souffrir

4e édition

SOUFFRIR.

v. a. Conjugaison : Je souffre, tu souffres, il souffre. Nous souffrons, vous souffrez, ils souffrent. Je souffrois. Je souffris. Je souffrirai, &c.
■  Endurer. Souffrir patiemment, constamment, sans murmurer, sans crier. Souffrir la douleur. Souffrir le mal. Souffrir les tourmens, la mort, les affronts, les injures, la faim, la soif, la pauvreté, la prison, la persécution. Souffrir le martyre. Il souffre de grands maux. Il souffre comme un damné. Souffrir une perte, un dommage.
On dit, que Notre-Seigneur a souffert mort & passion pour nous.
On dit figurément, populairement & par exagération, Souffrir mort & passion, pour dire, Être impatienté. Sa lenteur me fait souffrir mort & passion.
On dit figurément, Souffrir le martyre, pour dire, Souffrir de grands maux.
On dit, Souffrir une rude, une furieuse tempête, pour dire, Être agité d’une rude, d’une furieuse tempête ; Souffrir un coup de vent, pour dire, Être battu d’un coup de vent ; Souffrir un assaut, pour dire, Soutenir l’assaut. Et on dit, qu’Une Place n’est pas capable de souffrir un siége, pour dire, qu’Elle n’est pas assez forte pour soutenir un siége.
On dit, Souffrir du pied, souffrir de la tête, pour dire, Sentir de la douleur au pied, à la tête ; &, Souffrir de quelqu’un, pour dire, Endurer de lui des choses qui déplaisent. Dans ces phrases, il s’emploie neutralement.
Souffrir, se met quelquefois absolument, & signifie, Patir. L’armée a beaucoup souffert dans sa marche, faute de provisions. Sa modestie souffre quand on le loue. Souffrir en son corps & en ses biens. Si vous avez fait le mal, pourquoi faut-il que j’en souffre ?
On dit, qu’Une poutre, qu’une muraille souffre, pour dire, qu’Elle est trop chargée. On dit de même, que Les vignes, que les blés ont souffert, pour dire, qu’Ils ont été maltraités par le mauvais temps.
Souffrir, signifie aussi Supporter. C’est un corps qui souffre la fatigue, le froid, la faim, &c. Il ne sauroit souffrir le soleil, le serein, &c. Cet homme ne peut souffrir la mer. Il est si incommodé, qu’il ne sauroit souffrir ni le carrosse, ni le cheval.
On dit d’Un homme pour qui on a de l’éloignement, de l’aversion, qu’On ne le sauroit souffrir. Et proverbialement, que Le papier souffre tout, pour dire, qu’On écrit sur le papier tout ce qu’on veut, vrai ou faux.
Souffrir, signifie encore, Tolérer, n’empêcher pas, quoiqu’on le puisse. Pourquoi souffrez-vous cela ? Je ne veux pas souffrir qu’il y ait des vues sur ma cour, qu’on chasse sur mes terres. On souffre toutes sortes de Religions en un tel pays. Il souffre tout à ses enfans. Il y a des choses qu’on souffre dans la conversation, que la liberté de la conversation souffre.
Souffrir, veut dire aussi, Permettre. Souffrez, Monsieur, que je vous dise. Je ne souffrirai pas que vous me parliez découvert.
Souffrir, signifie aussi, Admettre, Recevoir, être susceptible ; & il ne se dit que des choses. Cela ne souffre point de retardement, de délai, de difficulté, de comparaison. Cette raisonne souffre point de réplique, point de repartie. Il n’y a point de règle si générale qui ne souffre quelque exception. Cela souffre différentes explications.
Souffert, erte. participe.
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