grâce

5e édition

GRÂCE.

sub. fémin.
■  Faveur qu’on fait à quelqu’un sans y être obligé. S’il vous accorde telle chose, ce sera une pure grâce. Je vous demande cette grâce. Je vous demande cela en grâce. Faites-moi la grâce de.., .. Il tient cela de votre grâce, de votre pure grâce. J’ai reçu plusieurs grâces de lui.
On dit, Faire grâce à quelqu’un, pour dire, Lui accorder, lui remettre ce qu’il ne pouvoit pas demander avec justice. Quand on vous a accordé cela, on vous a fait grâce. Il me devoit mille écus, mais je lui ai fait grâce de la moitié.
On dit, Trouver grâce aux yeux de quelqu’un, devant les yeux de quelqu’un, devant quelqu’un, pour dire, Lui plaire, gagner sa bienveillance. Et cela ne se dit que d’Une personne extrêmement inférieure à l’égard d’une autre.
On dit, Grâce à Dieu, grâce au Ciel, etc. pour marquer, que C’est de la bonté de Dieu qu’on tient la chose dont il s’agit. Il se porte mieux, grâce à Dieu.
On dit aussi dans un sens pareil : Grâce à votre bonté. Grâce à vos soins. Grâce à ce Prince. Grâce à son courage, à sa prudence.
On dit proverbialem. qu’Une chose est venue de la grâce de Dieu, pour dire, qu’On l’a eue sans aucun soin, sans aucune peine, sans qu’elle ait rien coûté. Et familièrement, Cela lui vient de Dieu grâce, pour dire, Cela lui vient de la grâce de Dieu.
Par la grâce de Dieu. Formule que les Princes Souverains ont accoutumé de mettre dans leurs titres.
On appeloit autrefois Grâce expectative, Les provisions que la Cour de Rome donnoit par avance du Bénéfice d’un homme vivant.
Dans les Ordres de Chevalerie où il faut faire preuve de noblesse, on appelle Chevaliers de grâce, Les Chevaliers qui, ne pouvant faire preuve de noblesse, sont reçus par grâce dans l’Ordre.
On dit, Être en grâce auprès du Prince, ou de quelque personne puissante, pour dire, Y être en considération, en faveur. On dit dans le même sens, Rentrer en grâce, être remis en grâce.
■ Bonnes grâces, se dit à peu près dans un sens pareil. Il est dans les bonnes grâces du Roi. Il a perdu les bonnes grâces du Prince.
On dit aussi entre particuliers, Comment est-il dans vos bonnes grâces ? Conservez-moi l’honneur de vos bonnes grâces, pour dire, Comment est-il avec vous ? Conservez-moi l’honneur de votre amitié.
On dit, Être dans les bonnes grâces d’une femme, pour dire, En être aimé.
■ Grâce, se dit plus étroitement De l’aide et du secours que Dieu donne aux hommes pour faire leur salut. On ne peut se sauver sans la grâce. Grâce prévenante. Grâce suffisante. Grâce efficace. Grâce actuelle. Grâce habituelle. Coopérer à la grâce. Manquer à la grâce. Grâce sanctifiante. Les Sacremens confèrent la grâce. La grâce du Baptême. Être en grâce, en état de grâce. Perdre la grâce. Conserver la grâce. Persévérer dans la grâce. Mourir dans la grâce de Dieu. Demander la grâce de Dieu, sa sainte grâce.
■ Grâce, se dit aussi d’Un certain agrément dans les personnes et dans les choses. Cette femme est belle, mais elle n’a aucune grâce. Elle a mauvaise grâce. Danser, marcher de bonne grâce, de mauvaise grâce. Il a bonne grâce, mauvaise grâce à faire telle chose. Faire un conte de bonne grâce. Il a de la grâce à tout ce qu’il fait. Il fait tout avec grâce. Cela est dit avec grâce. Cet habit n’a point de grâce. Être habillé de bonne grâce. Cette femme a des grâces. Elle a de la grâce à tout ce qu’elle fait. Elle n’a grâce à rien.
On dit, qu’Une expression a de la grâce, pour dire, qu’Elle fait un bon effet dans l’endroit où elle est placée.
On dit, qu’Un homme n’a pas bonne grâce, ou qu’Il a mauvaise grâce de faire telle ou telle chose, pour dire, que Ce qu’il fait est contre la raison, ou contre la bien séance. Il a mauvaise grâce de se plaindre d’une chose qu’il a lui-même désirée. Un fils n’a pas bonne grâce de plaider contre son père. Et on dit par ironie, Vraiment vous avez bonne grâce de prétendre que, ....
On appelle Bonne-grâce, Un petit rideau étroit au chevet d’un lit. La bonne grâce d’un lit. Les cantonnières et les bonnes-grâces.
Les Anciens comptoient parmi leurs Divinités, trois Déesses, qu’ils nommoient Les trois Grâces, et qu’ils donnoient pour compagnes à Vénus ; leurs noms étoient : Aglaé, Euphrosyne, et Thalie. Ce dernier nom étoit aussi celui d’une Muse.
On dit d’Un homme de mauvais air, et qui n’a nul agrément dans ce qu’il fait et dans ce qu’il dit, qu’Il n’a pas sacrifié aux Grâces.
On dit, Rendre grâce, ou rendre grâces, pour dire, Remercier, soit en acceptant, soit en refusant civilement. Je vous rends grâce, je vous rends mille grâces. Rendre des actions de grâces.
En ce sens on appelle Grâces, Une prière que l’on fait à Dieu après le repas pour le remercier de ses biens. Dire grâces. Dites vos grâces.
■ Grâce, se dit aussi Du pardon que le Prince accorde de son autorité souveraine à un criminel, en lui remettant la peine que méritoit son crime. Il a obtenu sa grâce. Il n’appartient qu’au Prince de donner grâce. Il étoit déjà sur l’échafaud, quand on vint à crier grâce.
Il se dit pareillement Du pardon que le Prince accorde par des Lettres dont il a laissé la connoissance et l’entérinement aux Juges. Sa grâce a été entérinée. Il avoit exposé faux dans les Lettres qu’il avoit obtenues, et il a été pendu avec sa grâce au cou.
On emploie encore ce mot dans ce même sens en d’autres occasions. On appelle Commanderies de grâce, Celles dont le Grand Maître d’un Ordre a la libre disposition ; et Commanderies de rigueur, Celles que les Chevaliers obtiennent à leur rang.
On appelle Coup de grâce, Le coup que le bourreau donne sur l’estomac à un homme roué vif, afin de l’empêcher de souffrir plus long-temps. On le dit figurément, en parlant d’Un homme à qui l’on a fait le dernier mal qu’on pouvoit lui faire.
■ De grâce. Phrase adverbiale. Par grâce, par pure bonté. De grâce secourez-moi. De grâce faites-moi ce plaisir-là.
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