être
7e édition
[I.] ÊTRE.
Verbe que les grammairiens appellent Le verbe substantif. Conjugaison : (Je suis, tu es, il est ; nous sommes, vous êtes, ils sont. J’étais. Je fus. J’ai été. Je serai. Je serais. Sois, soyez. Que je sois, que tu sois, qu’il soit, que nous soyons, que vous soyez, qu’ils soient. Que je fusse. Que j’aie été. Que j’eusse été. Étant. Ayant été.)■
Ce verbe signifie absolument, Exister. Dieu, dans l’Écriture sainte, s’appelle Celui qui est. « Celui qui est m’a envoyé, » disait Moïse. Tous les hommes qui ont été, qui sont, ou qui seront. Vous n’étiez pas encore au monde, ou simplement, Vous n’étiez pas encore, lorsque cet événement arriva. Qui sait si nous serons demain ? Il n’est plus, Il est mort.
Prov., On ne peut pas être et avoir été, On ne peut pas être toujours jeune.
Cela est, cela n’est pas, Cela est vrai, cela n’est pas vrai. Cela sera, cela ne sera pas, Cela arrivera, cela n’arrivera pas.
Ainsi soit-il, Espèce de vœu par lequel on termine plusieurs prières religieuses. On le dit quelquefois, dans le langage ordinaire, par manière de souhait.
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Soit, troisième personne du singulier du subjonctif, s’emploie souvent Pour marquer adhésion, consentement. Eh bien, soit. Voyez Soit, conjonction, à sa place alphabétique.
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Être, sert en général à lier l’attribut au sujet ; il s’emploie Lorsqu’on attribue à quelqu’un ou à quelque chose une qualité, un état, une manière d’exister absolue ou relative. Il est le père de cet enfant. Être père. Être avocat, médecin, soldat, etc. Je ne veux pas être plus que je ne suis, plus que ce que je suis. Je suis l’homme dont on vous a parlé. Il sera mon héritier. Je fus son protecteur, son ami. Dieu est éternel. Les hommes sont mortels. Cette proposition est vraie, est fausse. Entre amis, tout doit être commun. Cet homme est sage, est grand, est vertueux, est fou, n’est pas savant. Être pauvre. Être malade. Être mort. Être bien. Être mal. Cela est bien. Son médecin dit qu’il est mieux. S’il est bien, qu’il s’y tienne. Être couché, debout, assis, etc.
Prov., Il faut être tout un ou tout autre, Il faut avoir une conduite, une manière de penser décidée.
Bien-être. Voyez cette expression à sa place alphabétique, dans la lettre B.
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Être, dans l’acception qui précède, s’emploie, d’une façon particulière, avec l’adjectif démonstratif Ce, pris pour Cela, et se rapportant à une personne, à une chose, à une action déjà déterminée. Connaissez-vous un tel ? c’est un très honnête homme, c’est un homme d’esprit. On approche : c’est sans doute un tel, ce ne peut être que lui. Ce sont les soldats. Qui est là ? est-ce vous ? Quelle est cette maison ? C’est la mienne Qu’est-ce ? Ce n’est rien. Il est revenu : c’est ce que je désirais. Entreprendre cela, c’est folie, c’est être fou, ce serait vouloir se perdre. Travaillez, c’est le moyen de réussir, c’est ainsi que j’ai fait moi-même. C’est bien. C’est mal. C’est bon. C’est juste. C’est vrai.
Il s’emploie aussi avec le même mot se rapportant à une personne, à une chose, à une action indiquée seulement dans la suite de la phrase. C’est moi qui l’ai dit. C’est nous qui l’avons fait. C’est nous, c’est eux ou ce sont eux qu’il faut récompenser. Est-ce vous, sera-ce vous qui le ferez ? Est-ce vos parents qui vous l’ont ordonné ? Aussi est-ce vous que je préfère. C’est là ma maison. Qu’est-ce-ci ? Qu’est-ce-là ? C’est folie, c’est être fou que d’entreprendre cela. Voilà ce que c’est que d’être favorisé. On dit de même : C’est là qu’il demeure. C’est demain qu’il part. C’est devant eux qu’il l’a déclaré. C’est à vous que j’écris. C’est de lui que je parle. Etc.
Il s’emploie d’une manière analogue avec le pronom Il, c’est-à-dire, impersonnellement. S’il est ainsi. Je suis jeune, il est vrai. Il est bon de savoir à quoi s’en tenir. Il est bien que les choses soient ainsi. Il est vrai qu’on ne l’avait pas averti. Il est juste de dire que… Il m’est impossible de mieux faire.
Fam., Voilà ce que c’est, Voilà en quoi consiste la chose, voilà ce qu’on se propose, ce dont il s’agit. Cette phrase signifie quelquefois, La chose est faite maintenant comme il convient.
Il est, s’emploie souvent, dans le style soutenu ou poétique, pour Il y a. Il est des hommes que la résistance anime, il en est d’autres qu’elle décourage. Il est, près de ces lieux, une retraite ignorée.
Il est midi, une heure, deux heures, etc., L’heure actuelle est midi, une heure, etc. Quelle heure est-il ? À l’heure qu’il est. On dit de même : Il est l’heure de partir. Il est temps de finir. Il est tard. Etc. On dit aussi, Il est jour, il est nuit, Il fait jour, il fait nuit.
Avec ellipse du pronom, N’était, n’eût été que je suis de vos amis, Si je n’étais de vos amis. Cette façon de parler est familière.
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Être, s’emploie très souvent, avec les prépositions À, Dans, et En, lorsqu’on veut indiquer La relation au lieu, au temps, ou L’état, la disposition, le genre d’occupation, etc.
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Avec À : Il est à Rome, à la maison, à l’armée. Cet évêque était au concile. Être au lit, à table. Être au monde. Nous sommes au mois de janvier, au commencement de l’année. Être à l’abri. Être à l’agonie. Être à la promenade. Être aux écoutes. Il n’est pas homme à faire cela.
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Avec Dans : Être dans Paris, dans la maison, dans son lit, etc. Nous sommes dans la belle saison. Il est dans sa vingtième année. Être dans les affaires. Être dans la misère. Être dans la joie. Est-il toujours dans l’intention de partir ?
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Avec En : Être en prison. Être en chambre garnie. L’armée était en campagne. Nous sommes en janvier. Nous étions en hiver, en été. Être en vie. Être en guerre, en paix. Être en bonne, en mauvaise santé. Être en gaieté. Être en état de faire quelque chose. Être en tête-à-tête avec quelqu’un.
Être à jeun, se dit D’une personne qui n’a pris aucun aliment dans la journée.
Être à quelque chose, S’en occuper, ou Y prêter attention. Il est tout à ce qu’il fait. Vous n’êtes pas à ce que je vous dis. Il fut toute la journée à lire. On dit encore familièrement, Il est toujours à se plaindre, ils sont toujours à se quereller, à s’embrasser, etc., Il ne cesse de se plaindre, ils ne cessent de se quereller, etc. Il en est encore à s’apercevoir qu’on le trompe, Il ne s’est pas encore aperçu qu’on le trompe.
Être ailleurs, Ne pas prêter son attention. Répétez, je vous prie, j’étais ailleurs.
Fam., Vous n’y êtes pas, se dit À une personne qui se méprend sur le mot d’une énigme, ou sur la véritable interprétation d’un discours, d’une action, etc., qu’on peut entendre diversement. Cela se dit également À une personne qui ne saisit pas, qui ne touche pas le point d’une affaire, ou qui ne s’y prend pas bien pour faire quelque chose. On dit dans le sens contraire, Vous y êtes, j’y suis, etc.
Être longtemps à un ouvrage, Mettre beaucoup de temps à le faire. Il sera longtemps à faire ce tableau.
Fam., Je suis, je serai à vous dans un moment, Je vais me rendre auprès de vous, ou Je vais faire ce que vous désirez.
Être à plaindre, à blâmer, etc., Être digne de compassion, de blâme. C’est un homme à pendre, C’est un homme qui mérite d’être pendu.
Impersonnellement, Il est à croire, à présumer, à désirer que… On doit croire, présumer, désirer que…
Cela est à faire, est à revoir, à recommencer, etc., On devra faire, on devra revoir, recommencer cela. Cela est à vendre, à louer, etc., On veut vendre, on veut louer cela. On dit aussi, Cette marchandise est à prendre ou à laisser.
C’est-à-dire. Voyez le verbe Dire.
Être dans une affaire pour un quart, pour un dixième, etc., Y avoir un intérêt d’un quart, d’un dixième.
Il n’est pas en moi de faire telle chose, Il n’est pas en mon pouvoir, ou il n’est pas dans mon caractère de la faire.
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Être, suivi de la préposition À, signifie souvent, Appartenir. Cette maison, cette terre est à un tel. Cet enfant est à moi. Ce valet est-il à vous ? La victoire est à nous.
C’est à vous de parler, C’est au juge à prononcer, etc., C’est à vous qu’il appartient de parler, C’est au juge qu’appartient le droit de prononcer. C’est à vous à parler, à jouer, etc., Voici votre tour de parler, de jouer.
Je suis tout à vous, entièrement à vous, Je suis dans la disposition de vous servir. Cette phrase s’emploie quelquefois en forme de compliment, à la fin d’une lettre familière.
Il n’est point à lui, il n’est plus à lui, se dit D’un homme agité d’une violente passion.
Être à, se dit, en termes de Mathématiques, Des rapports et des proportions. 2 est à 4 comme 4 est à 8.
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Être, s’emploie également avec la plupart des autres prépositions de lieu, surtout pour indiquer, au propre, La situation relative, et au figuré, L’état, la condition, la disposition. Il est devant vous, derrière p. 686vous. Il est près, il est loin de nous. Il est sur la table, sous la table. Il est hors de la maison. Il est chez vous. Ce village est après, est avant tel autre, auprès de tel autre. Sa maison est contre l’église, est entre deux collines, est vis-à-vis de la mienne. Être sur le point de partir, sur son départ. Il était bien près d’y consentir. Je suis loin de vous en vouloir. On fut longtemps sans avoir de ses nouvelles. Être sous la surveillance, sous la dépendance de quelqu’un. Être sous le joug. Ce malade est maintenant hors de danger.
Il s’emploie d’une manière analogue avec les adverbes de lieu. J’étais ici. J’étais là. Il était ailleurs. Être en haut, en bas. Être dessus, dessous, dedans, dehors, etc.
Y être, Être chez soi. Madame y est-elle ? J’y suis pour un tel. Je n’y suis pour personne.
Être avec quelqu’un, Se trouver quelque part avec lui, ou Vivre habituellement avec lui. Vous étiez avec moi lorsqu’il me dit cela. Y a-t-il longtemps que vous n’êtes plus avec votre frère ?
Être bien avec quelqu’un, Être bien vu de quelqu’un, être dans ses bonnes grâces ; et, dans le cas contraire, Être mal avec quelqu’un.
Être sans fortune, sans amis, sans ressources, etc., N’avoir point de fortune, d’amis, manquer de ressources, etc. On dit de même : Être sans connaissance, sans vie. Être sans raison, sans pitié, sans orgueil, sans pudeur. Etc.
Cela n’est pas selon la raison, selon la loi, selon les convenances, etc., Cela n’est pas conforme à la raison, à la loi, etc. On dit quelquefois elliptiquement et familièrement, C’est selon, Cela dépend des circonstances. Partirez-vous bientôt ? C’est selon.
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Être, avec la préposition De, précède les mots qui indiquent – le lieu d’origine : Il est de Paris ; ce vin est de Bourgogne ; – l’auteur d’une chose, d’un ouvrage : Ce tableau est du Poussin ; ces vers sont d’Homère, de Virgile ; – la profession, la condition : Il est d’Église, d’épée, de robe ; – la qualité propre à un sujet : Il est d’un caractère difficile ; elle est d’une grande gaieté ; ce louis est de bon aloi ; – la matière : Cette statue est de marbre ; – l’occupation : Je suis de service, de garde ; il est de semaine ; etc.
Il ne m’est de rien, Il ne m’est pas parent, Il m’est tout à fait étranger.
Je suis d’avis que… Mon opinion, mon avis est que… On dit aussi, Être de l’avis, de l’opinion de quelqu’un, Partager son avis, son opinion. Nous sommes presque toujours du même avis.
Cela est bien de son caractère, cela est bien de lui, Cela est conforme à son caractère, à sa manière d’agir, de penser.
Il est du devoir d’un homme, il est d’un honnête homme de faire cela, Un honnête homme doit faire cela. Il est de la justice de faire telle chose, La justice oblige à faire telle chose. On dit de même, Cela est de toute justice, cela est de droit, cela est d’usage, cela est de bon goût, etc., Cela est conforme à la justice, au bon droit, à l’usage, au bon goût, etc.
Fam., Si j’étais que de vous, si j’étais de vous, Si j’étais à votre place. Il n’est que de, Le mieux est. Il n’est que de prendre les choses comme elles viennent. Il n’est que de s’entendre. Il suffit de s’entendre.
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Être, suivi de la préposition De, signifie aussi, Être compris dans, faire partie de. Cet effet est de la succession. Cela est de mon lot. Cela n’est pas du compte. Il n’est pas des complices. Il sera de mes juges. Il est de telle assemblée. Il est de notre parti. Voulez-vous être de la partie ? Être d’une noce. Étiez-vous de la fête ? Cet animal est de telle classe, de tel ordre, de tel genre. On dit quelquefois de même, avec la préposition Dans, Être dans telle classe, dans telle catégorie, etc.
Cela n’est pas du jeu, Cela n’est pas selon les règles du jeu, ne se pratique point à tel jeu. On dit de même, figurément et familièrement, Cela n’en est pas, celui-là n’en est pas, quand une personne fait ou dit quelque chose qui ne doit pas se faire ou se dire, et à quoi on ne s’attend pas. Il ne s’agit que de jeux, les coups n’en sont pas.
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Être, avec la préposition De, signifie encore, Entrer en part, en société, s’intéresser. Il y a un grand marché à faire, voulez-vous être de moitié ? Il n’est jamais de rien. Cet homme est de tout.
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Être, précédé de la particule En, se dit en parlant Du point où l’on est parvenu dans un travail, dans une étude, de l’état où est une affaire. Vous n’en êtes que là de votre ouvrage ? J’en suis à la moitié, aux trois quarts. Où cet écolier en est-il de son rudiment ? Il en est encore aux déclinaisons. Où en est l’affaire ? Où en sommes-nous à cette heure ? Voilà où nous en sommes. Où en êtes-vous de votre procès ? J’en suis à faire nommer un rapporteur.
En êtes-vous là ? Croyez-vous cela ? ou bien, Êtes-vous donc dans cette résolution, dans cette erreur ?
Où en sommes-nous ? se dit quelquefois Par indignation, par forme de plainte, quand on voit quelque grand désordre.
Il ne sait où il en est, se dit D’un homme troublé, embarrassé, qui ne sait ce qu’il fait, qui ne sait par où sortir d’affaire.
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Être, précédé de la particule En, se dit encore, impersonnellement, Du résultat, des conséquences d’une chose. On l’a traité outrageusement, et il n’en a rien été. Quand il l’aurait maltraité, qu’en serait-il ? il n’en serait rien. Il en sera ce qu’il plaira à Dieu. Il en sera de cette affaire ce qu’il plaira aux juges. On peut dire aussi sans la particule, Il sera de cette affaire, etc.
Ne croyez pas cette nouvelle, il n’en est rien, Elle est fausse.
En être pour son argent, pour sa peine, se dit D’une personne qui a dépensé de l’argent, qui a pris de la peine inutilement, sans aucun avantage. Dans cette banqueroute, il en a été pour mille écus. Il en a été pour les frais, pour sa peine.
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Être, précédé de la particule En, sert quelquefois à comparer, à marquer similitude, conformité. Il en est des peintres comme des poètes, ils peuvent recourir à la fiction. Il en est de même de tout le reste.
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Être, suivi de la préposition Pour, sert à marquer préférence ou prédilection. Je suis pour un tel. Je suis pour cette opinion. J’étais pour Ovide à quinze ans, je suis pour Horace à trente. Dieu est pour nous, Dieu nous protège.
Il sert aussi à marquer la destination, l’objet. Ces marchandises sont pour monsieur un tel. Cela n’est pas pour des gens tels que lui. Sa dernière pensée a été pour vous.
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Être, dans les temps où ce verbe prend l’auxiliaire Avoir, se dit quelquefois pour Aller ; mais avec cette différence que, dans J’ai été à Rome, par exemple, J’ai été fait entendre qu’on y est allé et qu’on en est revenu ; et que, dans Il est allé à Rome, le verbe Il est allé marque simplement le voyage sans indiquer le retour.
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Être, s’emploie aussi comme auxiliaire pour former les verbes passifs. Je suis aimé. Il a été aimé. Quand il sera aimé. Que je fusse aimé. Etc.
Il sert également à former les temps composés de quelques verbes neutres et ceux de tous les verbes qui s’emploient avec le pronom personnel. Il est passé. Il est venu. Il est tombé. Il est descendu. Il s’est dégagé. Il s’en est allé. Elle s’est blessée. Ils se sont embrassés. Elle s’est fait une robe. Ils se sont rendu mutuellement des services.
Il sert encore à conjuguer, dans quelques-uns de leurs temps, les verbes actifs qu’on emploie impersonnellement avec le pronom réfléchi. Il s’est bâti bien des maisons à Paris depuis trente ans. Il s’était commis un grand crime en ce lieu-là. Il s’est tenu une assemblée. Etc.
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VOISINAGE ALPHABÉTIQUE
- étrangeté, n. f.
- étranglé, -ée, adj.
- étranglement, n. m.
- étrangler, v. tr.
- étrangleur, -euse, n.
- étrangloir, n. m.
- étranguillon, n. m. [7e édition]
- étrape, n. f.
- étraper, v. tr.
- étrave, n. f.
- être [I], v. intr.
- être [II], n. m.
- être [III], n. m. [7e édition]
- étrécir, v. tr.
- étrécissement, n. m.
- étreindre, v. tr.
- étreinte, n. f.
- étrenne, n. f.
- étrenner, v. tr. et intr.
- êtres, n. m. pl.