rien

4e édition

RIEN.

s. m.
■  Néant, nulle chose. Dieu a créé le monde de rien. Dans l’ordre de la nature, rien ne se fait de rien. Rien n’est plus glorieux, plus commode, plus avantageux, plus nécessaire. Rien ne me plaît davantage. Il n’y a rien de si fâcheux que de .... Il ne fait rien. Il ne sent rien. Je ne dis rien. Il ne répond rien. Je ne demande rien. C’est un homme qui n’aime rien, qui ne se soucie de rien. Cela ne signifie rien, ne prouve rien. Ce n’est rien moins que ce que vous pensez. Il n’en est rien. Il semble que cela se soutienne sur rien, que cela ne tienne à rien, que cela ne porte sur rien. Tenez cette affaire secrette, n’en dites rien. Ne faites semblant de rien. Ne savoir rien. Je ne lui ai rien fait ni rien dit. Vous ne faites rien. Cela ne vaut rien. Je ne ferois cela pour rien qui vaille, pour rien du monde, pour rien au monde. N’y a-t-il rien de nouveau ? Je compte cela, je compte cet homme-là pour rien. Que vous a coûté cela ? rien. Tout ou rien. Tout cela n’aboutit à rien. Cet homme n’est bon à rien. Ce que vous dites & rien, c’est la même chose. Moins que rien. Un peu plus que rien. Si peu que rien. Rien du tout.
On dit familièrement, Ne savoir rien de rien, ne dire rien de rien, pour signifier, Ne savoir absolument rien, ne dire rien du fait principal, ni des circonstances qui peuvent y avoir rapport.
On dit, qu’Une affaire ne tient à rien, pour dire, que Rien n’empêche qu’elle ne se fasse. Et on dit, Il ne tint à rien qu’il ne se tuât, pour dire, Il ne s’en fallut presque rien.
On dit proverbialement, qu’On ne fait rien de rien, pour dire, qu’On ne sauroit réussir dans aucune affaire, dans aucune entreprise, si on n’a du moins quelque chose, quelques moyens, quelques secours pour y parvenir. Et on dit, qu’On ne fait rien pour rien, pour dire, qu’Il entre presque toujours quelque vue d’intérêt personnel dans les services qu’on rend aux autres.
On dit proverbialement d’Un mauvais ménager qui n’entend pas ses affaires, d’un homme qui dissipe son bien mal à propos, qu’Il fait de cent sols quatre livres, & de quatre livres rien.
On dit, qu’Une chose s’est réduite à rien, pour dire, qu’Il n’en est presque rien resté. Et la même phrase se dit aussi en parlant d’Une affaire dont on se promettoit un grand succès, & qui n’en a eu aucun.
On dit d’Un homme qui n’a aucun emploi, ou qui n’en a plus, qu’Il ne fait rien, qu’il ne fait plus rien.
On dit, qu’Un homme est venu de rien, qu’il s’est élevé de rien, & absolument, que c’est un homme de rien, pour dire, qu’Il est d’une fort basse naissance.
On dit, Cet homme ne m’est rien, pour dire, Il n’est point mon parent. On dit aussi, Cet homme ne m’est de rien, cela ne m’est de rien, pour dire, Je n’y prends nul intérêt. Il est du style familier.
■ Rien, signifie quelquefois par exagération, Peu de chose. Il a eu cette maison-là, cette terre-là pour rien. Il ne m’a donné que cent écus, il n’a envoyé que deux cents hommes de secours, ce n’est rien. Il mange très-peu, il vit de rien. En ce pays-là on vit pour rien. Il se fâche de rien. Un rien le fâche. Il feroit une querelle sur un rien.
On dit, Il n’y a rien que nous l’avons vu, il n’y a rien qu’il étoit ici, pour dire, Il y a peu de temps que .... Et on dit aussi, En moins de rien, pour dire, En très-peu de temps.
■ Rien, s’emploie aussi quelquefois, pour signifier Quelque chose. S’il y a rien qui me plaise, c’est .... Y a-t-il rien de si beau que .... Qui vous dit rien ? Qui vous reproche rien ?
■ Rien, se met quelquefois au pluriel. Il nous fait bien prendre de la peine pour des riens. Toutes ces difficultés, toutes ces objections sont des riens, pour dire, Sont des bagatelles, des choses de nulle importance.
On dit aussi De ceux dont les discours sont pleins de belles paroles sans qu’il y ait aucune solidité, que Ce sont des diseurs de riens, de grands diseurs de riens.
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