéira, ou il sera puni. Dans la langue soutenue, ou peut être employé à la place de soit. Soit paresse ou prudence, il a préféré renoncer. Dans la langue classique, ou si peut introduire le second terme d’une interrogation. Est-ce vous qui viendrez, ou si c’est lui ?
▪  Ou peut aussi relier deux termes qui ne s’excluent pas nécessairement (dans cet emploi, ou est dit inclusif). Qu’il vente ou qu’il neige. Vous ou moi nous parviendrons à le convaincre. Il y a eu faute ou négligence de sa part. L’envie ou l’ambition qui l’anime. La parution des lois ou décrets au « Journal officiel ». L’un ou l’autre se dit, ou se disent.
▪  Qu’il soit exclusif ou inclusif, ou peut être renforcé par l’adverbe bien. Le maire, ou bien son adjoint, les mariera. J’achèterai des pommes, ou bien des poires. Maintenant, ou bien plus tard.
▪  Lorsque deux sujets au singulier sont unis par ou, le verbe se met au singulier si l’un des termes exclut l’autre, au pluriel dans le cas contraire. L’un ou l’autre sera vainqueur. Le chien ou le chat l’aura mangé. Le froid ou la pluie le poussèrent à rentrer. Lui ou moi nous chargerons de cette tâche. L’un ou l’autre viendra, mais Ils viendront l’un ou l’autre.
▪  Après un impératif ou toute expression de l’ordre, ou indique un risque, une conséquence forcée ; il peut exprimer aussi un avertissement, une menace. Hâtez-vous d’agir, ou il sera trop tard. Faites ce que je vous dis, ou vous vous en repentirez. Il viendra, ou il aura de mes nouvelles. La bourse ou la vie ! expression qui était employée par les voleurs de grand chemin pour rançonner les voyageurs. Pop. Retenez-moi ou je fais un malheur. Il peut être renforcé par un adverbe : Taisez-vous, ou alors je me fâche.
  Titre célèbre : Ou bien… ou bien, de Soeren Kierkegaard (1843).
2.  Ou sert à marquer une équivalence entre deux termes désignant une même réalité, entre deux dénominations appliquées à une même personne, à une même chose. Byzance ou Constantinople. Les Stéphanois ou habitants de Saint-Étienne. Henri Beyle ou Stendhal. Le lynx ou loup-cervier. La lunaire ou monnaie-du-pape.
▪  Spécialement. Lorsque le titre d’une œuvre comporte une seconde partie, celle-ci peut être précédée de ou, lorsqu’elle est destinée à fournir une indication ou une explication au lecteur. « Le Misanthrope ou l’Atrabilaire amoureux ». « Les Caractères ou les Mœurs de ce siècle ». « Candide ou l’Optimisme ». « Émile ou De l’éducation ». « Amédée ou Comment s’en débarrasser ».
▪  Renforcé par un adverbe, ou sert à introduire une précision, une explication, une restriction, à nuancer ce qui vient d’être dit. Je ne relèverai pas la confusion, ou plutôt l’incohérence de ses propos. Il a du courage, ou mieux, de l’audace.
3.  Ou sert à marquer l’approximation dans une évaluation, un calcul. Un enfant de six ou sept ans. Il pouvait être trois ou quatre heures.
▪  Pour unir deux nombres non consécutifs, on utilise de préférence de… à : Un groupe de dix à vingt personnes. Avec des nombres consécutifs, on emploiera soit ou, soit de… à, ou marquant davantage l’indétermination, de… à posant la limite supérieure de l’évaluation : Il a écrit sur ce sujet quatre ou cinq pages remarquables. Vous rédigerez un compte rendu de quatre ou cinq pages.
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