payer

PAYER

conjugaison verbe transitif Conjugaison : (se conjugue comme Balayer).
Étymologie : xe siècle, au sens de « se réconcilier » ; xiie siècle, au sens de « donner ce qui est dû ». Issu du latin pacare, « faire la paix, pacifier », puis « apaiser un créancier avec de l’argent », lui-même tiré de pax, « paix ».

I.

I. Acquitter, verser une somme dont on est redevable.
1.  Suivi de l’indication d’un montant déterminé. Payer mille francs d’amende, mille euros d’imposition. Payer le prix convenu. Expr. Payer la forte somme, faire une acquisition au plus haut prix ou à un prix excessif.
2.  Suivi d’un complément précisant la nature de l’obligation, de la dette. Payer un billet, une lettre de change, une traite, un chèque. Payer des impôts, une patente. Payer une cotisation. Payer les intérêts, les arrérages et le principal. Payer un loyer, une pension. Payer son écot. Payer des gages, des appointements. Payer les services d’un chauffeur. Congé payé, voir Congé.
▪  Expr. fig. Payer son tribut à la nature, mourir. Payer un tribut à la faiblesse humaine, commettre quelques-unes des fautes auxquelles l’espèce humaine est sujette.
▪  Prov. Les battus paient l’amende, voir Battu. Qui paie ses dettes s’enrichit, on a intérêt, pour le bon ordre de ses affaires et pour sa réputation, à s’acquitter de ce qu’on doit.
3.  Suivi d’un complément désignant l’objet de la transaction. Payer des marchandises. Il n’a pas encore payé la propriété qu’il vient d’acheter. Il finit de payer sa nouvelle voiture. Payer des consommations. Passez à la caisse payer vos achats. C’est bien payé, à sa juste valeur ou, plus souvent, au-delà de sa valeur. On dit, dans le sens contraire, C’est mal payé, ce n’est pas payé, ce n’est pas cher payé.
▪  Pron. à valeur passive. Les marchandises se paient à la commande. Cela ne peut se payer, se dit de ce qui est exceptionnel et de très grande valeur.
▪  Expr. fig. Payer les violons du bal ou, simplement, payer les violons, supporter les désagréments d’une affaire dont un autre tire tout le profit. Payer les pots cassés, réparer les dommages que l’on a soi-même causés ou qu’un autre a causés.
▪  Prov. Qui casse les verres les paie, le responsable d’un dommage en doit la réparation.
▪  Par extension. Fam. Offrir quelque chose. Payer à dîner, payer un repas à un ami. Payer une tournée à quelqu’un, boire avec lui et payer pour lui. Pron. Se payer un voyage. Loc. fig. Se payer du bon temps. Se payer le luxe de, voir Luxe. Se payer la tête de quelqu’un, se moquer de lui. Par antiphrase et pop. Se payer les corvées, se payer tout le travail, être astreint à effectuer tout seul les corvées, le travail.
4.  Suivi d’un complément désignant la personne à qui l’on est redevable, à qui l’on verse l’argent. Payer ses créanciers. Payer un marchand, un fournisseur. Payer ses employés. J’ai eu beaucoup de peine à me faire payer. Payer quelqu’un de ses services, de ses peines. Cet ouvrier est bien payé, mal payé.
▪  Loc. fig. Je suis payé pour cela, j’en ai fait l’expérience à mes dépens. On dit, dans le même sens, Je suis payé pour le savoir.
▪  Pron. Voilà l’argent, payez-vous, prenez ce qui vous est dû. Expr. fig. et fam. Se payer sur la bête, directement, sans intermédiaire, en nature.
5.  Suivi d’un complément indiquant la manière dont on règle une dette, une somme. Payer en marchandises, en nature. Payer en argent, en numéraire, en espèces ou, fam., en liquide. Payer par chèque, par carte bancaire. Payer comptant, à crédit. Payer à l’heure, au mois.
▪  Expr. fig. Payer quelqu’un d’ingratitude, manquer de reconnaissance pour un bienfait reçu. Fam. Payer en même monnaie, Payer en monnaie de singe, voir Monnaie. Payer rubis sur l’ongle, exactement et comptant (voir Ongle). Payer de sa poche, de ses deniers, avec son argent personnel.
▪  Intransitivement. Payer d’effronterie, se tirer d’un mauvais pas en soutenant avec hardiesse quelque mensonge. Payer d’audace, forcer la décision par son aplomb. Payer de sa personne, agir par soi-même dans les occasions qui le demandent, sans craindre de s’exposer. Payer de mine, voir Mine I. Pron. Se payer de mots, se payer de belles paroles, user de termes flatteurs ou pompeux, nourrir de faux espoirs. Se payer d’illusions.
6.  Absolument. Donner l’argent attendu, exigible. Il a fallu payer. Ils n’ont pas pu payer, ont refusé de payer. N’avoir pas de quoi payer. Commandement de payer. Faire payer les pollueurs, exiger d’eux le remboursement des dégâts causés.
▪  Expr. fig. Payer pour quelqu’un, payer pour les autres, endosser la responsabilité de ce qu’a fait autrui.
▪  Prov. Qui répond paie, on est obligé de payer pour celui dont on s’est rendu caution.
▪  Par extension. Rapporter de l’argent. C’est un métier qui paie bien, qui ne paie pas. En ce temps-là, l’élevage payait. Fig. La fermeté, la patience finissent par payer, par être efficaces, par être suivies de l’effet attendu. Fam. Ça paie.
▪  Expr. proverbiale. Le crime ne paie pas, ne procure qu’un avantage éphémère.

II.

II. Fig.
1.  Récompenser une personne, lui montrer de la reconnaissance pour ce qu’elle a fait. On a bien payé, mal payé ses services, ses soins. On l’a mal payé de sa franchise. Ce moment de bonheur l’a payé de ses peines, de ses efforts.
▪  Loc. Payer quelqu’un de retour, lui rendre les sentiments qu’il a pour vous, ou accomplir pour lui autant que ce qu’il a accompli pour vous.
▪  Par antiphrase. Punir. On l’a payé de ses insolences, de ses railleries. Le voilà payé de ses crimes, de ses forfaits.
2.  Obtenir, acquérir par un sacrifice. Ils ont chèrement payé leur indépendance.
▪  Par extension. Expier. Il a payé de sa tête un si grand crime. Vous paierez cette injure. Il le paiera ou, par insistance et fam., Il me le paiera, se dit pour exprimer qu’on trouvera moyen de se venger d’un affront, d’une offense. Il me le paiera cher, je me vengerai durement de lui. Pron. à valeur passive. Tout finit par se payer.
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