Dire, Ne pas dire
Dire, Ne pas dire • Bonheurs et surprises
(4/05/2023)
(4/05/2023)
Il n’y a pas de sot métier
Il n’y a pas de sot métier, dit le proverbe, avant d’ajouter : Il n’y a que de sottes gens. Tout cela est de bon sens, mais on constate aussi que nombre de métiers, surtout quand ceux qui les exerçaient étaient craints, ont été désignés par une grande variété de termes argotiques, comme si l’on avait voulu atténuer la peur que pouvaient inspirer ces personnes en les rendant plus familières. Parmi celles-ci figure le médecin, respectueusement appelé docteur, mais aussi, plus familièrement, diafoirus, le nom d’un des médecins dans Le Malade imaginaire, un nom auquel la terminaison en ‑us, empruntée du latin, semble offrir une garantie de sérieux, et qui est la combinaison du grec diaphoros, « remarquable », et du verbe argotique foirer, signifiant « avoir la colique » et « échouer lamentablement ». Pour désigner les médecins, on redonne aussi vie à des termes d’ancien français, parfois restés dans des langues régionales, comme mire qui se lit encore chez Verlaine, et on se souvient que Le Médecin malgré lui est inspiré d’un conte médiéval, Le Vilain mire. Il y a aussi mège, revivifié par Daudet. À l’italien, nous avons emprunté médicastre et, si la forme maladier se rencontre surtout comme un verbe signifiant « être malade », elle peut désigner, elle aussi, un mauvais médecin.
Le prêtre fut aussi l’objet de quolibets : corbeau, pour le noir de sa soutane, cet habit ayant aussi donné ensoutané ; calotin, qui vient de la calotte qu’il portait et qui s’est bien vite étendu à tous les hommes d’Église, puis aux séides du clergé. On a parlé aussi de ratichon, qui tire son nom de rat, et se trouve ainsi être un parent du rat de sacristie et du rat de bibliothèque.
On a longtemps opposé le prêtre à l’instituteur, et les élèves se sont toujours plu à trouver quelques surnoms à leurs enseignants. Le plus en usage désigne les surveillants, communément appelés pions, mot issu du latin pedo, « fantassin », puis « personne de peu d’importance », et attesté pour la première fois dans la correspondance du jeune Baudelaire. On nommait aussi le pédagogue gâcheux, proprement « celui qui gâche, qui travaille grossièrement », mot dont Littré nous dit qu’il désigne un maître subalterne dans une pension ou un instituteur de très bas étage.
La Fontaine a, lui, popularisé barbacole, dans La Querelle des chiens et des chats et celle des chats et des souris — « Humains, il vous faudroit encore à soixante ans / Renvoyer chez les barbacoles » —, une forme tirée de Barbacola, le nom du maître d’école dans l’opéra de Lulli intitulé Le Carnaval (dont le livret était de Molière, Benserade et Quinault) ; Barbacola est tiré du latin barbam colere, « porter la barbe ».
Autre terme venant d’un nom propre, pet-de-loup, emprunté de Petdeloup, un personnage de La Vie publique et privée de mossieu Réac, de Nadar.
Les châtiments corporels que les enseignants infligeaient à leurs élèves expliquent leur autre surnom de fouette-cul. Pour ne pas trouver le terme trop fort, il n’est que de se souvenir que longtemps la pédagogie s’inspira de pratiques de l’Antiquité. De celles-ci témoigne saint Augustin dans Les Confessions : « Si j’étais paresseux quand je devais apprendre, on me battait, et nos aînés louaient cette façon de faire. » On rappellera aussi qu’à Sparte le paidonomos, le préposé à l’éducation des enfants, était assisté d’un mastigophoros, « un porte-fouet », et que la férule, dont les Latins rattachaient le nom au verbe ferire, « frapper », était fort en usage autrefois dans les écoles. Ne définissait-on pas cet objet, dans la première édition de notre Dictionnaire, comme une « petite palette de bois, avec laquelle on frappe sur la main des escoliers, lors qu’ils ont fait quelque legere faute » ? Avec le temps, ces pratiques s’estompèrent puisque, depuis 1835, le texte a connu un changement d’importance, en passant du présent à l’imparfait : « dont on se servait autrefois… lorsqu’ils avaient fait quelque faute ». Rappelons pour conclure que cet instrument fut si longtemps emblématique de l’état d’enseignant que Perrault écrivit, dans la préface du Parallèle des Anciens et des Modernes : « Ils devraient, ces auteurs, demeurer dans le grec, Et se contenter du respect De la gent qui porte férule. »
■ Voir dans le dictionnaire : Calotin • Corbeau • Docteur • Ensoutané • Ferule [1e édition] • Férule • Gâcheux [7e édition] • Médecin • Médicastre • Métier • Mire (II) • Pion • Prêtre
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HISTORIQUE DE CONSULTATION
- suborneur, -euse, n.
- subprime, n. m.
- suborner, v. tr.
- subornation, n. f.
- subordonner, v. tr.
- subordonné, -ée, adj. et n.
- subordonnant, n. m.
- subordination, n. f.
- suborbital, -ale, adj.
- subodorer, v. tr.
- submersion, n. f.
- submersible, adj.
- submerger, v. tr.
- sublunaire, adj.
- sublingual, -ale, adj.
- sublimité, n. f.
- subliminal, -ale, adj.
- spectrométrie, n. f.
- spectromètre, n. m.
- spectrohéliographe, n. m.
- spectrographe, n. m.
- spectrogramme, n. m.
- spectre, n. m.
- spectral, -ale, adj.
- spectateur, -trice, n.
- spectaculaire, adj.
- spectacle, n. m.
- spécimen, n. m.
- spécifiquement, adv.
- spécifique, adj.
- spécifier, v. tr.
- spécificité, n. f.
- spécification, n. f.
- spécieux, -euse, adj.
- spécieusement, adv.
- spéciation, n. f.
- spécialité, n. f.
- son [III], n. m.
- sommital, -ale, adj.
- somme [II], n. f.
- solfatare, n. f. ou parfois m.
- solex, n. m.
- solénodonte, n. m.
- solennité, n. f.
- solenniser, v. tr.
- solennellement, adv.
- solennel, -elle, adj.
- solen, n. m.
- solécisme, n. m.
- soléaire, adj.