reconnoître

4e édition

RECONNOÎTRE.

v. a.
■  Se remettre dans l’esprit l’idée, l’image d’une chose, d’une personne, quand on vient à les revoir. Il y avoit long-temps que je ne l’avois vu, j’ai eu de la peine à le reconnoître. Ne me reconnoissez-vous point ? Il a reconnu son cheval qu’on lui avoit volé. Je l’ai reconnu malgré son déguisement. Que chacun reconnoisse ses hardes, ses livres, &c.
On dit aussi, qu’On reconnoît une chose, une personne, quoiqu’on ne l’ait jamais vue, Quand on s’apperçoit à quelque marque ou par quelque discours, que c’est telle chose, telle personne. Il a été reconnu à une balafre qu’il avoit au front.
■ Reconnoître, signifie encore, Parvenir à connoître, à apercevoir, à découvrir la vérité de quelque chose. On a reconnu son innocence. On a reconnu sa trahison, sa perfidie.
■ Reconnoître, signifie aussi, Considérer, observer, remarquer. Reconnoître les dispositions de la Cour. Reconnoître le terrain.
Il se dit principalement à la Guerre. Reconnoître un pays, une place qu’on veut attaquer. Reconnoître les ennemis. Reconnoître leur contenance, leur nombre, leur camp, leurs retranchemens. On envoya de la cavalerie reconnoître les passages, les chemins, les défilés, &c.
On dit aussi en termes de Marine, Reconnoître un vaisseau, un bâtiment. Et l’on dit, Reconnoître une terre, pour dire, En observer la situation, afin de savoir quelle terre c’est.
■ Reconnoître, signifie aussi, Avouer, confesser. Il a reconnu sa faute, reconnu la dette. Je reconnois avoir reçu. Je reconnois qu’un tel m’a prêté telle somme. Il ne veut pas reconnoître qu’il a eu tort.
On dit, Reconnoître son seing, pour dire, Avouer qu’on a signé l’écrit dont il s’agit. Et dans la même acception on dit, Reconnoître une lettre, une écriture, une promesse.
On dit, Reconnoître une redevance, une rente, pour dire, En passer un aveu, une reconnoissance.
■ Reconnoître pour, signifie, Avouer pour. Il a reconnu un tel pour son fils. Ces peuples ont reconnu un tel Prince pour leur Roi.
On dit aussi dans le même sens, Il ne reconnoît ni Juge, ni Supérieur. Il ne reconnoît d’autre loi que sa volonté, d’autre maître que Dieu.
■ Reconnoître, signifie aussi, Avoir de la gratitude. Reconnoître les bienfaits, les grâces qu’on a reçues.
On dit, Reconnoître un service, pour dire, Le récompenser. Rendez-moi ce service, je le reconnoîtrai dans l’occasion. Il a fort mal reconnu les bons offices qu’on lui a rendus.
■ Se reconnoître, signifie, Connoître qu’on a péché, qu’on a failli, & s’en repentir. Il avoit fort mal vécu dans sa jeunesse, mais il se reconnut sur ses vieux jours. Dieu nous fasse la grâce de nous reconnoître avant que de mourir. Il porta quelque temps les armes contre son Prince, mais enfin il se reconnut & rentra dans son devoir.
Il signifie aussi, Reprendre ses sens, penser à ce qu’on doit faire, y faire réflexion. Il étoit tombé en foiblesse, & quand il vint à se reconnoître … Donnez-moi le loisir de me reconnoître. Il fut surpris & n’eut pas le temps de se reconnoître.
On dit, Se reconnoître, commencer à se reconnoître en quelque endroit, pour dire, Se remettre dans l’esprit l’idée d’un lieu, d’un pays. Il y avoit long-temps que je n’avois passé par cet endroit, mais je commence à me reconnoître.
■ Reconnu, ue. participe.
Vous pouvez cliquer sur n’importe quel mot pour naviguer dans le dictionnaire.