payer

3e édition

PAYER.

v. act.
■  Donner ce qu’on doit, s’acquitter d’une dette. Payer une somme d’argent. Payer le prix d’une chose. Payer mille écus. Payer ce qu’on doit à son créancier. Je lui ai payé une grande somme. Il me doit encore tout, il ne m’a pas payé un sou.
Il régit aussi l’accusatif de celui à qui on doit. Payer ses créanciers. Payer un marchand. Payer ses domestiques. Payer des ouvriers, des artisans. Payer les soldats. Payer les troupes. Payer l’armée. Les bons ouvriers ne se peuvent trop payer.
Il régit encore l’accusatif de la chose pour laquelle on doit. Payer des marchandises. Payer de l’étoffe. Tout ce qu’il prend il le paye argent comptant. Payer les gages. Payer les appointemens. Payer les intérêts, les arrérages & le principal. Payer l’amende. Payer la folle enchère. Payer une pension. Payer les loyers d’une maison. Payer le dîner. Payer l’écot. Payer sa fête. Payer sa bienvenue. Payer sa part. Payer sa quote part.
On dit popul. Payer pinte, payer chopine, pour dire, Mener quelqu’un au cabaret & payer pour lui.
On dit, Payer une obligation, une promesse, un billet, une lettre de change, &c. pour dire, Payer la somme portée par une obligation, &c.
p. 295On dit fig. Payer le tribut à la nature, pour dire, Mourir.
On dit aussi fig. qu’Un homme paye les violons, lorsqu’il fait les frais d’une affaire, dont un autre tire tout le profit.
Il s’emploie aussi absolument & sans régime. Il se défendoit de payer. Il a fallu payer. Il a été condamné à payer. C’est un homme qui n’aime pas à payer. Payer argent comptant. J’ai été obligé de payer pour lui. Payer à lettre vûe. Payer à vûe. Payer en espèce d’or & d’argent. Payer en belle monnoie.
On dit fig. d’Un homme qui est seul puni d’une faute commune à plusieurs, qu’Il paye pour tous les autres.
Lors qu’Un homme qui a entre ses mains de l’argent qui appartient à son débiteur, se paye lui-même sur cet argent, on dit, qu’Il s’est payé par ses mains.
On dit d’une chose excellente dans son genre, qu’Elle ne se peut payer de bonté, qu’elle ne se peut payer. Ce conte-là est excellent, il ne se peut payer. C’est un homme doux, sociable, complaisant, & qui ne se peut payer.
On dit proverbialement, Payer ric à ric, pour dire, Payer jusqu’au dernier sou. Se faire payer comme un saulnier, pour dire, Se faire payer à la rigueur. Payer en monnoie de singe, en gambades, pour dire, Se moquer de celui à qui on doit, & ne le point payer. Payer en même monnoie, pour dire, Rendre la pareille. Qui répond paye, pour dire, qu’On est obligé de payer pour celui pour qui on a répondu. Il faut payer ou agréer, pour dire, que Quand on doit, il faut donner de l’argent ou de bonnes paroles. Payer en chats & en rats, pour dire, Payer en mauvais effets.
Payer, se construit aussi avec la préposition De, comme dans les phrases suivantes. Payer de belles paroles, pour dire, Ne donner satisfaction qu’en paroles. Payer d’ingratitude, pour dire, Manquer de reconnoissance pour un bienfait reçu. Et, Payer de raison, pour dire, Donner de bonnes raisons sur les choses dont il s’agit.
On dit aussi, qu’Un homme se paye de raison, pour dire, qu’Il se rend aux bonnes raisons qu’on lui allègue.
On dit aussi figurément, Payer d’effronterie, pour dire, Soûtenir effrontément un mensonge, se tirer d’un mauvais pas par effronterie.
On dit pareillement, Payer d’audace : Et cela se dit sur tout, lorsqu’une petite troupe de gens de guerre en ayant rencontré une plus grande, fait si bonne contenance, que par là elle empêche les ennemis de l’attaquer.
On dit, Payer de sa personne, pour dire, S’exposer dans une occasion dangereuse, & y bien faire son devoir. C’est un brave homme, & qui a payé de sa personne en cent occasions. Et en parlant d’Un homme de peu d’esprit, mais bien fait, on dit, que C’est un homme qui paye de bonne mine, qui ne paye que de mine.
Payer, se construit encore avec la préposition Par. L’amitié ne se paye que par l’amitié. Un tel service ne sauroit se payer que par une reconnoissance éternelle.
On dit par menace à un homme, de qui on a reçu quelque déplaisir, quelque injure, qu’Il le payera, pour dire, qu’On trouvera moyen de s’en venger. Il m’a fait un mauvais tour, il m’a rendu un mauvais office, mais il me le payera. Et dans le même sens on dit familièrement, Il le payera plus cher qu’au marché. Il me le payera au double.
On dit aussi d’Un homme qui a causé quelque dommage, qu’Il en payera les pots cassez, pour dire, qu’On fera retomber la perte sur lui, qu’on s’en vengera sur lui.
On dit, qu’Un muid de vin paye tant d’entrée ; qu’Un Bénéfice paye tant de Bulles, pour dire, qu’On paye tant par chaque muid de vin pour droit d’entrée ; qu’On paye tant pour l’expédition des Bulles d’un tel Bénéfice.
Payé, ée. part. Il a les significations de son verbe.
On dit fig. & fam. qu’Un homme a été bien payé de quelque injure qu’il a dite à un autre, ou de quelque insulte qu’il lui a faite, pour dire, qu’Il en a été bien puni, qu’on s’en est bien vengé sur lui.
On dit prov. Tant tenu, tant payé, pour dire, qu’On ne doit de salaire à un ouvrier, qu’à proportion du temps qu’on l’a fait travailler. Et, pour signifier, qu’On n’est pas obligé à faire quelque chose, on dit aussi prov. qu’On n’est pas payé pour cela.
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