tel, telle

TEL, TELLE

adjectif et pronom indéfini
Étymologie : xe siècle. Issu du latin talis, « tel ; de cette qualité, de cette nature ».

I.

I. Adjectif.
1.  Marque la ressemblance, la comparaison. Semblable, similaire ; de cette nature, de cette sorte. Il n’y a pas en ce pays-ci de telles coutumes. Je n’ai jamais rien vu de tel. De telles raisons ne peuvent suffire. Une telle conduite vous fait honneur. Elle bondit tel un petit diable ou, moins souvent, telle un petit diable. Loin de moi une telle intention ! Pour être heureux ou malheureux, il suffit de se croire tel. Elle était son ennemie ou du moins réputée telle, pour telle, comme telle. Pour se référer à ce qui vient d’être dit ou, moins souvent, à ce qui va être dit. Tel fut le discours qu’il tint. Telle était alors la situation du pays. Puisque telle est votre volonté… Tel a été le résultat de ses démarches, il a pu rembourser ses dettes en totalité.
▪ Redoublé, dans des tours littéraires ou des expressions figées ou proverbiales. Tel un lion rugissant met en fuite les bergers épouvantés, tel Achille… Tel père, tel fils, un fils a souvent les mêmes qualités et les mêmes défauts que son père. Tel maître, tel valet, les valets prennent les habitudes de leurs maîtres. Telle vie, telle fin ou telle mort, on meurt d’ordinaire comme on a vécu.
▪ En corrélation avec l’adverbe que, pour introduire une subordonnée comparative ou consécutive. Je ne suis pas tel que vous pensez. Cette étoffe est telle que vous la voulez. Tel que je le connais, il n’arrivera pas de sitôt. Tel que je vous dis, tel que je vous vois, s’emploie pour insister sur son propos. Soient les points A, B et C tels que ABC forme un triangle. Avec l’ellipse du verbe. Il est tel que son père. Après un substantif, souvent avec une nuance d’appréciation, d’estimation (s’emploie en bonne ou en mauvaise part). Une femme telle que vous méritait bien cette distinction. Qu’attendre d’un individu tel que lui ? Dans une affaire telle que celle-ci.
▪ Spécialement. Pour introduire un exemple ou une énumération présentée comme non exhaustive (tel, employé seul, s’accorde le plus souvent avec le nom qui le suit ; tel, suivi de que, s’accorde avec le nom qui le précède et dont il dépend). Certaines plantes, tel le lierre, ne perdent pas leurs feuilles en hiver. Il photographie les bêtes féroces, telles que le tigre, le lion. Les ouvrages destinés au théâtre, tels que les comédies, les tragédies…
▪ Loc. et expr. Tel quel, en l’état où quelqu’un ou quelque chose se trouve, à l’identique. Tel quel, ce candidat peut être reçu. Je vous rends votre livre tel quel, votre somme d’argent telle quelle. « Tel quel », titre d’un recueil de pensées de Paul Valéry (1941 et 1943) et nom d’une revue littéraire d’avant-garde (1960-1982). En tant que tel, du fait de sa nature même, en soi. Il ne conteste pas cette idée en tant que telle. Comme tel, à ce titre. Ce sont des calomnies qui, comme telles, doivent être ignorées. Rien de tel, rien de cette sorte. Il n’a dit rien de tel ou, plus souvent, il n’a rien dit de tel. Il ne s’était jamais vu à telle fête (fam.), il n’avait jamais connu de situation plus heureuse. Telle est la question, se dit, souvent plaisamment, pour évoquer un dilemme, par référence au monologue de Hamlet, de Shakespeare, qui commence par « Être ou ne pas être, telle est la question ». Marque de domaine : histoire. Car tel est notre plaisir, notre bon plaisir, formule de chancellerie qui était apposée en France sur les édits, lettres ou autres actes administratifs paraphés de la main du roi.
2.  Marque le haut degré. Si grand, si important. Un tel poète ne se rencontre pas deux fois dans un siècle. Comment peut-on dépenser de telles sommes d’argent ? Il ne pourra se relever d’un tel scandale.
▪ En corrélation avec l’adverbe que, pour introduire une subordonnée consécutive. Sa mémoire est telle qu’il n’oublie jamais rien. Il y avait une telle multitude de gens qu’on ne pouvait pas avancer. Il ne fait pas une telle chaleur qu’il faille rester à l’intérieur.
▪ Loc. Rien de tel, rien de si efficace, de mieux. Boire une infusion avant de se coucher, rien de tel pour bien dormir. Loc. conj. Il n’y a rien de tel que les conseils d’un ami. À telles enseignes ou à telle enseigne que, tellement que, la preuve en est que, comme le prouve le fait que. Il fit très froid cet hiver-là, à telle enseigne que le lac fut gelé. À tel point que, de telle sorte que, de telle façon que, de telle manière que, tellement que (introduit une subordonnée consécutive à l’indicatif ou au conditionnel) ; pour que (introduit une subordonnée finale au subjonctif). Il en est affligé à tel point qu’il en perd la raison. Ils se sont compromis de telle sorte qu’il leur serait bien difficile de se tirer d’embarras. Elle a embrouillé l’affaire de telle façon qu’on ait peine à s’y reconnaître.
3.  Marque l’indétermination portant sur l’identité d’une personne ou d’une chose qu’on ne peut ou ne veut pas désigner précisément. Ce tableau est de tel peintre. Il est allé s’établir dans telle ville. J’arriverai tel jour, à telle heure. Il me doit telle somme. Il m’a dit telle et telle chose. Ils avaient ordre d’accepter telles conditions. Tel homme est récompensé, qui méritait d’être puni. Redoublé. Tel individu recherche ce que tel autre méprise.
▪ Loc. Tel et tel, tel ou tel, se dit de personnes ou de choses indéfinies qu’on présente associées ou séparées. Il répondra de telle et telle manière ou, rare, de telles et telles manières. Tel et tel orateur prendra ou, plus souvent, prendront la parole. Tel ou tel chercheur seront ou, plus souvent, sera à la conférence. Tel ou tel gagnera la compétition.

II.

II. Pronom indéfini.
Pour désigner un individu, une chose qu’on ne peut ou ne veut pas identifier précisément. Tel s’est plaint du bruit. Telle de ses déclarations a fait scandale. Redoublé. Tels pensent s’abstenir, tels préfèrent voter blanc. Tel de ces monuments a été détruit, tel autre conservé.
▪ Dans une phrase exprimant une vérité générale (suivi d’une subordonnée relative). La foudre tombera sur tel qui ne la craint pas. Tel fait des libéralités, qui ne paie pas ses dettes. Expr. proverbiales. Tel qui rit vendredi, dimanche pleurera, tirée des Plaideurs, de Racine. Tel est pris qui croyait prendre, par allusion à la fable de La Fontaine « Le Rat et l’Huître », se dit quand le dupeur est dupé.
▪ Loc. Tel et tel, tel ou tel, l’un et l’autre, l’un ou l’autre. Il en a parlé à tel ou tel avant d’annoncer officiellement sa candidature. Tel et tel affirme ou, plus souvent, affirment que… Telle ou telle des sculptures pourraient ou, plus souvent, pourrait se briser. Tel ou tel devra céder sa place. Un tel, une telle, s’emploie pour désigner une personne d’une façon indéterminée (s’écrit aussi en un seul mot, souvent avec une majuscule, Untel, unetelle, voir ce mot). Il est tantôt chez un tel, tantôt chez une telle. Monsieur un tel, madame une telle.
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