rien-du-tout
RIEN
pronom indéfini et nom masculinÉtymologie : xe siècle. Issu du latin rem, accusatif de res, « chose ».
I.
I. Pronom indéfini.
A.
Avec une valeur positive, dans des emplois soutenus.
Quelque chose, quoi que ce soit.
Dans des phrases interrogatives.
Est-il rien de si beau ?
Qui vous reproche rien ?
Dans des propositions subordonnées ou des compléments à l’infinitif introduits par un verbe à la forme négative, un verbe à sens négatif ou dubitatif.
Je ne souhaite pas, je refuse qu’il tente rien.
Ce n’est pas la peine de rien changer.
Je doute qu’il ait rien compris.
Dans le complément d’un adjectif de sens négatif.
Rester incapable de rien dire.
Il serait imprudent de rien entreprendre.
Dans des structures hypothétiques.
Si rien pouvait l’affliger, c’était bien cette nouvelle.
Dans des structures consécutives.
Elle est trop épuisée pour rien faire.
Après certaines prépositions ou locutions conjonctives.
Avant de rien fixer, consultez-le.
Sans rien dire.
Sans qu’il en pense rien, qu’il en fasse rien.
B.
Avec une valeur négative.
Aucune chose, nulle chose.
1.
En corrélation avec l’adverbe ne.
Rien n’est plus nécessaire.
Rien ne l’arrête.
Rien ne laissait prévoir une telle issue.
Rien ne presse.
Il ne possède rien, plus rien, à peu près rien.
On n’y peut absolument rien.
Je vous prie de n’en rien faire ou de n’en faire rien.
Ne rien y entendre, n’y rien entendre.
Il n’a plus jamais rien dit.
Vous n’avez encore rien vu.
Ne… rien moins que, voir Moins.
Ne…rien… que, avec une valeur restrictive.
Il ne nous a rien raconté que des anecdotes sans intérêt.
Elle n’a rien fait que son devoir.
Je ne vois là rien que de très banal.
Par affaiblissement.
Une fois de plus, ce malade n’a rien mangé, il a très peu mangé.
▪ Dans des formules d’apaisement ou de politesse.
Cela n’est rien, pour rassurer quelqu’un, ou en réponse à une excuse, à un remerciement.
Cela ne fait rien, pour indiquer que ce qui vient de se passer n’est pas grave.
Je n’en ferai rien, pour refuser avec courtoisie d’avoir le pas sur quelqu’un.
▪ Loc. et expr.
Rien ne va plus, voir Aller I.
Parler pour ne rien dire, parler de choses futiles, sans importance.
Ne rien faire à quelqu’un, lui être indifférent.
Son avis ne me fait rien.
N’être pour rien dans quelque chose, n’y avoir aucune part.
Pour rien au monde, à aucun prix, en aucune façon.
Je n’irais là-bas pour rien au monde.
En rien, en aucune façon.
Sa venue ne modifie en rien ma décision.
Ne servir à rien, de rien, voir Servir.
Cela ne gâte rien, voir Gâter.
Cela ne ressemble à rien (fam.), voir Ressembler.
Cela ne rime à rien (fam.), cela n’a aucun sens.
N’avoir l’air de rien, dissimuler ses intentions, ses aptitudes, etc. sous une apparence ordinaire.
Cela n’a l’air de rien, cela semble insignifiant.
Ne faire semblant de rien (fam.), voir Semblant.
Impers.
Comme si de rien n’était, avec une réelle ingénuité, ou avec une apparente indifférence pour ce qui s’est passé.
Il n’en est rien, c’est tout à fait faux.
▪ Suivi d’un complément introduit par une préposition.
Cette nouvelle n’a rien de surprenant.
Rien de grave ne s’est produit.
Je n’ai rien d’autre à dire.
Ne… rien de moins que, voir Moins.
N’avoir rien à faire.
Ne rien avoir à se mettre.
Expr.
N’avoir rien de, être très différent de, sans ressemblance aucune avec.
Il n’a rien d’un va-t-en-guerre.
N’avoir rien à perdre, plus rien à perdre, voir Perdre.
Cela n’a rien à voir, cette affaire est sans rapport avec le sujet.
Il n’y a rien à faire, la chose est impossible, ou ne peut être modifiée.
N’être rien à, pour quelqu’un, n’avoir avec lui aucun lien de parenté, d’affection, etc.
Cet homme ne m’est rien.
Il n’est rien pour moi.
Vous ne perdez rien pour attendre, voir Perdre.
N’avoir rien pour soi, rien pour plaire, ne pouvoir se prévaloir d’aucun talent, ne dégager aucune séduction.
N’avoir rien contre quelqu’un, contre quelque chose, ne pas lui être défavorable, ne pas être hostile à une entreprise.
Dans des tours familiers qui marquent l’insistance.
Il n’y connaît rien de rien, rien du tout.
Il ne connaît rien à rien.
▪ Suivi d’une subordonnée relative au subjonctif.
Il n’y a là rien qui ne soit déjà connu.
Elle n’avance rien qu’elle ne puisse prouver.
Je n’ai rien trouvé qui me plaise.
Ne faire rien qui vaille, ne pas réussir à accomplir quoi que ce soit de valable.
Expr.
Ne dire rien qui vaille à quelqu’un, se dit à propos d’une chose qui n’inspire pas confiance, n’attire guère.
Cette auberge ne me dit rien qui vaille.
▪ Expr. proverbiales. On ne fait rien pour rien.
On n’a rien sans rien.
Qui ne risque rien n’a rien.
Rien ne sert de courir, il faut partir à point, par allusion à la fable de La Fontaine « Le Lièvre et la Tortue », il faut faire les choses au bon moment.
Il n’y a rien de nouveau sous le soleil, par allusion à l’Ecclésiaste.
Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme, célèbre formule inspirée des propos de Lavoisier, qui énonce la loi de conservation de la matière, encore appelée principe de Lavoisier.
Ils n’ont rien appris, rien oublié, voir Oublier.
Le temps ne fait rien à l’affaire, formule, rendue célèbre par Molière dans Le Misanthrope, qui indique qu’une situation ne peut s’améliorer d’elle-même.
2.
Sans l’adverbe ne.
Prenez cette somme, ce sera toujours mieux que rien.
Ce que vous dites ou rien, c’est la même chose.
Parler de tout et de rien.
Compter pour rien.
De rien, s’emploie familièrement pour répondre à un remerciement.
▪ Dans une phrase nominale ou une réponse elliptique.
Rien de cassé ?
Rien à déclarer.
La devise de Jacques Cœur était : « À cœur vaillant, rien d’impossible ».
Qu’a-t-il dit ? – Rien.
Avez-vous trouvé quelque chose ? – Rien qui m’ait plu.
▪ Loc. et expr.
Réduire à rien, anéantir.
Se réduire ou, vieilli, venir à rien, perdre de l’importance jusqu’à disparaître.
Sans faire mine de rien, voir Mine I.
Pour rien, sans résultat, sans bénéfice.
Dire que j’ai fait tout cela pour rien !
Rien de moins, rien moins, voir Moins.
Rien de plus, rien de moins, précisément, exactement.
Comme rien ou, subst., comme un rien, très facilement, très rapidement.
La Bourse peut grimper ou s’effondrer comme rien.
Rien que, seulement.
Rien qu’en y pensant, rien que d’y penser.
Nous serons seuls, rien que vous et moi.
Dire toute la vérité, rien que la vérité.
Rien que pour cela, y aller vaut la peine.
Cela ressemble à tout et à rien, voir Ressembler.
Rien que cela ! exprime par antiphrase l’étonnement ou l’ironie.
C’est tout ou rien, il n’y a pas de compromis possible.
Marque de domaine : physiologie.
Loi du tout ou rien, selon laquelle la réponse d’un neurone ou d’une cellule musculaire squelettique à une stimulation est nulle si celle-ci est inférieure à un seuil, et maximale une fois ce seuil franchi.
▪ Par affaiblissement.
Cela a tenu à rien, à très peu de chose.
Il vit de rien, de trois fois rien, très modestement.
Des gens sortis de rien (péj.), d’origine sociale très modeste.
Partir, venir de rien, voir Partir II, Venir.
Loc.
Moins que rien, en moins de rien, voir Moins.
Pour rien, pour très peu d’argent.
Je l’ai acheté pour rien.
De rien, se dit d’une personne née dans un milieu déshérité ou de ce qu’on estime de peu de valeur.
Un homme de rien.
Une fille de rien (vieilli), dont on réprouve les mœurs.
Un bijou, un bibelot de rien.
Un propre à rien, un bon à rien, un moins-que-rien, voir Propre I, Bon I, Moins.
Titres célèbres : Beaucoup de bruit pour rien, comédie de Shakespeare (vers 1598) ; Rien que la terre, de Paul Morand (1926).
II.
II. Nom masculin.
1.
Rare. Avec l’article défini.
Le néant.
2.
Chose de peu d’importance, bagatelle.
Un rien l’amuse, le distrait.
Ils se sont brouillés pour un rien.
S’arrêter à des riens.
Offrir un rien, un petit rien.
Vieilli.
Un grand diseur de riens.
▪ Loc. et expr.
Un rien l’habille, se dit d’une personne qui porte avec élégance les vêtements les plus simples.
En un rien de temps ou, vieilli, en moins de rien, très promptement.
Tout a disparu en un rien de temps.
Un rien, quelque peu, légèrement.
Son discours ne serait-il pas un rien provocateur ?
Fam.
Un, une rien-du-tout (inv.), un homme, une femme méprisables.
Un rien de, un peu de.
S’il avait seulement un rien de prudence, un rien de retenue !
Voir aussi
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VOISINAGE ALPHABÉTIQUE
- ridicule, adj. et n. m.
- ridiculement, adv.
- ridiculiser, v. tr.
- ridiculité, n. f. [7e édition]
- ridoir, n. m.
- ridule, n. f.
- rièble, n. m. [7e édition]
- riel, n. m.
- riemannien, -ienne, adj.
- rien, pr. indéf. et n. m.
- rien-du-tout, n. m. inv.
- riesling, n. m.
- rieur, -euse, n. et adj.
- rif, n. m.
- riff, n. m.
- riffle, n. m.
- rififi, n. m.
- riflard [I], n. m.
- riflard [II], n. m.
- rifle, n. m.