gros, osse
5e édition
GROS, OSSE.
adj.■
Qui a beaucoup de circonférence et de volume. Il est opposé à Menu. Gros arbre. Grosse boule. Gros homme. Une grosse femme. Il est gros et gras. Gros bras. Gros ventre. Grosse tête. Grosse jambe. Une grosse bedaine. Un gros réjoui. Une grosse réjouie. Un gros garçon. Un gros volume in-folio.
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Grosse, en parlant d’Une femme, signifie quelquefois Enceinte, et c’est dans ce sens qu’on dit, Une envie de femme grosse. La distinction que l’usage a mise dans le mot de Grosse, en parlant d’Une femme, c’est que toutes les fois que l’adjectif Grosse suit immédiatement le substantif Femme, il signifie Enceinte, et que hors de là il n’a point d’autre signification que celle du masculin.
p. 665On dit figurément et familièrement, Parler des grosses dents à quelqu’un, pour dire, Lui parler avec hauteur en le menaçant.
On dit proverbialement, Toucher la grosse corde, pour dire, Toucher le point le plus important d’une affaire. Vous avez touché la grosse corde.
On dit proverbialement, Faire le gros dos, pour dire, Faire l’homme important. Depuis qu’il est devenu riche, il fait le gros dos.
On dit figurément et familièrement, Être gros de savoir, de faire, de dire quelque chose, etc. pour dire, En avoir une extrême envie. Il est gros de vous voir. Je suis gros de savoir le succès de cette affaire.
On dit proverbialement, Grosse tête, peu de sens.
On dit proverbialement et figurément, Les gros poissons mangent les petits, pour dire, que D’ordinaire les puissans oppriment les foibles.
On dit proverbialem. d’Un homme qui a fait beaucoup de folles dépenses, ou qui a coûté beaucoup à ses parens, à sa famille, etc. qu’Il a plus coûté, qu’il a plus dépensé d’or et d’argent qu’il n’est gros.
On dit familièrement, Avoir les yeux gros, pour dire, Avoir les yeux bouffis, ou d’avoir pleuré, ou de n’avoir pas assez dormi.
On dit, Avoir les yeux gros de larmes, Lorsque les larmes viennent aux yeux en abondance, et qu’on les veut retenir.
On dit encore, Avoir le cœur gros de soupirs, pour dire, Avoir besoin de se soulager le cœur en soupirant.
On dit aussi familièrement, Avoir le cœur gros, pour dire, Avoir quelque dépit, quelque chagrin. Il a le cœur gros de l’injustice qu’on lui a faite, il en a encore le cœur tout gros.
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Gros, se dit aussi d’Un tout composé d’un grand nombre ou d’un grand amas de plusieurs choses, et il est opposé à Petit. Grosse armée. Grosse dette. Grosse somme d’argent. Gros Bourg. Grosse rivière. Gros ruisseau.
On dit en fait de bâtiment, Le gros mur, les gros murs, par opposition aux Murs qui ne sont que de cloisonnage.
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Gros, signifie aussi Épais, et est opposé à Délié, délicat. Gros fil. Grosse toile. Gros drap. Gros pain. Gros vin. Ce n’est que de la grosse besogne.
On appelle Grosse viande, La viande de boucherie. Il n’aime que la grosse viande.
On dit d’Un homme qui a le sens bon et droit, mais qui ne l’a pourtant pas fort délicat, qu’Il n’a qu’un gros bon sens.
On appelle Un gros fin, Celui qui fait le fin, et qui ne l’est pas. Il est du style familier.
On appelle aussi familièrement, Gros lourdaud, gros animal, grosse bête, Un homme fort stupide, fort maladroit.
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Gros d’haleine, se dit d’Un cheval qui souffle beaucoup dans l’action, quoiqu’il n’ait point le flanc altéré dans le repos.
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Gros, se dit aussi De certaines choses, pour marquer qu’elles sont considérables, qu’elles vont au-delà du médiocre et de l’ordinaire. Faire une grosse dépense. Avoir un gros bagage. Prêter à grosse usure, à gros denier. Jouer gros jeu. Un gros Marchand. Un gros Bourgeois. Un gros Financier. Une grosse famille. Une grosse Abbaye. Ce Prince a une très-grosse Cour.
On dit, Un gros péché, pour dire, Un péché grave ; Une grosse fièvre, pour dire, Une fièvre fort violente.
On appelle dans une armée, Gros bagage, Les bagages qui sont voiturés sur des charrettes ou sur des chariots ; et cela par opposition aux Menus bagages, qui sont ceux qui peuvent être portés sur des bêtes de somme, ou sur des fourgons légers.
On dit, Une grosse querelle, de grosses paroles, pour dire, Une querelle considérable, des paroles injurieuses. Ils ont eu une grosse querelle ensemble. Ils se sont dit de grosses paroles.
On dit à la Mer, Un gros temps, pour dire, Un mauvais temps, un temps fâcheux, un temps orageux.
On dit aussi, que La mer est grosse, pour dire, qu’Elle est agitée ; et que La rivière est grosse, pour dire, qu’Elle est enflée par les pluies et par la fonte des neiges.
On dit, La grosse faim, pour dire, La faim la plus pressante. Il mangea deux ou trois morceaux pour apaiser, pour étourdir la grosse faim.
On appelle Mettre à la grosse aventure, et quelquefois absolument, à la grosse, Prêter son argent à gros intérêt pour un commerce de mer, à condition de le perdre si le vaisseau ne revient pas.
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Gros, est aussi substantif, et signifie La partie la plus grosse. Ainsi on dit, Le gros de l’arbre, pour dire, La partie la plus grosse de l’arbre, le tronc de l’arbre.
On dit proverbialement et figurément, qu’Il faut se tenir au gros de l’arbre, pour dire, qu’Il faut s’attacher à l’autorité la plus légitime, la mieux établie.
On dit, Le gros de l’armée, pour dire, La principale partie de l’armée ; et, Un gros de Cavalerie, un gros d’Infanterie, pour dire, Une grande troupe de Cavalerie, une grande troupe d’Infanterie.
On dit aussi, Le gros du monde, pour dire, La plus grande partie du monde. Le gros du monde est de cette opinion.
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Gros, signifie encore, Ce qu’il y a de principal et de plus considérable ; et il est opposé à Détail. Il s’est chargé du gros et du détail des affaires. On lui a donné le gros de la besogne à faire. Le gros de cet ouvrage, de cette pièce, est fort bon.
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Le gros, en parlant d’Une Cure, est opposé à Revenu casuel, et se dit Du revenu fixe et certain attaché à une Cure. Le casuel de cette Cure est plus considérable que le gros.
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Le gros, en parlant d’Une Prébende, est opposé à Distribution manuelle, et se dit Du revenu principal qu’un Chanoine tire de sa Prébende. Le gros de ce Canonicat est considérable.
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Gros, se dit aussi Du droit que l’on paye aux Fermiers des Aides pour chaque muid de vin que l’on vend en gros. Les Bourgeois ne payent point le gros du vin de leur cru à l’entrée de la Ville. On prend tant pour le gros.
On appelle Gros de Naples, gros de Tours, Certaines étoffes de soie que l’on fait à Naples et à Tours, et qui sont un peu plus fortes que le taffetas ordinaire.
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Gros, signifie encore Une drachme, la huitième partie d’une once. Un gros d’argent. Un gros d’or. Un gros de soie. Un gros de séné.
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Gros. adv. Beaucoup. Gagner gros.
On dit, Coucher gros au jeu, pour dire, Mettre beaucoup d’argent sur une carte.
Proverbialement et figurém. Coucher gros, Proposer, avancer quelque chose de fort, d’excessif, d’exorbitant. Il couche gros, car il ne parle que de millions. Vous n’offrez que cent pistoles d’une chose qui en vaut mille, ce n’est pas coucher gros. Vous dites qu’il fait mieux des vers Latins que Virgile, vous couchez gros.
Il signifie aussi, Risquer beaucoup. Vous avez pris cette ferme à tant, vous couchez gros. Vous avez tant offert de cette maison, de cette charge, c’est coucher gros.
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En gros. Façon de parler adverbiale. Il se dit par opposition à En détail. Marchand en gros. Vendre en gros. Acheter en gros. Raconter une histoire en gros, et sans s’arrêter au détail. Dire les choses en gros. Je vous ai rendu compte de cela en gros. Voilà en gros comme les choses se sont passées.
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Tout en gros. Façon de parler adverbiale et populaire, pour dire, Seulement. La compagnie n’étoit pas fort nombreuse, il n’y avoit que six personnes tout en gros.
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VOISINAGE ALPHABÉTIQUE
- grolle [II], n. f.
- grommeler, v. intr.
- grommellement, n. m.
- grondant, -ante, adj.
- grondement, n. m.
- gronder, v. intr. et tr.
- gronderie, n. f.
- grondeur, -euse, adj.
- grondin, n. m.
- groom, n. m.
- gros, grosse, adj., adv. et n.
- gros-bec, n. m.
- groseille, n. f.
- groseillier, n. m.
- gros-grain, n. m.
- Gros-Jean, n. m. inv.
- gros-plant, n. m.
- gros-porteur, n. m.
- grosse, n. f.
- grossement, adv.