couler
5e édition
COULER.
v. n.■
Fluer. Il se dit Des choses liquides qui suivent leur pente. Ce ruisseau, cette fontaine coule doucement, lentement, coule de source, coule dans la prairie, coule sur des cailloux, sur des graviers, etc. La rivière coule le long des murailles, coule à l’entour, tout autour de la ville, coule vers le midi, vers le nord. Le sang, la sueur lui couloit le long du visage, couloit abondamment. Les larmes lui coulent des yeux. Il est enrhumé, le nez lui coule. Cette chandelle est de mauvais suif, elle coule. Le sang qui coule dans les veines. Cette encre est trop claire, elle coule trop. Elle est trop épaisse, elle ne coule pas bien.
On dit d’Un tonneau, d’un vase, etc. qu’Il coule, Quand il est percé, ou qu’il n’est pas bien joint, en sorte que la liqueur qui est dedans s’enfuit. Ce muid, ce baril coule. Il coule de toutes parts.
On dit, en parlant d’Un ouvrage de fonte qu’on a jeté en moule, que La statue, que la cloche a coulé, pour dire, que Le métal s’est échappé par quelque fente faite au moule.
On dit, qu’Un navire, qu’un vaisseau coule à fond, coule bas, pour dire, qu’Il s’enfonce dans l’eau.
On dit aussi activement qu’On coule à fond un vaisseau, pour dire, qu’On le fait submerger. Attaquer un vaisseau et le couler à fond à coups de canon.
On dit figurément, Couler quelqu’un à fond dans la dispute, pour dire, Le réduire à ne savoir que répondre ; et Couler une matière à fond, Dire sur un sujet tout ce qu’on peut dire, sans rien omettre.
On dit aussi figurément, qu’On a coulé un homme à fond, qu’il est coulé à fond, pour dire, qu’On a ruiné son crédit, sa fortune, etc. Cet homme avoit un grand crédit, un grand poste, etc. à la Cour, on l’a coulé à fond, il est à fond.
On dit aussi Des choses solides, qu’Elles coulent, pour dire, qu’Elles p. 327glissent, qu’elles s’échappent. L’échelle n’avoit pas assez de pied, elle coula. Comme il passoit par la rue, une tuile coula d’un toit, et lui tomba sur la tête.
On dit, que La vigne coule, Quand le raisin qui commençoit à se nouer tombe ou se dessèche. La vigne étoit belle, mais elle a coulé, la pluie l’a fait couler. Les vignes ont coulé.
On le dit aussi De certains fruits, comme des melons, des figues, etc. Les melons ont coulé. Les figues ont coulé.
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Couler, se dit aussi figurément Du temps qui passe. Les jours, les années, les siècles coulent insensiblement, coulent si vite. Le temps coule doucement.
On dit d’Une période, d’un vers, qu’Ils coulent bien, pour dire, qu’Il ne s’y trouve rien de rude, ni qui blesse l’oreille.
On dit encore De tout ce qui est dit ou écrit naturellement, d’une manière aisée, que Cela coule de source.
Il se dit aussi De ce que quelqu’un fait ou dit conformément à son génie, naturellement, de l’abondance du cœur, par un fond de capacité, de sincérité. Il dit des choses fort consolantes à cette personne, cela coule de source. Il parle très-savamment, cela coule de source. Il a fait beaucoup de charités, cela coule de source.
On dit aussi, que Les liqueurs délicieuses, les bons vins coulent agréablement, pour dire, qu’On les boit avec plaisir.
On dit, qu’Un rasoir coule bien, pour dire, qu’Il rase doucement, légèrement, qu’il n’est point rude.
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Couler, signifie aussi en termes de danse, Glisser doucement. Dans cette danse-là, on ne fait que couler. Faites deux pas, et coulez.
Et on dit aussi, Couler un pas, pour dire, Le marquer légèrement.
On dit de même en termes de Musique, Couler une note, plusieurs notes, pour dire, Les passer légèrement.
On le dit aussi Des personnes qui passent sans faire de bruit, crainte d’être aperçues. Coulez vite le long de cette muraille. Ces troupes coulèrent à la faveur de la nuit, à la faveur du bois, coulèrent le long des fossés, et entrèrent dans la Place. Le lièvre a coulé le long de la haie.
En ce sens, il se met aussi avec les pronoms personnels. Je me coulai le long de la muraille. Il se coula par derrière la tapisserie. Il s’est coulé dans la presse. Coulez-vous doucement parmi les autres.
On dit d’Un homme qui dans son discours n’a parlé d’une chose que légèrement et en passant, qu’Il n’a fait que couler sur ce fait, sur cette circonstance, etc.
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Couler. v. actif. Passer une chose liquide au travers du linge, du drap, du sable, etc. Couler du lait dans un couloir. Couler la lessive. Couler de l’hippocras dans une chausse. Couler un bouillon. Couler au travers d’un linge.
On dit, Couler une glace, pour dire, En faire couler la matière fondue, sur une table préparée exprès. Le secret de couler les glaces est récent.
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Couler, signifie aussi figurément, Faire glisser adroitement, mettre doucement en quelque endroit, ou parmi quelque chose. Il a coulé ce mot subtilement dans la clause, ou cette clause dans le contrat. Il en faudroit couler un mot dans votre discours, dans votre lettre. Il lui en a coulé deux mots à l’oreille. En comptant de l’argent, il y coula quelques pistoles fausses. Il coula ce billet, cette pièce parmi les autres papiers. Il a coulé la main dans ma poche. Il lui coula des louis d’or dans la main.
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Coulé, ée. participe.
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VOISINAGE ALPHABÉTIQUE
- couiner, v. intr.
- coulage, n. m.
- coulamment, adv. [7e édition]
- coulant, -ante [I], adj.
- coulant [II], n. m.
- coule [I], n. f.
- coule [II], n. f.
- coulé, -ée, adj. et n.
- coulée, n. f.
- coulemelle, n. f.
- couler, v. intr. et tr.
- couleur, n. f.
- couleur de feu, n. m. [1re édition]
- couleuvre, n. f.
- couleuvreau, n. m.
- couleuvrée, n. f. [7e édition]
- couleuvrine, n. f.
- coulis, adj. m. et n. m.
- coulissant, -ante, adj.
- coulisse, n. f.