fort, orte

5e édition

[I.] FORT, ORTE.

adject.
↪ voir aussi : [II.] Fort (n. m.)
■  Robuste, vigoureux. Un homme fort, extrêmement fort. Un homme grand et fort. Un homme fort et ramassé. Avoir le bras fort, la main forte. C’est un homme fort, et qui résiste au travail, à la fatigue. Il n’est pas assez fort pour porter tout cela. Ce cheval-là est-il assez fort pour le carrosse ? Un oiseau qui a l’aile forte.
On dit proverbialem. d’Un homme extrêmement robuste, qu’Il est fort comme un Turc.
■ Fort, se dit aussi pour signifier, Grand et puissant de corps, épais de taille. Un fort cheval. Un fort mulet. Un cheval fort du dessous. Un fort mulet porte six cents pesant.
Il se dit aussi Des choses, pour signifier, Gros et épais de matière, capable de porter un poids ou de résister au choc. Il faut une poutre plus forte. Ces solives-là sont trop fortes pour la poutre. Il faut une barre de fer plus forte. Une planche qui n’est pas assez forte. De la vaisselle d’argent extrêmement forte.
Il se dit aussi Des étoffes, des toiles, du cuir, etc. Un damas fort et plein de soie. Cette étoffe-là est forte, elle durera long-temps. Du ruban bien fort. Un cuir fort et qui résistera à l’eau.
Il se dit aussi Des Villes et des Places de guerre ; et alors il signifie, en état de résister aux attaques de l’ennemi. Ville forte. Place forte. Le corps de la Place est très-fort. Les dehors sont encore plus forts que le corps de la Place. Une Place forte d’assiette.
Il se dit aussi Des bois, des blés, etc. et signifie, Touffu, rangé près à près. Les blés sont forts cette année. Un bois extrêmement fort. La haie est trop forte pour qu’on y puisse passer.
Il se dit aussi figurém. d’Une table servie tous les jours, de manière qu’il y ait de quoi suffire à plusieurs survenans. Il tient un ordinaire fort. On dit dans le même sens, Une forte entrée.
■ Fort, signifie aussi, Rude, difficile, pénible. Un ressort qui est très-fort. Vous lui donnez-là une forte tâche. Ils trouvèrent une montagne forte à monter. C’est un cheval fort à dompter. La journée a été forte. Ce cheval a la bouche forte. Et c’est en ce sens que l’on dit, Le plus fort en est fait.
On dit proverbialement et figurément, que La jeunesse est forte à passer, pour dire, qu’Il est difficile de la passer sans tomber dans quelques fautes.
On appelle Terre forte, Une terre grasse, tenace, et difficile à labourer ; Colle forte, Une sorte de colle plus tenace que l’ordinaire ; et, Coffre fort, Un coffre difficile à ouvrir et à rompre, et destiné à serrer de l’argent.
■ Fort, signifie aussi, Impétueux, grand, violent dans son genre. Forte pluie. Vent fort. Forte gelée. Forte douleur. Médecine trop forte. Forte maladie. Forte fièvre. Son pouls est fort et élevé. Il faut donner le feu plus fort. Il faut à cela une lessive plus forte. Vin fort. Cidre fort. Vinaigre fort. Bière forte. Liqueurs fortes. Bouillon trop fort.
Il signifie aussi, Qui est excessivement âcre, piquant, désagréable au goût ou à l’odorat. Du beurre fort. Avoir l’haleine forte. Ces odeurs-là sont bonnes, mais elles sont trop fortes.
Il signifie aussi, Puissant, considérable. Son parti est le plus fort. Il est fort en cavalerie. Cette armée est forte en Infanterie, forte d’Infanterie. Les ennemis sont plus forts en nombre. Il a affaire à forte partie. Il est fort en raisons. Céder au plus fort. C’est au plus fort à faire la loi. Quand on n’est pas le plus fort, il faut céder. La raison du plus fort.
On dit proverbialement et populairement d’Un homme, qu’Il est fort en gueule, pour dire, qu’Il parle beaucoup, qu’il a la repartie prompte et peu mesurée.
■ Fort, se dit figurément, dans les choses morales, pour signifier, Grand, violent, extrême. Avoir une forte inclination, une forte passion pour quelque chose. Cela fait une forte impression sur son esprit.
Il se dit aussi figurément, pour signifier, Qui est bien fondé, qui est appuyé sur de bons principes. Cette raison-là est bien plus forte que l’autre. C’est un des plus forts argumens pour prouver ....
On dit par comparaison du plus au moins, À plus forte raison, pour dire, Avec d’autant plus de raison. Si on est obligé de faire du bien aux étrangers, à plus forte raison en doit-on faire à ses concitoyens.
On dit figurément, Une expression forte, pour dire, Une expression significative et énergique. Et on dit pareillement d’Une expression, d’une épithète, qu’Elle est forte, pour dire, qu’Elle est dure et offensante. Cette expression-là est un peu forte. L’épithète est forte. Ce que vous dites-là est un peu fort.
■ Fort, se dit aussi figurément, pour signifier, Habile, expérimenté. Il est fort sur ces matières-là, il y est plus fort que personne. Il est fort sur la Philosophie, sur l’Histoire, sur le Droit Canon, sur les cas de conscience. Être fort aux échecs, au piquet. Je ne joue pas contre vous, vous êtes beaucoup plus fort que moi.
On dit, Une tête forte, pour dire, Un homme très-habile et capable des plus grandes affaires. C’est une des plus fortes têtes du Conseil, du Parlement. Et on dit qu’Un homme a l’esprit fort, pour dire, qu’Il a de la vigueur, de la pénétration, et de l’étendue d’esprit. Il a l’esprit fort, il n’est point accablé par la multitude des affaires.
On appelle Esprit fort, Un homme qui se pique de ne pas croire les vérités de la Religion. C’est un esprit fort. Il fait l’esprit fort.
■ Fort, se prend aussi figurément pour Courageux, magnanime. C’est un homme qui a l’âme grande et forte. La femme forte de l’Écriture. Cela est d’une âme forte.
On dit, Se faire fort, pour dire, S’engager à quelque chose, se rendre caution, se rendre garant ; et en cette phrase, le mot de Fort s’emploie toujours sans nombre ni genre. Je me fais fort d’en venir à bout. Il se fait fort de son ami. Une femme qui se fait fort de faire signer son mari. Ils se faisoient fort d’une chose qui ne dépendoit pas d’eux.
On dit dans le même sens, Se porter fort pour quelqu’un, pour dire, Répondre du consentement de quelqu’un.
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