être
5e édition
[I.] ÊTRE.
Verbe que les Grammairiens appellent Le verbe substantif. Conjugaison : Je suis, tu es, il est ; nous sommes, vous êtes, ils sont. J’étois. Je fus. J’ai été. Je serai. Sois, soyez. Que je sois, que tu sois, qu’il soit ; que nous soyons, que vous soyez, qu’ils soient. Que je fusse. Je serois. Que j’aie été. Que j’eusse été. Étant. Ayant été.■
Exister. Dieu dans l’Écriture-Sainte s’appelle Celui qui Est. Celui qui Est m’a envoyé, disoit Moïse. Tous les hommes qui ont été, qui sont, ou qui seront. Vous n’étiez pas encore au monde.
On dit, Cela est, cela n’est pas, pour dire, Cela est vrai, cela n’est pas vrai. Et, Cela sera, cela ne sera pas, pour dire, Cela arrivera, cela n’arrivera pas.
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Être, sert à attribuer quelque chose à un sujet, soit quant à ses propriétés, soit quant aux circonstances des lieux, des temps, etc. Cette proposition est vraie, est fausse. Cet homme est sage, est grand, est vertueux, est fou, n’est pas savant. Il est couché. Il est debout. Nous étions en Été, en Hiver. Il est en tel endroit. Cela est bien. S’il est bien, qu’il s’y tienne. Son Médecin dit qu’il est mieux. Je ne veux pas être plus que je ne suis.
On appelle figurément Les aises et les commodités de la vie, Le bien-être ; et dans cette phrase il s’emploie substantivement.
On dit aussi, Sentir du mal-être, pour dire, Se sentir indisposé.
On dit, Il sera long-temps à cet ouvrage, pour dire, Il y sera occupé long-temps.
On dit, N’étoit que, n’eût été que je suis de vos amis, pour dire, Si je n’étois pas de vos amis. Il est du style familier.
On dit, Si j’étois de vous, si j’étois que de vous, pour dire, Si j’étois à votre place. Il est du style familier et populaire.
On met souvent le pronom Ce devant ce verbe, pour, Désigner, indiquer : C’est un homme ; c’est lui ; ou après, pour Interroger : Qui est-ce ? qu’est-ce ? ou pour Résumer : Aussi est-ce. Si est-ce. Ce dernier est vieux.
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Être, se met aussi impersonnellement. Il est nuit. Il est jour. Il est onze heures. Il est à croire, à présumer, pour dire, On peut croire, on peut présumer.
On dit, Il n’est pas en moi de faire telle chose, pour dire, Il n’est pas en mon pouvoir, il n’est pas dans mon caractère.
Il se dit surtout dans le style soutenu, pour, Il y a. Il est des hommes assez méchans. Il en est de bons. Il en est de mauvais.
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Être, précédé de la préposition En, sert quelquefois à comparer, à marquer la similitude, la conformité des choses. Il en est des Peintres comme des Poëtes, ils ont la liberté de feindre.
Il se dit encore De ce qui peut arriver, de ce qui peut s’ensuivre de quelque chose. On l’a traité outrageusement, et il n’en a rien été. Quand il l’auroit maltraité, qu’en seroit-il ? il n’en seroit rien. Il en sera ce qu’il plaira à Dieu. Il sera, il en sera de cette affaire ce qu’il plaira aux Juges.
On dit, Il est du devoir d’un homme, il est d’un honnête homme de faire cela, pour dire, Un honnête homme doit faire cela ; Il est de la justice de faire telle chose, pour dire, La justice oblige à faire telle chose. Et l’on dit de même, Cela est de justice, cela est de droit, cela est d’usage, cela est de bon goût, pour dire, Cela est conforme à la justice, au bon droit, à l’usage, au bon goût.
Être, suivi de la préposition À, signifie souvent Appartenir. Tout est à Dieu. Cette maison, cette terre est à un tel. Cet enfant est à moi. Je suis à un tel. Cet Officier est au Roi. Ce valet est à vous.
On dit aussi dans le sens d’Appartenir, C’est à vous à parler, c’est au Juge à prononcer.
On dit, Je suis tout à vous, entièrement à vous, pour dire, Je suis dans la disposition de vous servir : ce qui se met quelquefois par formule de compliment à la fin d’une lettre à un inférieur.
On dit, Être bien, être mal avec quelqu’un, pour dire, Être dans ses bonnes grâces, ou être brouillé avec lui.
Il sert à marquer l’origine d’une chose, le lieu d’où elle vient, l’auteur qui l’a faite, de quelle profession il est, la patrie de quelqu’un. Ce vin est de Bourgogne. Ce tableau est du Poussin, du Titien. Ces vers sont d’Homère, de Virgile. Il est d’Église. Il est d’Épée. Il est de Robe. Il est de Paris.
On dit, Cela est bien de son caractère, cela est bien de lui, pour dire, Cela est conforme à son caractère, à son génie.
Il signifie aussi, Faire partie d’une chose, d’un nombre. Cet effet est de la succession. Cela est de mon partage. Cela n’est pas du compte. Il n’est pas des complices. Il sera de mes Juges. Il est du Parlement. Il est de notre parti. Voulez-vous être de la partie ?
Il signifie aussi, Entrer en part, en société, s’intéresser. Il y a un grand marché à faire, en voulez-vous être ? Je serai de moitié. Il n’est jamais de rien. Cet homme est de tout.
On dit, qu’On est pour un dixième dans une affaire, pour dire, qu’On y est intéressé pour un dixième.
On dit figurément et familièrement, quand une personne fait ou dit quelque chose qui ne se devoit pas faire ou dire, et à quoi on ne s’attendoit pas : Cela n’en est pas. Celui-là n’en est pas.
Il se dit aussi Du point, de l’état où est une affaire. Où en sommes-nous à cette heure ? Voilà où nous en sommes. Où en êtes-vous de votre procès ? J’en suis à faire nommer un Rapporteur.
On dit à quelqu’un, En êtes-vous là ? pour, Croyez-vous cela ? ou bien, Êtes vous donc dans cette résolution, dans cette erreur ?
On dit, qu’Un homme en est, qu’Il en a été pour son argent, pour dire, qu’Il lui en a coûté son argent sans aucun p. 537avantage. Dans cette banqueroute, il en a été pour mille écus.
On dit aussi par indignation, par forme de plainte, quand on voit quelque grand désordre, Hé où en sommes-nous ?
On dit à une personne qui ne devine pas bien, qui ne comprend pas, qui ne touche pas le point d’une affaire, Vous n’y êtes pas ; et dans un sens contraire, Vous y êtes.
On dit d’Un homme troublé, embarrassé, qui ne sait ce qu’il fait, qui ne sait par où sortir d’affaire, qu’Il ne sait où il en est.
On dit aussi d’Un homme agité d’une violente passion, qu’Il n’est point à lui.
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Être, dans les temps où ce verbe prend l’auxiliaire Avoir, est quelquefois synonyme d’Aller.
On dit, J’ai été à Rome, pour dire, qu’On y est allé, et qu’on en est revenu ; et, Il est allé à Rome, pour marquer, qu’Il n’en est pas encore de retour.
On dit aussi dans la conversation : J’aurois été ou je serois allé vous voir. Je fus ou j’allai hier à l’Opéra.
Il signifie aussi, Se trouver en un lieu. Je ne serai pas à l’assemblée. Je n’y veux pas être. Cet Évêque étoit au Concile.
Il signifie aussi familièrement, Se rendre auprès de quelqu’un, ou faire ce que quelqu’un souhaite. Attendez un moment, je suis à vous.
Il sert aussi à marquer Le sentiment, l’opinion. Je suis pour un tel. Je suis pour cette opinion. J’étois pour Ovide à quinze ans ; je suis pour Horace à trente, je le serai tant que je vivrai. Dieu est pour nous, marchons, c’est-à-dire, Dieu nous protège.
La troisième personne singulière du subjonctif de ce verbe, qui est Soit, s’emploie pour Consentir, accorder. Hé bien, soit.
On dit, par une manière de souhait, Ainsi soit-il.
Il est quelquefois conjonction, et se met devant les choses qui sont opposées ou diverses, comme : Soit qu’il veille, soit qu’il dorme. Il fit une telle entreprise, soit qu’il eût dessein de … soit qu’il se promît que…
On dit proverbialement, Il faut être tout un ou tout autre, pour dire, Il faut s’attacher constamment à un parti. On ne peut pas être et avoir été, pour dire, On ne peut pas être vieux et jeune tout ensemble.
Un des principaux usages de ce verbe est d’être auxiliaire, et de servir à former les verbes passifs, et à conjuguer quelques verbes neutres, et tous les verbes qui prennent le pronom personnel, étant joint avec leur participe. Je suis aimé, il a été aimé. Quand il sera aimé. Que je fusse aimé, etc. Il est passé. Il est venu. Il s’est dégagé. Il s’en est allé. Il est tombé. Il est descendu. Il s’est blessé. Ils se sont embrassés.
Il sert aussi à conjuguer en quelques temps tous les verbes actifs qu’on met impersonnellement. Il s’est bâti bien des maisons à Paris depuis trente ans. Il s’étoit commis un grand crime en ce lieu-là. Il s’est tenu une assemblée, etc.
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VOISINAGE ALPHABÉTIQUE
- étrangeté, n. f.
- étranglé, -ée, adj.
- étranglement, n. m.
- étrangler, v. tr.
- étrangleur, -euse, n.
- étrangloir, n. m.
- étranguillon, n. m. [7e édition]
- étrape, n. f.
- étraper, v. tr.
- étrave, n. f.
- être [I], v. intr.
- être [II], n. m.
- être [III], n. m. [7e édition]
- étrécir, v. tr.
- étrécissement, n. m.
- étreindre, v. tr.
- étreinte, n. f.
- étrenne, n. f.
- étrenner, v. tr. et intr.
- êtres, n. m. pl.