Questions de langue
Questions de langue
Noms géographiques et leurs articles
1.
Villes
Quand un nom de ville commence par l’article défini masculin singulier ou pluriel, cet article se contracte avec la préposition à ou de : Aller du Havre au Touquet et non de Le Havre à Le Touquet ; être né aux Lilas ; revenir des Deux-Alpes ; la plage des Issambres ; la poste des Rousses ; la mairie des Sables-d’Olonne.
En dehors de ces noms dont on connaît le genre grâce à leur article, le genre des noms de ville (tout comme celui des noms de pays) ne suit pas de règle précise : il est ordinairement masculin dans l’usage parlé (Paris brûle-t-il ?), mais souvent féminin dans la langue littéraire, sans doute parce que l’on sous-entend la ville (Paris est traversée de parfums d’ambre). Néanmoins, la présence d’un e muet en fin de mot favorise le féminin (Marseille est belle aux lueurs du couchant). Quant au masculin, il prédomine :
- quand le nom est précédé des adjectifs vieux, nouveau ou grand, pour désigner des quartiers de la ville ou son extension : le vieux Lille ; le nouveau Paris ;
- quand le nom est précédé du déterminant tout : Tout Rome assista à son triomphe ;
- quand il est employé par métonymie pour un club sportif ou le gouvernement d’un pays : Nantes a été champion de France de football ; Washington a été rappelé à l’ordre.
Remarque : On ne saurait condamner les tournures en Arles, en Avignon, bien attestées chez les meilleurs auteurs, et qui s’expliquent à la fois comme archaïsme (l’usage de en au lieu de à devant les noms de villes, surtout commençant par une voyelle, était beaucoup plus répandu à l’époque classique) et comme régionalisme provençal. Il semble cependant que cet emploi de en soit en régression. Rien ne justifie qu’on l’applique à d’autres villes : on ne dira pas en Arras, en Amiens, etc.
L’archaïsme (cf. Chanson de Roland : « en Sarraguce » ; La Bruyère : « en Épidaure » ; Racine : « en Argos »…) peut être renforcé par le sentiment qu’Avignon et Arles ont été des États souverains. Quant au régionalisme, le provençal, à l’instar du latin, distingue siéu (« je suis ») en Arle, en Avignoun (qui répond à la question ubi du latin) de vau (« je vais ») a(n) Arle, a(n) Avignoun (qui répond à la question quo du latin), évitant le hiatus a/a par l’introduction du n euphonique. Pour les francophones habitués à une forme unique à pour les deux questions, en et an, compris l’un et l’autre comme destinés à éviter le hiatus, se sont trouvés confondus dans le en français.
2.
Départements
Les noms de département français formés par deux termes coordonnés par et (noter qu’ils prennent toujours des traits d’union), sont de genre masculin si au moins l’un des termes qui les compose est masculin : le Lot-et-Garonne mais la Maine-et-Loire (Maine comme Loire sont de genre féminin).
S’ils sont employés en complément, il est recommandé d’omettre l’article : le département de Meurthe-et-Moselle. Mais si le département commence par une voyelle, ce qui implique une élision, l’article est toléré : département de l’Eure-et-Loir, les villes d’Eure-et-Loir.
Par ailleurs, ces noms de département formés de deux termes coordonnés par et, à l’inverse des autres noms qui s’emploient avec la préposition « dans » et l’article (dans la Seine-Maritime, dans la Charente), s’emploient avec la préposition en et sans article : le département de Seine-et-Marne, de Loir-et-Cher ; aller en Seine-et-Marne ; en Loir-et-Cher. Il en va de même pour le département de Vaucluse parce que celui-ci tire son nom de Fontaine de Vaucluse.
3.
Pays
Les noms de pays s’utilisent généralement avec l’article (la France, l’Allemagne) ; cependant, il existe quelques exceptions comme Israël, Monaco, Madagascar, Cuba, Taïwan ou encore Haïti.
L’article disparaît toujours avec la préposition « en » (en France). Il disparaît également après la préposition « de » indiquant l’origine : un tapis d’Iran, un vase de Chine. C’est surtout une question d’usage, et il n’y a pas de règle absolue, bien qu’il existe parfois une nuance de sens plus ou moins nette : par exemple, dans le gouvernement de la France ou l’économie de la France, la France est désignée à un moment de son histoire, tandis que dans l’ambassade de France, elle, est prise dans un sens intemporel.
Toutefois, l’article se maintient généralement lorsque le nom qui précède le pays est accompagné d’un adjectif : l’Histoire de France mais l’Histoire économique de la France.
4.
Pluriel des noms géographiques
Certains noms propres de lieux sont susceptibles d’être employés au pluriel et le problème de l’accord se pose alors. Ceux dont l’emploi au pluriel est traditionnel et très courant prennent la marque du pluriel : les Gaules, les Amériques, les Flandres, les Abruzzes, les deux Sèvres, le département des Deux-Sèvres… Pour ceux dont l’emploi au pluriel est moins fréquent, l’usage est indécis et accepte aussi bien la marque du pluriel que l’invariabilité : les deux Savoie ou Savoies, les deux Charente ou Charentes. Il y avait deux Frances (Chateaubriand), les deux France (La Varende). On tend aujourd’hui à généraliser la marque du pluriel, surtout pour les noms de pays et, en particulier, quand il s’agit d’un pays divisé en deux États (les deux Corées, les deux Allemagnes).
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