couler
6e édition
COULER.
v. a. ?■
Fluer. Il se dit Des choses liquides qui se meuvent en suivant une pente. Ce ruisseau, cette fontaine coule doucement, lentement, coule de source, coule dans la prairie, coule sur des cailloux, sur des graviers, etc. La rivière coule le long des murailles, coule à l’entour, tout autour de la ville, coule vers le midi, vers le nord. Le sang, la sueur lui coulait le long du visage, coulait abondamment. Le vin coulait du tonneau. Les larmes lui coulent des yeux. Le sang qui coulait de sa blessure. Cette encre est trop claire, elle coule trop. Elle est trop épaisse, elle ne coule pas bien, elle ne coule pas.
Cette chandelle coule, Le suif fond trop vite et coule sur les côtés.
Le nez lui coule, Des sérosités, des humeurs lui coulent du nez. Quand on est enrhumé du cerveau, le nez coule.
Faire couler le sang, Être cause d’une guerre, ou d’une rixe sanglante. On dit de même, Le sang a coulé, Il y a eu des personnes blessées dans cet engagement, dans cette rixe.
Fam., Les bonnes liqueurs, les bons vins coulent agréablement, On les boit avec plaisir.
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Couler, se dit quelquefois figurément, dans un sens analogue. Les vers coulent de sa plume sans effort. La persuasion coulait de ses lèvres.
Cette période, ce vers, etc., coule bien, Il ne s’y trouve rien qui blesse l’oreille.
Fam., Cela coule de source, se dit en parlant De tout ce qu’une personne dit ou écrit d’une manière naturelle, facile, ou d’abondance de cœur, ou conformément à son genre d’esprit, à son caractère. Il écrit facilement ; cela coule de source. Il parle sur ces matières avec une étonnante facilité, tout ce qu’il dit coule de source. Les consolations qu’il lui donnait coulaient de source.
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Couler, signifie quelquefois simplement, Circuler. Le sang qui coule dans nos veines.
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p. 425Couler, se dit aussi figurément Du temps qui passe. Les jours, les années, les siècles coulent insensiblement, coulent si vite. Le temps coule doucement. Ses jours coulaient dans l’innocence. On dit activement, dans un sens analogue : Couler d’heureux jours, des jours paisibles. Couler ses jours dans le repos, dans l’innocence. Etc.
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Couler, se dit encore D’un tonneau, d’un vase, etc., quand il est percé ou qu’il n’est pas bien joint, en sorte que le liquide qu’il contient fuit. Ce tonneau, ce baril coule. Il coule de toutes parts.
Cette statue a coulé, cette cloche a coulé, etc., se dit Lorsque, dans l’opération de la fonte d’une statue, d’une cloche, etc., le métal s’est échappé par quelque fente du moule.
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Couler, se dit encore De la vigne, lorsque le raisin qui commençait à se nouer tombe ou se dessèche. La vigne était belle, mais elle a coulé, la pluie l’a fait couler. Les vignes ont coulé. On le dit pareillement De certains fruits, tels que les melons, les figues, etc. Les melons ont coulé.
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Couler, se dit aussi Des choses solides qui glissent, qui s’échappent. L’échelle n’avait pas assez de pied, elle coula. Comme il passait dans la rue, une tuile coula d’un toit et lui tomba sur la tête.
Couler à fond, couler bas, ou simplement Couler, se dit D’un vaisseau, d’un bâtiment qui s’enfonce dans l’eau. Ce navire a coulé bas. Ce bâtiment va couler à fond. On dit aussi, activement, Couler à fond, couler bas un bâtiment, Le submerger. Attaquer un vaisseau et le couler bas à coups de canon. Tirer à couler bas.
Fig. et fam., Couler quelqu’un à fond dans la dispute, dans la discussion, Le réduire à ne savoir que répondre.
Couler quelqu’un à fond, signifie aussi, Ruiner son crédit, sa fortune, etc. Cet homme avait un grand crédit, un poste brillant, etc., on l’a coulé à fond, il est coulé à fond. On dit de même, avec le pronom personnel, Il s’est coulé à fond.
Couler une matière à fond, L’épuiser, la traiter sans rien omettre. On dit aussi, Couler à fond une affaire, L’achever complétement, de manière qu’on ne doive plus y revenir, qu’il n’en soit plus question.
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Couler, signifie quelquefois simplement, Glisser le long de quelque chose. Il saisit la corde et se laissa couler jusqu’à terre. Ce châssis coule bien. Faire couler une chose avec précaution d’une surface sur une autre.
Ce rasoir coule bien, Il coupe la barbe sans causer aucune sensation désagréable, il rase doucement, légèrement.
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Couler, en termes de Danse, se dit Des pas pour lesquels on glisse doucement sans appuyer. Pour exécuter cette danse, on ne fait que couler. Faites deux pas, et coulez.
Activement, Couler un pas, Le marquer légèrement.
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Couler, en termes de Musique, Exécuter deux ou plusieurs notes en les liant par un même coup de gosier, de langue, d’archet, etc. Dans ce sens, il est toujours verbe actif. De ces quatre notes, il ne faut en couler que deux, que trois. Couler plusieurs notes. Couler un trait, un passage.
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Couler, signifie aussi, neutralement, Passer sans faire de bruit, pour éviter d’être aperçu. Coulez vite le long de cette muraille. Ces troupes coulèrent à la faveur de la nuit, à la faveur du bois, coulèrent le long des fossés, et entrèrent dans la place. Le lièvre a coulé le long de la haie.
Fig., Couler sur un fait, sur une circonstance, etc., N’en parler que légèrement et en passant. Il n’a fait que couler sur cette circonstance.
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Couler, signifie également, comme verbe actif, Glisser adroitement, furtivement une chose en quelque endroit, ou parmi d’autres choses. En comptant de l’argent, il y coula quelques écus faux. Il coula ce billet, cette pièce parmi les autres papiers. Il a coulé la main dans ma poche. Il lui coula des louis d’or dans la main. Il a coulé ce mot subtilement dans la clause, ou cette clause dans le contrat. Il en faudrait couler un mot dans votre discours, dans votre lettre. Je lui en ai coulé deux mots à l’oreille.
Il s’emploie avec le pronom personnel dans les deux sens qui précèdent. Je me coulai le long de la muraille. Il se coula par derrière la tapisserie. Il s’est coulé dans la presse. Coulez-vous doucement parmi les autres.
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Couler, verbe actif, signifie encore, Passer une chose liquide au travers du linge, du drap, du sable, etc. Couler du lait dans un couloir. Couler de l’hypocras dans une chausse. Couler un bouillon. Couler au travers d’un linge.
Couler la lessive, se dit en parlant De l’eau chaude qu’on verse à plusieurs reprises sur le linge qui est dans un cuvier.
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Couler, actif, signifie en outre, Jeter en moule. Couler une pièce de canon, une statue, etc.
Couler une glace, En faire couler la matière fondue sur une table préparée pour cette opération. Le secret de couler les glaces n’était pas connu des anciens. On dit de même, Couler une gueuse de fer.
En Archit., Couler les joints des dalles de pierre, etc., Y verser du plomb fondu, pour les fermer.
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Coulé, ée. participe. Statue coulée en bronze.
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VOISINAGE ALPHABÉTIQUE
- couiner, v. intr.
- coulage, n. m.
- coulamment, adv. [7e édition]
- coulant, -ante [I], adj.
- coulant [II], n. m.
- coule [I], n. f.
- coule [II], n. f.
- coulé, -ée, adj. et n.
- coulée, n. f.
- coulemelle, n. f.
- couler, v. intr. et tr.
- couleur, n. f.
- couleur de feu, n. m. [1re édition]
- couleuvre, n. f.
- couleuvreau, n. m.
- couleuvrée, n. f. [7e édition]
- couleuvrine, n. f.
- coulis, adj. m. et n. m.
- coulissant, -ante, adj.
- coulisse, n. f.