mordre

2e édition

MORDRE.

v. act.
■  Serrer avec les dents. Un chien l’a mordu, l’a mordu au bras. ce chien mord les passants, leur mord les jambes. ce chien mord, il mord bien serré. estre mordu d’un chien enragé.
On dit prov. C’est un beau mastin, un beau chien s’il vouloit mordre, pour dire, C’est un homme bien fait, de grande mine, dont le courage, les forces, l’application ou la bonne volonté ne respondent pas à son exterieur. Il est du style familier.
On dit aussi prov. Il vaut autant d’estre mordu d’un chien que d’une chienne, pour dire, qu’Il n’importe pas de qui le mal nous vienne & par qui il nous arrive. Il est du style fam.
On dit fig. & prov. Quand quelqu’un a fait une chose dont il se doit repentir, qu’Il s’en mordra les doigts, qu’il s’en mordra les pouces. s’il a fait une telle affaire il s’en mordra les doigts. il est bien fasché d’avoir dit une telle sottise, il s’en mordra les pouces long-temps.
On dit de deux hommes qui se haïssent, & qui voudroient se battre, mais qui sont esloignez l’un de l’autre de quelque espace, qu’Ils ne se mordront pas, qu’ils n’ont garde de se mordre. Il est du style familier.
■ Mordre, Se dit aussi des oiseaux & de quelques insectes ou vermines. Le perroquet mord. cet enfant est tout mordu de puces, de punaises.
On dit fig. qu’Une chose ne mord ni ne ruë, pour dire, qu’Elle ne fait aucun mal, aucun tort, aucun dommage. Vous avez tort de craindre les predictions des Astrologues, cela ne mord ni ne ruë. Il est du style familier.
On dit en poësie, Mordre la poussiere, pour dire, Tomber mort dans un combat.
■ Mordre, v. n. Il a les mesmes significations que l’actif. Mordre dans du pain. les poissons mordent à l’ameçon.
On dit aussi figur. qu’Un homme mord à l’ameçon, pour dire, qu’Il escoute avec plaisir une proposition qu’on luy fait pour le surprendre.
On dit aussi, qu’Un homme mord à la grappe, Quand il entre avec plaisir dans une proposition qu’on luy fait. Je ne luy ay pas eu plustost fait cette proposition, qu’il a mordu à la grappe. Il est du style familier.
On le dit encore d’Un homme qui parle avec plaisir de quelque chose. Quand il mesdit d’un tel, on diroit qu’il mord à la grappe.
On dit dans l’Impression, que La vignette mord sur les lettres, pour dire, qu’Elle avance sur les lettres.
On dit de l’eau forte, qu’Elle mord sur les metaux, pour dire, qu’Elle les creuse. L’eau forte n’a pas assez mordu sur cette planche.
On dit encore dans le mesme sens, que La lime, le burin mordent sur le fer, &c. Et de mesme, qu’Ils ne mordent pas sur le jaspe, sur le porphire.
On dit aussi d’Un homme replet, que La fievre trouvera bien à mordre sur luy.
On dit aussi d’Un homme qui aspire à une chose, à laquelle il ne sçauroit parvenir, Il voudroit bien avoir cette charge, mais elle est trop chere, il n’y sçauroit mordre.
On dit fig. d’Un homme qui ne peut comprendre une chose ; qu’Il n’y sçauroit mordre, cette question est si difficile, qu’il n’y sçauroit mordre. Il est du style familier.
On dit, Un aveugle y mordroit, un aveugle y pourroit mordre, pour dire, que La chose dont on parle est tres aisée à comprendre ou à voir, & ne demande pas une grande intelligence, ni une grande finesse de veuë. Il est du style familier.
■ Mordre, Signifie aussi, Mesdire, reprendre, critiquer, censurer avec malignité. Il cherche à mordre sur toutes choses. il n’y a rien à mordre là dessus. il n’y a rien à mordre sur sa conduite. il ne donne point à mordre sur luy.
On dit prover. pour tesmoigner qu’on fait peu de cas des menaces que quelqu’un a faites, Tous les chiens qui aboyent ne mordent pas.
■ Mordu, üe. part.
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